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Des îles à très faible potentiel hydrogéologique

Les ressources hydriques endogènes des îles armoricaines

3. Quelles ressources hydrogéologiques sur les îles bretonnes ?

3.2. Des îles à très faible potentiel hydrogéologique

Les zones de fracturation et d’altération sont importantes pour la recherche des réserves hydrologiques et hydrogéologiques. La lecture des photos aériennes, des cartes topographiques et géologiques est un préalable pour le repérage des failles, fractures majeures et accidents géologiques susceptibles de constituer des réserves d’eau souterraine. Très peu d’îles du Ponant sont ainsi pourvues d’un potentiel aquifère intéressant ou avéré ; la majorité présente des ressources souterraines exploitables à des fins d’alimentation en eau potable.

L’île de Sein ne possède pas d’aquifère étendu : il est limité à une mince lentille d’eau douce, voire saumâtre, « posée » sur l’eau de mer plus dense (principe de Ghyben- Herzberg). La très faible superficie de l’île, conjuguée à sa morphologie étirée et une altitude moyenne de quelque trois mètres, restreint considérablement le potentiel aquifère sénan : « La nappe de Ghyben-Herzberg, contenue dans la plage ancienne qui constitue l’île, est tout de suite épuisée ou remplacée par de l’eau saumâtre si on l’exploite » (Guilcher, 1977). Cette ressource a cependant été exploitée jusque dans la première moitié du XXe siècle avec trois puits connus sur l’île. Les puits communaux du Lenn (bassin ou lavoir en breton) et du Poull (lavoir en breton), aujourd’hui bouchés, et le puits Saint-Guénolé toujours existant dans le centre du bourg témoignent de cette exploitation ancienne40. Le puits Saint-Guénolé est un puits à escalier de construction ancienne destiné à écrémer l’eau au lieu de la puiser avec un seau du haut de la margelle41. Le niveau piézométrique variait en fonction de la marée et l’eau était généralement saumâtre, l’épaisseur de la lentille d’eau douce étant très mince, d’où la nécessité d’ « écrémer » en

40 Délibération du Conseil municipal de l’île de Sein, 14 juin 1903. 41

la puisant. Les eaux souterraines de Sein sont donc caractérisées par leur vulnérabilité aux intrusions salines et leurs salinités d’ailleurs élevées. Le contexte sénan est similaire à celui des îles à accumulations sédimentaires de l’archipel des Glénan, sur lesquelles les réserves aquifères sont limitées à une fine lentille d’eau douce, très vulnérable aux intrusions d’eau salée.

Parmi les autres îles, Grande-île dans l’archipel de Chausey ne présente pas de potentiel aquifère avéré. Dans la région couverte par la feuille géologique de Granville à 1/50 000, les aquifères n’existent pas sauf sur la zone côtière et dans les quelques vallées comblées par les alluvions quaternaires qui forment un milieu capacitif. Les sources captées ont pour origine les fissures des conglomérats et grès grossiers du Cambrien. En général, l’imperméabilité des terrains du Briovérien engendre localement de nombreuses sources et puits aux débits faibles et variables. « Ces ressources locales ne permettent pas de faire face aux besoins exacerbés des communes côtières en période estivale » (Doré et

al., 1988). Granville est d’ailleurs alimentée en eau grâce à des prises d’eau sur le

ruisseau du Thar (800 m3/j à l’étiage), au hameau du Thar et au Pont-de-Lézeaux, et s’interroge sur les perspectives futures de dessalement de l’eau de mer. Les granodiorites de l’île sont peu altérées, limitant le potentiel hydrogéologique de l’île. La présence historique de fontaines et de lavoirs témoigne cependant de ruissellements en subsurface et dans des réseaux de failles peu profonds dont les résurgences forment des petites sources localisées dans la falaise située sous le phare et dans le vallon central de l’île, « le bocage ».

Sur l’île d’Ouessant, les ressources souterraines semblent limitées. D’après la carte géologique à 1/50 000, la géologie de subsurface qui forme l’assise pédologique constitue le milieu aquifère : il s’appuie sur les formations arénisées ou simplement fissurées parfois identifiés par puits ou forages en coiffe de granites. Par le passé, de nombreux puits creusés dans les altérites et les fontaines littorales exploitaient cette ressource souterraine en eau et contribuaient, avec les citernes, aux besoins des nombreuses petites fermes notamment. Afin de s’affranchir de la mauvaise qualité des eaux de surface et d’avoir des débits suffisants couvrant les besoins journaliers hivernaux au moins aux trois quarts, une campagne de sondages prospectifs jusqu’à 130 m de profondeur a été menée à l’automne 1995. Les résultats sont mitigés : la partie aquifère exploitable se situerait à une trentaine de mètres, dans la partie arénisée des granites. Cependant, des études complémentaires sont nécessaires pour garantir la viabilité d’une solution qui paraît pour le moins complexe, et cela en évitant toute flambée du prix de l’eau42. En 1883, dans sa Topographie médicale de l’île d’Ouessant, P. Bohéas ne manquait pas de souligner son étonnement quant à l’abondance des sources sur l’île.

Belle-Île, enfin, présente un contexte géologique très défavorable à un potentiel d’eaux souterraines intéressant avec des roches volcano-sédimentaires imperméables, ne pouvant constituer des réservoirs suffisamment grands pour être exploités. Les écoulements de subsurface, dans les horizons de roches altérées, donnent évidemment naissance à des sources captées historiquement sur l’île telles que celle de la Normande ou celle du Potager. Des recherches hydrogéologiques menées au cours de l’hiver 2006- 2007 concluent à l’absence d’aquifère exploitable sur l’île. Les ressources en eau souterraine sont, en revanche, exploitées sur les autres îles : Molène, Groix, Houat et Hoëdic. Ces eaux constituent actuellement l’ensemble ou une partie non négligeable des ressources en eau douce utilisées à des fins de potabilisation.

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3.3. Les îles à potentiel hydrogéologique intéressant

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