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Section I.2 Définition des termes de la question : les pays émergents

II. Périmètre

3. Critères principaux : croissance et démographie

La dynamique de croissance mesurée par le taux de croissance du PIB, est le premier et le plus médiatisé des critères discriminants entre économies émergentes et développées. Le tableau ci-dessous illustre, sur la période de 2000 à 2009, le taux de croissance annuelle moyen du PIB d'une sélection de vingt pays.

Figure 7. Taux de croissance annuel moyen du PIB de 20 pays de 2000 à 2009

L’étude du Boston Consulting Group intitulée « New markets, new rules: Will

emerging markets reshape Private Equity?63» et publiée en 2010, montre que la croissance annuelle du PIB des pays émergents a été de +4,5 points supérieure à celle des pays développés entre 2000 et 2009, soit un rapport de 1 à 3, et cite les projections du FMI qui réitèrent ces proportions pour les années à venir.

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MEERKATT, H (Boston Consulting Group). LIECHTENSTEIN, H. (IESE). New markets, new rules: Will

Conçue en termes relatifs, la contribution dans le PIB mondial des pays émergents et développés illustre le « basculement du monde » attendu à horizon 2013-2015, comme l’illustre la figure ci-dessous :

Figure 8. Contribution relative des pays développés et émergents dans le PIB mondial

Jacques de Larosière, ancien directeur du FMI, analyse la situation en ces termes, dans un rapport publié en 2010 et intitulé « L’avenir à long terme des pays ‘avancés’ » : « La forte croissance des pays émergents - essentiellement tirée par leurs exportations

vers les Etats-Unis - a enclenché un puissant phénomène de rattrapage. Les PIB des pays émergents représentaient 37% du PIB mondial (en parités du pouvoir d’achat) au début des années 2000. Ils en représentent 46% aujourd’hui. On conçoit, en effet, qu’avec des taux de croissance annuels de 9 à 10% pour la Chine, 7% pour l’Inde face à une croissance moyenne des pays avancés de l’ordre de 2,5% pendant les sept

ans précédant la crise, les pays émergents renforcent leur poids dans l’économie mondiale. Ils pourraient bien en représenter 60% dans les années 2020 64 ».

Au-delà de l’évolution spectaculaire du PIB des pays émergents et de son poids dans l’économie mondiale, se pose la question de sa composition. En effet, le poids de la rente des hydrocarbures (et son inévitable effet prix) n’explique-t-il pas la valeur de ces PIB en constante progression ? Dans son rapport « World economic outlook65 » (cité supra), le FMI répond par la négative : selon les estimations de l’Institution, seul 18% du PIB des pays émergents (soit 27 pays sur 150) est majoritairement issu des recettes d’exportation de combustible, comme le montre le tableau ci-dessous :

Tableau 6. Part du PIB des pays émergents issue des exportations de combustibles

En complément de la création de richesse nationale évaluée par le PIB, le critère démographique retient toute notre attention. Longtemps considéré comme un poids pour ceux qu'il était convenu d'appeler les « Pays en Voie de Développement », il est désormais conçu comme un double moteur, à la lumière de la dynamique d'émergence : à la fois main-d’œuvre compétitive et classe moyenne consommatrice. Comme l'écrit Christophe Jaffrelot pour l'Institut Montaigne : « C'est sous l'angle de la

démographie - la science sociale la plus prédictive - que les pays émergents exercent sans doute la pression la plus forte sur l'axe nord atlantique. Alors que l'EU-27 (l'Europe des 27) et les Etats-Unis représentaient un cinquième de la population

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DE LAROSIERE, J. L’avenir à long terme des pays « avancés », Genève : Académie des sciences morales et politiques, novembre 2010.

mondiale en 1950 (respectivement 14,7 et 6,2% du total), ils verront leur part fortement réduite à l'horizon de 2050 (5,2% et 4.4%), tandis que l'Inde passera de 14,7% à 18% et le Brésil de 2,1% à 2,8%. Deux "BRIC" connaîtront, eux, une évolution contraire probablement lourde de conséquence : la Russie passera de 4,1% à 1,2% de la population mondiale et la Chine de 21,9% à 15,3%, une tendance s'accompagnant d'un vieillissement et d'un "dividende démographique inversé" préjudiciables à la dynamique économique ». La population mondiale - aujourd’hui

7 milliards – devrait atteindre 9 milliards en 2050 selon les calculs de l’ONU. Ce sont les pays émergents qui seront à l’origine de cette croissance, ce qui contraste avec le vieillissement des populations des pays développés. La classe moyenne des pays émergents ne cesse de s’y développer, formant un marché interne considérable, dont les goûts et les aspirations convergent avec ceux des consommateurs des pays développés. La mutation est majeure : dans le passé, le modèle économique des pays émergents était essentiellement fondé sur les exportations ; désormais, il est aussi tracté par la consommation intérieure et les investissements en infrastructure, nécessaires à la croissance des populations urbaines.

Au point de contact des indicateurs de PIB et de démographie se trouve le ratio PIB par habitant, qui révèle des enseignements précieux, comme le souligne Jacques de Larosière, dans la suite de son rapport (cité supra) : « Il faut évidemment relativiser

ces prévisions de PIB en tenant compte de la richesse par habitant. Là, le tableau est différent et souligne l’importance de l’écart de revenus qui sépare encore les pays avancés des pays émergents. Le continent asiatique continue, en effet, d’abriter un pourcentage élevé des pauvres du monde. De fait, 17% de la population des pays de l’Asie de l’Est et du Pacifique - 40% en Asie du Sud - disposent de moins de 1,25 dollar par jour pour vivre. Mais ces écarts finiront par s’atténuer comme en témoigne le processus déjà engagé (en Chine, 60% de la population vivaient en 1990 avec moins de 1,25 dollar par jour ; aujourd’hui, ce pourcentage n’est plus que de 16 % et devrait baisser à 6 % en 2015) ».

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