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Une avancée notable dans la communication des institutions publiques

PARTIE II : SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT INSTITUTIONNEL EN CHINE

2.6 Une avancée notable dans la communication des institutions publiques

Comme on a pu le voir, la crise de SRAS a eu un fort impact sur le développement du porte-parolat en Chine. Le 11 mai 2003, la 7e réunion exécutive du Conseil des Affaires d’État a adopté la « Réglementation sur les mesures d’urgence en cas de crise de la santé

publique», exigeant l’établissement d’un système d’information nationale et une communication rapide, exacte et globale en cas de crise pour le grand public. La crise de SRAS, dure épreuve pour la communication de crise du gouvernement, est ainsi devenue un puissant moteur du développement du système de porte-parolat dans les institutions publiques en Chine. Mais cet essor ne peut se détacher du contexte général marqué par le développement fulgurant du secteur de l’information et de la communication, le progrès constant de la démocratie et l’approfondissement des réformes administratives multiples. Depuis le lancement de la réforme et de l’ouverture en Chine, avec la mise en place de l’économie de marché, le secteur de l’information et de la communication a connu une véritable dynamique. De 1978 à 1991, le nombre des journaux est passé de 186 à 1534, à savoir un journal a vu le jour en moyenne tous les trois jours pendant une dizaine d’années consécutives. En même temps, la télévision a réalisé une vraie percée dans les années 80. Déjà en 1981, plus de 500 millions de Chinois dînaient devant le journal télévisé de 19h30 de la CCTV (Télévision centrale). En 2003, la CCTV a créé des chaînes d’information continue, et progressivement en plusieurs langues, diffusées dans le monde entier. Depuis l’introduction d’Internet en Chine il y a 17 ans, le nombre d’internautes s’accroît en moyenne de 20,3% par an pour atteindre 450 millions en novembre 2010, ce qui place la Chine au premier rang en nombre absolu. Le taux de démocratisation d’utilisation d’Internet en Chine s’élève ainsi à 33,9%, dépassant la moyenne mondiale (30%). L’Internet a ouvert en Chine de nouveaux canaux, créé de nouvelles façons d’obtenir des informations, d’échanger et de se sociabiliser, avec l’avènement du web 2.0 et la création des sites communautaires et d’innombrables microblogs et bbs.

Non seulement l’opinion publique existe en Chine, mais elle se développe aussi à un rythme fulgurant. La liberté d’expression s’élargit chaque jour davantage et de vrais espaces d’information et d’opinion ont éclos les uns après les autres. Toujours plus nombreux sont les publics chinois qui veulent être informés, et ne se privent pas de multiples moyens d’expression pour faire entendre leur voix et influer sur le cours des événements. Le développement du secteur de l’information et de la communication permet de renforcer toujours plus l’impact de l’opinion publique sur la société. C’est la raison pour laquelle le gouvernement chinois y travaille fermement, avec des résultats impressionnants pour mieux connaître la volonté du peuple, répondre à ses préoccupations et assurer ses droits à l’information, d’expression, de participation et du contrôle des affaires publiques. Depuis la fondation de la Chine nouvelle en 1949, le gouvernement chinois ne cesse

d’œuvrer à la restructuration économique. De l’économie planifiée à l’économie de marché socialiste, le pays est toujours en mutation et en perfectionnement. La réforme économique exige la transformation de la fonction du gouvernement afin de mieux s’adapter à l’économie de marché. Dans ce contexte, le gouvernement chinois a procédé, depuis 1993, à une série de réformes administratives d’envergure allant du niveau central jusqu’à l’échelon local pour mieux exercer le pouvoir dans l’intérêt du peuple, avoir à cœur de satisfaire ses préoccupations, et établir un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.

En même temps, avec la mise en œuvre d’une série de réformes, l’édification de la démocratie socialiste s’est accélérée. Par exemple, depuis les années 1990, l’élection directe est pratiquée dans les villages en Chine. Plus de 470 millions d’électeurs élisent à travers 368 000 comités villageois environ 3,5 millions d'élus locaux. Toujours plus nombreux sont ceux qui veulent être informés des politiques gouvernementales et participer aux affaires publiques. En 1995, grâce à la promotion de l’État de droit, des provinces et villes ont successivement appliqué « Sunshine law » (loi sur la transparence administrative) pour un système d’administration plus transparent et plus ouvert. Avec la loi sur la liberté d’information gouvernementale, les gouvernements aux différents échelons et leurs départements sont tenus de publier notamment les informations concernant les statistiques, les planifications, les finances publiques, les autorisations administratives, les marchés publics et les travaux publics. Les officiels qui ne se soumettraient pas à ces règles font l’objet de rappels et pourraient être démis de leurs fonctions.

En 2009, le gouvernement chinois a promulgué et mis en application le Plan d'action national sur les droits de l'Homme (2009-2010). Le document, portant sur les volets tels que la législation, l'application de la loi, la justice, l'exercice du pouvoir ou l'administration, vise à promouvoir et garantir encore davantage les droits de l'Homme sur les plans politiques, économiques, culturels et sociaux en Chine. Cette réglementation permet de protéger les droits fondamentaux des journalistes, de faciliter leur accès aux représentants du gouvernement et de garantir le droit des citoyens à l'information.

Le gouvernement chinois a procédé, toujours dans l’esprit d’une plus grande ouverture, à de vastes échanges avec les médias étrangers, et publié à ce jour plus de 68 livres blancs. En octobre 2009, l’Agence Chine Nouvelle a organisé le Sommet mondial des médias auquel a participé le Président HU Jintao. C’est une grande plate-forme d’échanges, de contacts humains et d’idées entre les grands médias de la planète. On a également

organisé ces dernières années le dialogue de haut niveau entre les médias chinois et coréens, le colloque de l’information dans le cadre du Forum de coopération sino-africain, le forum de Tokyo et de Beijing entre les médias chinois et japonais, le forum des médias

sino-allemand, sino-arabes, et Chine-ASEAN23. Depuis 2000, en se référant à l’usage

international et en tenant compte de ses propres réalités, la Chine a élaboré plus de 30 lois et règlements relatifs à Internet en s’inspirant des expériences étrangères. Sur ce même sujet, elle a organisé successivement quatre forums sino-américains, trois forums sino-britanniques pour partager les réflexions sur les problèmes qui se posent du fait du développement fulgurant d’Internet.

C’est dans ce contexte général que le système de porte-parolat dans les institutions publiques chinoises a vu le jour et fait son chemin. Depuis 2003, des avancées considérables ont été réalisées dans le développement de ce système. En 2010, on enregistre 66 conférences de presse au BICAE (Annexe III), 595 dans les départements ministériels et 1215 dans les administrations territoriales. Le nombre de conférences de presse à tous les niveaux augmente de plus de 10% par an en moyenne. La communication institutionnelle s’est sensiblement améliorée à la satisfaction des médias et du grand public. On compte notamment les progrès suivants :

- Le système devient plus complet : le porte-parolat est institué dans plus de 90 départements ministériels et institutions publiques nationales comme APN, CCPPC, Cour populaire suprême, Parquet populaire suprême, dans les 31 gouvernements provinciaux, ainsi qu’au sein des 13 départements du CC du PCC et des 31 comités locaux du Parti (Annexe IV). Un corps de porte-parole est apparu, et ne cesse d’agrandir. Leurs noms et leurs attaches téléphoniques sont systématiquement rendus publics, et actualisés chaque année. La qualité de leur service s’améliore avec des indicateurs bien établis. Le système est ainsi plus normalisé, harmonisé, perfectionné et institutionnalisé.

- Les porte-parole jouent un rôle croissant. Leurs activités focalisent davantage les attentions des publics chinois et étranger. Ils constituent un réseau où l’information circule plus vite et de manière plus fiable et organisée, que ce soit horizontalement ou verticalement. Ils sont souvent les premiers à publier l’information, à apporter les explications et à répondre aux questions en cas de crise. Ils sont devenus les référents

23 L’ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) est une organisation politique, économique et culturelle regroupant dix pays d'Asie du Sud-Est.

permanents sur les diverses politiques et positions du parti et du gouvernement, sur leurs activités, sur le développement économique et le progrès social, ainsi que sur les événements majeurs du pays. L’impact de leur communication gagne sans cesse en ampleur et en profondeur.

- Ils deviennent très dynamiques dans la communication avec les médias et les publics. Leurs plateformes se sont encore diversifiées. Au-delà des conférences et points de presse réguliers, les porte-parole essayent de passer les messages à travers les interviews, entretiens, déclarations, questions-réponses (en duplex, en studio sur le plateau, sur Internet, RSS…) ou repas professionnels, réception, rencontre, etc. pour en maximiser l’impact. Ils sont davantage visibles, disponibles et réactifs aux yeux des journalistes et des publics. Ces derniers ont beaucoup plus de facilité d’obtenir de l’information, de demander des explications ou éclairages, et d’accéder aux responsables d’institutions. Des relations plus confiantes ont été ainsi construites entre porte-parole, médias et publics.

Ils sont aussi plus professionnels, et parlent plus concrètement avec des faits, exemples et chiffres pour répondre aux nouvelles attentes. Ils essaient de dégager des consensus à travers des échanges avec les publics, de faire entendre la voix des institutions et d’expliquer leurs politiques tout en assurant effectivement les droits du peuple à l’information, à l’expression, à la participation et au contrôle des affaires publiques.

Le système de porte-parolat a beaucoup contribué à l’ouverture et à la transparence des activités du parti, du gouvernement et à l’information du peuple. Son développement est également fort apprécié par les correspondants étrangers en Chine, comme le dit par exemple un journaliste suisse : « l’établissement de ce système (de porte-parolat) montre la détermination du gouvernement chinois d’accroître sans cesse la transparence. Il correspond aux normes internationales et est tout à fait significatif pour nous, les journalistes étrangers. »

L’institutionnalisation du porte-parolat permet de pérenniser les outils de communication souvent mis en place à l’occasion d’un événement, puisque le devoir d’information publique des citoyens ne s’achève pas une fois l’événement passé. Avec l’amélioration de ce système, le gouvernement montre une plus grande maturité dans le traitement de nouvelles crises, comme un journaliste de l’AFP a écrit dans son article du juillet 2005 : « lors de l’épidémie sur le fleuve Zhijiang au Hunan, le gouvernement a procédé de

manière très transparente, ce qui est bien différent du passé. » Il bénéficie aussi d’une plus grande adhésion du peuple dans ses activités, et jouit d’une meilleure relation de confiance avec eux, ce qui permet de mieux répondre aux attentes de la société tout en diminuant les éventuelles tensions.

„ Conclusion partielle

Ces trente dernières années, malgré beaucoup de retard par rapport aux États-Unis, la Chine a progressivement installé, la fonction de porte-parole dans presque tous les Ministères, tous les gouvernements provinciaux, mais aussi les Cours de justice, Commissions parlementaires et Organes du Parti, etc. La mise en place d’un système relativement complet et efficace de porte-parolat dans les institutions publiques n’est pas une chose aisée, mais pourtant réalisée en un temps relativement court en Chine. De réelles avancées, notamment enregistrées après la crise de SRAS en 2003, ont permis de rendre ce dernier plus normalisé, complet et mature, avec des porte-parole toujours visibles, disponibles et réactifs presque sur tous les plans. La communication institutionnelle devient plus efficace, ouverte et interactive ; le droit à l’information, mieux valorisé et assuré pour les médias et les publics. La banalisation de l’appellation de porte-parole révèle qu’aujourd’hui la communication et l’action se conjuguent mieux. Les institutions publiques sont descendues de leur piédestal pour davantage écouter et dialoguer. D’une information administrée, comme une potion, on est passé à une communication dynamique de l’action publique. Le développement du système de porte-parolat en Chine contribue à la bonne interaction entre le gouvernement, la société, les publics et les médias, et joue un rôle significatif dans la démocratisation politique, le développement économique et le progrès social du pays.