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DES CONTRAINTES MÉ THODOLOGIQUES 1. Les concepts et paradigmes ambigus d’un sujet évolutif et glissant

CHAPITRE II : MÉTHODES APPLIQUÉES À LA

IV. DES CONTRAINTES MÉ THODOLOGIQUES 1. Les concepts et paradigmes ambigus d’un sujet évolutif et glissant

Des contraintes se sont dressées à nous ; compliquant ainsi la saisie avec certitude de certaines réalités inhérentes à la relation des Tic/territoire. Ces difficultés nous les avons vécues dans la partie consacrée au cadre théorique où il est nécessaire de discerner les concepts et notions véhiculés dans cet exercice de fond. C’est pourquoi, dans le cadre de cette étude, les significations des concepts centraux analysés, décrivent notre propre compréhension que nous avons de ces derniers. Malgré nos travaux préliminaires sur les concepts, il pourrait subsiste toujours une insuffisance du discernement des concepts et paradigmes fondamentaux formant la base de cette recherche. La description des concepts d'espace, de territoire, ou des notions de réseau, de distance etc. ne peut pas être menée dans cette géographie des Tic comme s'il s'agissait d'une géographie d'objets concrètement délimités sur l’espace avec des repères apprivoisé par le géographe. L'exemple du concept de réseau est édifiant et pour cause comment pouvons nous mesurer un réseau invisible comme celui d'Internet ?Pourtant, Gabriel Dupuy soutient qu'on peut analyser Internet avec la même approche que les autres réseaux déjà bien connus (G. Dupuy, 2002) « par sa morphologie, sa

topologie et son organisation industrielle ».De toute manière, les territorialités induites par les

réseaux virtuelles s'expriment de manière difficilement saisissable et rendent notre approche tributaire de cette caractéristique. Nous espérons par ailleurs, que grâce aux nombreuses études faites sur ces sujets par tant d’auteurs chevronnés, avoir eu les définitions convenables et justes des conceptions et notions qui constituent l’ossature de la réflexion.

L'étude d'un même objet par diverses sciences suppose l’existence d'approches propres à chaque champ de réflexion : cerner la question sous l'angle par lequel chaque discipline l'aborde peut être une démarche périlleuse. Chaque science sociale porte sur la question des Tic une approche que seuls maitrisent ses spécialistes. L’inconvénient de juxtaposer les approches de plusieurs disciplines comporte donc des risques évidents de confusions dans l'interprétation que nous faisons de leurs résultats ; ce qui pourrait dépouiller ces études de

122 leur substance et biaisée les nôtres surtout lorsqu'on est confronté à des approches trop techniques. Cependant, même si nous ne sommes pas des apprentis de ces sciences, nous détenons certaines capacités pour tirer partie de leurs approches. Globalement, elles comportent des atouts en faveur de notre étude.

Par ailleurs, le domaine des technologies est marqué par une évolution très rapidement. Ce qui explique que nombre de données collectées peuvent avoir une durée de validité très courte. Ainsi, dans notre analyse des données, l’étude d’une situation momentanée devient inévitable au risque de ne pouvoir exposer les travaux que nous avons réalisés sur des épiphénomènes comme des télécentres ayant été au cœur de la dynamique et qui ont quasiment inexistants aujourd’hui. Cette rapidité de l’évolution dans l’univers des Tic explique sans doute le peu d'ouvrages produits par les chercheurs. La plupart des travaux publiés le sont sous forme d’articles de revues scientifiques dont beaucoup ne sont qu'en ligne avec des contenus souvent très vite dépassés. Il n'est pas rare de tomber sur des articles scientifiques mort-nés car les changements sont fulgurants ; notre article sur les télécentres à Dakar : entre faillite, résistance et reconversion en est un exemple. Le sujet des télécentres est du reste la première étape de notre travail d’analyse spatiale que nous avons démarré par une cartographie des points d’accès publics. Ce travail de relevé a été nécessité un parcourt de rues de toutes zones étudiées.

2. Une recherche de terrain entre efforts physiques et posture diplomatique

La cartographie et l'enquête relèvent du parcours du combattant. Etant confronté, dès le départ, à un espace d'étude vaste et hétérogène, il a fallu donc procéder à une sélection sur la base de critères socio-géographiques des zones urbaines où les recherches devraient être menées. Donc, un parcours de toutes les rues des quartiers choisis est nécessaire pour effectuer les relevés cartographiques d’autant plus que Sonatel ne dispose pas d’une cartographie des télécentres et peut être non plus d’une base de données sur l’adressage des lieux d’accès ou simplement n’a pas voulu coopérer avec nous. Alors, il nous fallait battre le macadam pour la cartographie des lieux d’accès et le parcours de toutes les rues des quartiers était une mission qui s'imposait pour une fiabilité des relevés cartographiques. La lourdeur de ce travail réside dans le fait qu'il fallait parcourir des kilomètres pour pointer sur nos fonds de carte les télécentres, les cybercentres et autre hauts lieux des quartiers. A titre anecdotique,

123 nous avons parcouru pour la médina environ 120km155 entre 2007 et 2009. En outre, la non mise à disposition des adresses des télécentres, nous expose au risque d’en oublier certains mais aussi de représenter un lieu fermé sans avoir l’occasion de discuter avec son gérant. Justement les lieux d’accès fermés ont été cartographiés grâce aux pancartes laissées à sur leur devanture ; et même si nous interrogeons le voisinage pour assurer de l’existence antérieure du point d’accès public, cette démarche reste moins fiable.

Tout compte fait, la constitution des méthodes de recueil et d’analyse d’un sujet complexe n’a pas été facile. Cependant, l’approche géographie corroborée par d’autres démarches constitue un socle d’exploration pertinente, même si dans la recherche appliquée nous sommes confrontés à certaines difficultés qui d’ailleurs s’expliquent par les hétérogénéités de l’espace d’étude.

Conclusion

La mise en place de notre méthodologie repose sur une pluralité de choix d’approches destinés à réduire la complexité de la relation entre Tic/territoire et à appréhender au mieux l’originalité des territorialités de l’agglomération dakaroise. C’est d’abord par une documentation livresque. Ces lectures ont favorisé la mise en place des contours de l’analyse de la problématique générale et la construction d’une méthode d’analyse sous un angle d'approche prompt au traitement des données recueillies. Il nous a également permis de nous familiariser avec les termes souvent très techniques nécessaires à la description des phénomènes. La lecture approfondie et le traitement de la documentation notamment géographique met à notre portée des mots pour nommer les objets et des concepts pour les décrire, les classer et les interpréter.

Notre étude sur le phénomène des Tic à Dakar s’est ancré dans l’esprit de NETSUDS avec la collaboration d'institutions comme Enda Tiers Monde et l'agence de régulation des postes et des télécommunications du Sénégal (ARTP) qui à un moment donné, nous ont consenti l'ancrage institutionnel nécessaire à la bonne conduite de nos recherches de terrain. Cette démarche institutionnelle a ainsi appuyé notre approche géographique en la donnant

155 Calculer grâce aux outils sur Google Earth sur les trois périodes de cartographie réalisées. (Le, 17 novembre 2010)

124 plus de pertinence en plus de la nombreuse documentation à notre portée sur les politiques et les projets d’envergure nationale et régionale.

Notre approche du global au local sur le phénomène représente un atout indéniable pour la compréhension de la problématique des technologies nouvelles de télécommunications, d’où l’importance voir aussi comment les politiques d’accès et des usages se déclinent dans le continent et quelle est la part et le rôle du Sénégal dans ce processus ?

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DEUXIÈMEPARTIE : CONTEXTE GEOGRAPHIQUE