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6 % Culture d’algues, filières à moules, écloseries

définition des enjeux et retours d’expériences insulaires

Aquaculture 52 6 % Culture d’algues, filières à moules, écloseries

Yeu, Sein, Houat, Hoëdic, Groix, Belle-Île, Molène

Artisanat 45 5 % Ateliers, installations d’entreprises,

groupements

Toutes

Logement 49 6 % Logements sociaux, lotissements, acquisitions

foncières

Toutes

Agriculture 38 4 % Relance agricole, maraîchage, transformation

de produits

Batz, Ouessant, Belle-Île, Groix

Pêche 27 3 % Equipement, bateaux, transformation des

produits

Batz, Houat, Groix, Molène, Belle-Île

Total 851 100 %

D’après Brigand, 2000 ; données mis à jour jusqu’à l’année 2005 incluse, selon les documents de l’Association des Îles du Ponant.

Il apparaît clairement que les efforts ont été orientés principalement vers les équipements d’accessibilité des îles, portuaire, voire aérienne, et le soutien au tourisme. Le secteur de l’eau et de l’environnement n’est pas laissé pour compte : il regroupe les

opérations liées tant à l’alimentation en eau potable et à l’assainissement qu’aux ordures ménagères. Ces données corroborent le propos général sur les petites îles européennes. Il faut donc admettre a priori que la question de l’eau potable a été réglée structurellement de manière efficace. La pénurie d’eau qu’a connue Belle-Île au cours du second semestre 2005 témoigne pourtant de la permanence de la vulnérabilité hydraulique des îles. Si la gestion de cette crise a trouvé une solution palliative avec le transport d’eau par cargo, en attendant des actions curatives (dessalement, recherche d’eau souterraines, canalisation sous-marine), elle ne soulève pas moins le problème de la durabilité des ressources endogènes de l’île soumises à une forte pression anthropique. Elle justifie la pertinence d’une réflexion globale sur les modalités de gestion des ressources en eau sur les îles du Ponant.

3.2.2. Situation hydraulique des îles du Ponant : une typologie déterminante Une des conclusions principales du chapitre 1, fixant les orientations conceptuelles et méthodologiques de la recherche entreprise, souligne la nécessité de définir précisément territoire de l’offre et territoire de la demande, lesquels doivent, idéalement, se superposer. Ces conditions territoriales sous-entendent d’ailleurs une sorte d’insularité hydraulique, fondée sur une déconnection à tout autre hydrosystème voisin. Le contexte géographique de l’île se prête particulièrement bien à ce pré-requis, puisque les limites physiques du territoire sont clairement définies. Cependant, il faut ajouter un certain nombre de conditions pour satisfaire aux préceptes évoqués. En l’occurrence, si territoires de l’offre et de la demande doivent se superposer, la ressource hydrique satisfaisant les besoins doit être endogène à l’île. A l’inverse, comment considérer le cas d’une île exportant son eau vers d’autres territoires, comme c’est le cas de Rhodes ou de Malte ? L’espace de demande ne coïncide alors plus avec celui de l’offre… Il convient donc d’étudier préalablement les situations hydrauliques des îles du Ponant afin de justifier de leur éligibilité à l’analyse envisagée.

Les îles sont originellement déconnectées des réseaux continentaux (énergie, eau, communication), et ont historiquement assuré leur autosuffisance jusque dans les années 1960, voire 1970. Concernant l’eau potable, les premiers projets d’adduction publique émergent dans l’après guerre. Dans les années 1970, la pose de canalisations sous- marines va régler la question de pénuries chroniques pour un certain nombre d’entre elles, proches de la côte. Ainsi les cinq petites îles de Bréhat, Batz, l’île-aux-Moines, Arz et Aix sont désormais hydrauliquement dépendantes du continent. Pourtant plus grande (23,3 km²) et éloignée du continent (18,5 km), l’île d’Yeu est, elle aussi, raccordée au continent par une canalisation (fig.I.1). Il est admis que ces îles ne sont plus en situation d’insularité hydraulique, condition sine qua non d’une gestion durable possible de leurs ressources en eau : cette durabilité n’est dorénavant plus envisageable. Au contraire de ces six îles, les autres ont conservé leur insularité hydraulique en développant des équipements spécifiques à leurs potentialités naturelles : ressources superficielles, voire souterraines, pour les plus grandes (Belle-Île, Ouessant et Groix), ressources souterraines pour les îles de taille intermédiaire (Houat et Hoëdic). La ressource aquifère est également exploitée sur l’île de Molène, où elle est complémentaire de la récupération des eaux de pluie dans des citernes ; la situation hydrique des trois autres îles est plus délicate. La seule récupération des eaux de pluie ne saurait suffire aux besoins des îliens, aussi des solutions alternatives ont dû être mises en œuvre : l’île de Sein a ainsi recours au dessalement de l’eau de mer, alors que les îles de Saint-Nicolas des Glénan et de Grande-Île, respectivement dans les archipels de Glénan et de Chausey, assurent une partie de

l’approvisionnement grâce à l’importation d’eau par bateau depuis le continent. En outre, ces deux îles se distinguent des sept autres par leur statut administratif : elles ne sont que des quartiers de communes continentales, respectivement Fouesnant et Granville. C’est ce second groupe d’îles hydrologiquement autonomes qui concentrera les efforts de la recherche présentée.

3.2.3. Formulation de la problématique spécifique

La thèse développera des méthodes permettant de situer les îles du Ponant étudiées dans le schéma thématique général de gestion des ressources en eau proposé en conclusion du chapitre 1 (tab.1.1). Elle mettra clairement et concrètement en évidence les défis à venir pour maintenir une gestion durable de leurs ressources hydriques, s’il n’est déjà trop tard. Pour ce faire, il convient de connaître précisément le potentiel hydrologique des îles du Ponant, la nature et l’intensité des pressions anthropiques et des risques qui pèsent sur ces ressources, ainsi que les modalités de gestion passées et actuelles à l’œuvre. L’objectif final est de caractériser précisément les limites naturelles hydrologiques des îles à leur développement durable, lequel est justement conditionné par une gestion soutenable à long terme des ressources en eau. Il répondra ainsi à la première hypothèse de travail, émise par F. Bioret et al. (1991) et réitérée par F. Péron (1993) et L. Brigand (1999), selon laquelle l’eau pourrait constituer une limite physique naturelle au développement touristique des îles.

Le facteur climatique joue a priori un rôle déterminant dans la problématique globale : s’il influence directement la recharge des réserves hydrologiques, il doit indubitablement être pris en compte dans les politiques de gestion, dont la prérogative est d’assurer l’approvisionnement en eau potable des populations, et ce malgré l’occurrence potentielle de sécheresses. En outre, les conditions climatiques rythment la demande en eau, qu’elle soit agricole ou touristique, induisant très souvent un déphasage saisonnier entre ressource mobilisable et besoins anthropiques. En effet, c’est en période sèche que les besoins pour l’irrigation sont généralement les plus forts ; les atouts touristiques insulaires résident dans la prédominance de conditions de beau temps, faisant ainsi coïncider pics de fréquentation et période sèche. Les sécheresses constituent des événements climatiques majeurs, perturbant la pérennité des cycles de l’eau agricoles et/ou domestiques, et induisant de la sorte l’émergence de crises. Ce fut le cas à Majorque, suite aux sécheresses des années 1990 ; c’est la situation chronique de pénurie aux Maldives par exemple. Aussi le risque de pénurie d’eau lié au climat constituera-t-il le point névralgique de la recherche : il s’agira de confirmer ou d’infirmer, dans le contexte des îles bretonnes retenues pour leur condition d’insularité hydraulique, le rôle déterminant, voire structurant, des principaux épisodes de sécheresse dans les politiques de gestion. Ce point constitue la seconde hypothèse de recherche : le rôle des sécheresses et crises hydrologiques dans les modalités de gestion des ressources insulaires en eau.

Aussi le travail de recherche tendra-t-il in fine non seulement à la qualification du risque de rupture de l’alimentation en eau potable, faute de ressources hydriques suffisantes, mais aussi et surtout à la quantification de ce risque : les résultats attendus constitueront autant d’indicateurs tangibles de la contrainte climatique, laquelle détermine la disponibilité des ressources en eau, et la capacité de charge des îles, élément clé de leur gestion touristique. La méthodologie doit être resserrée autour de paramètres et indicateurs préalablement définis : elle s’appuiera essentiellement sur une base documentaire multiple, des entretiens et la collecte de données, tant sur le terrain qu’auprès des différentes instances concernées. Il s’agira également d’apporter une vision

prospective de la question en développant une analyse fondée sur des scénarios tendanciels, afin de présager des enjeux, à court et surtout moyen termes, de la gestion des ressources hydriques sur les îles en situation d’autonomie hydraulique.

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