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Développement vigoureux du système de porte-parolat

PARTIE II : SYSTÈME DE PORTE-PAROLAT INSTITUTIONNEL EN CHINE

2.3 Développement vigoureux du système de porte-parolat

Après 20 ans de développement du système de porte-parolat essentiellement orienté vers une communication internationale, la Chine s’est trouvée confrontée subitement à un énorme défi de communication pendant la crise du SRAS (pneumonie atypique) en 2003. L’épidémie est apparue fin novembre 2002 dans la banlieue de Guangzhou (Canton). Au début, les symptômes de la maladie, qui ressemblaient à ceux de la grippe, ne retenirent pas d’attentions particulières. De fin janvier 2003 où l’épidémie a été dépistée à Hong Kong, jusqu’au 24 juin 2003 où Pékin a été finalement retirée de la liste des destinations

déconseillées par l’OMS, 5309 cas ont été confirmés et 308 personnes sont décédées en Chine. Au-delà des souffrances des familles frappées, du bouleversement du système de santé et des conséquences économiques assez graves, on assiste à une prise de conscience sans précédent de l’importance d’une communication plus efficace et ouverte à l’égard du grand public. Effectivement, l’opacité des informations, qui est à l’origine d’une surmédiatisation de l’épidémie, a provoqué peut-être des dégâts bien plus néfastes sur le plan psychologique et économique que l’épidémie elle-même. Si le SRAS a causé une grande frayeur dans le monde, il est également vrai que le nombre de cas mortels ou suspects est faible par rapport aux chiffres recensés pour l’ensemble des maladies respiratoires. L’épidémie s’est en fait accompagnée, dans un premier temps en Chine, d’une épidémie de rumeurs, amplifiée par l’utilisation du téléphone portable et d’Internet. Ces rumeurs faisaient mention de peste véhiculée par les rats, de grippe aviaire ou de bioterrorisme, créant simultanément une psychose et une certaine indifférence liée au sentiment de fatalisme face aux grands fléaux « naturels » dont les victimes se comptent par centaines de milliers, voire par millions. Ce n’est que plus tardivement qu’une perception correcte du danger réel de l’épidémie est rétablie grâce à une communication améliorée et générale dans le pays.

L’épidémie de SRAS a consacré l’organisation territoriale de porte-parolat. Tout au long et à l’issue de la crise, les gouvernements populaires locaux ont commencé à installer leur porte-parolat pour répondre aux questions et interrogations des publics. La municipalité de Beijing a nommé un porte-parole spécial, rattaché directement au maire par intérim de l’époque Wang Qishan, actuel Vice-Premier Ministre. Le 3 juin 2003, la municipalité de Shanghai a officiellement mis en place un porte-parolat pour faciliter notamment la communication entre les journalistes et le gouvernement en temps de crise. La municipalité a créé d’ailleurs au sein du Bureau municipal de l’information un groupe de travail de porte-parole, chargé des relations quotidiennes avec la presse. Beaucoup de provinces et villes ont emprunté le même chemin : Sichuan, Chongqing, Shenzhen, Shandong, Yunnan, An’hui, Liaoning, Guangzhou, Nankin, Chengdou, Shantou, Qingdao, Yangzhou, Shijiazhuang, Foshan, etc., ont successivement publié les arrêtés pour installer leur porte-parolat. À part les conférences de presse régulières, les porte-parole publiaient aussi des informations à travers le site portail du gouvernement, organisaient des séances d’information, faisaient des déclarations et accordaient des interviews.

La réforme a été introduite aussi sur les modalités d’information pour en améliorer l’efficacité. C’est par exemple à partir du 23 décembre 2003 que la traduction consécutive a

été remplacée par l’interprétation simultanée pour toutes les conférences de presse organisées par le BICAE avec l’aménagement des cabines spéciales d’interprétation. En décembre 2004, ont été rendus publics les noms et les numéros de téléphone des 75 porte-parole dans 62 départements du CAE.

À la fin de 2005, près de 70 départements du CAE ont établi leur porte-parolat. Sur 34 divisions administratives à l’échelon provincial, 27 ont créé leur système. Pour améliorer la qualité d'information, la Chine a renforcé la professionnalisation des porte-parole. Depuis la première formation des porte-parole le 22 septembre 2003 au BICAE, plus de 40 stages sous formes diverses ont été organisés par les départements ministériels et les provinces pour plus de 5 000 participants.

En septembre 2006, la Cour populaire suprême a réalisé une avancée dans le renforcement de la transparence de son travail en mettant en place un système de porte-parolat. Toutes les informations sont désormais ouvertes à la presse concernant les procès dans les hautes cours de justice chinoises. 65 porte-parole ont d’ailleurs été nommés depuis au sein des cours de justice sur deux niveaux – cours intermédiaires et de base, incluant 2 porte-parole pour la Cour suprême. Les médias se voient seulement interdire toute élaboration de prédiction concernant les procès. Ils doivent, de plus, assurer l’exactitude des faits, des preuves et des lois qu’ils rapportent dans leur reportage. A la fin de 2006, on compte 92 porte-parole et adjoints au porte-parole dans 74 départements ministériels et 52 porte-parole dans les 34 collectivités provinciales.

En janvier 2007, la Chine a adopté une réglementation relative à la liberté d’information gouvernementale. Entré en vigueur le 1er mai 2008, ce texte définit non seulement les catégories d’informations faisant l’objet d’une publication systématique, mais précise également les procédures de diffusion. Les informations devant être publiées comprennent principalement : 1) les textes juridiques, 2) les documents de service tels que ceux relatifs à l’organisation interne, les attributions et les procédures et 3) les informations concernant les activités courantes de l’administration. Les organes administratifs ont l’obligation de publier les informations gouvernementales dans les 20 jours suivant leur adoption. En complément des informations publiées de manière systématique, les particuliers ont le droit d’accéder aux informations qu’ils jugent utiles, notamment en matière professionnelle. Les autorités administratives chargées de la diffusion de l’information sollicitée disposent de 15 jours pour répondre à la demande de l’administré.

Fin 2007, la Commission nationale du développement et de la réforme, le Ministère du travail et de la protection sociale, le Ministère de la construction, le Ministère de l’agriculture, le Ministère du commerce, le Bureau national des forêts, le Bureau national de la propriété intellectuelle, le Bureau de météorologie de Chine, la Commission de contrôle des assurances de Chine ont organisé régulièrement des conférences de presse, une fois par mois pour certains et une fois par trimestre pour d’autres. Le CC du PCC comptait jusqu’alors 8 porte-parole dans ses organes comme Commission centrale de contrôle de la discipline, Département de l’organisation, Département international, Bureau de travail pour les affaires de Taiwan, etc.

En mai 2008, le Ministère de la Défense a nommé le premier porte-parole, M. Hu Changmin, cinq mois après la création de la Délégation à l’information au Ministère. Une première équipe de communicants a suivi des formations sur les missions extérieures (opération anti-pirates en Somalie ou exercices anti-terroristes et des mediatraining). Le tremblement de terre du 12 mai en 2008 au Sichuan a précipité l’installation de ce porte-parolat qui a joué un rôle notable grâce à une information rapide et transparente des publics, sur les opérations de secours et les réalités du terrain dans cette catastrophe naturelle. Cela a permis d’endiguer les rumeurs, puisque l’armée constitue une des forces principales dans le secours aux sinistrés. Le porte-parolat du Ministère permet dès lors au monde extérieur une meilleure perception de la politique de défense de la Chine, et contribue à l’établissement de relations de confiance.

En 2008, on enregistre 83 conférences de presse au BICAE, 521 dans les départements ministériels du gouvernement central et 983 dans les administrations territoriales, sans compter plus de 300 conférences de presse au Centre international de l’information de Beijing pendant les Jeux Olympiques, afin d’essayer de mieux faire connaître au reste du monde les réalités de la Chine dans toutes ses dimensions.