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CONSTITUTION D'UNE GRILLE DE LECTURE DES PENSÉES DE L'AUTONOMIE

Restait à réécrire le tout de façon lisible.

Chapitre 2 De l'autonomie proscrite à l'autonomie prescrite: un lent mouvement de reconnaissance?

2.1 CONSTITUTION D'UNE GRILLE DE LECTURE DES PENSÉES DE L'AUTONOMIE

Nous avons vu que l'autonomie dans le travail est un terme très général, que nous avons pu appliquer à 20 types de situations. Il nous semble que selon les écoles théoriques, la perspective sur l'autonomie est différente, alors que le terme peut s'appliquer à la plupart des 20 situations dénombrées. Il est donc utile de déterminer quelles sont les grandes options qui permettent de différencier les approches de l'autonomie dans l'entreprise afin d'en établir une typologie.

Le choix des dimensions doit correspondre à notre objet de recherche. Dans la littérature nous n'avons trouvé qu'une typologie de la littérature explicitement axée sur le concept d'autonomie, chez Terssac et Maggi (1996b). Nous tenterons donc de partir de cette typologie pour l'enrichir, en fonction de la définition unifiée de l'autonomie que nous nous sommes donnée.

2.1.1

La typologie

issue des travaux

de Gilbert

de Terssac

et

Bruno Maggi

Nous avons reconstitué une typologie implicite des conceptions de l'autonomie dans la littérature, à partir de la lecture de deux articles des mêmes auteurs qui recensent quatre postures vis à vis de l'organisation (Terssac et Maggi, 1996a et 1996b). Ces postures relèvent elles-mêmes de postures épistémologiques sur deux axes que sont la relation entre l'individu et l'organisation d'une part et la rationalisation d'autre part. Ces postures engendrent des conséquences au niveau de la représentation et de la valorisation possible de l'autonomie des individus et des collectifs de travail.

2.1.1.1

Le modèle classique ou les marges de manœuvre niées

Le modèle classique procède d'une rationalité parfaite, issue des travaux de l'économie classique et néo-classique. Il suppose une parfaite connaissance des rapports fins/moyens. Le one best way suppose qu'un ordre parfait peut être mis en place a priori et que l'exécution des tâches ne pose aucun problème. Les individus s'adaptent aux prescriptions, sans qu'aucun accent ne soit mis sur la coopération. Il n'y a alors aucune

place, ni pour la discrétion, ni pour l'autonomie. Les marges de manœuvre des individus sont totalement niées. Lorsque l'autonomie est utilisée par les agents, elle est perçue comme« une infraction illégitime» (Terssac et Maggi, 1996a) (p. 255).

2.1.1.2

La vision fonctionnaliste où la discrétion utile

A cette vision invariable, s'oppose le modèle fonctionnaliste présent tant dans l'école des Relations Humaines que dans l'école socio-technique et dans leurs conséquences. Cette posture relève de la systémique. Elle suppose que « chaque sous- système contribue à la satisfaction des conditions fonctionnelles requises par le système de niveau supérieur. »(Terssac et Maggi, 1996b)p. 93. Dans une telle vision, les programmes de travail ne sont plus rigides, car la flexibilité permet d'atteindre des solutions plus fonctionnelles. En ce sens, l'informel est reconnu s'il contribue à l'efficacité. C'est donc la logique du système global qui l'emporte sur les individus qui le composent. C'est dans ce contexte que la discrétion apparaît comme un levier d'efficacité, dans les situations d'incertitude. Elle dispose d'une «reconnaissance conditionnelle» (Terssac et Maggi, 1996a) p.256, proportionnelle à l'incertitude perçue. La coordination, quant à elle n'est pas touchée par cette possibilité de liberté.

Cette vision, comme la précédente relève du positivisme.

2.1.1.3

La vision du système construit ou la survalorisation des marges

de manœuvre

Cette nouvelle vision provient au contraire de courants anti-positivistes, tels que l'interactionnisme, la phénoménologie sociale ou l'ethnométhodologie. Le système est considéré comme produit par les interactions des sujets. La réalité est une construction sociale. Il n'y a donc pas de rationalité du système a priori. La seule rationalité possible est a posteriori et elle emprisonne alors les sujets qui vont chercher à s'opposer au système. Dans ce contexte, l'autonomie est perçue comme une lutte contre le système, comme une résistance, «une réaction à des prescriptions, fondée sur la décision de mettre en place un autre cadre de conduite et de l'imposer. » (Terssac et Maggi, 1996a)

2.1.1.4

La vision du processus d'action ou la régulation des marges de

manœuvre

Le débat épistémologique entre les deux visions de la rationalité a priori et a posteriori a donné lieu à un troisième choix, qui

«

consiste à concevoir le système social comme un processus d'actions et de décisions» (Terssac et Maggi, 1996b) p. 94. Le processus s'auto-produit, selon une rationalité intentionnelle et limitée. Le système social est ainsi sans cesse amendé en fonction de la possibilité de

«

rendre compatibles les résultats de l'action sociale avec le bien-être des sujets concernés. » (p.95). Dans cette vision, sujet et système ne sont plus opposables. Les sujets participent à la régulation du système. Leur autonomie touche donc aux deux aspects de la coopération et de la coordination.

2.1.1.5

Synthèse des quatre conceptions

Voici, sous forme graphique une représentation de ces quatre conceptions de l'autonomie, en reprenant comme axes, la distinction proposée par (Maggi, 1997) entre coopération et coordination autonomes et hétéronomes, évoquées au chapitre un :

FIGURE 3 :MATRICE DES CONCEPTIONS DE L'AUTONOMIE D'APRÈS (TERSSAC ET MAGGI, 1996A)

Légende: c = coopération; C = coordination; A = autonome; H= hétéronome

C.H

Margesde mariŒUvreniées Margesde marlŒUvresurvalorisées

1 3

MODELE CLASSIQUE MODELE INTERACTIONNISTE

~H

cJ\

MODELE FONCTIONNALISTE MODELE REGULATIONNISTE

2 4

Discrétionvalorisée ~ulation conjointe des margesde manoeuvre

L'intérêt de cette typologie réside principalement dans le fait qu'elle permet de remettre en cause la position un peu rapide que nous avons tenue au chapitre précédent quant à l'inadéquation au monde des entreprises d'une autonomie qui consisterait en même temps en une régulation et en une finalisation autonomes. En effet, une relativisation de la notion d'autonomie à des situations toujours mêlées d'hétéronomie, mais comportant des éléments d'autonomie, permet d'intégrer totalement la case n04 au monde de l'entreprise. Il s'agit bien ici d'une façon de se représenter l'homme dans l'entreprise et non d'une situation réelle, absolue.

2.1.2

Synthèse

de

cette

typologie

avec

notre

définition

de

l'autonomie

Cette typologie est intéressante, mais comme elle est relativement implicite dans les deux articles à partir desquels nous l'avons reconstituée, les axes utilisés ne nous semblent pas très clairs. De plus nous voudrions tenter de la relier à notre distinction entre les types d'autonomie : volée, déléguée, et d'engagement.

2.1.2.1

Tentative de reformulation des axes de la matrice

Nous avons recherché dans la littérature de théorie des organisations qui propose des classifications des écoles théoriques des axes qui seraient pertinents à l'analyse de notre question. Parmi les dimensions possiblesII, nous nous sommes arrêtée sur celle de Scott (1992), amendée par Aubert et al. (1999), dans la mesure où elle croisait deux dimensions qui nous semblaient intéressantes: celle de l'ouverture des systèmes et celle de la conception de l'homme comme être rationnel individualiste ou bien aux objectifs variés, et inséré dans un groupe. Nous avons ensuite cherché à préciser ce que supposait le fait de concevoir l'entreprise comme un système ouvert ou fermé. Il nous a semblé que la distinction entre les conceptions fortement déterministes qui posent que 1'homme subit l'organisation et les distinctions faiblement déterministes dans lesquelles l'action des hommes a un impact sur l'organisation (Astley et Van de Ven, 1983), permettait mieux de discriminer les positions théoriques sur l'autonomie que celle entre systèmes ouverts et fermés, tout en conservant les idées de cette distinction.

En creusant encore la définition possible de nos axes de différenciation, nous sommes parvenue aux deux dimensions suivantes:

la conception de 1'homme que l'on se donne: il nous semble que la pensée sur l'autonomie de l'individu dépend en grande partie de cette conception de l'homme, peut-on le penser comme un être capable intrinsèquement d'autonomie ou pas ?

la conception du rapport de cet homme au monde: une fois la conception de l'homme précisée, encore faut-il l'appliquer à son action sur le monde. Comment l'homme se positionne-t-il par rapport à la nature? Pense-t-il pouvoir la maîtriser, la connaître ou, au contraire, se comprend-il comme un élément parmi d'autres, capable de petites actions, mais sans possibilité de maîtrise totale?

C'est à partir de notre vision de l'homme et du monde que nous bâtissons des théories sur l'action de l'homme dans le monde. La théorie des organisations consiste pour nous en une vision des actions possibles des hommes dans une structure. Ainsi ce sont les deux axes que nous avons définis qui permettent de dérouler une façon de concevoir l'organisation. Inversement les types de théories des organisations relèvent des types de vision de l'homme et de rapport à la vérité.

Nous allons à présent détailler ces axes, avant de redessiner notre matrice

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