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La création du PNRA en 1969 fait l’objet d’investissements matériels et humains jusque-là encore jamais expérimentés dans le territoire152. Ces investissements ont pour objectif de coordonner les équipements existants ou d’en créer de nouveaux. D’après les archives qui ont pu être consultées, on dénombre une trentaine d’infrastructures destinées à animer le territoire du Parc153. En ce qui concerne les activités d’accueil et d’animation, cinq équipements sont plus particulièrement développés : il s’agit du centre de classes vertes de Brasparts, du centre de classes de mer de Logonna-Daoulas et des hébergements, qui sont aussi des centres d’initiation à la nature, du Mougau-Bian, de Balanec Huella et de Balanec Izella.

L’aménagement de lieux d’accueil au début des années 1980 entraîne l’arrivée dans le département d’animateurs, de « conseillers techniques » ou de « conseillers pédagogiques » attribués par les administrations. Une équipe pédagogique, constituée de trois fonctionnaires respectivement mis à disposition par les Ministères de l’Education, de Jeunesse et Sports et de l’Agriculture, est attribuée au PNRA. L’objectif de cette équipe est, en même temps que de légitimer le PNRA en tant que tel, d’obtenir une forme de labellisation complémentaire, permettant de capter davantage de ressources financières. Le label CPIE est un des objectifs de la dynamique formée autour de ces fonctionnaires. Mais dans un premier temps, ces derniers interviennent comme des médiateurs auprès des associations et autres acteurs (habitants, groupes de jeunes, écoles, hôteliers, ingénieurs, agriculteurs, etc.) présentes sur le Parc. Selon l’un d’entre eux :

« […] Les gens se demandaient en permanence ce que faisait le Parc. J’étais donc un de ceux avec qui ils pouvaient se rendre compte que le Parc gérait un centre de classes-découverte, que ses animateurs pouvaient faire des interventions dans les écoles […] et on pouvait parler du paysage qui changeait, du lien avec les élevages de moutons mis en place par le Parc, de l’enrésinement […] »154.

Dans cette perspective, différentes activités de plein-air (équestres, pédestres, cyclables, nautiques, naturalistes, etc.)155 sont proposées à l’ensemble des publics désireux de

152 Entre 1969 et 1974, la direction du PNRA acquiert et rénove un domaine foncier très important

(plus de 1000 hectares et une dizaine d’hameaux-fermes). Une dotation du FIAT de 1 500 000 francs couvre à 100% ces acquisitions (Lucas, 2012).

153 Centre d’accueil des promeneurs (La Feuillée, Guerlesquin), Musée de plein air (St Rivoal,

Ouessant), Musée des ardoisiers (St Cadou), salle d’exposition de la nature (La Feuillée), Maison de l’ornithologie (Ouessant), Centres d’information touristique (Le Relecq, St Herbot, St Cadou, St Rivoal), Clubs hippiques, Club nautique de Brennilis, Centre de canoë-kayak (vallée de l’Aulne), Bivouacs pour campeurs, Réserves de flore, dans les secteurs définis par la SEPNB, Garderie d’enfants (forêt du Cranou), etc. (Source : Archives départementales du Finistère 1015W405).

154 Extrait de l’entretien réalisé avec Charles, ancien fonctionnaire mis à disposition par Jeunesse et

Sports et chargé développer une dynamique permettant d’obtenir le label CPIE.

155 A cette période, le développement de bases nautiques et de centres équestres dans le Finistère est

découvrir le territoire du Parc. Les ateliers de création audiovisuelle permettent également de découvrir ces paysages et l’histoire locale. Globalement les moyens éducatifs mis en œuvre sur l’enceinte du Parc ont pour objectif de développer « une attitude d’observation, de

compréhension et de responsabilité»156. Toutefois, si le projet initial du PNRA était de formaliser

un CPIE en son sein, celui-ci ne verra finalement jamais le jour, du fait, en particulier, de l’importance des financements déjà engagés157.

Les dispositifs éco-orientés mis en place sur le territoire breton, s’ils entendent poursuivre un objectif commun, ne s’appuient pas sur des réseaux d’acteurs exactement identiques (tableau n°10). En effet, le PNRA est avant tout une collectivité visant à inscrire la protection de l’environnement naturel et culturel dans le jeu politique local. Il repose sur l’intervention des élus locaux mais également sur celle des scientifiques, qu’ils soient engagés au niveau universitaire ou dans des associations écologistes (Université de Brest, INRA, SEPNB). De plus, en quelques années, le Parc glisse, tant les investissements sont importants, d’une ambition d’animation de territoire par la médiation environnementale et culturelle à une logique gestionnaire d’équipements patrimoniaux. De leur côté, les CPIE constituent des structures associatives volontaires, tournées vers le plaisir partagé des loisirs et de la découverte du territoire à partir du réinvestissement de bâtiments abandonnés. Ils sont conduits, au début de leur mise en œuvre, par le fruit des relations entre des fonctionnaires mis à disposition et le tissu social local. Mais si les PNR et les CPIE cultivent des différences158, ils possèdent en commun leurs difficultés à se légitimer dans leur territoire d’implantation.

156 Source : Archives nationales, CAC 20030503/80 : travaux de la Commission Pédagogique (1973-

1987).

157 D’après les entretiens réalisés par R. Lucas (2012), on dénombre plus de 200 marchés publics lancés

et plu de cinquante signatures de conventions lors des quinze premières années d’activité du PNRA.

158 Les PNR et les CPIE sont tout deux des créations interministérielles. Toutefois, leurs conditions de

promulgation (décret vs circulaire interministérielle) et leurs statuts respectifs (collectivité vs association) sont régulièrement l’objet de concurrence au sein de leur Ministère de tutelle, celui de l’Environnement. En effet, la Direction de la Protection de la Nature (dirigée par S. Antoine), chargée de la gestion des PNR et la Délégation à la Qualité de la Vie (dirigée par J-B. De Vilmorin), chargée des CPIE, sont le théâtre de nombreuses rivalités, liées aux budgets attribués ou aux conditions de travail des équipes.

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