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L’action foncière au service d’un nouveau leadership territorial : Maurice Janetti

De fait, l’action foncière s’enracine dans ces envahissements successifs du Verdon qui imprègnent la façon dont les nouveaux leaders politiques vont concevoir le rôle des institutions intercommunales et régionales.

Une alliance se noue durablement entre ces deux niveaux, l’action régionale mettant à disposition ses ressources auprès des Pays du Verdon via un dispositif de contractualisation régional innovant : les Programmes Locaux d’Aménagement Coordonnées (PLAC). Organisés par vallée, pays ou canton sur la base de Syndicat d’Etudes et de Programmation, SIVOM ou Syndicats Mixtes, il consiste en un contrat de développement entre ces structures et l’Etablissement Public Régional visant à mettre à leur disposition un ou deux techniciens ainsi que des enveloppes de crédits gréées annuellement. Ce mode d’action publique contractuelle laisse une grande marge de manœuvre aux élus locaux qui peuvent ainsi décider de développement de leur territoire et du choix des opérations et actions qui en découlent. Cette possibilité sera utilisée largement par Maurice Janetti, le territoire des Pays du Verdon constituant un lieu privilégié d’apprentissage de ce nouveau répertoire d’action. La proximité entre l’équipe régionale et les équipes de Janetti est attesté par de nombreuses mobilités professionnelles témoignant de la circulation des acteurs et des pratiques529. En témoignent les parcours de Loïc Fauchon, secrétaire général de

527 A titre d’exemple, en 1977 le Verdon avait bénéficié depuis 1976 de 9 millions de subventions régionales contre 1 million de subvention étatiques. Sources : Frédérique de Gravelaine, « Un pays, une culture, un combat », L’Unité, vendredi 7 janvier 1977.

528 Alain Faure, Emmanuel Négrier, « Métropole/Région : une gouvernance sédimentée et incarnée », in Pouvoirs Locaux, Stratégies territoriales Régions et métropoles Quelles règles du jeu ?, n°96, 1/2013.

529 L’engagement fort de la Région alors présidée par Gaston Defferre contre le projet de barrage de Chasteuil de 1979 à 1981 aura raison de ce dernier projet en aval de Castellane. Gaston Defferre missionne en effet Maurice Parodi pour composer un comité d’experts chargés de donner un avis aux élus régionaux sous forme d’une commission d’enquête régionale à laquelle participe les élus de la Région et des Départements concernés. Rassemblant des militants scientifiques réputés comme Haroun Tazieff ou Alain Bombard, la commission émet en novembre 1979 un avis fortement défavorable au projet qui sera enterré définitivement avec l’alternance de 1981 et l’arrivée de Gaston Defferre au ministère de l’Intérieur. Cet exemple montre désormais l’importance de l’expertise dans le répertoire d’action collective mobilisé par les opposants au projet au premier rang desquels Maurice Janetti et Maurice Parodi dont les actions ont réussi à mettre un terme aux velléités aménagériales d’EDF dans la vallée. Toutefois, un dernier combat animera Maurice

l’Association Régionale des Pays de Verdon, devenu collaborateur de cabinet de Gaston Defferre puis plus tard, Président du Conseil mondial de l’Eau ou encore de J-L.U secrétaire général du syndicat mixte du Pays du Verdon qui fort de cette expérience dans le Verdon et du réseau relationnel régional qu’il a acquis, deviendra par la suite chef du service foncier à la Région entre 1984 et 1992.

Cet investissement particulièrement fort des élus et techniciens dans les problématiques du développement local, explique que le Pays du Verdon soit un des principaux « clients »530 de l’action foncière régionale. Face au développement des résidences secondaires et des projets touristiques de promoteurs, Maurice Janetti explique : « Il est fondamental de préserver non pas l’espace rural, mais l’espace de production, c’est-à-dire notre usine à blé, à vignes et à moutons »531. Tout en exprimant sa volonté de solidarité entre monde rural et urbain pour organiser les vacances de travailleurs, Maurice Janetti défend l’idée d’un tourisme maitrisé basé sur des petits campings municipaux et des petites bases de loisirs répartis sur l’ensemble du territoire verdonien et non concentré sur les rives de la rivière. C’est pour maitriser cet espace que le SMPV se lance également dans une politique de maitrise foncière pour contrecarrer les projets des promoteurs et pour garantir l’outil de travail des agriculteurs. Pour le SMPV c’est une des conditions du maintien de l’activité économique. Le développement des résidences secondaires provoque en effet une concurrence et une hausse du foncier contre laquelle les agriculteurs ne peuvent faire face. L’aide de la Région qui permet l’achat de très grands terrains grâce à des subventions pouvant aller jusqu’à 90% pour les réserves foncières est alors déterminante. En 1978, une étude réalisée par l’Association Régionale d’Aménagement des Pays du Verdon (cf. annexe 2) mentionne ainsi « 22 acquisitions déjà réalisées par le Syndicat mixte des Pays du Verdon ». Il explique également que le Verdon soit au centre d’une expérimentation foncière visant à tester un nouveau dispositif d’action foncière régionale : les contrats de servitudes de droit privé à fin d’utilité publique. De fait, entre 1977 et 1979, la Commission foncière de l’EPR suit attentivement le contrat d’étude passé sous maîtrise d’ouvrage du Pays du Verdon à l’Association d’Aménagement Régionale des Pays du Verdon. D’un montant conséquent pour l’époque (463 338 francs), cette étude vise explicitement la

« recherche de nouveaux outils de la maîtrise foncière » en collaboration avec l’EPR comme l’explique son chef de cabinet J-P.G :

Janetti : l’opposition à la ligne à haute tension projeté par EDF dans le Verdon en 1997 et finalement annulée par le Conseil d’Etat suite aux différents recours associatifs en 2006. Cet épisode sera l’occasion de réactualiser la mémoire des combats passés contre EDF comme le souligne Mathieu Leborgne, op.cit., pp. 469 et suivantes.

530 Entretien, J-L.U, 12/12/2011, p. 1.

531 Cité par Frédérique de Gravelaine, « Un pays, une culture, un combat », L’Unité, vendredi 7 janvier 1977.

« J’avais fait une seconde proposition, que je n’ai pas eu le temps de mettre en œuvre, qui était une politique d’acquisition des servitudes… (…) qui partait du principe qu’il y avait des espaces qu’il ne fallait pas maîtriser mais dont il fallait maîtriser les fonctions, donc par exemple acheter des servitudes de non-clôture, acheter des servitudes de passage, voyez, de manière à ce que les espaces restent publics, enfin restent d’un usage collectif, tout en restant d’autorité privée je veux dire. J’avais fait une étude en proposant toute une série de servitudes qu’on pourrait créer.

Bon et puis après je suis parti et c’est tombé dans l’oubli »532.

Bien que cette expérimentation n’ait pas débouché533, elle est emblématique du répertoire d’action du développement local. Dans un document de 1978 intitulé « Pour que dans 20 ou 30 ans les terres du Verdon nous appartiennent toujours, il faut agir dès aujourd’hui », les auteurs de l’étude présentent leurs objectifs : « C’est en tant qu’instrument de conservation de certaines fonctions du milieu rural que les servitudes d’intérêt collectif semblent pouvoir participer utilement à la maîtrise du foncier »534. Il s’agit donc d’une politique explicitement ruraliste qui emprunte aux théories marxistes l’idée d’usage collectif de l’espace tout en refusant toute « aliénation collective » ainsi que le précise le même document. La participation des habitants est activement recherchée : « l’Action foncière Verdon revêt une dimension proprement politique, au meilleur sens du terme : l’association des habitants du Verdon à la réflexion et à la décision foncière »535. Des réunions d’informations sont organisées à destination de certains groupes d’intérêt : maires, société intercommunale de chasse « afin de préserver les possibilités de chasse dans les plus grandes propriétés boisées », centre intercommunal des jeunes agriculteurs du Haut-Var, président du syndicat ovin « sur le problème particulier des éleveurs ». Outre l’association de ces groupes d’intérêt, l’étude « fait l’objet d’un débat lors de la foire de Saint-Julien le Montagnier et d’un stand à celle de Rians ». Parmi toutes ces consultations, il semble cependant que ce soient les jeunes agriculteurs qui aient compté parmi les soutiens les plus actifs : « les jeunes agriculteurs semblent les plus favorables à une telle opération, les plus âgées paraissent les plus réticents ». Cette fracture générationnelle au sein du monde agricole est particulièrement marquée à l’époque, la rente foncière servant bien souvent de retraite à des agriculteurs âgés ne disposant pas de régime de retraite solvable.

Ainsi que le précise, J-P.G, l’EPR intervenait souvent à la demande des jeunes agriculteurs :

« Il arrivait que le CNJA du coin, ou un groupement d’agriculteurs nous appelle en nous disant : « Voilà, on a un problème, il y a un alpage à vendre, il va être vendu à des Hollandais ou des Allemands, il faut maîtriser… », donc on appelait le Maire : « Monsieur le Maire, bon ben voilà, il y a un truc chez vous à vendre, il faut maîtriser, donc on est prêt à vous aider, est-ce qu’on peut vous voir ? Et on le voyait ».

Parmi les différents PLAC, le PLAC des Pays du Verdon apparaît ainsi le plus innovant du point de vue de l’action foncière puisque le SMPV procède à l’achat de terrains qu’il rétrocède ensuite aux communes et qu’il entreprend d’expérimenter de nouveaux usages du sol qui renouvellent des pratiques

532 Entretien J-P.G, 31/05/2012, p. 19.

533 Elle s’est heurtée notamment à la position des services d’Etat.

534 Archives Régionales, état d’avancement de l’étude « Pour que dans 20 ou 30 ans les terres du Verdon nous appartiennent toujours, il faut agir dès aujourd’hui », en date de juin 1978.

535 Archives Régionales, état d’avancement de l’étude « Pour que dans 20 ou 30 ans les terres du Verdon nous appartiennent toujours, il faut agir dès aujourd’hui », en date de juin 1978.

traditionnelles paysannes de servitudes collectives. De fait, en réaction aux expropriations massives des grands projets de Canjuers et de l’aménagement hydroélectriques de la vallée, la maitrise foncière du territoire est perçue comme une des conditions déterminantes de la maitrise de son développement. Les associations de développement local du Pays du Verdon, relais des politiques régionales de développement local, ont donc été des lieux d’apprentissage et d’expérimentation privilégiés du répertoire d’action foncière régionale.

Au-delà, cette communauté de pratiques et d’action est aussi le lieu de construction d’un nouveau leadership territorial, celui de Maurice Janetti qui renouvelle la figure notabiliaire classique. Fils d’immigrés italiens ayant fui le fascisme dans l’entre-deux guerres, né en 1933 à Seillons dans le Var, il est nommé en 1959 jeune directeur d’école du petit village de Saint Julien le Montagnier. Maurice Janetti vit ce métier sous le registre de l’engagement militant. Nommé par la Fédération des Œuvres Laïques (FOL), dès le début de sa carrière d’instituteur à Saint Julien-le-Montagnier, responsable départemental des Foyers ruraux des jeunes et d’éducation populaire, ce réseau des foyers d’éducation populaire joua un rôle important dans sa carrière locale, lui permettant de développer un important réseau relationnel dans des segments variés de la société rurale536. Il acquiert grâce à cette position une réputation sociale qu’il convertit dès 1965 en capital politique puisqu’il est élu maire de Saint-Julien en 1965. Il accroit rapidement sa capacité d’action aux communes voisines en développant une politique intercommunale active par la création de nombreux syndicats intercommunaux regroupés en 1975 avec l’aide de l’Etat et de la Région en un unique Syndicat Mixte des Pays du Verdon. Il résume ainsi son engagement comme il l’exprime lui-même : « Tout ce que j’ai entrepris sur le plan collectif, tous mes actes, toutes mes déclarations, toutes mes interventions s’inscrivent dans une seule mission : l’organisation des solidarités intercommunales »537. Pour réaliser cette entreprise, il mobilise largement des financements régionaux programmés dans le cadre des PLAC qui élargissent sa capacité d’action et lui permettent de promouvoir un nouveau répertoire d’action (cf. encadré ci-dessous).

Encadré N°9. « Un pays, une culture, un combat », la cause de Maurice Janetti

Le SMPV ainsi que l’AREA créés avec l’aide de l’EPR travaille sous une même bannière inscrite en en-tête de chacun des documents officiels et qui résume la cause de l’engagement de Maurice Janetti pour son territoire : « Un Pays, une culture, un combat ».

« Pourexprimer ce point de vue, Maurice Janetti créé en juin 1972 un organe de propagande de l’association « Information-animation » qu’il préside intitulé « Rive gauche » dont la photo de couverture du premier numéro place en une le village des Salles du Verdon voué à disparaître sous les eaux du barrage de Sainte-Croix. L’éditorial de Janetti résume le projet : « Ce mensuel est né dans le nord-ouest varois et sur la rive gauche du Verdon. Mais sa vocation n’est pas limité cette région. Nous le destinons au « milieu rural », et pas celui d’un seul département »538. Défendant un point de vue partisan, cette revue ouvre régulièrement ses colonnes aux opposants de Canjuers comme Maurice Parodi pour le comité de Canjuers-Verdon539. Maurice Janetti établi dans ces colonnes un programme d’action clairement marqué par les idées régionalistes du développement local :

536 Comme le souligne Mathieu Leborgne, un grand nombre de domaines de l’animation locale était alors pris en charge par les foyers ruraux. Ainsi par exemple, la petite station de ski de Vauplane (aujourd’hui désuète), au-dessus de Castellane, ouverte le 26 décembre 1975, fut gérée par l’Association d’Education Populaire « Le Roc » à Castellane (Rive gauche, rive droite, n°1, juin-juillet 1976). Les gestionnaires privés se confrontaient alorsdans le Verdon et sur tous les fronts à la politique et au réseau associatif mis en place par Janetti. Mathieu Leborgne, op.cit., p. 366.

537 Maurice Janetti, « Les communes rurales et la décentralisation », Pouvoirs locaux, n°1, 1989, pp. 10-12.

538 Editorial signé par Maurice Janetti, Rive Gauche, n°1, oct.-nov. 1973.

539 Rive Gauche, n°4, nov. 1972.

« C’est à nous de prendre en charge notre destin. Nous avons dormi assez longtemps »540 Le retour aux racines culturelles et la connaissance de l’histoire du patrimoine local sont les deux fers de lance de ce travail de mise en mouvement de la société locale : le mouvement « Information-animation » revendique de faire partie de l’Occitanie et du mouvement régionaliste qui en découle, prenant appui sur la légitimité de son ancrage agricole : « L’agriculture est la principale ressource des occitans » écrit-il ainsi dans sa revue541. Cette prise de conscience d’une culture occitane partagée dépasse les frontières du Verdon et un article de la revue présente ainsi la spécificité de la situation bretonne et de son combat culturel. Une rubrique spécialement dédiée à l’histoire locale (origine des villages, étymologie, coutume…) a une bonne place dans chaque numéro »542.

Parmi celle-ci, un héritage est plus particulièrement revendiqué par Maurice Janetti. Il s’agit de la tradition socialiste républicaine varoise543 que Janetti mobilise pour en réactualiser les luttes dans une situation d’opposition au pouvoir central.

Son apprentissage des rôles et des pratiques politiques qu’il contribue à renouveler lui permet de conquérir des positions de pouvoir au sein du Département et de la Région. Membre du CERES de Jean-Pierre Chevènement et du Parti Socialiste, Maurice Janetti devient incontournable dans le Haut-Var, entamant une véritable carrière politique: conseiller général du canton de Rians (1973-1998), puis conseiller régional (1978-1984), il accède au mandat national de sénateur (1978-1986) à 45 ans suite à la mort de Pierre Gaudin544, et enfin de député (1986-1988, 1996-1999), incarnant celui qui fait entendre la voix des gens des pays du Verdon jusqu’à la capitale où il dispose de relais dans les réseaux socialistes545. Dans un contexte de délitement du leadership d’Edouard Soldani, il représente un rare cas de renouvellement des élites politiques socialistes dans le Var comme le souligne Frédéric Sawicki qui dresse de lui ce portrait :

« (…) Ancien instituteur, franc-maçon, natif de Saint-Julien, Conseiller général du canton de Rians, président de la commission de l’agriculture au conseil général de 1976 à 1985 et défenseur de la viticulture varoise sur le plan parlementaire de 1978 à 1988, où il passe notamment pour avoir obtenu la chaptalisation pour les côteaux de Provence en 1982. Elu d’un canton où l’agriculture est en expansion grâce à l’irrigation permise par le canal du Verdon, militant sensible aux questions écologiques, il a su incarner le renouveau du monde rural grâce, il est vrai à la manne de la taxe professionnelle d’un barrage EDF. La création de multiples syndicats intercommunaux et la présidence, depuis 1983, de la Fédération des élus socialistes et républicains, lui ont permis de mobiliser de nombreux élus de l’arrondissement de Brignoles. Son cas illustre le renouvellement relatif qui s’est opéré dans les cantons ruraux au sein du milieu socialiste, en même temps que sa faiblesse, liée à la grande dépendance à l’égard de réseaux agricoles en voie de transformation profonde »546.

De fait, il exerce son influence par de multiples organisations liée au monde agricole et plus largement rural. Outre son rôle au CERES, à la Fédération des Œuvres Laïques et dans de nombreuses structures associatives de développement local, il est également investi dans une association nationale qui aux dires de nos interlocuteurs a joué un rôle actif dans la problématisation de la politique foncière régionale : Espace 90. Maurice Janetti fait alors partie de ces jeunes élus qui « entendent mettre en œuvre une

540 Rive Gauche, n°2, août 1972

541 Rive Gauche, n°2, août 1972, p. 6.

542 Mathieu Leborgne, op.cit., p 362 et suivantes. Les textes en italiques ci-dessus sont des synthèses réalisées à partir de ce travail doctoral.

543 Maurice Agulhon, Marianne au combat. L’imagerie et la symbolique républicaines de 1789 à 1880, Paris, Flammarion, 1979.

544 Agriculteur de profession, Pierre Gaudin fut Maire du Luc sous la Ve République et parlementaire socialiste du Var : Député (1962-1977) puis Sénateur (1977-1978).

545 L’on peut ainsi mentionner son poste de chargé de mission au cabinet de Jean Poperen dont il partage les idées autogestionnaires suite à sa défaite aux législatives en 1988

546 Frederic Sawicki, op.cit., pp. 262-263.

politique audacieuse d’aménagement rural, de construction de logements collectifs, ou d’aménagement de zones artisanales »547, autant de politiques pour lesquelles la ressource foncière est déterminante.

Compte tenu du fait qu’« avant1977, aucune mairie importante, aucun poste stratégique au Conseil général ou au Conseil régional ne sont occupés par des membres de ce courant », on fait l’hypothèse ici que les engagements associatifs multiples de ce jeune militant CERES va lui permettre de compenser un déficit de ressources institutionnelles et partisanes et explique pour partie son engagement dans ces structures associatives ou syndicales, lui permettant de renouveler le mode de leadership territorial. Le territoire recomposé des « Pays du Verdon » à cheval entre les deux berges de la rivière, devient ainsi le creuset de son leadership au point qu’il s’y identifie lui-même. Surnommé le « roi du Haut-Var »548, il se définissait lui-même comme « l’élu des hectares »549 comme l’ont indiqué nos interlocuteurs, revendiquant l’attachement affectif qui l’unissait à la terre du Verdon jusqu’a sa mort en 1999 (voir encadré ci-dessous).

Encadré N°10. La mémoire de Maurice Janetti, « une certaine idée de la France »

La mort de Maurice Janetti survenue en juillet 1999 ne sonne pas l’arrêt de l’attraction qu’il exerce sur le territoire. Ses camarades socialistes et ses supporters locaux entreprennent une entreprise de patrimonialisation identitaire de sa mémoire politique sous différents registres : attribution de son nom à divers édifices publics, écriture de sa biographie mettant en scène son action politique ou bien défense de son héritage intercommunal à travers le Syndicats des Pays du Verdon face à l’entreprise de construction d’un Parc naturel du Verdon. La nécrologie que lui dresse en octobre 1999 Laurent Fabius alors Président de l’Assemblée Nationale550relève de cet exercice et nous semble intéressante à rapporter par l’image folklorique qu’il construit du personnage et qui nous permet de mieux saisir la dimension charismatique de ce leadership qui réactualise la figure des « hussards noirs de la République » :

« Maurice Janetti était un homme de la Méditerranée (…) Fidèle au souvenir de ses parents Hermitte et Madeleine, fidèle à ses

« Maurice Janetti était un homme de la Méditerranée (…) Fidèle au souvenir de ses parents Hermitte et Madeleine, fidèle à ses

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