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Analyse fréquentielle des bilans hydriques 1 Le contexte régional

Les ressources hydriques endogènes des îles armoricaines

2. Normalité et variabilité hydroclimatique des îles bretonnes

2.1. Analyse fréquentielle des bilans hydriques 1 Le contexte régional

La caractérisation climatique d’un lieu à partir d’une année moyenne, laquelle ne se produit, sinon jamais que très rarement, est assez discutable (Marchand, 1981). « Il paraît donc nécessaire de prendre en compte la variabilité interannuelle des éléments du climat pour mieux connaître l’ambiance atmosphérique au-dessus d’un lieu afin de préciser principalement les contraintes climatiques sur certains aspects de l’économie régionale » : aussi l’analyse fréquentielle des types de mois selon la typologie proposée apparaît-elle comme un premier paramètre pertinent (Mounier, 1980).

Pour la Bretagne, Mounier (1965a) retient quelques faits importants : ETP est régulièrement plus élevée le long du littoral que dans l’intérieur ; les valeurs sont d’ailleurs constamment supérieures le long de la côte méridionale, sauf en avril où les différences régionales sont à peine marquées […]. Ces résultats sont précisés dans les travaux de V. Dubreuil (1994) dans lesquels les variations saisonnières de l’intégralité du bilan hydrique sont étudiées. La tendance clairement révélée est un déficit estival et automnal. Les bilans de l’eau montrent également que la période de remplissage des réserves utiles du sol n’est pas très longue. Pour les stations les moins arrosées, il n’est donc pas à exclure que ces réserves ne puissent pas se reconstituer totalement pendant la période hivernale. « En effet, le nombre de mois hyper humides reste finalement limité, et un retard de l’approvisionnement des réserves au cours de l’automne peut se traduire par un remplissage incomplet de celles-ci. La pénurie en eau est alors à craindre dès le printemps ou l’été suivants. » (ibid.).

L’étude des conditions de sécheresse permet de distinguer deux types de fonctionnement hydrologique à l’échelle du Grand Ouest :

− les côtes et les îles méridionales, de Quiberon à la Rochelle, sont les régions les plus sèches. La sécheresse est une donnée essentielle de leur climat : un à deux mois secs chaque année, risque élevé de non reconstitution de la réserve utile pendant l’hiver ;

− les régions à position d’abri relatif (bassin de Rennes, plaine de Caen…) par rapport aux flux d’ouest et les littoraux de manière générale (à l’exception de la côte sud) sont des régions moins sèches. Cependant, le risque de sécheresse reste important : le défaut d’alimentation hivernale peut entraîner une subsécheresse longue et précoce.

La sécheresse est donc une donnée essentielle des climats du Grand Ouest, et tout particulièrement sur les îles et les littoraux. Elle est d’autant plus redoutable que ses effets perturbent le cycle hydrologique et amplifient le phénomène, selon une boucle de rétroaction positive : le déficit pluviométrique est entretenu par ses conséquences, à savoir le dessèchement de la surface et la coupure de l’alimentation en eau de l’atmosphère (Dubreuil, 1994 ; Laborde, 2000).

2.1.2. Le modèle hydroclimatique insulaire

L’analyse fréquentielle des bilans hydriques mensuels des îles bretonnes étudiées (fig.3.5) corrobore la description hydroclimatique de l’année hydrologique (octobre à septembre) à l’échelle régionale. Ainsi, la réserve utile commence à se reconstituer en octobre à la faveur d’une croissance des précipitations et de la diminution des températures et de l’ensoleillement moyens. Plus précoce à Ouessant et Houat, cette période d’humidité peut se prolonger jusqu’en novembre. La recharge des réserves par les surplus hydrologiques peut alors débuter, pour être majoritairement opérante en décembre, avec plus de sept mois sur dix hyper humides. Elle se prolonge pendant la saison hivernale jusqu’à ce que le mois de mars ne marque la transition printanière : à l’exception de Houat (une année sur trois), plus d’une année sur deux connaît une situation de faible déficience hydrique au mois de mars. Cela entraîne une diminution de la part du ruissellement superficiel : la recharge des réserves hydrologiques demeure donc relativement courte, limitée à trois, voire quatre mois de décembre à février-mars.

Du point de vue hydroclimatique, le printemps est assez court puisque la faible déficience qui pourrait le caractériser ne s’étale sur guère plus de deux mois, en mars et avril. La saison estivale commence alors : la faible déficience ne tarde pas à épuiser la réserve utile et les déficits d’évaporation plus ou moins importants apparaissent. Le mois de mai est plus fréquemment subsec, la sécheresse se généralisant en juin, à l’exception de l’île d’Ouessant où les mois d’été restent majoritairement faiblement déficients et surtout subsecs. Pour celle-ci, seule une année sur quatre a comptabilisé au moins deux mois secs depuis 1949, alors que cette fréquence monte à plus d’une année sur trois sur les îles plus méridionales de Sein, Groix, Belle-Île et Groix. La saison sèche se prolonge au mois de septembre, globalement subsec, voire faiblement déficient.

Cette caractérisation hydroclimatique est essentielle pour comprendre le fonctionnement hydrologique des hydrosystèmes insulaires et appréhender les stratégies de gestion des ressources en eau endogènes, qui dépendent avant tout du bilan hydrologique quantitatif. Ainsi, les mois humides de l’automne enclenchent le processus de reconstitution des réserves utiles du sol, marquant la fin d’une période estivale de déficit d’évaporation marquée par une sécheresse saisonnière. Une fois la réserve utile complétée, les surplus hydrologiques sont mobilisés par l’infiltration et le ruissellement : ils assureront l’alimentation en eau des réserves hydrologiques, souterraines et superficielles pendant la saison hivernale. Cette recharge est assez courte. De manière plus générale, la typologie hydrique proposée peut être considérée selon trois types de séquences hydroclimatiques :

− une période de remplissage des réserves utiles et hydrologiques, regroupant les mois humides et hyperhumides (novembre à février) ;

− une période de déficience hydrique modérée, correspondant aux mois à faible déficience et subsecs (mars à mai) ;

− une saison sèche, marquée par les mois secs et plus exceptionnellement les mois extrêmement secs (juin à septembre).

Figure 3.5 : Bilans hydriques fréquentiels (ETP Penman, période 1975-2005).

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