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Chapitre 3 DES ESPACES EN VOIE DE DISPARITION OU DES ESPACES EN VOIE DE PRODUCTION ?

Carte 16. Identification de parcelas de agrado dans la région centrale du Chili en 2010 (SINIM)

B. Une densification surtout résidentielle

Sur un continent si vaste que l’on préfère construire du neuf plutôt que rénover de l’ancien, et dans une culture métropolitaine de la faible densité (HIDALGO, R., DE MATTOS, C., ARENAS, F., 2009), les espaces ouverts constituent une réelle ressource pour les aménageurs qui y voient des possibilités sans fin d’extension.

Pourtant, le Plan Regulador Metropolitano de Santiago, PRMS*, et le Plan Regulador

Metropolitano de Valparaíso, PREMVAL*, régissent tous deux cette densité tant que les

communes ne prennent pas de dispositions dans leurs plans communaux. En 2002, la densité moyenne de l’Aire Métropolitaine de Valparaíso était de 39 habitants par hectare et un peu plus basse pour le Premval dans son intégralité en raison d’une densité moyenne à Quintero de 21 habitants par hectare. Si l’on tient compte de la résidence saisonnière, on arrive à une densité moyenne de 46 habitants par hectare. Si l’on s’en tient aux projections de population réalisées par l’INE pour 2032, on arrive à des densités moyennes de 50 habitants par hectare hors-saison et de 55 habitants par hectare en saison si les normes de densité du PREMVAL sont respectées à savoir en respectant une densité maximum de 2 000 habitants par hectare en moyenne à Valparaíso et Viña del Mar et de 450 habitants par hectare en périphérie de l’aire métropolitaine comme l’indique l’article 21 du PREMVAL. Le PRMS, prévoit quant à lui, une « densité minimum

de 150 habitants par hectare dans les zones urbaines et pour Colina, Lampa et Til Til, une densité minimum de 70 habitants par hectare et maximum de 150 habitants par hectare à l’exception des logements sociaux qui devront se situer sur des terrains inférieurs à 5 ha et qui pourront atteindre une densité de 300 habitants par hectare. »

Si une exception est faite pour ces trois communes de la province de Chacabuco et si l’augmentation de la densité moyenne de la population est la plus élevée à Quintero et à Casablanca, soit aux marges nord et sud de l’aire métropolitaine de Valparaíso, c’est que dans les deux cas ces espaces sont choisis par les aménageurs comme des déversoirs de la croissance urbaine des deux métropoles.

Paradoxalement, et quand il s’agit de projets urbains, on arrive à des situations de très forte contiguïté entre la densité relative des projets eux-mêmes et la faible densité de leur environnement. Alors, on peut parler d’enclaves territoriales de plus fortes densités.

C’est le cas des AUDP (Areas urbanas de desarollo prioritario52) prévues par le PRMS et qui correspondent à des aires d’expansion urbaines associées à des villes et des noyaux urbains déjà peuplés afin de les fortifier en optimisant l’usage du sol urbain, les équipements et les services préexistants (ANTIER, G., 2010). Cette norme avait pour objectif de promouvoir la mixité sociale et l’accès à la ville de populations défavorisées dans des logements de forte densité. On peut prendre l’exemple de l’AUDP Llanos del Solar sur la commune de Lampa. En 2003, ce sont les PDUC (Plan de desarollo urbano condicionado53) qui remplacent cet outil et en 2008, les ZEDC (zonas de expansión condicionada54) qui viennent les compléter en ajoutant le C final dans l’acronyme qui signifie en théorie « conditionné à l’acceptation par la municipalité et par son plan de développement communal ».55

Il s’agit de zones de 300 hectares minimum, ne pouvant dépasser une densité de 150 habitants par hectare et devant respecter en principe une proportion de 12 à 24% de logements aidés et de 6 à 8 % de logements sociaux sur les huit communes de la périphérie ouest à la plus forte croissance. Cet outil a théoriquement plusieurs avantages pour les communes car il permet d’avoir voix au chapitre sur la question de la croissance métropolitaine ; de recevoir de nouveaux habitants donc de nouveaux subsides ; de limiter la ségrégation urbaine produite par les aménagements précédents puisque les groupes sociaux y sont en principe proportionnellement représentés ; de favoriser l’attractivité de la commune, l’enregistrement de populations de classes moyennes (et donc d’électeurs) et la création de nouveaux services publics comme c’est le cas par exemple à Lampa avec la création d’un bureau du Servicio del registro civil e

Identificación

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Mais en pratique, cet outil s’avère être particulièrement pernicieux dans la mesure où l’accord des communes concernées est donné après étude par un seul fonctionnaire, généralement peu qualifié, l’asesor urbano, d’un dossier conséquent réalisé par des bureaux

en 2010 ; enfin, il autorise la compensation de l’occupation de terrains agricoles

par la création d’espaces verts et la plantation d’arbres.

52 Aires urbaines de développement prioritaire. 53 Plan de développement urbain sous conditions. 54 Zones de développement sous conditions.

55 On voit d’ailleurs dans ce jargon les mêmes hésitations qu’a connu l’aménagement du territoire en France entre le P des ZUP, zones à urbaniser en priorité, portées par le décret de décembre 1958 et appliquées jusqu’en 1969 et le C des ZAC, zones d’aménagement concerté, placées à partir de 1985 sous la responsabilité des communes et sous le signe de la concertation.

149 d’étude souvent étrangers. De plus, l’ampleur des projets exclut de fait les petites et moyennes entreprises du bâtiment et de la construction qui n’ont pas les moyens nécessaires pour construire de tels ensembles au profit des grandes entreprises comme Beltec. Enfin, dans un contexte de « planification flexible et sous conditions », l’Etat est au second rang et ne peut généralement pas suivre en termes de moyens humains nécessaires à de telles concentrations humaines – éducation, santé, police, pompiers,… Si les bâtiments publics sont bien construits par les promoteurs, ils restent souvent vides et posent donc la question de l’urbanité de tels ensembles (ALMOGUERA SALLENT, P., RIOS VEGA, T., 2008) où ce sont les services privés qui se multiplient venant palier les services publics inexistants.

Dans le cas de Lampa, une municipalité presque ruinée qui un an après le séisme n’avait toujours pas reconstruit la moitié des bâtiments publics détruits et perdait son DOP, Director de

Obras Publicas* par démission juste avant d’ être assigné en justice et où les projets d’habitat

social, dépassent de plus de quatre ans les échéances prévues, cet outil s’est traduit par la création de 4 ZDUC (tableau 5) en fonction du nombre d’habitats planifiés et donc du nombre d’habitants si l’on considère des foyers de 4 personnes. Ainsi la municipalité de Lampa, dont l’ensemble de la population ne bénéficie pas encore des services d’eau potable et d’assainissement, devra faire face à l’arrivée de plus de 350 000 nouveaux habitants dans quatre nouveaux noyaux urbains à l’horizon 2020. La seule manière qu’à trouvé le SAG pour limiter l’avancée de ce front urbain sur des terres agricoles de très bonne qualité est d’y financer des programmes d’irrigation, en réalité assez peu utiles dans ce secteur en raison du niveau élevé de la nappe phréatique, mais qui ont le mérite, d’un point de vue foncier, de former un précédent d’investissement public et donc de bloquer le changement d’usage des sols (entretien avec H. Díaz, fonctionnaire du SAG, le 6 août 2010).

Tableau 5. Projets immobiliers significatifs sur la commune de Lampa à l’horizon 2020

Types de projets immobiliers

Nombre de logements déjà construits Prévision Total en 2020 Total en nombre d’habitants

Proyectos immobiliarios pueblo Lampa

658 1 329 1 987 7 948

Ciudad Satelite Lara Pinta

2 954 5 546 8 500 34 000

ZUDC Valle Grande 2 520 12 629 15 149 60 596

AUDP Llanos del Solar

2 757 2 757 11 028

PDUC Llanos del Solar 14 751 14 751 59 004

ZUDC Santo Tomas 7 264 7 264 29 056

ZUDC Altos de Lampa 12 500 12 500 50 000

PDUC San Rafael 14 784 14 784 59 136

PDUC Ciudad Modelo 9 975 9 975 39 900

TOTAL 6 132 81 535 87 667

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