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*14) Fulvia Copiola, tibicina

16) Cythéris, mima

BIBLIOGRAPHIE : SPRUIT 1966, n° 58 ; GARTON 1972, 70 ; LEPPIN 1992, 228 ; TRAINA 1994, 95-122 ; FERTL 2005, 179-181.

SOURCES : CIC., Att., X, 10, 5 ; 16, 5 ; XV, 22 ; Fam., XIV, 16 ; IX, 26, 1-2 ; Phil., II, 20 ; 58 ; 60-61 ; 69 ; 77 ; VIRG., B., 10, 21-23 ; PROP., II, 34, 87-94 ; OV., Tr., II, 441-442 ; PLIN., VIII, 55 ; PLUT., Ant., 9 ; PS.-A. VICT., Vir., 82 ; SERV., B., 6, 11 ; 10, 1-2 ; 6.

Textes :

1) Cicéron, Ad Atticum, X, 10, 5 (Cûmes, 3 mai 48 av. J.-C.)

Hic tamen Cytherida[m] secum lectica aperta portat, alteram uxorem.

« Cependant notre homme transporte avec lui, en litière ouverte, Cythéris, sa " seconde épouse ". »

2) Cicéron, Ad Atticum, X, 16, 5 (Cûmes, mai 48 av. J.-C.)

Hoc quidem melius quam collega noster Antonius, cuius inter lictores lectica mima portatur.

« [...] Cela vaut certes mieux que mon confrère Antoine, avec une actrice portée en litière au milieu de ses licteurs ! »

3) Cicéron, Ad Familiares, XIV, 16 (À Terentia, le 4 janvier 47 av. J.-C.)

Tullius Terentiae suae S. D. S. u. b. e. e. u. Etsi eiusmodi tempora nostra sunt, ut nihil habeam, quod aut a te litterarum exspectem aut ipse ad te scribam, tamen nescio quomodo et ipse uestras litteras exspecto et scribo ad uos, cum habeo, qui ferat. Volumnia debuit in te officiosior esse, quam fuit, et id ipsum, quod fecit, potuit diligentius facere et cautius: quamquam alia sunt, quae magis curemus magisque doleamus, quae me ita conficiunt, uti ei uoluerunt, qui me de mea sententia detruserunt. Cura, ut ualeas. Pr. Non. Ian.

« Tullius salut sa chère Terentia.

Si tu vas bien, tant mieux ; moi, je vais bien. Notre situation est telle que je n’ai aucune espèce de message ni à attendre de toi, ni à t’adresser moi-même ; et pourtant, sans que je sache comment, j’attends impatiemment vos lettres et je vous écris quand j’ai un porteur sous la main. Volumnia aurait dû se montrer plus obligeante à ton égard qu’elle ne l’a été et, même pour ce qu’elle a fait, elle aurait pu y mettre plus d’empressement et de prudence. Mais il y a d’autres sujets qui méritent davantage notre attention et notre chagrin ; j’en suis d’ailleurs accablé comme l’ont voulu ceux qui m’ont arraché au parti que je m’étais fixé. Prends soin de ta santé. Porte-toi bien.

4 janvier. »

4) Cicéron Ad Familiares, IX, 26, 1-2 (À L. Papirius Pétus, Rome, 46 av. J.-C.)

Accubueram hora nona, cum ad te harum exemplum in codicillis exaravi. Dices: "ubi?" Apud Volumnium Eutrapelum […] Audi reliqua: infra Eutrapelum Cytheris accubuit. "In eo igitur," inquis, "convivio Cicero ille, quem aspectabant, cuius ob os Graii ora obvertebant sua?" Non mehercule suspicatus sum illam affore

« Je viens de m’allonger pour dîner, à la neuvième heure, et je t’écris sur des tablettes le texte de cette lettre. " Où cela? " me diras-tu ; chez Volumnius […]

d’ici – " à ce banquet assistait le grand Cicéron que les Grecs dévoraient des yeux, dont le visage captivait leurs visages ? " Ma foi, je ne me doutais pas que cette femme serait ici ! »

5) Cicéron, Les Philippiques, II, 20 (24 octobre 43 av. J.-C.)

At etiam quodam loco facetus esse voluisti. Quam id te, di boni, non decebat ! In quo est tua culpa nonnulla : aliquid enim salis a mima uxore trahere potuisti.

« De plus, dans un passage de ton discours, tu as voulu faire de l’esprit. Bons dieux ! Que cela t’allait mal ! Il y avait un peu de ta faute, car tu aurais pu emprunter quelques traits piquants à ta femme la comédienne. »

6) Cicéron, Les Philippiques, II, 58 (24 octobre 43 av. J.-C.)

Vehebatur in essedo tribunus plebis; lictores laureati antecedebant, inter quos aperta lectica mima portabatur, quam ex oppidis municipales homines honesti ob uiam necessario prodeuntes non noto illo et mimico nomine, sed Volumniam consalutabant. Sequebatur raeda cum lenonibus, comites nequissimi; reiecta mater amicam impuri filii tamquam nurum sequebatur.

« Il voyageait dans un char gaulois, ce tribun de la plèbe ; des licteurs, aux faisceaux ornés de lauriers, le précédaient ; au milieu d’eux, une actrice de mime était portée dans une litière découverte, et des hommes honorables, magistrats municipaux, étaient contraints de sortir des villes pour aller à sa rencontre, la saluaient, en lui donnant, non pas son nom de théâtre, si connu, mais celui de Volumnia. Suivait un chariot avec des proxénètes, une escorte de vauriens. Rejetée à l’arrière, sa mère suivait la maîtresse de ce fils impudique, comme s’il s’était agi de sa bru. »

7) Cicéron, Les Philippiques, II, 61-62 (24 octobre 43 av. J.-C.)

Venisti Brundisium, in sinum quidem et in complexum tuae mimulae. Quid est? num mentior? Quam miserum est id negare non posse, quod sit turpissimum confiteri! Si te municipiorum non pudebat, ne ueterani quidem exercitus? Quis enim miles fuit, qui Brundisi illam non uiderit? quis qui nescierit uenisse eam tibi tot dierum uiam gratulatum? quis, qui non indoluerit tam sero se, quam nequam hominem secutus esset, cognoscere? Italiae rursus percursatio eadem comite mima, in oppida militum crudelis et misera deductio, in urbe auri, argenti maximeque uini foeda direptio.

« Tu es arrivé à Brindes, mais pour tomber dans les bras de ta petite comédienne. Eh bien ! Est-ce que je mens ? Quelle misère de ne pouvoir nier ce qu’il est si déshonorant d’avouer ! Si tu n’avais pas honte devant les municipes, n’en avais-tu même pas devant une armée de vétérans ? Est-il, en effet, un soldat qui n’ait vu cette femme à Brindes ? Qui ait ignoré qu’elle avait fait une si longue route pour venir te féliciter ? Qui n’ait souffert de reconnaître si tard quel vaurien il avait suivi, une fois encore, tournée à travers l’Italie, et toujours en compagnie de la comédienne ; dans les villes, établissements de garnisons, cruel et lamentable ; à Rome, répugnant pillage de l’or, de l’argent et surtout du vin. »

8) Cicéron, Les Philippiques, II, 69 (24 octobre 43 av. J.-C.)

Etsi iam negat. Nolite quaerere; frugi factus est; mimulam suam suas res sibi habere iussit, ex duodecim tabulis clauis ademit, exegit. Quam porro spectatus ciuis, quam probatus, cuius ex omni vita nihil est honestius quam quod cum mima fecit diuortium. « Mais le voilà qui nie. Ne cherchez pas : il est devenu honnête homme ; il a répudié sa belle compagne ; selon la loi des Douze Tables, il lui a retiré les clefs, il l’a mise à la porte. Quel citoyen considéré à présent et estimé ! L’action la plus honnête de sa vie est son divorce avec une comédienne ! »

Inde cisio celeriter ad urbem aduectus domum uenit capite obuoluto. Ianitor: ‘Quis tu?’ ‘A Marco tabellarius.’ Confestim ad eam, cuius causa uenerat, (deducitur) eique epistulam tradidit. Quam cum illa legeret flens (erat enim scripta amatorie; caput autem litterarum sibi cum illa mima posthac nihil futurum; omnem se amorem abiecisse illim atque in hanc transfudisse), cum mulier fleret uberius, homo misericors ferre non potuit, caput aperuit, in collum inuasit.

« Puis, rapidement transporté à Rome en cabriolet, il arriva chez lui, la tête enveloppée. Le portier : " Qui es-tu? " - " un courrier de Marc. " Vite introduit auprès de celle pour qui il était venu, il lui remit une lettre. Elle la lut en pleurant, car le ton était fort tendre ; la lettre disait en substance que désormais Antoine n’aurait plus de rapports avec la comédienne, qu’il lui avait retiré toute son affection pour la reporter sur sa femme. Comme celle-ci pleurait plus fort, cet homme sensible ne put se contenir : il découvrit sa tête et se jeta au cou de sa femme. »

10) Cicéron, Ad Atticum, XV, 22 (Tusculum, juin 43 av. J.-C.)

[…] Ego autem scripsi Sextum aduentare, non quo iam adesset, sed quia certe id ageret ab armisque nullus discederet. Certe, si pergit, bellum paratum est. Hic autem noster Cytherius nisi victorem neminem victurum.

« […] Si, de mon côté, je t’ai écrit que Sextus approchait, je ne voulais pas dire qu’il était déjà à nos portes, mais qu’il s’y employait et qu’il n’était pas homme à renoncer aux armes. En tout cas, s’il continue, la guerre est immédiate. Et ici notre fervent de Cythéris affirme que seul le vainqueur survivra. »

11) Virgile, Les Bucoliques, 10, 21-23 (37 av. J.-C.) Omnes "Vnde amor iste" rogant "tibi?" Venit Apollo: "Galle, quid insanis?" inquit; "tua cura Lycoris perque niues alium perque horrida castra secuta est."

« Tous demandent : " La cause de cet amour ? " Vint Apollon : " Gallus, dit-il, quelle est cette folie ? Lycoris ton aimée a suivi un autre homme à travers les neiges et les camps farouches. " »

12) Properce, Élégies, II, 34, 87-94 (26 av. J.-C.) haec quoque lasciui cantarunt scripta Catulli, Lesbia quis ipsa notior est Helena;

haec etiam docti confessa est pagina Calui, cum caneret miserae funera Quintiliae. et modo formosa quam multa Lycoride Gallus mortuus inferna uulnera lauit aqua!

Cynthia quin etiam uersu laudata Properti, hos inter si me ponere Fama uolet.

« C’est ce qu’ont chanté aussi les écrits du voluptueux Catulle par lesquels Lesbie est plus connue qu’Hélène ; c’est ce que confessa la page du docte Calvus en chantant la mort de la malheureuse Quintillie. Et naguère, combien de blessures dues à la belle Lycoris Gallus mort lava-t-il dans l’eau infernale ! Et Cynthie, louée par les vers de Properce, vivra si la Renommée veut bien me placer parmi eux. »

13) Ovide, Les amours, I, 15, 29-30 (fin du Ier siècle av. J.-C.) Gallus et Hesperiis et Gallus notus Eois,

Et sua cum Gallo nota Lycoris erit.

« Gallus sera connu des peuples du couchant, des peuple de l’Orient, et, en même temps que lui sera connue sa chère Lycoris.

14) Ovide, Tristes, II, 445-446 (fin du Ier siècle av. J.-C.) Non fuit opprobrio celebrasse Lycorida Gallo,

sed linguam nimio non tenuisse mero.

« Ce qui déshonora Gallus, ce n’est pas d’avoir célébré Lycoris, c’est de n’avoir pas tenu sa langue après avoir trop bu. »

15) Pline l’Ancien, Histoire Naturelle, VIII, 55 (Ier siècle ap. J.-C.)

Iugo subdidit eos primusque Romae ad currum iunxit M. Antonius, et quidem civili bello, cum dimicatum esset in Pharsalis campis, non sine ostento quodam temporum, generosos spiritus iugum subire illo prodigio significante. nam quod ita vectus est cum mima Cytheride, super monstra etiam illarum calamitatum fuit.

« Le premier qui les [les lions] ait mis sous le joug et attelés à un char dans Rome est Marc Antoine ; et cela pendant la guerre civile, après la bataille livrée dans les plaines de Pharsale : sorte de signe des temps, prodige symbolique du joug que subissaient les esprits généreux. Quand au fait qu’Antoine se fit ainsi traîner avec la mime Cythéris, il dépassait toutes les monstruosités annonciatrices des malheurs de cette époque. »

16) Martial, VIII, 73, 6 (fin du Ier siècle ap. J.-C.) Cynthia te uatem fecit, lasciue Properti;

ingenium Galli pulchra Lycoris erat; fama est arguti Nemesis formosa Tibulli; Lesbia dictauit, docte Catulle, tibi:

« Cynthie a fait de toi un poète inspiré, voluptueux Properce ; la belle Lycoris était le génie de Gallus ; la jolie Némesis a fait la réputation du mélodieux Tibulle ; Lesbie t’a dicté tes vers, docte Catulle. »

17) Plutarque, Vie d’Antoine, 9, 5-8 (début du IIe siècle ap. J.-C.)

Τοῖς μὲν οὖν πολλοῖς ἐκ τούτων ἀπηχθάνετο, τοῖς δὲ χρηστοῖς καὶ σώφροσι διὰ τὸν ἄλλον βίον οὐκ ἦν ἀρεστός, ὡς Κικέρων φησίν, ἀλλ’ ἐμισεῖτο, βδελυττομένων αὐτοῦ μέθας ἀώρους καὶ δαπάνας ἐπαχθεῖς καὶ κυλινδήσεις ἐν γυναίοις, καὶ μεθ’ ἡμέραν μὲν ὕπνους καὶ περιπάτους ἀλύοντος καὶ κραιπαλῶντος, νύκτωρ δὲ κώμους καὶ θέατρα καὶ διατριβὰς ἐν γάμοις μίμων καὶ γελωτοποιῶν. Λέγεται γοῦν, ὡς Ἱππίου ποτὲ τοῦ μίμου γάμους ἑστιαθεὶς καὶ πιὼν διὰ νυκτός, εἶτα πρῲ τοῦ δήμου καλοῦντος εἰς ἀγορὰν προελθὼν ἔτι τροφῆς μεστὸς ἐμέσειε, τῶν φίλων τινὸς ὑποσχόντος τὸ ἱμάτιον. Ἦν δὲ καὶ Σέργιος ὁ μῖμος τῶν μέγιστον παρ’ αὐτῷ δυναμένων, καὶ Κυθηρὶς ἀπὸ τῆς αὐτῆς παλαίστρας γύναιον ἀγαπώμενον, ὃ δὴ καὶ τὰς πόλεις ἐπιὼν ἐν φορείῳ περιήγετο, καὶ τὸ φορεῖον οὐκ ἐλάττους ἢ τὸ τῆς μητρὸς αὐτοῦ περιέποντες ἠκολούθουν. Ἐλύπουν δὲ καὶ χρυσῶν ἐκπωμάτων ὥσπερ ἐν πομπαῖς ταῖς ἀποδημίαις διαφερομένων ὄψεις, καὶ στάσεις ἐνόδιοι σκηνῶν καὶ πρὸς ἄλσεσι καὶ ποταμοῖς ἀρίστων πολυτελῶν διαθέσεις, καὶ λέοντες ἅρμασιν ὑπεζευγμένοι, καὶ σωφρόνων ἀνδρῶν καὶ γυναικῶν οἰκίαι χαμαιτύπαις καὶ σαμβυκιστρίαις ἐπισταθμευόμεναι.

« La foule ressentit pour lui de la haine ; quand aux gens honnêtes et sages, comme le dit Cicéron, ils n’approuvaient pas le reste de sa conduite : ils le détestaient, ils avaient en horreur ses beuveries à des heures indues, ses dépenses scandaleuses, ses ébats avec les filles, son habitude de dormir en plein jour, de se promener et de flâner en cuvant son vin, et, la nuit, ses bruyantes parties de plaisir, sa présence aux théâtres, aux mariages des mimes et des bouffons. On dit en tout cas qu’au repas de noces du mime Hippias il passa la nuit à boire, et que, le lendemain matin, le peuple l’appelant au forum, il se présenta tellement gorgé de nourriture qu’il vomit sur le manteau que lui tendit un de ses amis96. Il y avait aussi le mime Sergius, un de ceux qui avaient le plus de crédit auprès de lui, et une femme qu’il aimait, Cythéris, qui appartenait à la même troupe d’acteurs. Dans toutes les

villes où il se rendait, il la faisait porter dans une litière, qui était accompagnée d’autant de serviteurs que celle de la mère d’Antoine. On s’affligeait aussi du spectacle des coupes d’or promenées dans ses déplacements comme dans des processions, des tentes dressées sur son chemin, de ses somptueux repas servis près des bois sacrés et des rivières, des lions attelés à ses chars, des maisons d’hommes et de femmes honnêtes assignées comme logements à des prostituées et à des joueuses de sambuque. »

18) Pseudo-Aurelius Victor, Hommes illustres, 82 (IVesiècle)

Marcus Brutus. 1) auunculi Catonis imitator, Athenis philisophiam, Rhodi eloquentiam didicit. 2) Cytheridem mimam cum Antonio et Gallo amavit.

« Marcus Brutus. 1) imitateur de Caton son oncle, il étudia la philosophie à Athènes et l’éloquence à Rhodes. 2) Il aima, ainsi qu’Antoine et le poète Gallus, la comédienne Cythéris. »

19) Maurus Servius Honoratus, Commentaire aux Bucoliques de Virgile, 6, 11 (IVe siècle) « Nec Phoebo G. V. est »

nec pagina ulla Apollini est gratior, quam quae Vari nomen gestat in titulo : quod ideo dicit, quia hanc eclogam constat in honorem Vari esse praescriptam. Dicitur autem ingenti favore a Vergilio esse recitata, adeo ut, cum eam postea Cytheris meretrix cantasset in theatro, quam in fine Lycoridem vocat, stupefactus Cicero, cuius esset, requireret.

« “Et aucune page n’est plus agréable à Phoebus” :

Et en effet, il n’y a pas de page plus agréable à Apollon que celle qui porte en titre le nom de Varus : et il dit cela parce qu’il est évident que cette églogue a été écrite en l’honneur de Varus. Mais on dit que, par une immense faveur, elle a été lue en public par Virgile au point que, lorsqu’ensuite la courtisane Cythéris, qu’il appelle Lycoris à la fin du recueil, l’eut chantée au théâtre, Cicéron stupéfait lui demanda de qui elle était. »

20) Maurus Servius Honoratus, Commentaire aux Bucoliques de Virgile, 10, 1-2 (IVe siècle)

« Extremum hunc Arethusa M. C. L. »

Gallus, ante omnes primus Aegypti praefectus, fuit poeta eximius; nam et Euphorionem, ut supra diximus, transtulit in latinum sermonem, et orum suorum de Cytheride scripsit libros quattuor. Hic primo in amicitiis Augusti Caesaris fuit : postea cum venisset in suspicionem, quod contra eum coniuraret, occisus est. Fuit autem amicus Vergilii adeo, ut quartus georgicorum a medio usque ad finem eius laudes teneret : quas postea iubente Augusto in Aristaei fabulam commutavit. Hic autem Gallus amavit Cytheridem meretricem, lebertam Volumnii, quae, eo spreto, Antonium euntem ad Gallias est secuta : propter quod dolorem galli nunc videtur consolari Vergilius. Nec nos debet movere quod cum mutaverit partem quarti georgicorum, hanc eclogam sic reliquit : nam licet consoletur in ea Gallum, tamen altius intuenti vituperatio est; nam et in Gallo inpatientia turpis amoris ostenditur, et aperte hic Antonius carpitur, inimicus Augusti, quem contra Romanum morem Cytheris est in castra comitata.

« " Ce dernier effort, Aréthuse, accorde le moi " :

Gallus, le premier de tous les préfets d’Égypte, fut un remarquable poète ; car il traduisit Euphorion en latin, comme nous l’avons dit plus haut, et écrivit quatre livres sur Cythéris traitant de ses amours. Celui-ci eut d’abord l’amitié d’Auguste César ; puis, ayant suscité ses soupçons parce qu’il conspirait contre lui, il fut mis à mort. Mais il fut l’ami de Virgile au point que le quatrième livre des Géorgiques contenait son éloge du milieu jusqu’à la fin. Puis, sur l’ordre d’Auguste, il transforma ces louanges et en fit le conte d’Aristée. Or, ce Gallus aima la courtisane Cythéris, l’affranchie de Volumnius, qui, après l’avoir dédaigné, suivit Antoine qui allait en Gaule. C’est pour cette raison que Virgile

semble maintenant apporter une consolation à la douleur de Gallus. Et nous ne devons pas être troublés par le fait que Virgile a laissé ainsi cette églogue alors qu’il a changé une partie du chant 4 des Géorgiques ; car bien qu’il y console Gallus, cependant il blâme celui qui regarde trop haut ; car il montre chez Gallus l’inaptitude à maîtriser un amour honteux et Antoine, l’ennemi d’Auguste, que Cythéris a suivi dans un camp militaire contrairement à l’habitude des Romains, est ici ouvertement blâmé. »

21) Maurus Servius Honoratus, Commentaire aux Bucoliques de Virgile, 10, 6 (IVe siècle) Sollicitos

Sollicitatos, plenos sollicitudinis post Cytheridis abscessum, quam Lycorin vocat. Fuerunt autem uno tempore nobiles meretrices tres, Cytheris, Origo, Arbuscula.

« Les Amours tourmentées,

Angoissées, pleines d’angoisse après le départ de Cythéris qu’il appelle Lycoris. Il y eut à la même époque trois courtisanes célèbres, Cythéris, Origo, Arbuscula. »

COMMENTAIRE :

Le cas de Volumnia Cythéris est tout à fait exceptionnel dans la documentation relative aux spectacles et à leurs professionnels. Avec vingt-une occurrences dans la littérature, Cythéris est de loin l’actrice la mieux représentée. La postérité de cette actrice s’explique sans doute par ses liens avec des personnalités politiques importantes comme Marc Antoine. Même si l’on regarde du côté des hommes, seuls Roscius et Aesopus, deux acteurs fameux du Ier siècle av. J.-C., semblent avoir laissé plus de traces dans la documentation. On connaît pourtant d’autres cas d’acteurs ayant évolué dans le cercle d’hommes puissants, comme Métrobius97, Sergius98, Tertia99, Mnester100, mais les sources passent rapidement sur leur cas et minimisent leur influence. Il y a là un paradoxe entre l’infamie d’une actrice dénigrée par la plupart des auteurs anciens, et l’attention que lui ont consacrée ces mêmes auteurs, assurant d’une certaine façon sa célébrité.

Il convient ici de souligner un effet de source et le rôle moteur de Cicéron dans un processus qui fut ensuite alimenté par d’autres auteurs. En effet, Cicéron, en se saisissant de la figure de Cythéris pour en faire l’incarnation et la manifestation des vices de son adversaire Antoine, a donné à ce personnage une envergure exceptionnelle. C’est en grande partie le procédé de discrédit de Cicéron à l’encontre d’Antoine qui a donné à Cythéris sa place dans la littérature classique. D’ailleurs, certaines des anecdotes utilisées par Cicéron contre Antoine sont devenues par la suite de véritables topoi littéraire de la vie de ce dernier. Cicéron utilise si fréquemment la figure de Cythéris contre Antoine dans ses lettres et ses discours qu’il n’a

97 PLUT., Sull., 2, 4. 98 PLUT., Ant., 9, 6. 99 Voir n° 54.

parfois même pas besoin de la nommer101. La profession infamante de Cythéris prime sur le reste de son identité. C’est ce qui intéresse Cicéron car c’est ce qui lui permet d’atteindre Antoine. À l’inverse, son utilisation de Cythéris pour attaquer et décrédibiliser Antoine est tellement fréquente qu’il lui est possible d’évoquer ce dernier simplement en mentionnant Cythéris102. Le terme Cytherius que l’on pourrait traduire par « partisan de Cythéris » renvoie directement au monde du théâtre et au studium, c’est-à-dire à l’activité partisane qui se déploie autour des spectacles du cirque, de l’amphithéâtre et du théâtre103. Le nom d’Antoine disparaît ainsi derrière celui de Cythéris. Le procédé de Cicéron consiste à attacher le nom et donc la réputation (fama) de Cythéris à la personne d’Antoine.

La liaison entre Antoine et la comédienne semble avoir eu lieu entre 49 et 46 av. J.-C. L’image la plus fréquemment reprise par Cicéron puis par Plutarque est celle de la comédienne transportée en litière ouverte parmi les licteurs dans le cortège d’Antoine lors de ses campagnes104. Cicéron insiste, à propos de la litière de Cythéris, sur le fait que celle-ci était ouverte pour que tout le monde puisse être témoin des honneurs excessifs qui étaient rendus à la comédienne. Ce qui semble devoir choquer l’opinion n’est pas tellement qu’Antoine fréquente une comédienne mais qu’il s’affiche avec elle et l’exhibe de manière scandaleuse en lui attribuant des honneurs dont l’actrice, par son statut infamant, ne peut qu’être indigne : Cythéris se fait ainsi appelée par son gentilice Volumnia de manière à