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Des accompagnements ajustés en fonction du parcours antérieur

3. Une vie en semi-collectivité : enjeux et limites de la prise en soin

1.2 L’appui des aides humaines pluri-professionnelles

1.2.4 Des accompagnements ajustés en fonction du parcours antérieur

Deux profils principaux se distinguent en fonction du nombre et de la nature des aides mobilisées dans la vie quotidienne.

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194 V

IDAL-NAQUET P.-A. (2013), « Le care à domicile : tact et tactiques », Recherche en soins infirmiers (n°114), p. 9.

3 42 1 1 1 59 14 13 8 69 39 4

Suivi psychiatre libéral Suivi Psychiatre Hospitalier Suivi Equipe mobile de psychiatrie Pas de médecin psychiatre Passage IDE aide à la toilette Passage IDE TT 1 fois par semaine Passage IDE TT 1 fois par jour Passage IDE TT 2 fois/jour ou plus Passage IDE du secteur psy pour VADT Traitement injection par CMP Traitement pilulier par CMP Autonomie traitement oral Activités CMP Actvités hôpital de jour Actvités CATTP

• Des accompagnements plus soutenus suite à un parcours institutionnel

Nous constatons que les personnes qui ont eu un parcours institutionnel sur le long terme sont accompagnées de façon importante en plus de l’intervention des intervenantes sociales de MADEN ou de MADEHO.

C’est le cas d’Enzo et de Guillaume dont l’étayage mis en place, à la fois sanitaire et social, contribue fortement à une prise en soin à partir du logement à MADEHO, nécessaire à leur équilibre au quotidien.

«!J’étais!sous!tutelle…!tutelle…,!quand!on!perd!ses!droits!civiques…!et!maintenant!je!suis! en!curatelle!renforcée,!c’est!un!peu!moins!strict,!bon!j’ai!une!carte!bancaire,!j’ai!voilà!110!€! par!semaine,!je!me!débrouille,!ça!va…!je!m’en!sors!pour!manger!tout!ça…Il!y!a!le!SAVS,!j’ai! le! CATTP,! je! fais! mon! pilulier! à! la! semaine! avec! un! infirmier! et! en! même! temps! je! peux! parler…!j’ai!un!psychiatre,!le!docteur!B.,!que!je!vois!une!fois!par!mois.!Donc!j’ai!les!infirmiers! du!CATTP,!si!ça!va!pas,!je!peux!sortir!avec!une!infirmière!et!parler!avec!eux…!»!(E8!:!Enzo,! 42!ans)!

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Guillaume verbalise clairement que l’ensemble de ses activités sociales avec le SAVS et avec le soin en hôpital de jour participent au maintien de son équilibre. L’absence de cette planification hebdomadaire aurait, d’après lui, des conséquences négatives sur sa santé.

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«!Ben!je!me!sens!très!bien!ici,!parce!que!d’une!part!j’ai!des!activités,!je!ne!m’ennuie!pas,!je! vais! à! INT.! [Hôpital! de! jour],! au! club! GEM! et! au! CMP! […]! J’ai! des! activités! quoi! […]! c’est! même!nécessaire!à!mon!équilibre!psychique!je!pense…!si!je!n’avais!pas!ces!activitésPlà,!je! ne!serais!pas!bien!»!(E6!:!Guillaume,!63!ans)!

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Paulette se rend deux jours par semaine dans un CATTP et tous les week-end à la journée en hôpital de jour. Des passages infirmiers quotidiens ont été mis en place du fait d’une mauvaise gestion des médicaments.

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«!Pour!le!traitement!non,!ils!nous!donnent!dans!une!petite!boîte!le!traitement!du!soir!et!de!la! nuit! […]! Ben! non,! parce! que! j’ai! fait! une! tentative! de! suicide! il! n’y! a! pas! si! longtemps,! j’ai! accumulé,! accumulé! des! cachets! […]! MADEN,! c’est! bien! quand! on! est! un! peu! autonome! quand!même…!»!(E12!:!Paulette,!58!ans)!

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Tout ce dispositif de soin ambulatoire est indispensable dans la situation de Paulette pour organiser son temps libre avec des lieux relais occupationnels dans l’objectif de la maintenir dans son logement au sein de MADEN, qui complète sa prise en soin globale.

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• Des accompagnements assouplis par une autonomie et un lien social retrouvés

L’autre profil observé concerne des personnes, qui ont certes connu l’institution au travers de prises en charge en centres de réadaptation ou hospitalières mais pour qui l’habitat accompagné a permis de retrouver plus d’autonomie, plus de lien social. Les progrès de la personne entraînent l’assouplissement, voire même l’arrêt de certains accompagnements.

«!Le!SAVS!s’est!arrêté!aussi!du!fait!que!vous!soyez!à!MADEN!?![…]!Oui!voilà,!et!que!ma! référente,!Natacha,!elle!venait!ici,!à!la!fin!c’était!des!visites!de!courtoisie!quoi!…!»!(E10!:!Jerry,! 33!ans)!

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Dans le cas de Jerry, l’arrêt du SAVS, qui l’accompagnait depuis près de sept ans, est significatif d’un mieux-être au sein de son logement, suite à son installation à MADEN. !

Pour Théo, le suivi infirmier a évalué une possibilité de prendre le traitement en autonomie en supprimant les passages quotidiens.

«!Les!passages!infirmiers,!c’était!juste!pour!vérifier!que!j’avais!pris!mes!médicaments![…]!au! début!il!me!faisait!mon!pilulier,!et!puis!maintenant!c’est!moi!qui!fais!tout!seul…!»!(E5!:!Théo,! 41!ans)!

Théo nous a donné l’information lors de notre rencontre. Nous avons constaté qu’elle n’a pas été relayée aux intervenantes sociales de la résidence par l’infirmier référent lorsque nous les informons de cette transition vers l’autonomie dans la prise du traitement.

Bloch et Hénaut soulignent la question d’une nécessaire évolution des postures professionnelles et du soin partagé.

« Pour l’accompagnement et les soins des personnes en situation chronique, le travail en solitaire n’est pas de mise. Chaque professionnel est appelé à se coordonner aux autres. »195

Le risque de non-observance peut avoir des conséquences sur la vie de la résidence et ce type d’information nécessite, dans le cadre d’un semi-collectif, d’être transmise.

Les habitats accompagnés, proposés par les résidences accueil et le SAVS renforcé, procurent à la personne un lieu à soi, un lieu privé, un logement personnel où il est permis d’habiter sans échéance de départ. Seul le SAVS pose la question de la vie privée car le lieu personnel des personnes dans les colocations est le lieu intime de la chambre.

2. La dimension symbolique du logement personnel

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L’aspect du logement au sein du dispositif que nous étudions est fondamental et permet de porter un regard sur les pratiques habitantes et les modes d’appropriation par les résidents du projet d’habitat. S’approprier un lieu personnel lorsque l’on présente des troubles psychiques ne va pas de soi. Les ruptures décrites précédemment, les aller-retours d’un logement vers l’hôpital et inversement, l’angoisse et le sentiment de solitude sont des facteurs qui freinent l’ancrage et l’investissement d’un domicile.

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195 B

Nous distinguons ici deux types de profil par rapport à l’appropriation du logement personnel au sein du dispositif. D’un côté, il y a les habitants qui ont investi leur logement, se sentent bien chez eux et y passent du temps. De l’autre, il y a les personnes qui, même avec une bonne appropriation du logement, passent moins de temps et utilisent plus l’environnement extérieur proposé par l’habitat accompagné, notamment les parties collectives. Un seul résident présente une appropriation difficile visible et un investissement relatif de son logement, qu’il compense par une forte présence sur l’ensemble du collectif.