• Aucun résultat trouvé

Caractérisation hydromorphologique des îles de type continental 1 Belle-Île

Les ressources hydriques endogènes des îles armoricaines

2. L’hydromorphologie insulaire

2.2. Caractérisation hydromorphologique des îles de type continental 1 Belle-Île

Belle-Île-en-Mer est la plus grande des îles bretonnes : 20 km de long sur 10 de large. Cette taille lui confère des caractéristiques remarquables : elle demeure suffisamment petite pour que les phénomènes d’insularité soient encore très perceptibles et suffisamment grandes pour former un véritable petit continent. Belle-Île se présente comme un plateau d’altitude moyenne de quelque 50 mètres, limité par de hautes falaises. Il culmine à 71 m à Borvran en Locmaria. De nombreux vallons suspendus entaillent ce plateau, et débouchent à la mer par de petites plages (Guilcher, 1948). Ces vallons encaissés et ramifiés (relief en creux) sont très caractéristiques de l’île : ils s’orientent de part et d’autre d’une culmination NW-SE allant de l’Apothicairerie à Locmaria, laquelle correspond à la ligne de partage des eaux (fig.4.10).

Le réseau hydrographique de Belle-Île est constitué de cours d’eau non pérennes, qui assèchent généralement en été. L’île est très nettement divisée en deux parties hydrographiques, tout comme l’île de Groix. Les écoulements se font préférentiellement selon une direction grossièrement nord-sud, de part et d’autre de la ligne de partage des eaux ouest-est. Elle délimite ainsi deux unités hydrographiques différentes : d’une part, un ensemble de bassins versants « au vent », débouchant sur la côte exposée à l’ouest et au sud ; d’autre part, un ensemble de bassins versants « sous le vent », dont les exutoires sont localisés sur la côte septentrionale et orientale de l’île. Ce dernier ensemble hydrographique occupe la plus grande partie de l’île, et constitue aujourd’hui le potentiel hydrologique exploité de l’île. Les huit vallons qui la composent ont été historiquement et sont actuellement équipés d’infrastructures pour récupérer et stocker les eaux de ruissellement. Ces eaux de ruissellement et les résurgences aquifères ont creusé le plateau, encaissant des talwegs relativement courts qui drainent de petits bassins versants topographiques. Ces talwegs prennent naissance sur le plateau sommital, à une altitude

moyenne de 50 mètres ; leurs pentes moyennes sont de l’ordre de 1 à 2 %. Leur encaissement est, en revanche, prononcé : le commandement des talus atteint généralement une quarantaine de mètres, avec des pentes voisines des 20 %. Les vallons, dont le fond est tapissé d’alluvions récentes, débouchent à la côte dans des entrants encaissés et étroits ou des plages plus étendues telles que Donnant ou les Grands Sables.

L’île compte ainsi une quinzaine de vallons drainant des bassins versants d’extension spatiale très variable, comprise entre 140 (Calestran) et 540 hectares (Locqueltas). Les talwegs les plus longs atteignent plus de 4 000 mètres, chiffre assez modeste : ce sont les vallons de Locqueltas (4 025 m) et du Coléty (4 750 m) ; situés sous le vent, ils drainent les bassins versants les plus étendus de l’île. Au total, la surface drainée par les bassins versants sous le vent, le vallon de Borcastel excepté, est de 24 km², constituant le potentiel hydrologique actuellement exploité sur l’île. Cela représente environ 28 % de la superficie de l’île. L’ensemble des bassins versants sous le vent couvre quelque 28 km² en incluant Borcastel. Celle des bassins versants au vent est deux fois moins importante, avec seulement 13 km².

Tableau 4.1 : Caractérisation des bassins versants de Belle-Île.

Nom du BV Exploitation Nature géologique Surface (ha) Longueur du talweg principal (m) Pente moyenne (%)

Locqueltas non tufs 540 4 025 1,2

Bordustart non idem 290 2 950 1,7

Bordilla oui idem 260 3 150 1,6

Port Guen oui idem 200 2 525 2

Borfloc’h oui idem 220 2 650 1,9

Port York non idem 300 3 350 1,5

Grands Sables oui idem 300 1 600 2,5

Coléty non idem 360 4 750 1,3

Borcastel non idem 360 3 450 1,2

Anter non idem 410 3 325 1,5

Donnant non idem 200 2 675 1,9

Envag non idem 140 2 250 2,2

Kerguélen non idem 400 3 400 1,5

Calestran non idem 140 1 350 3,7

2.2.2. Groix

Bien que plus petite (8 km de long sur 3 à 4 km de large), l’île de Groix présente la même particularité topographique que Belle-Île. Groix forme un plateau orienté est- ouest, d’altitude moyenne de quelque 35 à 40 mètres et culminant à 48 mètres à son extrémité ouest, près du Fort du Grognon. Sa côte au vent est constituée de falaises hautes et escarpées, alors que la partie sous le vent est en pente plus douce. La particularité topographique de l’île de Groix est de disposer de vallons qui entaillent profondément le plateau selon une orientation globalement nord-sud (Hallégouët et Goraguer, 1986).

Tableau 4.2 : Caractérisation des principaux bassins versants de l’île de Groix.

Nom du BV Exploitation Surface (ha) Nature géologique Longueur talweg (m) Pente moyenne (%)

Kerlivio oui 90 micaschistes 870 4

Kerlard abandonné 140 idem 1 200 2,5

Quéhello non 110 idem 1 000 3,9

Le Storang non 35 idem 540 5,5

Locqueltas non 22 idem 330 9

Kerliet non 75 idem 1 475 2,7

Le Stang non 50 idem 750 3,3

Praceline non 40 idem 300 4,8

Total 1 560

A l’instar de Belle-Île, le réseau hydrographique de l’île de Groix est constitué de petits cours d’eau non pérennes, drainant de courts vallons encaissés (fig.4.10). L’orientation des deux îles est la même, globalement W-E, leurs écoulements hydrographiques se faisant préférentiellement perpendiculairement à cette direction, soit nord-sud. La ligne de partage des eaux de Groix suit une direction W-E en scindant l’île en deux ensembles hydrographiques distincts, comme à Belle-Île. Ainsi, un premier ensemble regroupe les bassins versants de la côte « au vent », orientée sud-ouest, un second comprend quasi exclusivement un bassin versant dont l’exutoire est localisé sur la côte « sous le « vent », orientée nord-est. Actuellement, le potentiel hydrologique exploité sur l’île n’est constitué que de ce bassin versant protégé : la vallon de Kerlivio dans lequel a été construit un barrage de retenue. Les pentes de la côte septentrionale et orientale de Groix sont généralement moins importantes que sur la partie exposée au sud- ouest, caractérisée par des falaises d’une trentaine de mètres de hauteur. Le bassin versant de Kerlivio, du nom du hameau qui le surplombe sur son flanc occidental, couvre une superficie de 107 hectares ; le plus long talweg atteint 870 mètres, avec une pente moyenne de 4 %. Il prend naissance sur le plateau sommital à une altitude de 35 mètres. Son encaissement n’est pas très profond puisqu’il n’est que d’une quinzaine de mètres, les pentes des versants restant assez raides, comprises entre 15 et 30 %. La carte à 1/25 000 de l’I.G.N. mentionne la présence sur ce bassin versant de trois sources ou fontaines à une altitude 30 mètres : elles témoignent de l’existence de résurgences alimentées par des écoulements de subsurface dans la partie sommitale de l’île.

Les autres bassins versants sont localisés dans la partie méridionale de l’île. Ils sont au nombre de sept, d’extension variable. Le plus vaste de tous est le vallon de Kerlard, du nom du hameau situé sur son versant ouest : sa superficie est de 142 hectares. Il est drainé par un cours d’eau non pérenne qui naît lui aussi sur le plateau, à une altitude de 30 mètres. Sa longueur avoisine 1 200 mètres et sa pente moyenne est assez faible comparée aux autres bassins talwegs de l’île : 2,5 %. Cette fois encore deux sources ou fontaines sont à signaler, à des altitudes proches de 30 mètres. De manière générale, les talwegs groisillons sont plus pentus que ceux de Belle-Île : ils dépassent tous 2 %, voire 3 %, alors qu’ils sont de l’ordre de 1,5 % à Belle-Île. Les autres bassins versants topographiques de la partie méridionale de l’île sont de faible extension, quelques dizaines d’hectares seulement. Les talwegs qui les drainent sont encore plus pentus, le vallon de Locqueltas présentant une pente moyenne de 9 %. Ce dernier est très court et très petit, avec une altitude sommitale de 30 mètres. Une fontaine est localisée près du village du même nom.

Le fond des vallons est tapissé de formations alluvionnaires rovenant du plateau micaschisteux qui constitue l’île. La largeur des dépôts varie de quelques dizaines de mètres à quelque deux cents mètres dans les parties de vallon les plus larges. L’I.G.N. recense vingt-trois fontaines ou sources sur le territoire groisillon. Elles sont presque toutes localisées à une altitude supérieure à 25 mètres, à l’exception de celles situées dans la partie sud-est de l’île, dans le village de Locmaria et dans le hameau de Praceline. La plupart des hameaux et des villages de l’île se trouvent à proximité de ces résurgences, en tête ou sur les flancs des vallons.

2.2.3. Ouessant

Le contexte ouessantin est différent des deux précédents, la géologie de l’île expliquant cette différence. Sa morphologie est liée à la nature structurale : la topographie est caractérisée par trois unités géologiques allongées distinctes ouest-sud-ouest/est-nord- est. L’ensemble constitue un plateau basculé de l’est vers l’ouest avec une altitude moyenne de 25 mètres environ, culminant à 64 mètres près du phare du Stiff à l’est.

L’unité géologique centrale s’inscrit en dépression des unités granitiques qui la bordent et qui forment les presqu’îles de Feunteun Velen au sud-ouest et de Pern au nord-ouest. Elle constitue ainsi un vallon central principal débouchant dans la baie de Lampaul, ainsi qu’un vallon secondaire plus méridional et parallèle au premier débouchant sur la plage de Corz. De rares et courts vallons peu encaissés sont également présents, parmi lesquels il faut citer Kernevez dans la presqu’île de Pern et Arlan au sud-est de l’île.

L’île d’Ouessant (1 558 ha) compte ainsi quatre bassins versants possédant une superficie de cinquante hectares. La plus grande des deux dépressions centrales couvre 157 hectares et abrite les deux réserves collinaires de l’île actuellement utilisées pour la production d’eau potable : les retenues de Lann Vihan et du Merdy, des noms des hameaux qui les surplombent de part et d’autre du vallon. Le second vallon « intérieur » est parallèle au premier, situé dans l’autre dépression schisteuse plus au sud. Les talwegs ont des longueurs respectives de quelque 2 300 et 2 000 mètres, et présentent des pentes modestes, de l’ordre de 1,5 %, prenant naissance à une altitude de 30 mètres. Ces deux vallons ne sont pas véritablement encaissés et se contentent de drainer les dépressions naturelles de l’île. Leur aval est cependant marqué par des flancs un peu plus pentus, aux abords des hameaux de Lann Vihan et Porsguen, à la faveur d’une érosion plus active des cours d’eau dont l’abondance est plus soutenue. Les pentes sont, quoi qu’il en soit, moins importantes que dans les cas bellilois ou groisillons : elles sont de l’ordre de 10 à 12 % seulement, contre une vingtaine à Belle-Île et Groix.

Tableau 4.3 : Caractérisation des bassins versants de l’île d’Ouessant.

Nom du BV Exploitation Nature géologique Surface (ha) Longueur talweg (m) Pente moyenne (%)

Lann Vihan oui Granite et

micaschiste 150 2 300 1,3

Porsguen non micaschiste 55 2 000 1,5

Arlan non Granite 65 675 4,5

Kernevez non granite 80 600 5

Total 1 350

Les deux autres bassins versants sont de taille intermédiaire par rapport aux précédents, avec respectivement 64 et 81 hectares pour le vallon d’Arlan et celui de Kernevez. Leur morphologie est très différente : ils sont situés de part et d’autre de la partie centrale schisteuse inscrite en dépression ; leurs talwegs suivent cette fois une direction nord-sud et sont nettement plus courts : quelque 600 mètres environ. Voisines de 5 %, les pentes de ces vallons littoraux sont également plus prononcées que celles des vallons intérieurs. Les résurgences de sources sont marquées par la présence de fontaines et d’un très beau lavoir à Arlan. Les quatre bassins versants ouessantins ont des altitudes maximales de 30 mètres, et les vallons qui les drainent sont également tapissés d’alluvions récentes.

Figure 4.12 : Carte des bassins versants de l’île d’Ouessant.

Outline

Documents relatifs