• Aucun résultat trouvé

« LE SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT DANS LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHINOISES : AVANCÉES ET DÉFIS »

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "« LE SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT DANS LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHINOISES : AVANCÉES ET DÉFIS »"

Copied!
112
0
0

Texte intégral

(1)

U N I V E R S I T É P A R I S – S O R B O N N E E N A

École des hautes études en sciences de l’information et de la communication

École national d’administration

Master Professionnel 2e année

Option : COMMUNICATION DES INSTITUTIONS PUBLIQUES

« LE SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT

DANS LES INSTITUTIONS PUBLIQUES CHINOISES : AVANCÉES ET DÉFIS »

Sous la direction de

Madame Françoise BOURSIN,

Professeur des Universités au CELSA Paris-Sorbonne et

Monsieur Jean-Emmanuel PAILLON,

Secrétaire général, Service d'Information du Gouvernement

Nom et Prénom(s) : Jian SUN Promotion : 2010 – 2011

Option : Communication des Institutions Publiques Soutenu le :

Mention :

Note du Mémoire :

(2)

- REMERCIEMENTS -

Je tiens à exprimer mes sincères remerciements à Madame Françoise BOURSIN, Professeur des Universités au CELSA Paris-Sorbonne, d’avoir accepté de diriger ce mémoire. Ses précieux conseils et ses orientations méthodologiques judicieuses m’ont été d’une grande utilité pour la réalisation de ce mémoire.

Je souhaiterais remercier vivement Monsieur Jean-Emmanuel PAILLON, Secrétaire général chez Service d’Information du Gouvernement, qui a codirigé ce travail en me donnant son encouragement et ses réflexions sur le sujet traité.

J’adresse mes vifs remerciements aux directions de l’ENA et du CELSA, pour leur partenariat sans lequel je n’aurais pas eu l’opportunité de travailler ce mémoire, ainsi qu’à l’ensemble de l’équipe pédagogique de l’ENA et du corps enseignant du CELSA, pour leur générosité intellectuelle et leur œuvre précieuse à la réussite de ce projet académique.

Je voudrais remercier vivement toutes les personnes interviewées pour me faire partager généreusement leurs réflexions et expériences sur le sujet étudié, ainsi que Monsieur Daniel MESLE du temps qu’il a consacré pour relire et corriger le texte.

Je voudrais remercier particulièrement les membres du Jury qui ont bien voulu accepter d’apprécier ce travail et de l’enrichir par leurs savoir-faire respectifs.

Enfin, mes remerciements vont à tous ceux, parents, amis et collègues, dont l’attention et le soutien permanent m’ont permis de conduire jusqu’à son terme cette démarche de recherche.

(3)

À ma famille,

(4)

SOMMAIRE

INTRODUCTION GÉNÉRALE ...6

PARTIE I : PORTE-PAROLAT DANS LES INSTITUTIONS PUBLIQUES ...11

Introduction partielle ...12

1.1 Définitions...12

1.2 Porte-parole dans la communication institutionnelle ...13

1.2.1 Rôles du porte-parole...13

1.2.2 Activités du porte-parole...16

1.2.3 Positionnement du porte-parole ...19

1.3 Histoire du porte-parolat ...21

1.3.1 Origine du porte-parole...21

1.3.2 Institution du porte-parolat à la Maison Blanche...22

1.3.3 Établissement officiel du système de porte-parolat aux États-Unis ...24

1.3.4 Perfectionnement du porte-parolat aux États-Unis ...24

1.4 Systèmes de porte-parolat aux États-Unis et en France ...25

1.4.1 Situation aux États-Unis ...25

1.4.2 Situation en France ...29

Conclusion partielle ...35

PARTIE II : SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT INSTITUTIONNEL EN CHINE...37

Introduction partielle ...38

2.1 Les prémices du porte-parolat en Chine...38

2.2 Mise en place officielle du porte-parolat ...40

2.3 Développement vigoureux du système de porte-parolat ...44

2.4 Situation actuelle du système de porte-parolat institutionnel...47

2.5 Dernière évolution du système de porte-parolat en Chine...52

2.6 Une avancée notable dans la communication des institutions publiques ...55

Conclusion partielle ...60

PARTIE III : POUR UN MEILLEUR SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT EN CHINE ...61

Introduction partielle ...62

3.1 Problèmes existants, limites et défis dans le système actuel ...62

3.1.1 Dispositif juridique à combler...62

3.1.2 Efforts de transparence à poursuivre...63

3.1.3 Le professionnalisme du porte-parole laisse à désirer ...64

3.1.4 Communication incomplète sur le fond comme sur la forme...66

3.1.5 Communication de crise...68

3.1.6 La réforme administrative reste à approfondir ...70

3.2 Propositions pour un meilleur porte-parolat en Chine...71

(5)

3.2.1 Poursuivre le changement de la mentalité...71

3.2.2 Améliorer la législation ...73

3.2.3 Approfondir la réforme administrative...74

3.2.4 Mieux communiquer en crise...75

3.2.5 Communiquer plus qu’informer ...80

3.2.6 Renforcer la professionnalisation des porte-parole ...83

3.2.7 Veiller au langage...84

3.2.8 Nouvelles technologies de l’information et de la communication...87

Conclusion partielle ...88

CONCLUSION GÉNÉRALE ...89

BIBLIOGRAPHIE...94

ANNEXES ...96

ANNEXE I : Liste des personnes interviewées...97

ANNEXE II : Guide des entretiens...98

ANNEXE III : Liste des conférences de presse au BICAE en 2010...99

ANNEXE IV : L’annuaire des porte-parole dans les principales institutions publiques chinoises ...103

GLOSSAIRE ...110

RESUMÉ ... 111

MOTS-CLÉS ...112

(6)

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Avec l’entrée de l’humanité dans la société de l’information, le nombre des sources et des véhicules d’information ont littéralement explosé. De la presse écrite comme journaux, périodiques, revues, magazines et livres jusqu’aux audiovisuels tels que radio, télé, mobile et web 2.0, on n’a que l’embarras de choix pour trouver l’information à portée de main.

Le progrès technologique aidant, une information fait le tour du monde en une seconde.

Cependant, la performance technique ne rend pas toujours service aux hommes. En particulier parce qu’elle accentue la fragilité des systèmes sociaux. Les crises boursières, financières, politiques qui éclatent à l’autre bout de la planète déstabilisent encore plus vite les économies, mettent à l’épreuve les solidarités et fragilisent les institutions.

Au-delà de toutes les informations vraies ou fausses dans d’innombrables espaces d’expressions, parfois, « les médias ne peuvent appréhender la situation dans sa globalité.

Ils utilisent des cas particuliers pour décrire la situation globale et certains vont même jusqu'à en faire délibérément trop ».1 Nous vivons donc aujourd’hui dans un monde plein d’informations, de désinformations, de rumeurs… Paradoxalement, l’humanité est à la fois complètement débordée par la quantité d’informations et demandeuse d’informations plus développées, mieux élaborées, fiables, claires…

Pour les institutions publiques, communiquer est un devoir qui répond au droit à l'information des citoyens. La communication est partie prenante de l'action publique, comme élément essentiel au débat et rouage de la démocratie. L’absence de communication est donc devenue une position intenable dans un monde hyper-médiatisé.

L’enjeu apparait plus se déplacer aujourd’hui sur les modalités de communication, que sur la légitimité même de le faire. De plus en plus, les citoyens souhaitent être mieux associés aux prises de décision et être acteurs de la communication publique participative. Les gouvernants ont bien compris que les grandes réformes de société ne peuvent être acceptées sans une information préalable des citoyens. La question de leur acceptabilité est donc au cœur de la communication publique, dès lors très en amont intégrée à l’action

1 Médiatisation, http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9diatisation_(m%C3%A9dia),le 10 avril 2011.

(7)

publique elle-même au lieu d’être centrée sur leur seule mise en œuvre.

Par ailleurs, les crises tendent aujourd’hui à se multiplier, à s’amplifier et à se précipiter en raison de nouveaux facteurs : complexité des technologies, imbrication des risques, mondialisation, accélération par les médias et internet, sensibilité des citoyens, montée du sentiment d’insécurité… La crise met en question l’image d’une institution et met en jeu sa relation avec les citoyens. La communication est essentielle dans la gestion d’une crise, que ce soit avant, pendant ou après, pour établir, maintenir ou rétablir la confiance.

L’État est un vaste réservoir d'informations, il lui faut donc un mécanisme efficace de transmission de l'information au public. C’est là qu’intervient le porte-parolat. En tant qu’instrument de communication publique par excellence, le porte-parole agit comme un journaliste, travaillant à rassembler les faits au sein du gouvernement afin de les communiquer au public et aux médias. La collecte et la diffusion simultanées de l'information à l'intérieur de l'institution et dans les médias constituent des fonctions clés pour lui. La responsabilité des porte-parole dans les institutions publiques est de poser un pont entre le gouvernement et le public pour réaliser leur communication.

Les communicants du secteur public utilisent les mêmes outils que ceux du secteur privé mais dans un contexte et avec des marges de manœuvre très différents. Longtemps ces contraintes ont rendu la communication publique frileuse et grisâtre. Ces temps sont révolus. Les porte-parole disposent aujourd’hui d’une gamme d’outils très diversifiés, des supports médias grand public (radio, presse, télévision, Internet, voire téléphone) aux supports hors média (dépliants, brochures, numéros d’appels…) pour aller à la rencontre du public et au plus près du terrain.

Le porte-parole doit être habile pour parer à toute éventualité, faire face aux situations nouvelles et imprévues. Certains disent que le porte-parole a besoin d'un réel sens de l'humour, d’une énorme patience, d’une facilité d’élocution et de rédaction, et d’une attitude intransigeante face à la vérité ; d’autres disent qu’il a besoin d'endurance, de curiosité, d’un bon caractère, d’une bonne mémoire, d’un sens aigu de la psychologie humaine, et de la capacité à prévoir et à traiter les détails logistiques. La crédibilité est l'atout le plus important du porte-parole. Il est essentiel que le porte-parole veille à préserver sa crédibilité et celle de l’organisation qu’il représente, et il ne sera pas cru si les réponses passées sont prouvées trompeuses ou mensongères.

(8)

INTÉRÊT DU SUJET

Les études sur le porte-parolat des institutions publiques ne sont pas nombreuses jusqu’ici, pourtant son rôle et son implication dans la vie quotidienne ne devraient pas être méconnus ou sous-estimés. Ce mémoire a pour intérêt, sur le plan professionnel, de faire mieux connaître et comprendre le système de porte-parolat dans les institutions publiques chinoises, d’une manière générale et dans une moindre mesure la logique de la communication publique en Chine, le systèmes américain et français de porte-parolat, ainsi que leur similitude et leur différence. Il vise également à essayer de voir plus clair à travers des comparaisons les défis et enjeux dans le développement futur de ce système, et d’avancer des pistes de réflexions pour une meilleure communication institutionnelle en Chine. Sur le plan personnel, cette étude de 18 mois a le mérite d’aborder d’une manière approfondie le porte-parolat institutionnel dans sa globalité, de permettre une meilleure appréhension des rapports institutions-médias-publics sous un angle particulier, et d’aiguiser tout simplement le sens de communication, notamment pour celui qui a vocation d’aller à la rencontre des autres.

PROBLÉMATIQUE

Introduit en Chine dans les années quatre-vingts du siècle dernier, le système de porte-parolat dans les institutions publiques a connu un démarrage assez limité pendant une vingtaine d’année. Il a pris un essor vigoureux après la crise du SRAS2 en 2003, dans un contexte général de mondialisation économique et de la réforme politico-économique sur le plan intérieur. Depuis 2004, la Chine a progressivement installé la fonction de porte-parole dans les Ministères, gouvernements provinciaux, mais aussi les Cours de justice, Commissions parlementaires, organes du Parti, etc. La qualité de la communication institutionnelle s’est sensiblement améliorée dès 2005. De 2006 à 2008, après trois ans de développement rapide et régulier, un système de porte-parolat vaste et relativement complet est mis en place à travers presque toutes les institutions publiques nationales et territoriales. Les plateformes de communication des porte-parole, comme conférences, points de presse réguliers, interviews et réponses téléphoniques sont devenues des canaux très positifs, efficaces et quasiment incontournables pour l’information des populations sur les actions et les politiques publiques du pays.

Avec le progrès des technologies de l’information et de la communication, de nouvelles formes d’intervention des porte-parole sont apparues comme le porte-parolat virtuel sur

2 Le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), nommé aussi pneumopathie atypique, est une grave maladie transmissible émergente.

(9)

Internet, les sites communautaires ou la diffusion d’information en temps réel, etc. La prise de conscience du droit à l’information est générale et sans précédent. La détermination et l’action des autorités pour une meilleure information du peuple sont également remarquables, à la satisfaction des médias et des publics. C’est la raison pour laquelle le système du porte-parolat chinois poursuit sans cesse son élan, dans des champs d’activités toujours plus vastes. Il s’inscrit aussi dans le processus de la démocratisation de la société, de la démocratisation interne du Parti et de la réforme politique du pays.

Communiquer, c’est bien ; bien communiquer, c’est mieux. L’amélioration du porte-parolat passe par la relève de divers défis : les efforts de transparence restent à poursuivre, le professionnalisme des porte-parole laisse encore à désirer, certaines pratiques malsaines persistent... Les trente années de réforme ont permis l’éclosion d’une population bien éduquée, désireuse d’être mieux informée. Face aux enjeux du développement économique et du progrès social ainsi qu’à la soif d’information d’un public toujours plus nombreux, comment la Chine peut mieux développer le système de porte-parolat dans les institutions publiques sur la base des avancées réalisées ?

LES HYPOTHÈSES DE L’ÉTUDE

I. Le système de porte-parolat enregistre de réelles avancées dans la communication des institutions publiques chinoises.

II. On ne peut cependant en faire un outil de communication plus efficace qu’en relevant les défis pour une meilleure information du public.

MÉTHODOLOGIE

Le mémoire est élaboré en fonction des analyses diachronique, analytique, comparative et démonstrative pour retracer et analyser le développement du porte-parolat dans les institutions publiques chinoises au cours de ces dernières années tout en introduisant des éléments comparatifs des systèmes étrangers de porte-parolat, et pour exposer la problématique et conforter les hypothèses.

La démarche repose essentiellement sur l’exploitation des ressources documentaires (physiques ou en ligne) disponibles, sur la collecte et l’analyse des données statistiques (études, enquêtes, recherches, etc.), ainsi que sur des entretiens et interviews avec de nombreux spécialistes, acteurs et professionnels en la matière. Des ouvrages généraux et

(10)

spécialisés en communication publique, des articles de presse écrite ou numérique, des supports audio-visuels en français, chinois et anglais ont été consultés. D’autres sources utiles ont été également mobilisées à la lumière des pistes données par les rapporteurs et les acteurs rencontrés dans les domaines concernés.

ANNONCE DU PLAN

La Première partie du mémoire présente d’abord des repères généraux relatifs à l’étude en donnant quelques définitions de base et en situant le porte-parolat dans la communication institutionnelle sous les thématiques : rôles, activités et positionnement du porte-parole. Elle retrace ensuite un petit historique du porte-parolat en passant en revue son origine américaine, son installation à la Maison Blanche et son perfectionnement. Elle aborde enfin les systèmes de porte-parolat aux États-Unis et en France en faisant le point de leurs pratiques actuelles.

La Deuxième partie se consacre au système de porte-parolat dans les institutions publiques chinoises. Elle présente les prémices de ce système dans le pays, sa mise en place progressive, son développement renforcé au cours de ces dernières années et sa situation à l’heure actuelle. Elle donne également quelques pistes de son évolution possible. La première hypothèse de l’étude qui postule que le système de porte-parolat enregistre de réelles avancées dans la communication des institutions publiques chinoises est introduite et démontrée. L’analyse de l’institution progressive du porte-parolat montre que les mauvaises expériences du pays en matière de communication, le progrès de la démocratie, l’amélioration de la gouvernance, le développement de la presse et l’attente du public en information sont à l'origine de réelles avancées du porte-parolat dans le pays, et qu’il contribue à une information plus ouverte, rapide et efficace.

La Troisième partie examine d’abord les problèmes existants, les limites et les défis dans le système actuel comme le dispositif juridique incomplet, certaines pratiques défavorables, le manque de professionnalisme, notamment dans la communication de crise, le besoin de l’approfondissement de la réforme administratif, etc. Elle essaie d’avancer par la suite des propositions concrètes d’amélioration du porte-parolat en s’inspirant des expériences étrangères à travers une approche comparative afin de contribuer à une meilleure communication publique en Chine. Ce chapitre valide ainsi la deuxième hypothèse qui postule que l’on ne peut faire du porte-parolat un outil de communication efficace qu’en relevant les défis pour une meilleure information du public.

(11)

PARTIE I

PORTE-PAROLAT DANS LES INSTITUTIONS PUBLIQUES

(12)

„ Introduction partielle

Le porte-parole a fait l’objet jusqu’ici de peu d’études académiques. Les connaissances, et notamment les ressources documentaires restent assez limitées sur le sujet. Cependant, le porte-parolat, présent aujourd’hui dans de nombreux domaines, constitue un métier à part entière. Dans la vie publique, les institutions possèdent tellement d'informations qu'elles ont besoin d'un moyen de les distribuer efficacement à leurs citoyens. C'est là que les porte-parole interviennent. Ces derniers sont au cœur de l'ensemble du système de communication avec les publics. Expliquer comment les programmes et les politiques ont un impact sur les citoyens est leur travail majeur. Cet effort d'information fait connaître au public les préoccupations et les politiques des autorités publiques, et aide le public à comprendre comment diverses questions seraient susceptibles d'affecter leur vie.

Qui sont ces personnes ? Quels sont leurs rôles, activités et positionnement dans la communication institutionnelle ? Quelle est l’origine de ce métier ? Comment il évolue ? … Cette partie essaie de donner une réponse à ce questionnement en partant de quelques notions de repère sur le domaine étudié, et en présentant un état des lieux des systèmes actuels de porte-parolat institutionnel aux États-Unis et en France.

1.1 Définitions Porte-parole

Le porte-parole (spokesperson, spokesman) est une personne qui prend la parole au nom de quelqu’un d'autre, d'une assemblée, d'un groupe. Le porte-parolat désigne la fonction de porte-parole. Dans le monde particulièrement sensible aux médias, de nombreuses organisations, qu'elles soient privées (entreprises) ou publiques (gouvernements), ou des individus (célébrités), emploient généralement des professionnels qui ont reçu une formation en journalisme, communication et en relations publiques. Leur rôle est de veiller à ce que les annonces soient faites de la manière la plus appropriée et en recherchant à maximiser l'impact favorable des messages (et donc de minimiser l'impact défavorable).

Système de porte-parolat

Le système de porte-parolat est l’ensemble de pratiques, de méthodes et d'institutions formant à la fois une construction théorique et une méthode pratique sur la fonction de

(13)

porte-parole.

Porte-parole de l’institution publique

Le porte-parole d’une institution publique est une personne, qui, pour le compte de cette institution, exprime à la presse, et donc à l’opinion publique, la position et l’opinion de l’institution sur certains sujets – les plus sensibles étant souvent réservés au responsable de l’institution – et à retranscrire la teneur des réunions institutionnelles. Le porte-parole n’est pas systématiquement membre de l’institution mais, lorsqu’il l’est, ce n’est pas toujours sa fonction spécifique. Cependant, il doit représenter l’institution dans son ensemble, sous toutes ses facettes et toutes ses missions, répondre aux questions des journalistes, valoriser l’action de l’institution et mettre en place une politique de communication.

Institutions publiques

Les institutions publiques sont les choses publiques instituées (personne morale, groupement, établissement, régime d’ordre public). En France, les principales institutions publiques sont le Président de la République, le Premier Ministre, le Gouvernement, l'Assemblée Nationale, le Sénat, le Conseil constitutionnel, le Conseil économique, social et environnemental, la Haute cour de justice, la Cour de justice de la République, le Conseil supérieur de la Magistrature, etc. En Chine, ce sont principalement les organes du pouvoir législatif (Assemblée populaire nationale – parlement chinois et les assemblées populaires territoriales), les pouvoirs administratifs (Conseil des Affaires d’État – gouvernement chinois et les ministères, les gouvernements locaux…), les pouvoirs judiciaires (cours de justice, parquets), les comités national et locaux de la Conférence consultative politique du peuple chinois, les associations et groupements sociaux comme la Fédération nationale des femmes de Chine, etc. En Chine, on appelle d’une manière générale toutes les institutions publiques susmentionnées « le gouvernement » au sens large du terme.

1.2 Porte-parole dans la communication institutionnelle

1.2.1 Rôles du porte-parole

Les porte-parole ont deux rôles majeurs à jouer : dans les rapports avec les médias, ils sont les avocats de la position institutionnelle en expliquant le bien-fondé de l'action officielle. Ils corrigent des informations erronées et essaient d'améliorer l'interprétation et la compréhension de l'information existante. Ils sont aussi les défenseurs des médias au sein de l’institution, relayant les besoins des journalistes, comme le souhait de faire un

(14)

reportage sur un sujet pour lequel les responsables institutionnels ne seraient pas toujours prêts à communiquer. "Le travail du porte-parole est de présenter les positions du président et ses pensées afin de l’aider à faire avancer son agenda, tout en aidant la presse à apprendre ce que fait le gouvernement», a déclaré Ari Fleischer, porte-parole du président George W. Bush à la Maison Blanche, «C'est un exercice d'équilibre qui exige un jugement éclairé au service de deux maîtres».

Le porte-parole est à la fois directif en essayant de mettre l'accent sur certains aspects des nouvelles, et réactif en répondant aux questions des journalistes. Par exemple, aux États-Unis, la Maison Blanche remet quotidiennement à la presse une demi-douzaine de bulletins annonçant les nouveaux programmes, rendez-vous, ou activités du président sur lesquels il souhaite une couverture médiatique. Dans le même temps, les journalistes accrédités à la Maison Blanche posent souvent au bureau de presse des questions auxquelles la Maison-Blanche ne souhaite pas forcément réagir.

Pourtant, le travail du porte-parole est plus qu'une simple diffusion de l'information. Il répète, démultiplie et explique le message de l’institution en tant que relais de parole, fait de la pédagogie, organise par tous les moyens la reprise de communication (Internet, presse écrite, radio, télévision...) et analyse les retombées (statistiques, amélioration, benchmarking…). En tant que lien entre l’institution et le public, il est le relais de parole dans les deux sens. Il a besoin d’entendre ce qui se dit dans la rue, et de le traduire aux autorités publiques. Mais le porte-parole n'est pas un magicien qui peut transformer une politique ou un programme inefficace en quelque chose qui semble bien fonctionner. Les relations publiques ne peuvent se substituer à des programmes efficaces ou à des idées politiques viables. Il ne peut créer une image crédible, si les agents ne le sont pas. Il ne peut non plus décrire un gouvernement comme étant efficace si les problèmes persistent et que peu est fait à leur sujet.

Les porte-parole ne peuvent prétendre être amis ou ennemis des journalistes. Les journalistes devraient être des observateurs neutres du gouvernement, de ses actions et de ses politiques. Chacun doit respecter le rôle de l'autre, sans ignorer qu’une tension naturelle existe entre les deux. D'une part, les responsables pourraient tenter de donner leur version des faits ou d’en éviter la publicité pure et simple alors que la presse cherche des failles. D'autre part, la relation est mutuellement bénéfique. Les journalistes ont besoin des porte-parole pour les aider à comprendre les actions du gouvernement et ces derniers, des journalistes pour diffuser les informations au public.

(15)

Certains porte-parole pourraient s'attendre à ce que le journaliste « ami » n’aille pas écrire un article négatif, mais un journaliste professionnel ne laisse pas l’amitié dicter le ton et le contenu de son article. Être journaliste est un travail à tout temps, et un bon journaliste n'est jamais en repos. «Les porte-parole doivent avoir des relations cordiales, mais aussi professionnels avec les journalistes », a déclaré Mike McCurry, ancien porte-parole de Bill Clinton, «Eux, les journalistes, ont des tâches à accomplir, et vous, porte-parole, avez du travail à faire. Vous pouvez être ami avec un journaliste, mais vous devez vous rappeler que les journalistes sont toujours au travail et vous aussi. » Dans leurs relations avec la presse, les porte-parole devraient clarifier les règles de base en vertu desquelles ils font leurs déclarations, telles que "off the record" ou "for background only". Cependant, la bonne règle serait de ne jamais dire ou faire quelque chose que l’on ne veut pas voir sur la première page du journal le lendemain. En outre, le porte-parole ne devrait pas faire obstacle à l’information. Il n'a pas le droit de décider ce qui est bon de diffuser et ce qui ne l’est pas. Son travail consiste à fournir de la matière à tous les journalistes, même ceux qui sont perçus comme moins favorables. « Un bon porte-parole devrait répondre à toute demande d'information des organisations légitimes, même si la réponse est simplement -Je dois revenir vers vous- », dit Juleanna Glover, porte-parole du vice-président Dick Cheney,

« La courtoisie devrait être la règle. Bien que la presse puisse être hostile à un moment donné, il y aura toujours un temps où vous en aurez besoin pour transmettre un message.

Lorsque ce moment arrivera, ils se souviendront de qui était courtois et qui était brutal. » Pour être efficace, le porte-parole doit avoir une relation étroite, dans un respect mutuel, avec la personnalité pour laquelle il travaille : président, premier ministre, ministre, gouverneur, etc. Il doit connaître parfaitement cette personnalité et avoir un accès direct à elle, ce qui permet de réagir rapidement face aux médias omniprésents. Il doit également jouer un rôle dans la prise de décision afin que ceux qui formulent les politiques puissent comprendre les éventuelles retombées de leurs actions sur les relations publiques. S’il n'a pas participé à l'élaboration des politiques, il aura peut-être du mal à comprendre le contexte des politiques et à l'expliquer aux médias. Il est donc préférable d'avoir le communicateur à la table de décision, engagé dès les premiers stades de la discussion pour savoir comment la politique sera perçue plutôt que d'avoir à rattraper le temps perdu ou être pris de court par la réaction négative du public.

(16)

1.2.2 Activités du porte-parole

Les activités des porte-parole sont presque similaires d’un pays à l’autre et modulaires au choix en fonction d’une série de facteurs comme la nature de leur institution, l’attitude de leur responsable, les moyens mis à leur disposition, leur statut, leur personnalité, etc.

Voici les activités les plus fréquentes :

• Organiser des conférences ou points de presse, réguliers ou ponctuels ;

• Gérer les demandes d’information de la presse, accorder des interviews et répondre aux questions des journalistes ;

• Arranger des entretiens et des briefings avec la presse pour les responsables de l’institution, les conseiller sur les relations avec la presse et les réactions éventuelles des médias aux politiques proposées ;

• Aider à l’élaboration des politiques institutionnelles afin de mieux les communiquer aux médias et au public ;

• Planifier et gérer des campagnes médiatiques pour un message cohérent à long terme ;

• Superviser la parole écrite, ou tout au moins réviser les discours et leurs messages ;

• Préparer des communiqués de presse, des bulletins d'information, et d'autres éléments ;

• Superviser les publications des organismes internes et externes ;

• Se coordonner avec les porte-parole d’autres institutions ;

• Gérer l’accréditation des journalistes auprès de l’institution; Arranger l’hébergement et le transport pour la presse lors du voyage officiel ;

• Évaluer, après le fait, si un événement a eu son effet voulu et déterminer comment faire mieux la prochaine fois.

Le point de presse, même s’il n’est pas forcément indispensable, est la plate-forme la plus utilisée par le porte-parole. Il accomplit cette communication en s’appuyant sur un bureau de quelques assistants. La préparation de la conférence de presse et son déroulement sont peu différents d’une structure à l’autre, et proche des exemples du porte-parolat au Ministère français de la Défense, illustrés comme ce qui suit :

Déroulement type du travail du bureau de porte-parole au Ministère de la Défense

Lundi Réunion du bureau pour lister tous les sujets liés à l’agenda du Ministre et du Secrétaire d’État et les sujets susceptibles d’être soulevés par les journalistes, premier tri des sujets, premier point avec le porte-parole pour la première liste des fiches

Mardi Réviser les premières fiches préparées par les rédacteurs dans l’après-midi

(17)

Mercredi Deuxième point avec le porte-parole à 11h00 pour affiner les fiches avec des demandes d’informations complémentaires ; Troisième point avec le porte-parole à 17h00 pour mettre au point toutes les fiches avec une répétition générale

Jeudi Réunion du porte-parole avec tous les communicants de l’état-major des armées et d’armée (terre, air et mer) à 10h00 pour caler les éventuelles interventions des uns et des autres lors du point de presse ; Point de presse à 11h00

Suite Réviser le script et l’archiver, diffuser les agendas du ministre et du secrétaire d’État sur Internet (la transcription ne sera pas rendue publique, mais les journalistes peuvent enregistrer le point de presse)

Déroulement type du point de presse I. Par le porte-parole :

Présenter l’agenda du Ministre

Présenter l’agenda du Secrétaire d’État

Annoncer les communiqués de presse, les grands événements…

II. Par le conseiller communication du chef d’État-major des armées

Faire des déclarations sur les questions sensibles ou d’actualité comme opérations en Afghanistan III. Par le communicant du chef d’État-major d’armée (terre, air ou mer)

Intervenir sur un sujet précis de sa compétence en fonction de l’actualité IV. Par l’(les) invité(s) extérieur(s)

Apporter des témoignages (retour d’une mission, préparation d’un gros dossier, recrutement, reconversion, campagnes de toutes sortes…)

V. Questions-réponses

Au-delà de ses activités quotidiennes et routinières, il est particulièrement important pour un porte-parole de réagir rapidement à l’actualité et d’imposer les thématiques de l’institution à travers une politique de communication dynamique3 :

1) Réagir à l’actualité

En l’absence de prise de parole du responsable de l’institution, le porte-parole peut faire face à un événement à travers trois types d’intervention :

- être en capacité de répondre dans des délais très brefs aux sollicitations des médias.

Cela peut prendre la forme d’interviews pour la presse écrite audiovisuelle ou de déclarations « on » ou « off », selon les cas, pour la presse écrite. Pour que ces interventions soient de qualité et produisent l’effet escompté, il faut que le porte-parole puisse se voir remettre très rapidement un dossier technique par les services concernés, recevoir du cabinet l’éclairage politique sur le sujet en question, et enfin extraire du

3 Extrait d’entretien avec M. Gérard GACHET, Porte-parole du Ministère de l’Intérieur, de l’Outre-mer et des Collectivités territoriales, mars 2010.

(18)

dossier les éléments médiatiquement les plus « vendeurs ».

- prendre l’initiative de contacter les médias, surtout si un événement est délicat ou présenté de façon incorrecte, de manière à ce que sa version et ses arguments soient pris en compte.

- organiser en urgence, en cas d’événement le justifiant, un point de presse « à chaud » en dehors de la conférence de presse régulière et mettre en place un système d’alerte des journalistes via le site Internet de l’institution, un envoi par courriel, une relance téléphonique ou autres moyens modernes comme Twitter ou RSS4.

2) Imposer les thématiques de l’institution

Le porte-parole se positionne naturellement comme un interlocuteur à la disposition de la presse face à ses multiples demandes. Au-delà de cette action indispensable mais très

« chronophage », il faut également assurer une phase plus offensive, qui consiste à imposer les thèmes sur lesquels le chef de l’institution a lui-même décidé de prendre l’initiative en suivant son propre calendrier. Pour ce faire, plusieurs méthodes complémentaires peuvent être mises en œuvre :

- élaborer des argumentaires de presse thématiques ;

- organiser des points de presse thématiques officiels, avec présentation du sujet par le porte-parole, intervention possible d’un spécialiste et réponses aux questions des journalistes ;

- programmer des repas de presse informels sur un thème choisi, plutôt destinés à alimenter en « off » les journalistes spécialisés et à faire en sorte que la position de l’institution sur le sujet concerné soit prise en compte ;

- diffuser ces thématiques institutionnelles sur l’ensemble des services en utilisant le réseau des chargés de communication pour faciliter la communication interne.

En plus de donner l'information, le porte-parole devrait essayer de créer des conditions de travail confortables pour les journalistes. Les exigences physiques de l'information et les longues heures de travail les rendent parfois irritables, et le porte-parole devrait savoir prendre soin de leurs besoins. Il convient de s’assurer qu'ils peuvent s’alimenter convenablement, que leur environnement physique de travail est suffisamment confortable, et que les employés du gouvernement sont accueillants.

4 RSS (Really Simple Syndication) désigne une famille de formats XML utilisés pour la syndication de contenu Web. La technologie permet de recevoir sur l’ordinateur en temps réel n’importe quelle actualité diffusée par un blog ou un site utilisant le format RSS. La diffusion de l’information et sa mise à jour sont quasiment instantanées.

(19)

1.2.3 Positionnement du porte-parole

La position du porte-parole dépend généralement du responsable de l’institution qu’il représente. Ce responsable détermine souvent avec le porte-parole la façon dont son travail sera organisé, ses responsabilités, sa relation avec le reste du personnel de même que la relation entre le service de presse et les autres services. Ce dernier point est particulièrement important si le responsable est à la tête du gouvernement ou d'un ministère. La personnalité et le sens de communication de ce responsable conditionne également beaucoup le périmètre d’action du porte-parole dans l’institution.

Cependant, la position du porte-parole par rapport au reste des personnels de l’institution est importante. Voici quelques questions pour l’éclairer : Est-ce que le porte-parole est le premier point de contact avec la presse, et fait-il autorité sur les personnels dans leur relation avec la presse? Est-ce que les autres services sont autorisés à répondre aux questions des journalistes en dehors des requêtes de routine, sans consulter d'abord le bureau de presse? Par exemple, si un journaliste pose une simple question de programme, telle que la date d'un événement, doit-il être acheminé vers le bureau de presse ou le service interpelé peut lui répondre? Qui est chargé de valider les communiqués, les discours et les déclarations élaborés par le bureau de presse? Est-ce que le porte-parole a un accès facile aux responsables des divers départements de la même institution ?

Les réponses à ces questions étant souvent différentes, le positionnement du porte-parole dans l’institution varie donc énormément d’un pays à l’autre et d’une structure à l’autre. Par exemple en France, certains porte-parole représentent les ministères, tandis que d’autres, les ministres en personne. Aux États-Unis, dans la plupart des cas, les porte-parole, souvent des professionnels de la communication, parlent au nom de leur patron tandis que les porte-parole en Chine, pour la plupart hauts fonctionnaires, représentent les institutions.

Cependant, leur rôle reste central et leur position, majeure. La communication institutionnelle, grâce à eux, devient plus visible, plus réactive avec un visage bien identifiable et vivant pour les publics à la différence du conseiller de presse qui, souvent en coulisse, ne peut être cité. De plus, comme le message de l’institution ne souffre pas de confusion, le porte-parole occupe éminemment une position de coordinateur au-delà de la simple représentation.

L’exemple suivant permet de mesurer toute l’importance de la coordination : un gouverneur d'État des États-Unis nouvellement élu a créé un véritable chaos en ignorant le besoin de

(20)

coordination dans ses équipes. Son chef de cabinet a diffusé un message à la presse sur les objectifs de la politique du gouverneur, son directeur d’études politiques a donné ensuite un autre message, et le porte-parole, un troisième. Les médias ont rapporté le désordre qui en a résulté, et le taux de l’opinion publique favorable au gouverneur a chuté brutalement. Ce n'est qu’après un travail de rattrapage avec la presse autour d'un nouveau message cohérent que le public a recommencé à soutenir les programmes du gouverneur.

Sans coordination, le travail ne peut pas bien se faire. Il est utile que le porte-parole suive toutes les relations du personnel avec les médias. Au minimum, il a besoin de savoir dès que possible si un haut responsable a rencontré la presse, et quels sujets ont été abordés.

S'il n'y a pas de procédure claire, une institution pourrait donner des informations contradictoires, et laisser le public dans la confusion et la méfiance à l’égard du gouvernement.

Pour le responsable et son porte-parole, la règle devrait être donc : pas de surprise, ou du moins aussi peu que possible. La règle "sans surprise" est également d'une importance cruciale dans les relations entre les diverses institutions, ainsi qu’à l’intérieur de l’institution entre ses différentes directions. Il est important de renforcer la position du porte-parole dans la coordination de toutes ces parties concernées à travers une communication interne et externe efficace.

Ces dernières années, le rôle du porte-parole est de plus en plus difficile en raison de la prolifération des chaînes d’information en continu et leur disponibilité 24 heures sur 24. Les informations, vraies ou fausses, circulent en masse et tellement vite que tout s’emballe au moindre « bruit ». La communication est de chaque instant et pénètre dans la vie quotidienne de chaque individu.

Le porte-parole n’est pas forcément la personne la mieux placée pour parler en toutes circonstances. Il doit savoir quel message diffuser en fonction du moment et qui est la meilleure personne pour le délivrer. Par exemple, en cas de crimes commis par un récidiviste, la population souhaite être rassurée, savoir si elle est en sécurité, que toutes les mesures ont été prises et qu’elle ne sera pas frappée. La personne la plus efficace pour transmettre ce message ne sera pas forcément le porte-parole lui-même, mais peut-être un responsable de police, en uniforme, invité lors d’une conférence de presse. Savoir parfois s’effacer devant un événement, c’est donc aussi son rôle, et cela fait partie de ses aptitudes comme de son positionnement.

(21)

En somme, le travail de porte-parole exige un équilibre entre de nombreuses relations - avec les officiels de l’institution qu'il représente, avec le reste du personnel de haut niveau, avec la presse, et avec l’administration -, en particulier s’il s’agit d’une nomination politique.

Le porte-parole doit être en première ligne quand c’est utile, et dans l'arrière-plan quand le responsable de l’institution est sous le feu des projecteurs. Même si le travail peut être difficile et parfois agaçant, ou frustrant, il incombe aux porte-parole d'aider la presse à obtenir de l’information. Le système fonctionne mieux lorsqu'il offre un grand degré d’accès à l’information pour la presse et cette ouverture n'est pas quelque chose à craindre.

1.3 Histoire du porte-parolat

Le porte-parolat est apparu au début du 19e siècle aux États-Unis, en réaction à l’apparition de la presse écrite aux États-Unis et à la naissance du journalisme. Le gouvernement américain, pour faire face aux journalistes toujours avides d’informations, a créé un poste de porte-parole à la Maison Blanche. Les premiers porte-parole sont secrétaires particuliers du président, et appelés « porte-parole du président ». L’installation de cette fonction est étroitement liée aux élections présidentielles, parce que les candidats ont besoin de faire relayer efficacement leurs idées politiques auprès des électeurs et ainsi gagner leur adhésion et leur vote.

1.3.1 Origine du porte-parole

Selon le livre du docteur américain Glen Broom « Effective Use of Public Relations », le septième président américain Andrew Jackson, élu en 1828, est le premier président d’États-Unis d’Amérique à engager un porte-parole. D’origine modeste, il se présente à l’élection présidentielle de 1824 et obtient plus de suffrages populaires et de voix des grands électeurs que ses concurrents mais il n’a pas la majorité absolue. L’opposition farouche du Speaker Henry Clay à Andrew Jackson permet à son adversaire, John Quincy Adams, d’accéder à la présidence à l’issue d’un vote de la Chambre des représentants.

Conscient de l’hostilité de la Chambre, Jackson décide de conquérir l’opinion publique pour exercer une forte pression sur la Chambre. Il se représente en 1828 en entretenant d’étroits contacts avec la presse, notamment pour faire valoir sa réputation d’homme du peuple et de chasseur d’Indiens. Cette fois, il remporte l'élection avec une majorité substantielle.

Après sa prise de fonction, le président Andrew Jackson accorde une grande importance à

(22)

la presse qui l’a beaucoup aidé dans l’élection. Il a même créé un « Kitchen Cabinet », composé notamment de Francis Preston Blair, éditorialiste chez The Globe, et d’Amos Kendall, homme politique proche. Souvent, le président parle librement en fumant, assis sur un canapé, tandis que Kendall prend des notes et rédige avec Blair des articles publiés dans The Globe. Tout lecteur de ce dernier peut ainsi savoir ce que pense son président ou ce qu’il va faire. C’est la raison pour laquelle le journal compte 4 000 abonnés de plus en une seule année, et est considéré comme l’organe de l’Administration.5

A partir du président Andrew Jackson, le porte-parolat du gouvernement américain a pris forme progressivement. C’est pendant cette période qu’est apparu le premier corps des journalistes accrédités à Washington. Après la première moitié du 19e siècle, avec la construction des chemins de fer, le progrès de La Poste, l’apparition du télégramme, la création d’agence de presse et plus généralement la croissance économique aux États-Unis, le secteur de l’information et de la communication s’est développé petit à petit, et entretient des relations toujours plus étroites avec la politique. Le nombre des journalistes accrédités au Congrès américain s’élève à plus de 70 en 1860, et à 130 en 1870. C’est aussi en partie grâce aux forces des journaux anti-esclavagistes qu’Abraham Lincoln, petit avocat de province sans expérience, a pu accéder au poste de seizième président des États-Unis d’Amérique. Au cours des trois mois précédant son élection, le chroniqueur de New York Herald Henry Villard l’a rencontré presque quotidiennement, ce qui transforme Lincoln d’un personnage politique local peu connu en une célébrité nationale qui attire l’intérêt de l’opinion publique et compte des supporteurs toujours plus nombreux6. Après son investiture, le président Lincoln a également engagé des secrétaires particuliers chargés de l’information, et organisé des conférences de presse. Plusieurs présidents successifs ont suivi son exemple en engageant des assistants privés chargés des relations avec la presse.

1.3.2 Institution du porte-parolat à la Maison Blanche

Les porte-parole, des secrétaires particuliers du président au début, ne touchaient aucun salaire du gouvernement. En 1896, le candidat républicain William McKinley et le candidat démocrate William J. Bryan se disputent la présidence. Avec 16 millions de fonds de campagne collecté, McKinley essaie de contrôler la presse, de distribuer des tracts et publicités, d’adopter un discours expansionniste pour aller au-devant de l’électorat, et il finit

5 YU Chiping, De Washington to Ronald Reagan --- les présidents américains avec les médias, Changchun, édition du peuple du Jilin, 1989, p.118-119.

6 Michael EMERY, American Journalism History, Beijing, édition Université du Peuple de Chine, Traduction de ZHAN Jiang, mai 2009 (9e édition), p.115.

(23)

par gagner l’élection avec une très faible majorité. Après son accession au pouvoir, le porte-parole et ses six assistants privés commencent à toucher le salaire du gouvernement.

Pour faire face aux nombreux journalistes qui guettent tous les jours à la porte de la Maison Blanche, le président McKinley charge un de ses assistants de faire un briefing chaque jour aux journalistes en attente à l’extérieur. Il s’agit là du premier porte-parole de la Maison Blanche. Le président McKinley donne également plus de privilèges aux journalistes en les autorisant à s’asseoir sur les chaises installées dans la cour intérieure de la Maison Blanche. En mars 1897, il donne une réception pour les 120 journalistes dans la Salle Est de la Maison Blanche. George Bruce Cortelyou, un des porte-parole du président a même affrété un wagon spécial pour les faire venir.7 Le président Mckinley est assassiné cinq mois après l’investiture de son second mandat en 1901, mais c’est bien à partir du début de sa prise de fonction que s’est formé à l’intérieur de la Maison Blanche un groupe de journalistes spécialement accrédités, qui dépasse progressivement en nombre le groupe des journalistes au Congrès, et qui subsiste jusqu’à nos jours.

Theodore Roosevelt fait construire l’aile Ouest (West Wing) de la Maison Blanche en 1901 et y installe ses bureaux. C'est sous sa présidence que le nom de Maison Blanche devient le nom officiel de la résidence présidentielle. Il garde George Bruce Cortelyou comme porte-parole, et il va même jusqu’à nommer ce dernier au Cabinet en 1903. Plus tard, William Loeb, Jr. devient officiellement le premier secrétaire du président chargé de la presse (presidential press secretary, porte-parole). Il est habilité à parler au nom du président et les journalistes sont en mesure de communiquer avec lui 24 heures sur 24.

Connu de la presse comme « Mur de pierre Loeb », il contrôle l’accès au président d’une manière sans précédent en traitant les demandes de la plupart des visiteurs.

Le 28e président américain Thomas Woodrow Wilson prend ses fonctions en 1913. En tant que professeur et journaliste libre, il mesure pleinement l’importance d’entretenir de bonnes relations avec la presse. Ce sera lui qui institue réellement la conférence de presse telle que nous la connaissons aujourd'hui. Au lieu d'alimenter les journalistes en nouvelles, il leur permet de poser des questions. Le 15 mars 1913, la première conférence de presse régulière a lieu avec 125 personnes. Au cours de la première guerre mondiale, lorsqu’il participe à la conférence de paix à Paris en 1918, le président Woodrow Wilson crée un précédent en associant pour la première fois des journalistes à sa délégation lors d’un voyage présidentiel.

7 YU Chiping, op.cit.(5), p.123.

(24)

1.3.3 Établissement officiel du système de porte-parolat aux États-Unis

Franklin Delano Roosevelt est le seul président américain réélu à trois reprises.

Extrêmement intelligent, il a été témoin des mauvaises relations entre Hoover et la presse et est déterminé à être entendu par le grand public. Il sait également combien certains journalistes peuvent avoir l’esprit retors et peuvent déformer les messages. Ils sont aussi en première ligne pour donner de bonnes nouvelles permettant de maintenir le moral d'une nation. Et cela n'a jamais été plus important que face à Hitler et à la puissance implacable du Japon. Roosevelt a tenu des conférences de presse jusqu’à deux fois par semaine et au total, neuf cent quatre-vingt-huit conférences, soit en moyenne 83 par an. Roosevelt a l'habitude de se réunir avec son porte-parole, Steve Early et d'autres conseillers pendant une demi-heure avant la conférence de presse. Ils anticipent les questions et préparent des réponses. En 1939, Roosevelt devient le premier président à apparaître à la télévision. Il utilise aussi la radio. Avec sa voix chaude et mélodieuse, il sait s'adresser au public ainsi qu'aux journalistes.

Avec l’organisation régulière de la conférence de presse sous Roosevelt, le porte-parolat de la Maison Blanche est officiellement établi. Le cabinet de Roosevelt à la Maison Blanche est composé de 7 à 8 attachés de presse. Un bureau de porte-parolat a été institué avec la nomination des porte-parole de divers départements, qui ont, depuis, l’habitude de distribuer des documents, de faire le point ou de déjeuner avec les journalistes, de donner des conférences de presse et interviews. Il se crée même une association des correspondants accrédités à la Maison Blanche. Ce sont autant d’éléments qui concourent au développement du système d’information de l’Administration américaine.

1.3.4 Perfectionnement du porte-parolat aux États-Unis

Au fur et à mesure de la montée en puissance des États-Unis et face à la demande croissante des journalistes, Truman prend au printemps 1950 la décision de déplacer ses conférences de presse à la Salle des Traités Indiens (the Indian Treaty Room) qui compte 230 places dans le bâtiment du Bureau exécutif (the Executive Office Building), et rend plus régulière l’organisation des conférences de presse. Avant chaque conférence de presse, Truman reçoit son porte-parole Charles G. Ross pour un briefing, et prépare les réponses aux questions éventuelles.

Dwight David Eisenhower gardera comme porte-parole James C. Hagerty pendant ses deux mandats. Hagerty sait comment utiliser efficacement la presse pour servir son

(25)

président, qui est par ailleurs qualifié par les professionnels de la presse du « plus remarquable président républicain jamais élu ». Eisenhower permet d’être cité directement par la presse et enregistré pour la radio, mais les éléments rendus publics doivent être validés par Hagerty.

Kennedy, soucieux de l’opinion publique, était particulièrement sensible à l’image de l’Administration et à toute critique des journaux. Il est allé même une fois jusqu’à suspendre la publication de New York Herald. Dès le début de son mandat, son porte-parole Pierre Salinger est très dur à l’égard des journalistes. Il pilote la communication de l’Administration Kennedy avec la presse et cherche à encadrer les contacts entre les hauts fonctionnaires et le monde du journalisme. Certains accuseront donc le gouvernement de contrôler l’information. En 1969, sous Nixon, Ziegler devient à 29 ans le plus jeune secrétaire de presse de la Maison Blanche de l'histoire. Suite au scandale de Watergate, il restera l'un des plus proches aides et confidents de Nixon, défendant le président jusqu'à la fin.

1.4 Systèmes de porte-parolat aux États-Unis et en France 1.4.1 Situation aux États-Unis

Aux États-Unis, le porte-parolat est institué à la Maison Blanche et dans certains grands ministères : Affaires étrangères, Défense, Trésor et Éducation.

Maison Blanche

La fonction de porte-parole de la Maison-Blanche (White House Press Secretary) s’installe officiellement en 1929 avec la nomination de George Akerson comme personne en charge des relations avec la presse. On compte, entre le 4 mars 1929 et janvier 2011, 29 porte-parole. La longévité sur ce poste est irrégulière, seulement 5 ont fait toute la durée du mandat du président qu’ils représentaient. En général, proche collaborateur de celui-ci, le porte-parole fait partie du Bureau exécutif du président américain. Cette fonction a très souvent été occupée par des personnalités venant du monde des médias. Stephen Early, porte-parole de Franklin D. Roosevelt était un reporter de l’United Press International et correspondant pour l’Associated Press ; James C. Hagerty sous Enseinhower, un journaliste du New York Times. Kennedy choisit lui Pierre Salinger, un journaliste et chroniqueur et George W. Bush nomma Tony Snow, un présentateur de Fox News . 8

Le porte-parole de la Maison Blanche est en charge de collecter l'information sur les

8 Porte-parole de la Maison Blanche, http://fr.wikipedia.org/wiki/Porte-parole_de_la_Maison_Blanche, le 26 mars 2011.

(26)

actions et les évènements de l'administration présidentielle et de faire le lien avec les médias, généralement lors d'un point de presse quotidien devant les correspondants de presse accrédités auprès de la Maison Blanche. Il commente ainsi le programme présidentiel de la journée, présente les personnalités que le président va rencontrer et donne la position officielle de l'administration sur les nouvelles du jour, les évènements nationaux et internationaux. Les points ou conférences de presse sont en général télévisés, dans la salle de presse de la Maison Blanche, la James S. Brady Press Briefing Room (cette salle depuis 2000 porte le nom du premier porte-parole de Ronald Reagan, James Brady, grièvement blessé lors de la tentative d'assassinat de Reagan en 1981).

Le porte-parole est aidé dans sa tâche par des adjoints, des chargés de communication et des assistants. Jay Carney, actuel porte-parole de la Maison Blanche nommé janvier dernier en remplacement de Robert Gibbs, est un ancien journaliste, chef du bureau de Washington de l'hebdomadaire Time. Actuellement, 10 personnes travaillent directement sous ses ordres. Le bureau du porte-parole ne répond plus aux questions à partir de 13h00 le samedi jusqu’au dimanche soir, et en semaine il est souvent difficilement joignable par les journalistes après 23h00, à la différence de la disponibilité quasi permanente constatée en France ou en Chine. Par ailleurs, le porte-parole de la Maison-Blanche n’est pas en charge de la stratégie de communication à long terme, même s’il participe aux réunions et décisions sur le sujet. La communication à long terme du président est gérée par le service de communication.

Le porte-parole de la Maison Blanche s’appuie sur des plateformes de communication : rencontre du matin avec les journalistes (abandonnée sous la présidence Obama pendant quelques mois, cette rencontre a tendance à être à nouveau utilisée depuis quelques semaines), point presse de l’après-midi dont la durée varie de 30 à 45 minutes en moyenne, interviews privées avec des journalistes, les émissions politiques, mais aussi récemment Twitter. En effet, dans sa volonté de répondre au feu roulant des questions des journalistes accrédités à la Maison Blanche lors de ses points de presse quasi quotidiens, Robert Gibbs semble aussi vouloir utiliser Twitter pour relayer « en temps réel » les messages du président Barack Obama. Il a ouvert un compte sur la plate-forme de micro-blogs Twitter en février 2010 et était déjà suivi par plus de 18.000 personnes deux jours après avoir écrit son premier "tweet". Barack Obama, qui a fait d’Internet une de ses armes décisives lors de la campagne électorale de 2007-2008, possède lui aussi un compte Twitter (@barackobama, 3,3 millions d'abonnés), mais il n'écrit pas lui-même les messages.

Références

Documents relatifs

• Display Ad Payer pour qu’un encart publicitaire soit positionné sur certains sites / réseaux sociaux. • Mailing Partager votre contenu directement auprès de

Est liée à la baisse du débit portal dans les territoires périphériques (foie gauche et territoire postérieur du foie droit), le cavernome apportant préférentiellement le

CHC : association d’une thrombose cruorique (branche droite) de densité = 25 HU ; et d’un bourgeon tumoral (tronc porte) de densité. =

il se forme entre les veines gastriques (veines gastrique gauche, postérieure et courtes) et la veine rénale gauche via des varices gastriques et périgastriques, en empruntant,

Une hyperartérialisation du foie périphérique (S2 et S3 et territoires postérieurs du foie droit) peut se rencontrer, le cavernome apportant préférentiellement le

nait de la branche gauche portale passant dans le ligament rond et falciforme depuis la terminaison de le veine porte gauche jusqu ’ à l ’ ombilic. 2/ veine gastrique gauche

2 Concernant ce périodique, cf. 370, ce périodique fut le seul journal égyptien et arabe à avoir été fondé à Naples, faisant ainsi partie des quatre périodiques arabes parus

2- Au titre du Ministère de la Promotion des Sports et du Développement de l’Economie Sportive en liaison avec le Ministère d’Etat, Ministère des