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3.4 L’analyse des données qualitatives

3.4.1 L’analyse inductive générale

3.4.1.1 La démarche d’analyse inductive générale

La démarche d’analyse inductive générale s’articule en quatre étapes de codification et de réduction des données brutes, le tout en tenant compte de l’angle adopté par les objectifs de recherche (Blais et Martineau, 2006; Thomas, 2006). Cette démarche d’analyse s’est également accompagnée de codages parallèles en aveugle afin d’assurer la rigueur scientifique de l’analyse des données qualitatives (Blais et Martineau, 2006; Fortin et Gagnon, 2016; Miles et Huberman, 2003; Savoie-Zajc, 2004; Thomas, 2006).

D’abord, la première étape de la démarche d’analyse a consisté à préparer les données brutes (Blais et Martineau, 2006; Thomas, 2006), soit la préparation des verbatims des entrevues semi-dirigées menées auprès des parents et des adolescents ainsi que la révision du journal de bord. Premièrement, l’écoute des enregistrements audios a servi à préparer les verbatims de chacune des entrevues, et ces derniers ont ensuite été révisés afin de séparer l’information du « bruit » les composant afin que la signification de cette information puisse être dégagée lors de l’analyse (Van der Maren, 1996). Ensuite, les notes descriptives du journal de bord relatant le contexte de chacune des entrevues ont été inscrites dans le préambule de chacune d’elles.

Après cette étape, un premier codage parallèle en aveugle a suivi et il a consisté, dans un premier temps, à ce que la doctorante fasse de nombreuses lectures de deux entrevues complètes (Blais et Martineau, 2006; Deslauriers, 1991; Paillé, 1994; Thomas, 2006; Villemagne, 2006), celle d’un adolescent et celle d’un parent, afin de résumer, en deux à trois pages, les points saillants de chacune d’elles (Blais et Martineau, 2006). Pendant ce temps, une autre doctorante, informée des objectifs de recherche et du contexte de chacune des entrevues par l’entremise des notes descriptives inscrites au début de chacune d’elles, a pareillement procédé avec les mêmes entrevues (Van der Maren, 1996). Les points saillants soulevés ont ensuite été comparés afin d’en arriver à un résumé consensuel (Blais et Martineau, 2006). Comme les résumés des points

saillants ont été respectivement préparés sous forme d’énumération en ayant recours aux signes typographiques que sont les puces, il a été possible de constater qu’un indice de fidélité avoisinant les 70 % avait été atteint avec chacune des entrevues. De tels résultats respectent les recommandations faites par Van der Maren (1996) ainsi que par Miles et Huberman (2003) puisque, lors d’un pareil codage, ces auteurs sont d’avis que des codeurs devraient obtenir un indice de fidélité de 70 % et plus. La discussion ayant suivi la comparaison des résumés des points saillants a permis aux deux doctorantes de faire le bilan ci-dessous. D’une part, les différences entre les deux résumés résidaient dans le fait que l’une des doctorantes avait pris en considération l’année scolaire (6e année primaire et 1re secondaire) pour faire ressortir les points saillants alors que l’autre n’en avait pas tenu compte. Par exemple, pour ce qui est de la description de l’adolescent quant à son engagement comportemental, l’une des doctorantes a fait ressortir le point saillant « dérange un peu en classe (parler) » alors que l’autre a identifié les différents points suivants pour exprimer la même chose : « au secondaire, parle avec ses amis lors du travail individuel » et « en 6e année, parlait en classe ». Le recours à des formules plus englobantes explique également pourquoi l’indice de fidélité avoisinait 70 % au départ alors qu’après avoir effectué les ajustements qui s’imposaient, ce même indice est grimpé tout près de 90 % comme le recommandent Van der Maren (1996) ainsi que Miles et Huberman (2003). Malgré le fait que ce codage parallèle en aveugle ait connu une conclusion satisfaisante, le retour réflexif des deux doctorantes sur cette codification les a menées à conclure que le fait d’avoir utilisé de longs verbatims avait rendu difficile leur analyse approfondie.

Prenant en compte cette conclusion, la doctorante a poursuivi sa réflexion concernant l’analyse des données de recherche en effectuant plusieurs lectures des 22 entrevues afin qu’elle soit pleinement familière avec leur contenu respectif et qu’elle puisse en avoir une compréhension globale (Blais et Martineau, 2006; Deslauriers, 1991; Paillé, 1994; Thomas, 2006; Villemagne, 2006). Ces lectures, constituant la deuxième étape de la démarche d’analyse inductive générale, l’ont menée à constater que chacun des verbatims14 contenait de toute évidence une grande abondance de données brutes. Plus précisément, ce constat laissait anticiper

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que, si l’analyse s’effectuait en utilisant, l’un après l’autre, ces longs verbatims, il serait difficile de dégager et de résumer méticuleusement l’essentiel des propos de l’ensemble des participants (Paillé, 1994). Pour dissiper cette impression, les réponses des 11 parents, puis celles des 11 adolescents, ont été regroupées sous chacune des questions composant les guides d’entrevue afin que l’analyse escomptée puisse à la fois se faire avec minutie et s’ancrer dans les objectifs de recherche. Pour la formation du premier cahier d’analyse concernant le premier objectif spécifique de recherche, toutes les réponses des parents concernant la description de l’engagement de leur adolescent ont été regroupées dans un document PowerPoint avant d’être imprimées au centre de grandes feuilles (50 cm x 75 cm) de manière à laisser un large cadre blanc pour que le codage puisse y être inscrit. Chaque grande feuille était composée d’une à trois questions ainsi que de leurs réponses. La même procédure a été utilisée avec la description de l’implication parentale telle que perçue par les parents (deuxième cahier correspondant au deuxième objectif spécifique de recherche). Une opération identique a été menée avec les réponses des adolescents, soit la description de leur engagement (troisième cahier cadrant avec le troisième objectif spécifique de recherche) et celle de l’implication parentale (quatrième cahier s’appliquant au quatrième objectif spécifique de recherche). Au total, 74 grandes feuilles ont été imprimées afin qu’une analyse de contenu manuelle puisse être effectuée, ce qui allait constituer la troisième étape de la démarche d’analyse inductive générale. Cette étape a concerné l’identification et la description des premières catégories (Blais et Martineau, 2006; Thomas, 2006), soit le fait de « dégager, [de] relever, [de] nommer, [de] résumer, [de] thématiser, presque ligne par ligne, le propos développé à l’intérieur du corpus sur lequel port[ait] l’analyse. » (Paillé, 1994, p. 154). Le résultat de cette analyse manuelle a, par la suite, été repris et raffiné (Blais et Martineau, 2006; Thomas, 2006) à l’aide de Nvivo, un logiciel d’aide pour les recherches adoptant une méthode qualitative ou mixte, ce qui a constitué la quatrième étape de la démarche d’analyse inductive générale. Pour ce faire, la doctorante a relu les premières catégories et les a remises en question. Puis, elle a effectué des regroupements, des comparaisons et des classifications dans le but d’obtenir des catégories plus raffinées (Paillé, 1994). Sous la perspective offerte par les objectifs de recherche, ces catégories ont alors représenté les aspects les plus importants qui ont émergé des données brutes (Blais et Martineau, 2006; Thomas, 2006). Toutefois, compte tenu de la réorganisation des données brutes en quatre cahiers d’analyse, la doctorante a procédé à un second codage parallèle en aveugle avant d’entreprendre la démarche

complète d’analyse afin d’assurer un contrôle général de la qualité des données (Van der Maren, 1996). Les critères de qualité des conclusions concernés par cette deuxième évaluation de la rigueur de la présente recherche sont la crédibilité et la fiabilité (Miles et Huberman, 2003; Savoie-Zajc, 2011), des critères dont Van der Maren (1996) parle en termes de validité et de fidélité.

Pour effectuer ce deuxième codage parallèle en aveugle, les services d’un chercheur expérimenté dans le domaine de la recherche qualitative (codeur B) ont été requis15. Suivant les recommandations de Van der Maren (1996), la doctorante lui a verbalement présenté un résumé du contexte dans lequel les entrevues ont été menées. Ensuite, le codeur B a pu lire la problématique ainsi que le cadre conceptuel et théorique de la présente recherche. Puis, autant la doctorante que le codeur B ont fait de nombreuses lectures des pages (deux pages par cahier d’analyse) ayant servi à ce deuxième codage parallèle en aveugle. Ils ont, par la suite, respectivement dégagé les propos des participants relatifs à la description du comportement adopté en classe par les adolescents ainsi qu’à celle de l’influence de l’implication parentale sur l’engagement des adolescents. La rencontre des deux codeurs visant à comparer leurs résultats d’analyse a permis de constater que l’indice de fidélité était très élevé et qu’il atteignait assurément les 90 %. En effet, les différences observées entre les deux codages résidaient, d’une part, dans le vocabulaire utilisé. Par exemple, le codeur B a fait référence au fait que les parents communiquaient leurs attentes en insistant sur le processus plutôt que sur le résultat scolaire alors que la doctorante a fait ressortir que les parents s’attendaient à ce que leur adolescent fournisse le meilleur effort possible. D’autre part, le codeur B a utilisé des formules plus inclusives que celles utilisées par la doctorante. Par exemple, après avoir souligné divers passages dans les propos des participants, il a résumé ces derniers en parlant de la présence des parents comme étant le moyen ayant la plus grande influence sur l’engagement des adolescents; la doctorante a plutôt décortiqué la présence des parents auprès de leur adolescent en faisant ressortir, entre autres, la communication de leurs attentes et leurs encouragements. Forte de ces résultats, la doctorante a poursuivi sa démarche d’analyse inductive générale des données de

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recherche. Cette démarche d’analyse l’a d’ailleurs menée à établir des liens entre les catégories ayant émergé des données brutes et les objectifs de recherche. Ces catégories émergentes ont ensuite servi à élaborer un cadre de référence permettant l’atteinte des objectifs de la présente recherche (Blais et Martineau, 2006; Thomas, 2006).

Avant d’aborder les critères de rigueur de la recherche qualitative, il importe de résumer les différentes étapes de la collecte de données de même que celles de l’analyse des données qualitatives pour permettre une meilleure compréhension de la chronologie de la présente recherche. Le Tableau IV qui suit résume chacune de ces étapes.

Tableau IV

Chronologie de la collecte de données et de la démarche d’analyse

Recrutement/collecte de données Analyse des données qualitatives Mai

2016

Préparation des deux guides d’entrevues semi-dirigées, mise à l’essai et révision de ceux-ci

Juin –

septembre 2016 Dépôt et évaluation du devis de recherche Octobre

2016 Obtention du certificat d’approbation éthique

Octobre – novembre 2016

* Recrutement des participants en collaboration avec trois directions d’école secondaire

* Journal de bord

Novembre –

décembre 2016 * Entrevues semi-dirigées menées auprès de 11 parents et de leur adolescent à risque de DS lors de la TPS

* Journal de bord

Décembre 2016 – février 2017

*Préparation des verbatims des entrevues semi-dirigées et du journal de bord

Février 2017

* Premier codage parallèle en aveugle

Mars – avril 2017

* Lecture des verbatims, réflexion quant à la démarche d’analyse et préparation des quatre cahiers d’analyse

Avril 2017

*Deuxième codage parallèle en aveugle

Avril – juillet 2017

* Analyse inductive générale des données brutes et du journal de bord

Juillet –

aout 2017 Rédaction de la présentation des résultats et de la discussion