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Chapitre 3 DES ESPACES EN VOIE DE DISPARITION OU DES ESPACES EN VOIE DE PRODUCTION ?

Carte 16. Identification de parcelas de agrado dans la région centrale du Chili en 2010 (SINIM)

C. Concentration des activités encombrantes en périphérie

Par densité, on entend en premier densité du bâti et particulièrement du bâti résidentiel. Comme on l’a vu sur la Figure 12, il peut en effet s’agir d’une densification résidentielle, touristique avec la construction du resort de Rosa Agustina à Olmué entre 2003 et 2010, des infrastructures de transport avec la création d’un échangeur à Quillota en 2008, des séparations par des haies de pins ou d’eucalyptus à Mantagua.

On peut y ajouter toutes les fonctions encombrantes pour les villes-centres comme les cimetières. Ainsi, les cimetières se multiplient sur les espaces ouverts, à l’image du cimetière- parc de Quillota, semblable à un cimetière paysager anglais, bien que plus vaste et donnant l’impression d’être moins travaillé. Eden recréé, les tombes y sont espacées, le gazon entretenu, les arbres omniprésents. Il représente une alternative aux cimetières municipaux de Quillota, dont le plus densément occupé, et le plus ancien, se situe sur l’un des flancs du cerro Mayaca, lieu de fondation de la ville de Quillota, et aujourd’hui, considéré comme un quartier dangereux. Comme lieu de sépulture, les habitants de Quillota qui en ont les moyens, et surtout les néo- ruraux, ou même des urbains de Valparaíso et de Viña, préfèrent donc le cimetière-parc de Raúten, offrant tranquillité, impression de virginité et vastes horizons bien qu’il soit fermé et assez difficile d’y entrer.

La zone d’étude 3 doit faire face également à deux activités très encombrantes que sont l’épuration d’eaux usées (Lampa) et l’activité carcérale (Til Til). L’article 6.1.3 du PRMS* explique même clairement au sujet de la province de Chacabuco : « Les activités productives dangereuses

et insalubres ou polluantes ne pourront se développer au sein du territoire du Plan Métropolitain. Cependant, les activités productives dangereuses dûment autorisées par les organismes compétents, pourront se situer sur les communes de Lampa et Til Til dans les zones désignées comme ISAM 6 sur le plan RM-PRM-95-CH.1.A. Les risques générés par ces activités et leurs installations ne devront pas dépasser le terrain de l’installation. Les activités encombrantes, productives et/ou de service, quel que soit leur niveau de production et leur capacité en main d’œuvre, devront se situer sur les aires industrielles exclusives expressément prévues et indiquées sur le Plan, comme les DIEC (Desarollos Industriales y/o Empresariales Condicionados). Les permis municipaux seront attribués si le projet prend intégralement en charge les impacts négatifs produits par l’installation et détectés par une étude d’impact environnemental (Estudio

Photo 8. Station de traitement des eaux usées de La Cadellada, près de la zone humide de Batuco, commune de Lampa, et ses installations rudimentaires.

Visite sur le terrain avec H. Díaz, le 06/08/2010

Malgré toutes ces précautions légales qui s’appliquent aux nouvelles installations, le fonctionnement des deux aires métropolitaines continue de dépendre d’installations anciennes et défaillantes. Sur la photo 10, on voit dans la direction indiquée par Hugo Diaz, responsable de la province de Chacabuco pour le SAG*, et par la présence d’une épaisse roselière que la station de traitement des eaux usées de La Cadellada se situe très près de la zone centrale de l’humedal de Batuco qu’elle contribue d’ailleurs à alimenter. Cette station fut construite dans les années 1970 pour traiter les eaux usées de la commune de Lampa beaucoup moins peuplée qu’aujourd’hui. De plus, la commune de Colina dont la population a augmenté de façon significative depuis 10 ans (carte 10) avec la création de plusieurs ensembles résidentiels de très grande envergure (NARANJO RAMIREZ, G., 2009) a raccordé son évacuation d’eau à cette station d’épuration ancienne et comme on peut le voir sur la photographie, assez rudimentaire. En effet,

153 situation et les nombreux cas de botulisme aviaire rencontrés ces dernières années fait craindre à la commune de Lampa et au secteur de Batuco en particulier une détérioration sanitaire. Une demi-journée seulement de terrain sur place m’a provoqué de violentes migraines. C’est pour cette raison que, sur la carte 14, j’ai marqué le corps d’eau de la station avec un contour. En effet, même s’il existe de nombreuses prairies autour de la station qui pourraient être autant d’espaces ouverts pour les élèves des deux collèges de Batuco et que des oiseaux rares viennent y nicher57

Si cette situation est relativement fréquente au Chili et bien qu’elle ait ici des impacts sociaux et environnementaux particuliers en raison de la présence d’une population vulnérable et d’une zone humide protégée, l’activité carcérale semble quant à elle être une caractéristique de la province de Chacabuco restée plus longtemps rurale et peu dense et donc semble-t-il plus à même que les autres provinces métropolitaines d’accueillir une activité qui suppose l’isolement.

, les enfants semblent avoir intégré le risque sanitaire de s’y rendre car à aucun moment, ils ne le mentionnent et n’y vont. C’est comme s’il existait un cordon sanitaire spontané autour de la station dont émane un air irrespirable. De plus, en termes de représentations, la présence de cette station d’épuration obsolète nuit au secteur. Alejandro A., habitant d’une parcela de agrado dans le secteur m’a même dit en entretien : « Ici, à Batuco, on

reçoit toute la merde de là-haut, de Colina ! », (entretien avec Alejandro, A., le 9 octobre 2010).

Au niveau national, la population pénitentiaire est évaluée à 47 000 détenus dont la grande majorité dans des grandes prisons comme celle de San Miguel. Mais la surpopulation est évaluée à plus de 40% par les autorités qui ont acheté en 2010 un terrain à Til Til pour créer un nouveau centre pénitentiaire de 62 000 m², Santiago II, et héberger ainsi 3 000 détenus. A ce sujet, le maire de Til Til, Salvador Delgadillo58

En effet, outre les bénéfices modestes que peut tirer une commune de la construction d’un centre pénitentiaire, aussi moderne soit-il, comme l’hébergement éventuel des familles des détenus lors des visites au parloir, le maire peut donc craindre que le contexte médiatique s’exprime ainsi : « Santiago II est un centre

pénitentiaire qui recevra plus de 2 500 détenus. A Til Til, on aura donc trois prisons et dans la province de Chacabuco, à laquelle nous appartenons, il y aura au moins 7 centres pénitentiaires, celui de Colina inclus. Il s’agit donc d’une situation d’inéquité territoriale».

57 Le jour de ma visite sur le terrain le 6 août 2010, j’y ai observé 4 sietecolores (Tachuris rubrigastra rubrigastra), un passereau relativement rare et particulièrement apprécié pour le plumage bigarré dont il tire son nom vulgaire. 58 Seul maire communiste du pays.

chilien ultra-sécuritaire fasse vite mauvaise presse de sa commune, déjà stigmatisée par ses choix politiques, si elle accueille à partir de 2014 les nouveaux criminels que compte la Région métropolitaine. En janvier 2011, le ministre de la Justice a dû s’exprimer publiquement sur le sujet très controversé en niant une stigmatisation de la commune et de la province et affirmant que les facteurs vraiment déterminants dans le choix de l’emplacement avait été la volonté de lutter contre le surpeuplement et de trouver un terrain au coût satisfaisant. En dédommagement, il a été assuré de la construction d’un site d’enfouissement des déchets et d’un projet d’habilitation de deux sites pour entreposer les résidus miniers de la commune.

Sur la commune de Lampa, c’est aussi un véritable cimetière de camions (Figure 20) de l’armée de Terre chilienne qui est imposé aux occupants d’un des fundos du secteur Altos de Chicauma et ce dès les années 1980.

Photo 9. Cimetière de matériel militaire sur un espace ouvert à Altos de Chicauma

155 relativement faible densité. Cette situation pose particulièrement problème aujourd’hui car les espaces ouverts considérés comme vides dans les années 1980 à l’image du cimetière de camions de la photo 9 commencent à être encerclés par les effets de l’avancée du front urbain.

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