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Communiquer: des techniques anciennes aux technologies innovantes Les sociétés ont toujours échangé de l'information au moyen de techniques de

CHAPITRE I : TIC, SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION ET

1. Communiquer: des techniques anciennes aux technologies innovantes Les sociétés ont toujours échangé de l'information au moyen de techniques de

1. Communiquer: des techniques anciennes aux technologies innovantes

Les sociétés ont toujours échangé de l'information au moyen de techniques de communication, et vu sous cet angle, rien n'est nouveau. En réalité, la nouveauté réside dans la complexité des techniques que l'on emploie pour communiquer et les divers changements qu'elles induisent. De nos jours, ces changements sont si profonds qu'ils donnent à l'information une importance capitale : on parle de société de l'information dont l'introduction dans notre quotidien a donné une place stratégique à l'information dans les modes de socialisation et les secteurs de l'économie.

L'analyse de cette nuance entre les vocables « technique » et « technologie » ne se fait pas à travers un simple jeu de définition ; elle doit traduire les spécificités qui permettent de distinguer les nouvelles méthodes de télécommunications des autres. L'acronyme T. I. C. peut signifier Techniques de l'Information et de la Communication ; une signification rarement utilisée car on emploi généralement le substantif « Technologie » pour traduire le (T). Dans le champ nouveau des télécommunications, y a-t-il alors une différence entre une technique et une technologie ?

39 Une technique est définie comme étant un ensemble de procédés fondé sur le fonctionnement du mécanisme capable de produire un résultat concret. Le Robert (1996) la définit comme « un ensemble de procédés méthodiques, fondés sur des connaissances

scientifiques, employées à la production ». Le dictionnaire donne l'exemple de techniques

informatiques ; le domaine de plein exercice des Tic.

Selon M. Durampart (2009)41, les T (techniques). I. C. sont « des outils de coopération

et de collaboration au travail et dans la sphère privée, des systèmes d'information, des plateformes d'échanges et de partage des données ». Elles sont également, des outils

numériques qui interviennent « en dématérialisant les processus documentaires et

informationnels avec le téléchargement, la compression de fichiers ou de données »Il ajoute

que la particularité des Tic réside dans leur nature à laisser des marques et des preuves de leur activation. Lors de la transmission de l'information, elles laissent des traces et une mémoire reproductible. Ces spécificités sont propres au domaine de l'informatique et de l'électronique dont la rencontre est l'élément qui a révolutionné le domaine des télécommunications. C'est pourquoi un plus grand nombre de chercheurs préfèrent le terme technologie à celui de technique. Une « technologie » est une technique mais avec des procédés pointilleux qui en révèlent la complexité. Selon N. Curien et al. (2004), « les Technologies de l'Information et de

la Communication (Tic) désignent de nouvelles technologies et de nouveaux produits dont la diffusion entraîne des façons nouvelles de produire et de consommer »42.

La définition de M. Durampart explique donc les fonctionnalités des Tic alors que celle de N. Curien et P.A. Muet montre les nouvelles façons d'agir qui découlent de leur utilisation. En synthétisant les deux définitions, on s'aperçoit que celle de M. Curien et de P. A. Muet montre que les fonctionnalités décrites par M. Durampart sont à l'origine de changements profonds dans nos sociétés. Les Tic offrent des facilités en matière de communication et participent à la dynamique relationnelle entre les Hommes. En surmontant les obstacles de temps et de distance, elles permettent des échanges d'informations plus intenses et plus productifs. Le terme technologie est alors utilisé pour traduire au-delà de leurs fonctionnalités, les conséquences de leurs usages quotidiens dans différents secteurs de la vie.

41 M. DURAMPART Michel. Une mise en perspective de la société de la connaissance entre évolutions

et fractures. In Sociétés de la connaissance: fractures et évolutions. DURAMPART (dir). Ed. CNRS ; Paris,

2009. p. 10

42 CURIEN Nicolas et MUET P. Alain. La société de l’information. Ed. La documentation française ; Paris, 2004. 310 p.

40 Alors, l'utilisation fréquente du substantif « technologie » au lieu de celui de technique serait liée à l'évolution des outils et des méthodes de transmission de l'information et à l'ampleur des changements qu'elles apportent dans l'organisation des sociétés.

Le mot « technologie » est apparu dans le domaine des télécommunications durant les années 1970 ; période correspondant à l'apparition du concept de société post-industrielle développé par Daniel Bell43. Dans cet ouvrage, il prédisait l'imminence d'un système d'organisation sociale basé sur des fondements réticulaires des échanges, où l'information serait un enjeu. Cette dernière est portée selon Bell « par des technologies (et non des

techniques) pouvant entraîner des changements décisifs qui s'opèrent dans tous les domaines ». Alors, le terme de « technology » a, selon Bell, une définition plus large et plus

profonde que celle du mot technique dont elle est l'équivalent en français. La technologie vue sous l'angle anglophone est à l'origine « d'une nouvelle définition de la rationalité d'un

nouveau mode de pensée où priment le fonctionnel et le quantitatif (…) l'efficacité et l'optimisation (…) la meilleure performance (…) avec plus de résultats à moindre coût et avec le moindre effort » (D. Bell, 1973).

En réalité, la différence entre les deux termes et de taille et l'œuvre pionnière de Daniel Bell, a fortement marqué l'histoire de l'évolution de la terminologie. Donc les techniques d'information et de communication (Tic) recouvrent l'ensemble des procédés capables d'asseoir un moyen d'informer et de communiquer. Quant à la technologie, elle se décline comme l'ensemble des techniques, des ressources et des procédés modernes de développement mis en œuvre pour faciliter la communication par la pratique des télécommunications.

Donc lorsque T. I. C signifie (Techniques d'Information et de Communication), elles intègrent toute l'histoire des méthodes de communication allant de l'écriture en hiéroglyphes à la téléconférence sur Internet. Mais lorsqu'elles signifient (Technologies de l'information et de

la communication), elles reposent alors sur un ensemble de techniques modernes de

communication combinées à l'informatique et à l'électronique, structurées en réseaux numérique allant du réseau mondial aux réseaux domestiques et surtout changeant fondamentale de manière innovante une pratique de communication. De ces réseaux ouverts,

41 se diffuse l'information grâce à la technologie numérique sous forme de données documentaires (textes, photographies, vidéo, audio) de manière massive, ultra rapide et ubiquitaire.

De là, découle l'intérêt de cette analyse car on peut se demander si la complexité des technologies et les innovations qu'elles portent sont à la portée des sociétés africaines ? L'historique des progrès de la communication donne une idée de réponse sur la question.

1.1. De l a com m unication

Il n’est pas facile de définir une notion aussi vaste que la communication. Pour P. Breton (1997) communication « c’est un mot qui ne veut dire ; il est devenu un colosse aux

pieds d’argile utilisé dans les milieux différents le même mot sert à désigner des réalités différentes »44. L’hétérogénéité du mot justifie alors notre volonté de simplifier sa définition

en évoquant son évolution sous différents aspects. Communiquer c'est mettre en commun. Mais au-delà de cette plate définition, l'idée de mettre en commun symbolise l'obligation des Hommes à échanger dans leur milieu de vie. Pour le dictionnaire Le Petit Robert, « c’est

annoncer, divulguer, publier, des verbes exprimant un besoin voire une nécessité d’échanger entre les Hommes et plus globalement entre les être vivants ». Qu'il s'agisse des animaux et

des humains communiquer est un acte indispensable au processus de survie. On communique chez les êtres vivants pour partager, séduire, négocier bref pour tout faire. La communication est chez les Hommes un mode social, une interaction des êtres qui repose fondamentalement sur la transmission d'une pensée, d'un avis ou d'un contenu afin d’exprimer un sentiment, une position par rapport à une situation donnée. Elle établit un rapport entre deux communicants qui deviennent alternativement expéditeur et récepteur de messages codifiés dans un type de langage et transmis par des canaux comme le « face à face » ou par des possibilités techniques de communication à distance. A. Moles (1995) distingue ainsi la « communication proche » de la « communication lointaine ». Pour lui, « la première est celle dans laquelle les sphères

personnelles des deux individus se recoupent, où ils sont à portée d'action et de réaction directe, où de quelconque manière se crée l'idée d'un « face à face », qui est certes une des recettes, mais non la seule, de la spontanéité 45». Ce type de communication n'est alors que le

44 BRETON Philippe. L’utopie de la communication : le mythe du « village planétaire » Ed. La Découverte ; Paris, 1997. p. 128.

45MOLES Abraham A. Théorie structurale de la communication et Société. Ed. Masson. Paris ; 1995. p. 17

42 prolongement de la pensée d'individus d'un même lieu qui pour transmettre un message, s'expriment à travers une forme de langage parlé (la langue) ou de signe (la gesticulation ou l'écriture).

1.2. De l a com m unicati on à la t élécom m unication: un e nett e évolution des t echni ques

S'agissant de la communication lointaine, pour Moles (1995), c’est « celle qui a lieu

au delà de la portée de nos sens ; elle repose sur les prolongements que lui apportent les outils de la communication, des plus simples (la plume et le papier) aux plus complexes (la technologie électronique »46. Ces technologies complexes sont à l’origine de la

télécommunication car, elles permettent la propagation de l'information sous forme de signaux qui font voyager nos sens et nos émotions à travers l'espace maillé par des réseaux interconnectés. Pour Jo M. Katambue (2002), « Les réseaux de communication représentent

des individus interconnectés par des flux structurés d’information véhiculée ou non par les nouvelles technologies »47Alors, si on s’en tient à cette affirmation, il est alors vrai que les télécommunications avant tout reposent sur des systèmes techniques, donc communiquer à distance ne date pas d'aujourd'hui. Au fil des époques, les techniques ont évolué et font référence à un ensemble d'inventions telles que le papier, le stylo, l'imprimerie par Gutenberg au XVème, un ensemble de moyens et d'outils réalisés pour acheminer et décrypter les messages envoyés d'un lieu à un autre. A la révolution industrielle, les techniques de télécommunication se sont améliorées avec l'avènement du train puis de l'automobile vont rétrécir les distances et porter les messages plus volumineux dans des espaces plus vastes et plus éloignés.

Au XIXème siècle, certaines inventions, permettent d'acheminer des messages à distance. Parmi ces révolutions, l'œuvre de Samuel Morse, inventeur en 1837du télégraphe électrique, crée un dispositif permettant de communiquer des messages par des signaux codés. En 1876, Alexander Graham Bell met au point le téléphone, un dispositif qui permet de communiquer par la voix à distance. Il faudra attendre 1894 pour que Olivier James établisse la première communication sans-fil sur une distance de 140 mètres. C'est l'ancêtre du

46 Ibid. p. 17

47 KATAMBUEJo M. La communication internationale à l’épreuve des faits : le paradigme des

réseaux. In La communication internationale : Mondialisation, acteurs et territoires socio-culturels. Sous la dir.

43 téléphone sans fil. Le 13 Mai 1897, Marconi réussi à transmettre un signal entre le continent et une île au large de Douves en Angleterre sur une distance de 14 km. Avec son invention, la télécommunication se substitue à la communication par signe entre les navires marchands qui voguaient à l'époque dans les océans et les mers.

Au XXème siècle, les possibilités de diffusion radiophonique se précisent mais timidement. Edwin H. Armstrong invente le circuit récepteur super hétérodyne48 en 1918 avant de proposer en 1933 le concept révolutionnaire de la modulation de fréquence (FM). C'est dans les laboratoires Bell que sort le premier transistor49 inventé par Brattain, Bardeen et Schockley en 1948. Dix ans plus tard, Robert Noyce met au point le premier circuit intégré.

En 1971, le projet de l’armée américaine ARPANET (Advanced Research Projects

Agency Network), devenu Internet en 1985, utilise le procédé de commutation par paquets50. La même année correspond à l'aboutissement du premier microprocesseur d'Intel, d'une puissance d'exécution d'environ 60 000 opérations par seconde à une fréquence de 108 KHz, conçu par deux ingénieurs Marcian Hoff et Frédérico Faggin.

En 1982, un autre apport historique dans le domaine des télécommunications est du à Gottfried Ungerboeck qui met au point la modulation codée. Elle permet la transmission efficace d'informations sur des canaux limitées en bande comme des lignes téléphoniques.

En 1990, Sir Timothy John Berners-Lee propose l'interface logicielle hypermedia appelé World Wide Web (WWW). Il invente les bases du Web qui sans cesse vont se renouveler et permettre une diffusion simple et large de l'information. Le mérite de son invention est qu'elle reste libre sans brevet et sans droit.

L'ensemble de ces inventions a contribué à la transmission de l'information d'un point à un autre du globe. Aujourd'hui, les moyens de télécommunications concernent toutes les technologies permettant la transmission d'informations à distance avec des supports électroniques et informatiques à travers un vaste réseau d'équipements infrastructurels sous marins, souterrains, aérospatiaux jusqu'au terminal final téléphonique et télévisuel. Ainsi,

48 Principe par lequel le signal reçu est transformé en une fréquence plus basse ; principe de base de réception des radios et des télévisions modernes.

49 Le transistor est le composant électronique actif fondamental en électronique utilisé principalement comme interrupteur commandé et pour l'amplification, mais aussi pour stabiliser une tension, moduler un signal ainsi que de nombreuses autres utilisations.

50 Elle est aussi appelée commutation d'étiquettes, une des techniques utilisée dans le transfert de données dans les réseaux informatiques]. On distingue deux principales techniques de commutation : de circuits et par paquets.

44 l'acronyme Tic fait référence aux techniques électroniques associées à celles des télécommunications, à l'informatique et à l'audiovisuel plus aptes à surmonter les obstacles de temps et de distance. La réunion des technologies électroniques et de l'informatique a donné naissance aux technologies de la communication supportées par des techniques en réseau fonctionnant grâce à un langage binaire ou un langage numérique.