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2.3.1 L’information : enjeu et matériau

Dans cette acception d’information nous nous attacherons ici essentiellement aux deux types principaux d’informations numériques que sont :

- Les informations structurées que l’on trouve dans les bases de données bibliographiques sur lesquelles reposent les catalogues de bibliothèques et les librairies électroniques dont les indexations par un langage documentaire se basent sur les classifications, le répertoire d’autorités matière, les thésaurus. La recherche de ces informations portera sur les métadonnées du document.

- Les informations non structurées trouvées sur le Web et dont l’indexation automatisée en texte intégral à partir de l’analyse morphosyntaxique mène rapidement au "silence ou au bruit" documentaire qui sont les deux indicateurs extrêmes du baromètre de niveau de pertinence d’un dispositif.

Avec une distinction concernant l’information primaire correspondant à l’information d’origine qu’elle soit sur papier ou électronique et l’information

secondaire constituée de métadonnées portant sur cette information primaire

[LEFÈVRE 00]

Le "mettre en forme" de l’étymologie latine informare et la nature binaire du codage de l’information, nous amènent à la considérer tel un matériau qu’il y a nécessité à sculpter, modeler, mettre en écran, rendre visible par l’assemblage et la composition relationnelle de différents médias assemblés en parcours de lecture ou d’exploration pour une adéquation de restitution et de configuration de l’élément de connaissance qu’elle détient.36 Cette mise en forme équivaut à contextualiser les informations pour leur donner sens, à les mettre en relation, créant une forme de connaissance qui enrichie, réorganisée et annotée se prolonge en savoirs.

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La définition informatique de l’information précise : "Elément de connaissance susceptible d’être

Dans l’interdépendance qui lie les deux aspects structurels de l’information distingués par sa valeur et sa signification, [BOUGNOUX 95] dissocie l’information qu’il associe au contenu et la communication à la relation. Il distingue ensuite la communication d’un état ou d’un flux qu’il considère comme étant plus diffuse et dominante que celle d’un objet ou d’un contenu. Apparaît ici en toile de fond la problématique de la croissance informationnelle liée à la publication et à la diffusion exponentielle de documents numériques rendus accessibles par les réseaux où informations fiables côtoient le maelström "du tout et n’importe quoi" générant un flux avec lequel il nous faut trouver méthodes et outils pour au mieux ne pas se perdre dans l’information ou éviter au pire de s’y noyer. Il faut ajouter à cela que l’information est toujours relative à un observateur, qu’elle est un processus d’enchaînement de différences entre une variation du contexte et la perception de ce changement et qu’elle nécessite un support qui détermine son codage [ADAM 99]. L’information traduit des transformations, et en ce sens le principe de renouvellement dynamique de données lié à l’interactivité caractérisant les hypermedias offre un terrain de prédilection à l’expression informationnelle.

2.3.2 L’activité de recherche d’information

L’accès aux myriades de données offertes par les technologies de l’information à tout un chacun en tous points et à tous moments est, au-delà des problèmes issus de la fracture numérique, une réalité toute relative. En effet, la recherche d’information en tant qu’activité qui s’élabore aujourd’hui essentiellement au moyen d’outils informatiques (ou électroniques), requiert une affiliation et une initiation qui découle de l’enseignement de la méthodologie à la recherche documentaire37 à l’intention des documentalistes et professionnels de l’information mais aussi des étudiants, chercheurs, enseignants afin de discerner au préalable :

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Etape indispensable pour intégrer le métier d’étudiant, se forger des stratégies pour trouver et analyser l’information tel que l’a décrit Alain Coulon dans "Le métier d'étudiant", Paris, PUF, 1997 ; et qui passe par une connaissance accrue de l’organisation des ressources documentaires pour apprendre à devenir un "chercheur".

-Ce que l’on cherche en cernant son sujet par rapport aux thématiques, champs disciplinaires et domaines connexes dans lesquels s’inscrit la dite recherche.

-Comment chercher, à savoir quels seront les mots-clés et les terminologies les plus pertinentes pour éviter les pièges de la polysémie et également par quoi commencer ladite recherche ?

-Une connaissance minimale des dispositifs avec lesquels se mène la recherche et des spécificités d’indexation de ces outils pour mieux adapter les objectifs poursuivis.

-Une appréciation des fonds documentaires sur lesquels la recherche va porter (Catalogues informatisés, banques de données, CD-Rom, Internet) et comment ces fonds sont-ils structurés ?

-Distinction entre la recherche en texte intégral de la recherche par sujet.

Cette énumération pourrait se résumer par ce constat : "on recherche de

l’information pour apprendre, mais pour cela, il faut apprendre à chercher de l’information. Il ne faut pas simplement apprendre à utiliser l’instrument, il faut apprendre à évaluer la pertinence de l’instrument en fonction du besoin". [TRICOT

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Il est à distinguer la recherche par mot clé qui présente plus de précision (search) et est de fait plus fréquemment employée [WISHARD 98] de l’exploration dans le feuilletage par sujet (seeking information and subject browsing) [RICE 01]. La recherche d’informations est une démarche qui se différencie radicalement de l’exploration de données induite par l’usage des moteurs de recherche où l’associativité hypertextuelle permet de rebondir de liens en liens accentuant la sérendipité38[CATELLIN 01]. L’exploration est davantage liée à la découverte et au fait de trouver ce que l’on n’imaginait pas exister qu’à une démarche de recherche précise même s’il arrive dans le courant de l’activité que les deux modalités se combinent en un résultat satisfaisant, ce sur quoi nous reviendrons au cours de la quatrième partie de ce mémoire.

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mot inventé en 1754 par le philosophe anglais Sir Horatio Walpole, Serendipidity en anglais, et dont la signification est la "découverte par chance ou sagacité de résultats que l'on ne cherchait pas" http://www.egideria.fr/serendip.html

Qu’importe la profusion informationnelle rendue accessible par les moteurs de recherche et dans les bases de données des catalogues en ligne si les choix de conception et d’architecture des dispositifs de recherche n’offrent ni accessibilité ni visibilité sur la globalité des données pertinentes du fonds informationnel en relation avec la recherche menée. L’important n’étant pas de tout voir ou relever mais bien de pouvoir appréhender un ensemble pour s’orienter puis opérer des vues de détails suivant l’indispensable procédé technique du focus sur contexte [CARD 99] [POOK 00]. Sans toutefois que ce dernier soit déconnecté de la notion de contexte offrant une vue sur comment capturer cette part de connaissance reliée à l’action et à la prise de décision [POMEROL 01]. L’essentiel de ce qui est recherché par des filtrages pertinents rendus manifestes via les interfaces graphiques et de ne jamais perdre de vue le contexte d’où provient le focus39 observé.

Par ailleurs, la représentation de l’organisation d’ensembles d’informations classés par thèmes est essentielle pour faciliter la localisation des centres d’intérêt. Suivra la descente dans l’arborescence des documents, où doit rester visible le repérage du contexte dans lequel chaque composante informationnelle visualisée s’inscrit40.

Dans le cadre des dispositifs de recherche d’information, cela passe par la mise en évidence des liaisons41 existant entre les éléments typo-dispositionnels42 et graphiques et la métacognition induite par cette succession de mise en relation de signes qui est à expérimenter. En sélectionnant certains signes détenteurs d’interactivité : les résultats obtenus diffèrent. Pourquoi, comment, selon quelles logiques sous-jacentes ?

Si le lisible et le visible de l’interface contient en substance les éléments de réponse à ces questionnements, l’usager43 pourra alors à partir d’inférences contextualisées se créer un parcours qui pour lui sera signifiant. Les objectifs de

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Le focus sur contexte est un principe fondamental en VI puisqu’il consiste à faire apparaître les détails d’un élément choisi (vue locale), cet élément étant lui-même maintenu dans son contexte d’ensemble qu’il est possible d’afficher à nouveau à tout moment (vue globale).

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Il s’agit en quelque sorte de la cartographie organisationnelle et/ou conceptuelle des informations.

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dans la mesure où la communication s’inscrit dans une interaction (émetteur-récepteur) qui se situe à son tour dans un ensemble relationnel de signes (le messsage) traduit selon les codes du médium.

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segmentation en paragraphe, listes, texte en gras ou en italique…

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recherche qu’il se sera fixé et le parcours, potentiellement multiple, de cette recherche ne se dévoilant progressivement qu’au fil de l’utilisation.

Certains exemples en visualisation d’informations ayant pour vocation de rendre visible des structures, organisations ou flux non apparents tels l’anatomie du système Linux (cf. figure 2.18) ou encore une visualisation géographique en temps réel du trafic du World Wide Web (cf. figure 2.19) illustrent que visibilité et lisibilité ne sont pas toujours synonymes de compréhension immédiate.

Figure 2.18 :Anatomie du système Linux (cf. cybergeography.org)

Figure 2.19 :visualisation géographique en temps réel du trafic du WWW (cf. cybergeography.org)