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Section 3. Une action foncière de type néo-clientélaire

3.2. La construction de réseaux relationnels engagés dans la cause régionale

3.2.1. La construction d’un réseau de militants de l’action régionale

Nous proposons d’analyser ce processus de structuration d’un réseau d’acteurs-relais de la Région sous l’angle des outils de la sociologie de la traduction692 en déclinant les quatre étapes successives

690 Jean-Pierre Gaudin, « L’action publique transversale et le désenchantement du politique », in Oilvier Nay, Andy Smith, Le Gouvernement du compromis. Courtiers et généralistes de l’action politique. Economica, 2002.

691 Michel Cattla, op.cit., p. 85.

692 La sociologie de la traduction (ou théorie de l’acteur réseau) nous paraît particulièrement adaptée à l’analyse de la construction de réseau institutionnel. En effet, comme dans le cas du « groupe de Sainte Baume », ces relations s’établissement par une opération de « traduction » par lesquelles les acteurs se posent en porte-parole et traduisent la

du répertoire de la traduction : la problématisation, l’intéressement et l’enrôlement régional, enfin la mobilisation locale et nationale.

a) La mise en plan de l’action régionale

Il s’agit d’analyser la construction d’un groupe de techniciens du développement local dénommé par nos interlocuteurs « groupe de Sainte-Baume » en s’intéressant tout d’abord aux conditions de sa création lors du premier plan régional. Produit dans le contexte de découplage Etat-Région précédemment analysé, ce plan est présenté ainsi par J-P.G :

« Le premier plan régional élaboré dès le printemps 1974 en contre-offensive au plan proposé par le préfet, avait été conçu par un groupe restreint organisé autour des collaborateurs du Secrétaire Général à l’Expansion de la Ville de Marseille qui fut le noyau dur qui servit de base à la constitution progressive du cabinet régional (…) A ce groupe s'agrégèrent au gré des thèmes abordés pour préparer ce plan et par cooptation d'autres techniciens engagés à gauche (…). En même temps ce groupe était partie prenante d'une association créée à Marseille ‘Socialisme Aujourd'hui’ qui regroupait des jeunes venus de tous les milieux de la gauche et dont beaucoup devinrent ensuite des élus locaux ou nationaux importants »693.

Le point de départ de ce groupe est donc constitué de généralistes du cabinet régional rassemblés autour de JP.G et rattachés au Préfet Biget. Celui-ci est alors parmi les plus jeunes Préfet de France et en tant que Secrétaire général à l’Expansion de la Ville de Marseille, il constituait l’intermédiaire principal entre le cabinet de l’EPR et Gaston Defferre : « c’était le préfet Biget c’était comment dirais-je, le relais entre Gaston Defferre et l’institution »694. Ces jeunes techniciens du cabinet cumulent, ainsi que nous l’avons souligné à propos du parcours de J-P.G, de multiples engagements politiques et associatifs : ils présentent les caractéristiques des acteurs intermédiaires695, c’est-à-dire qu’ils peuvent intervenir dans différentes arènes (politique, associative, administrative), ils maîtrisent une pluralité de rôles sociaux et de connaissances (formation élitiste et connaissance du terrain), enfin ils prennent en charge un double rôle de généralistes et de courtiers. Généralistes, car ils produisent des arguments et des représentations communes comme le plan régional et courtiers, car ils sont engagés dans des activités stratégiques de médiation comme lors de l’élaboration du contre-budget régional ainsi que nous l’avons précédemment évoqué. Toutefois, contrairement à d’autres techniciens, ce qui spécifie véritablement leur rôle est leur capacité à se poser en généralistes de l’action publique régionale, c’est-à-dire à produire des représentations de l’action régionale reconnues et acceptées par le plus grand nombre696. Ainsi que l’ont volonté de collectifs tentant également d’enrôler de nouveaux acteurs. Voir notamment : Michel Callon, « Eléments pour une sociologie de la traduction La domestication des coquilles Jacques et des marins-pêcheurs dans la baie de Saint-Brieuc », Année sociologique, 36, 1986, pp. 169-208. La sociologie de la traduction (ou théorie de l’acteur réseau) nous paraît particulièrement adaptée à l’analyse de la construction de réseau institutionnel. En effet, comme dans le cas du

« groupe de Sainte Baume », ces relations s’établissement par une opération de « traduction » par lesquelles les acteurs se posent en porte-parole et traduisent la volonté de collectifs tentant également d’enrôler de nouveaux acteurs.

693 Echanges avec J-P.G, 15/02/13.

694 Entretien A.P, 01/02/2012, p. 11.

695 Tel que résumés par Nay et Smith. Olivier Nay, Andy Smith, Le gouvernement du compromis. Courtiers et généralistes de l’action politique, Economica, 2002.

696En cela, leur activité se rapproche de celle des médiateurs définis par Pierre Muller comme les « agents qui réalisent la construction du référentiel d’une politique, c’est-à-dire la création et la perception du problème par les groupes en

souligné les recherches cognitivistes de l’action publique697, cette activité de médiation s’exerce sur des forums définis par Eve Fouilleux « comme des scènes plus ou moins institutionnalisées régies par des règles et des dynamiques spécifiques au sein desquels des acteurs ont des débats touchant de près ou de loin la politique publique qu’on étudie. Chaque forum est producteur de représentations, d’« idées » sur la politique qui peuvent être interprétées par référence à l’identité, aux intérêts des acteurs qui l’habitent et aux rapports de force qui les opposent ainsi que plus fondamentalement au type de règles du jeu qui le régissent (institutions formelles et informelles) »698. Ainsi, l’on peut rapprocher la fabrique du plan régional de celui d’un forum des politiques régionales, c’est-à-dire un espace de production intellectuelle de l’action publique régionale : « ce rapport a pour seul objectif d’amorcer une réflexion collective sur l’avenir de la Région (…) Il pourrait servir de guide à la politique du Conseil Régional (…). Enfin, il pourrait servir de base de référence dans les négociations éventuelles avec l’Etat »699 Si l’approche stratégiste de la négociation n’est pas absente dans cette affirmation, le rôle premier de ce plan régional est bien de poser un diagnostic sur le territoire régional et le rôle de la Région naissante. Ainsi ce plan pose un certain nombre de valeurs et d’orientations normatives pour l’action foncière régionale. Il rappelle tout d’abord l’importance du « droit fondamental de tous les habitants à vivre dans la région, le pays, la ville qu’ils estiment être le leur, ce droit implique qu’ils aient la possibilité d’y trouver un emploi, source de revenus et des conditions correctes d’habitat, de transport, d’éducation, de santé, de loisirs et d’expression »700. Ce droit de « Vivre au Pays », grandeur de référence du développement local, est donc la valeur centrale des politiques d’aménagement régionale qui doivent dès lors s’efforcer de réduire la désertification de l’arrière pays :

« Dans ces conditions, la philosophie d’une politique régionale d’équipement devrait être la recherche prioritaire d’une plus grande intégration, d’une plus grande homogénéisation de l’espace régional. Le déséquilibre actuel ne doit pas être considéré comme une tendance inéluctable »701.

La fabrique du plan régional est donc l’occasion d’affirmer des valeurs et des orientations normatives d’action régionale. Il s’agit de représentations issues de convictions et de pratiques militantes. La fabrique du plan régional est donc un espace de problématisation de l’action régionale, qui constitue une première étape dans le processus de construction d’acteurs locaux.

présence et la définition des solutions appropriées (…) ce sont eux qui formulent le cadre intellectuel au sein duquel se déroulent les négociations, les conflits ou les alliances qui conduisent à la décision », Pierre Muller, Les Politiques publiques, PUF, coll. Que sais-je ?, Paris, 2000, p. 50.

697 On se réfère notamment aux ouvrages de Bruno Jobert : Le Tournant néolibéral en Europe, Paris, Harmattan 1994, pp. 9-20. Cf. également du même auteur : Représentations sociales controverses et débats dans la conduite des politiques publiques, Revue française de science politique, 42 (2) avril 1992, pp. 219-234.

697 Eve Fouilleux, « Entre production et institutionnalisation des idées. La réforme de la Politique agricole commune », in:

Revue française de science politique, 50e année, n°2, 2000. pp. 277-306, p. 278.

699 Délibération du Conseil régional, séance du 22 nov. 1975, Rapport au Préfet de Région, p. 20, in Archives régionales.

700 Délibération du Conseil régional, séance du 22 nov. 1975, Rapport au Préfet de Région, p. 15, in Archives régionales.

701 Délibération du Conseil régional, séance du 22 nov. 1975, Rapport au Préfet de Région, p. 15, in Archives régionales, p. 10.

b) Un dispositif d’enrôlement et d’intéressement à la cause régionale : le groupe de Sainte-Baume

En effet, cette étape de problématisation ne constitue qu’un moment dans la production d’acteurs locaux. Ce forum va s’élargir et s’institutionnaliser comme le précise J-P.G :

« Après l'approbation de ce plan par le CR, nous avons ressenti le besoin d'élargir fortement le cercle de réflexion à partir des grandes orientations de ce plan, construire dans la durée, les politiques régionales qui en permettraient la mise en œuvre opérationnelle. A cette fin, fut organisée à l'abbaye de Saint-Maximin durant trois jours un séminaire de réflexion qui rassembla autour du groupe évoqué plus haut des élus régionaux (tels François Benard, Maurice Janetti , Jean-Louis Dieux, Omer Margaillan etc.) mais aussi des maires la plupart ruraux, et des techniciens qui faisaient partie des réseaux de chacun des membres du groupe initial »702.

On assiste ici à une phase d’intéressement qui, selon Michel Callon, « fixe les identités à enrôler, tout en interrompant d’éventuelles associations concurrentes et en construisant un système d’alliances »703. En effet, compte tenu de l’instabilité de la première configuration, les animateurs du plan régional cherchent à stabiliser et institutionnaliser dans le temps le réseau d’acteurs : à partir des réseaux personnels des techniciens du cabinet régional, il s’agit d’élargir le cercle des participants à des acteurs variés (élus régionaux, maires ruraux, techniciens), construisant ainsi un système d’alliances qui va stabiliser leur identité cristallisée désormais sous le termes de « Groupe de Sainte-Baume ». Ce terme n’est pas neutre puisqu’il désigne un lieu marqué par une forte identité militante comme en témoigne C. D. licencié en droit privé et agent d’assurance, spécialisé dans l’assurance des collectivités locales dans une filiale de Groupama assureur à Paris, qui a géré cet espace associatif après une « rupture » :

« J’ai fait une rupture, c’étaient les années post-soixante huitardes et donc j’ai plié bagages et on est venu ici à la Sainte-Baume où il y avait à l’époque un centre culturel un peu déjanté, gaucho, soixante huitard où j’ai géré les activités de la boutique pendant deux ans, et j’ai connu (…) le Maire de Rougiers, près de Saint-Maximin, qui était le seul Maire PSU à mille kilomètres à la ronde (…) je l’ai connu à la Sainte-Baume, où la Région à l’époque, l’équipe des mousquetaires de la Région était très présente pour la mise en place des politiques régionales (…) on faisait des colloques, des séminaires (…) Et beaucoup de gens et de politiques de la Région montaient là-haut pour faire du remue-méninge »704.

La référence à la « Sainte-Baume » doit être comprise comme un marqueur identitaire705 à deux niveaux : s’il renvoie de prime abord à une identité militante post-soixante-huitarde, il peut être interprété en second lieu comme un ancrage de signes706. En l’espèce, le repère de la montagne de Sainte-Baume, marqueur spatial entre le territoire marseillais et son arrière pays (point culminant des Bouches-du-Rhône

702 Echanges avec J-P.G, 15/02/13.

703 Michel Callon, op.cit., p. 189.

704 Entretien C.D, 17/07/12, p. 31.

705 L’on peut dresser un parallèle avec le groupe de Montségur, lieux de mémoire du catharisme mobilisé pour inventer un nouveau territoire, le pays cathare : Marie-Carmen Garcia et William GenieysL’Invention dupays cathare. Essai sur la constitution d'un territoire imaginé, L’Harmattan, 2005, 148 pages.

706 Rappelons que pour Roland Barthes, l’ancrage des signes consistent à conférer un sens à tous les signes jugés importants, Roland Barthes, Mythologies, Le Seuil, 1957, Paris.

à la frontière avec le Var) et marqueur identitaire lié à une tradition sacrée (haut lieu de pèlerinage depuis l’Antiquité707 et lieu de passage incontournable du tour de France des compagnons708) peut être vue comme une référence délibérée à un lieu de réflexion, d’initiation et de mission709. Le choix de ce haut lieu qui nécessite une ascension renvoie au thème de la verticalité et fait écho à la position du leader régional dans la hiérarchie politique tout en l’inscrivant dans une mythologie locale très ancienne.

Comme les participants du pèlerinage de François Mitterrand à Solutré710, les membres du groupe peuvent ainsi se sentir appartenir à un groupe de fidèles du président Defferre dont ils partagent la même vision pour le territoire qui s’étend au pied de la Sainte Baume. Par ailleurs, à côté de l’évocation de cette transcendance propice à la réflexion, l’on peut également y voir une référence à l’initiation du compagnonnage qui conduit à la maitrise d’un nouveau métier, celui de développeur local. Enfin, l’on peut également relier le sacré du lieu à celui de l’évangélisation de la Provence conduite par Marie-Madeleine manifestant la capacité des membres à convertir le milieu institutionnel au nouveau registre d’action du développement local, à en faire circuler, diffuser et partager les idées. Au total, le choix de ce terme témoigne d’une logique d’entre-soi militant qui formalise la clôture du groupe. Cette désignation est donc significative du processus élitaire qui préside à la construction du groupe qui se compare aux

« mousquetaires » du roi, forme d’« avant-garde » éclairée des politiques régionales.

Dans ce passage d’une phase de problématisation à une phase d’intéressement, la nature du forum se modifie donc : suivant les analyses d’Eve Fouilleux, on passe d’un forum de production d’idées sur les politiques régionales à un forum de communauté de politiques publiques, plus sélectif, défini comme le lieu de « réutilisation » et d’« institutionnalisation des idées à travers leur transformation en instruments de politique publique »711. Par ailleurs, se confirme ici l’importance de la variable générationnelle relevée par Jean-Pierre Gaudin puisque les acteurs cités par J-P.G appartiennent à une jeune génération de techniciens entre 25 et 35 ans (Préfet Biget, jeunes techniciens du cabinet régional), et d’élus régionaux à laquelle viendront se greffer des jeunes élus de gauche issus des élections municipales de 1977. C’est ce

707 Grotte d’Artémis d’Ephèse puis grotte Sainte-Marie-Madeleine dominant une hêtraie millénaire. D’après la tradition chrétienne, son nom vient de son occupation par Marie-Madeleine pendant trente ans après avoir débarquée aux Sainte-Marie de la Mer et qui après avoir été évangélisé la Provence a été ensevelie dans la crypte de la basilique de Saint-Maximin la Sainte-Baume.

708 Selon la tradition légendaire des Compagnons du Devoir et du Tour de France, leur fondateur, maître Jacques, en 950 avant J.-C., à son retour de la construction du temple de Salomon, se retire à la Sainte-Baume où il aurait été assassiné et enterré. Le passage sur le massif est incontournable dans leur périple initiatique. La Sainte-Baume constitue une étape importante du Tour de France des compagnons, mais elle ne marque plus la fin du Tour de France. Les compagnons font ce pèlerinage quand ils le désirent, quand ils en éprouvent le besoin spirituel, certains même, ne le feront jamais, car ce n'est pas une étape obligatoire sur le Tour de France. Marie-Madeleine est la sainte patronne du compagnonnage, et une frappe particulière de la couleur des compagnons représente le « noli me tangere ». Le Tour de France est le chemin initiatique qui conduit à la maîtrise d'un métier et la Sainte-Baume apparaît comme le lieu - et le lien - qui unit les compagnons. Cette symbolique est certainement importante pour Gaston Defferre membre de la franc-maçonnerie qui revendique l’héritage des compagnons du devoir.

709 On est tenté de pousser la comparaison entre savoir et ascension spirituels: l’acquisition d’un savoir expert permettant ici ainsi l’ascension sociale des membres du groupe. Ce dispositif de ritualisation est souvent mobilisé par les élites politiques.

710 L’on pense au rituel d’ascension de la roche de Solutré par François Mitterrand décrit et analysé par Marc Abélès : voir Marc Abélès, op.cit., p. 138.

711 Eve Fouilleux, op.cit., p. 278.

qu’explique M.D, maire de Pourrières en 1977 et membre de ce groupe suite aux sollicitations des techniciens du cabinet régional :

« Moi si tu veux j’ai été en fait raccroché par des gens comme Alain Fourest et puis après… Michèle Merli »712 « Il y avait donc pas mal de gens qui dès (…), les élections de 77, comme moi se sont investis dans des élections locales…(…) J’ai été élu en 77 à Pourrières. Et je pense à Christian Desplats aussi (…) qui lui a été je crois la même année élu Conseiller municipal à (…) Rougiers (…) Donc dans des petites communes comme Rougiers, comme Pourrières, comme aussi je pense à mon copain là… qui faisait partie de la même équipe… Jean-Louis Joseph (...) La Bastidonne donc, dans le Luberon (...) Et je pense aussi dans les Alpes-Maritimes (…) il y avait un certain nombre de Maires, autour notamment du Père là… du berger qui a…(…) Colonna …le Père Colonna a été dans ces années-là aussi donc un homme de gauche et qui sur le plan de la politique régionale a quand même eu à jouer son importance. … Dans le Var… (…) il y avait Maurice…(…) Maurice Janetti était chevènementiste avec Jean-Louis Dieu, Jean-Louis Dieu qui était… je crois que c’est en 77 aussi…qu’il a été élu Maire du Luc…(…) au moment où le Var était en grande majorité socialiste, hein, avec Soldani … il y avait trois socialistes sur trois Sénateurs, et où Janetti a donc… il s’est retrouvé Sénateur à l’âge de 35 ans, il était le plus jeune Sénateur… »713.

Ainsi, contrairement au milieu socialiste varois étudié par Frédéric Sawicki qui fonctionnait avec le Département de manière fermée, la Région a été le lieu d’une ouverture aux jeunes générations militantes du PS, fortement représentées au CERES et au PSU. Il s’agit donc d’une communauté générationnelle ce qui a sans doute favorisé la cohésion interne du groupe, notamment le partage de valeurs autogestionnaires post mai 68 dont le « Vivre au Pays ».

Cette phase d’intéressement est suivie par une phase d’enrôlement des acteurs, cet enrôlement étant entendu au sens de Michel Callon, comme « le mécanisme par lequel un rôle est défini et attribué à un acteur qui l’accepte. L’enrôlement est un intéressement réussi »714. Ici cet enrôlement passe par l’organisation de groupes de travail spécialisés et sectorisés animés par des membres actifs du groupe :

« A partir des travaux de ce séminaire, se constituèrent ensuite des petits groupes de travail mixtes élus techniciens, souvent animés par un membre du cabinet mais pas exclusivement, sur une multitude de sujets qui durant plusieurs années alimentèrent le cabinet régional en idées et au-delà en propositions concrètes qui contribuèrent fondamentalement à construire les politiques régionales. Cette contribution fut surtout très importante en matière de développementlocal »715.

A travers cet enrôlement réussi, se confirme ici la transformation du forum initial de production d’idées en un forum de production des politiques publiques. Par sa composition jeune et rurale, ce forum participe donc à l’institutionnalisation de politiques de développement locale tournées vers l’arrière-pays parmi lesquelles la politique foncière, qui est à cette époque la plus conséquente financièrement (35% du budget régional en 1975).

712 Entretien M.D, 22/08/2012, p. 4.

713 Entretien M.D, 22/08/2012, p. 3.

714 Michel Callon, op.cit., p. 189.

715 Echanges avec J-P.G, 15/02/13.

c) Les relais locaux et nationaux de l’action foncière régionale

Enfin, dernière étape du processus, cet enrôlement débouche sur la mobilisation de porte-paroles c’est-à-dire la construction d’interlocuteurs locaux et nationaux, ambassadeurs itinérants des territoires du développement local.

En premier lieu, au niveau local, l’agencement de ces relais constitue l’objet du dispositif des Programmes Locaux d’Aménagement Coordonnées (PLAC) issu des réflexions du « groupe de Sainte-Baume » :

« Nos convictions autogestionnaires (…) nous ont aussi poussé à construire une politique de développement local qui soit décentralisée, d’où la politique des Programmes Locaux d'Aménagement Coordonnés. Cette politique partait du principe que les élus locaux devaient être les décideurs de leurs choix de développement et du choix des opérations et actions qui en découlaient, qu'il fallait leur donner les moyens humains et techniques pour construire des stratégies de développement, élaborer des opérations et des actions, puis leur donner année par année des enveloppes de crédits

« Nos convictions autogestionnaires (…) nous ont aussi poussé à construire une politique de développement local qui soit décentralisée, d’où la politique des Programmes Locaux d'Aménagement Coordonnés. Cette politique partait du principe que les élus locaux devaient être les décideurs de leurs choix de développement et du choix des opérations et actions qui en découlaient, qu'il fallait leur donner les moyens humains et techniques pour construire des stratégies de développement, élaborer des opérations et des actions, puis leur donner année par année des enveloppes de crédits

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