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Dernière évolution du système de porte-parolat en Chine

PARTIE II : SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT INSTITUTIONNEL EN CHINE

2.5 Dernière évolution du système de porte-parolat en Chine

Installation de porte-parolat au sein des comités du Parti à divers échelons

L’émergence sur la scène internationale de la Chine a changé considérablement ses rapports avec le reste du monde. Le Parti communiste chinois, le plus grand parti au

pouvoir du monde dans le plus grand pays en développement, fait l’objet d’une attention toujours accrue de l’opinion nationale et internationale. Une information rapide, exacte, ouverte et transparente sur les affaires du parti permet de répondre aux attentes des publics, d’expliquer ses idées, politiques et stratégies, de mieux se faire comprendre, de lutter contre les désinformations et les rumeurs et de contribuer au progrès de la démocratie.

La 4ème session plénière du 17ème Comité central du Parti communiste chinois a adopté en

septembre 2009 les « décisions sur quelques questions majeures concernant le

renforcement et l’amélioration de l’édification du Parti dans un contexte nouveau », qui prévoit explicitement l’installation de porte-parolat au sein des comités du parti à divers échelons afin de promouvoir la démocratie socialiste, l’exercice du pouvoir selon la loi et la transparence des activités du parti. Désormais, la transparence est de rigueur et permanente, et s’applique à l’exercice du pouvoir du parti comme celui de l’État.

À ce jour, le porte-parolat est institué dans 13 départements du Comité central du Parti. Les noms et les coordonnées téléphoniques des porte-parole ont été rendus publics, et sont actualisés chaque année. Les comités du parti à tous les niveaux, depuis les départements centraux jusqu’aux districts et cantons en passant par les provinces, arrondissements et villes, sont en train de développer progressivement leur propre porte-parolat. Chaque comité doit nommer un porte-parole, assisté par un ou deux adjoints et un bureau de l’information. Un site Internet et une boîte électronique publique sont souvent ouverts. Les téléphones verts des porte-parole doivent être joignables 24 heures sur 24 pour répondre aux demandes des journalistes chinois comme étrangers.

Par ailleurs, depuis le lancement de la réforme et l’ouverture au monde extérieur, à chaque Congrès du Parti, est nommé un porte-parole s’appuyant sur un centre d’information, pour s’adresser aux médias et répondre aux préoccupations de l’opinion publique selon le principe d’une information rapide, exacte, ouverte et transparente. Plus de 1 400 journalistes chinois et étrangers ont couvert le dernier Congrès du Parti.

Installation de porte-parolat au sein des grandes entreprises publiques

À partir de 2009, le Bureau de l’information du Conseil des Affaires d’État a travaillé avec la Commission de contrôle et de gestion des biens publics pour introduire le porte-parolat au sein des entreprises d’État. Aujourd’hui, un grand nombre d’entreprises publiques se lancent dans la démarche. Les porte-parole contribuent d’une part à la transparence des

informations relatives à leur performance et leur fonctionnement, et d’autre part à l’amélioration de l’image de ces entreprises, qui sont invitées à assumer pleinement leur responsabilité sociale.

Installation de porte-parolat virtuel sur Internet

La Chine compte le plus grand nombre d’internautes dans le monde. Afin de mieux communiquer avec eux tout en profitant du progrès des TIC, les provinces du Guangdong, du Guizhou, du An’hui ont pris l’initiative fin 2009 de mettre en ligne un porte-parolat gouvernemental qui fait entendre publiquement la voix officielle et répond aux questions des internautes. Une fois en place, cette nouvelle mesure a suscité l’enthousiasme des publics, et elle est considérée comme marquant le début de la participation directe massive des citoyens aux affaires politiques. Dans la ville de Nanjing (Nankin), 90 directions, services, administrations locales ou déconcentrées sont mobilisées pour ouvrir simultanément leur porte-parolat virtuel sur Internet ; il est exigé des porte-parole une réponse aux questions postées sur les sites concernés dans les 24 heures. D’autres collectivités territoriales sont en train de préparer le lancement de leur porte-parolat sur Internet. Selon un récent sondage, 80% des 15 millions d’internautes de la province du Hubei jugent nécessaire la création d’un tel système virtuel par le gouvernement local22. Le même sondage montre que la moitié des internautes surfent plus de cinq heures par jour sur Internet et 96,9% d’entre eux obtiennent des informations par Internet.

Plusieurs ministères ont suivi cette tendance en installant un porte-parolat sur Internet. Cette nouvelle plate-forme ne sera pas seulement utilisée pour diffuser des informations quotidiennes, mais aussi pour effectuer un retour vers les opinions publiques et répondre aux questions collectées via d’autres canaux. D’autres outils informatiques tels que QQ (messagerie instantanée chinoise), sites communautaires ou RSS sont aussi envisagés et utilisés. Le gouvernement soutient fermement tous ces efforts pour mieux connaître les besoins du peuple, répondre à ses préoccupations, lui exposer les politiques publiques et tenir conseil auprès des administrés.

Extension du système de porte-parolat dans d’autres domaines

Récemment, des comités du quartier commencent à avoir leur porte-parole. Le quartier, en tant que cellule de base de la société chinoise, assure un service de proximité permanent pour les populations dans les zones urbaines. Il joue un rôle essentiel dans la construction

22 http://finance.ifeng.com/roll/20101115/2886637.shtml, « Rapport sur la grande enquête des internautes de la province du Hubei en 2010 », le 15 novembre 2010.

d’une société harmonieuse et contribue au progrès de la démocratie. Le comité du quartier, association autonome, constitue un pôle de services intermédiaires. Son porte-parole porte non seulement la parole du gouvernement, mais aussi la parole de celles et ceux qu’il rencontre dans son quartier, à travers ses déplacements ou visites à domicile. Cette évolution rejoint en quelque sorte un constat en France : Puisque les parisiens vibrent pour les problématiques de leur quartier, c’est là que la démocratie doit s’installer.

Par ailleurs, ces deux dernières années, plus de 200 lycées, collèges, écoles primaires et jardins d’enfants dans l’arrondissement Haidian à Beijing ont nommé leur porte-parole. Des formations de mediatraining ont été organisées par l’inspection d’académie de l’arrondissement à l’endroit de ces personnes.

Un élu national a proposé en mars 2010 l’installation d’un porte-parolat au Zhongnanhai (siège du gouvernement chinois). Le Premier Ministre chinois donne actuellement chaque

année une conférence de presse à la fin des « deux sessions », et procède à des

échanges avec les internautes plusieurs fois par an. Cependant, son agenda chargé ne lui permet pas d’être toujours disponible pour répondre à tout temps aux questions des publics. La nomination d’un porte-parole du Premier Ministre ou du gouvernement pourrait résoudre ce problème, et assurer aussi une information rapide, égale et transparente pour les publics et les fonctionnaires, et maximiser la voix du gouvernement central dans les meilleurs délais, comme l’illustre le porte-parole à la Maison Blanche.

Le 8 septembre 2010, le gouvernement a lancé le site « Direct Zhongnanhai », qui permet aux internautes d’écrire à chacun des plus hauts dirigeants du pays. Dès les premiers jours, 30 000 messages ont été envoyés au Président HU Jintao, et 20 000 au Premier Ministre WEN Jiabao. Les médias se réjouissent du signe d’ouverture et du symbole de progrès de la société que représente cette démarche. Il convient évidemment d’ajouter qu’on ne peut imaginer que les plus hauts dirigeants s’occupent personnellement de tous les dossiers, et que ce qu’il importe aussi, c’est que les échelons inférieurs fassent bien leur travail. Cela étant dit, va-t-on peut-être vers le porte-parolat du Zhongnanhai ?