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CHAPITRE II : Cadre théorique et questions de recherche

3.1 Démarche méthodologique

3.1.1 La collecte des données

3.1.1.5. Constitution de l’échantillon

Nous sommes bien conscients qu’un échantillon ne peut être considéré comme représentatif dans une démarche qualitative (Michelat, 1975), notamment du point de vue statistique. Kaufmann dira à ce sujet que « l’échantillon est (…) mal adapté dans une optique qualitative, car il porte en lui-même l’idée de la représentativité et de la stabilité » (Kaufmann, 2011 : 43). Ainsi, précise-t-il, « dans l’entretien compréhensif, plus que de constituer un échantillon, il s’agit plutôt de bien choisir ses informateurs ». C’est ainsi que nous avons réalisé une trentaine d’entretiens avec les principaux acteurs impliqués (directement ou indirectement) dans le processus d’élaboration du code. L’objectif étant de mieux comprendre, comme ci-dessus noté, les principaux enjeux et idéologies liés à la controverse autour de ce code, les répertoires d’actions collectives, les jeux d’alliance et canaux de communication utilisés par les protagonistes afin de défendre leurs positions respectives.

Plus précisément, nous avons interviewé 31 personnes : 2 membres de la commission d’élaboration du code, 6 responsables d’organisations féminines dont 1 universitaire ayant mené des travaux sur la condition de la femme au Mali, 6 leaders religieux musulmans, 2 leaders religieux chrétiens (1 catholique et 1 protestante), 1 représentant d’organisation de défense des droits de l’homme, 3 députés dont 2 membres de la commission Loi de l’Assemblée nationale, 1 membre de la commission de relecture du code, 2 cadres du ministère de la Justice (1 était membre de la commission d’élaboration du code, et l’autre, de la commission de relecture) et

1 ancienne ministre. Deux (2) PTF (partenaires techniques et financiers), identifiés comme ayant appuyé ce processus, ont été également interviewés. Aussi, 3 journalistes/éditorialistes d’organes de presse écrite ayant largement couvert la controverse autour du code ont été interviewés ainsi que 2 autres acteurs de la société civile malienne.

Cet échantillonnage par contraste a été fait essentiellement sur la base de la cartographie des structures ayant participé au processus d’élaboration du code, ou des acteurs impliqués dans la controverse qui a fait suite à son adoption du texte. Selon Pires :

« Le but de l'échantillon par contraste avec entrevues est d'ouvrir les voies à la comparaison (…) ou à une sorte de « totalité hétérogène ». On entreprend ici la construction d'une mosaïque ou d'une maquette par l'entremise d'un nombre diversifié de cas. Il s'agit alors, idéalement parlant, d'assurer la présence dans l'échantillon d'au moins un représentant (de préférence deux) de chaque groupe pertinent au regard de l'objet de l'enquête » (Pires, 1997 : 68).

Pires poursuit en donnant une précision importante :

« Il ne s'agit pas de viser une représentativité numérique dans l'échantillon (par

exemple, un membre d'un parti politique minoritaire contre 10 membres d'un parti majoritaire) par rapport à l'univers de travail (population), mais tout simplement d'avoir un ou deux exemples par groupe. Car, de toute façon, la représentativité statistique ne sert ici à rien » (Pires, 1997 : 69).

Considérés comme des « informateurs clés » sur la question de recherche (Savoie-Zajc, 2009; Poupart, 1997), nos interviewés ont été choisis sur la base de leur appartenance aux structures impliquées dans le processus d’élaboration du code, ou sur la base de leur positionnement (pour ou contre le code) ainsi que l’éclairage qu’ils pouvaient nous fournir de par leur statut. En général, ces interviewés étaient choisis en tant que représentants des structures auprès desquelles, nous aimerions avoir des informations sur des thèmes ou sous-thèmes relatifs à notre grille d’analyse (voir ci-dessus pour plus de détails). Lesdites structures figuraient déjà sur

la liste d’organismes à contacter, élaborée sur la base de la cartographie des acteurs ayant pris part au processus. Pour ce qui est des structures où nous avions déjà des connaissances, nous passions par ces réseaux afin de trouver un représentant avec lequel nous pouvions faire notre interview. Cela nous amenait à gagner du temps, en contournant les multiples règles protocolaires pour ces genres de démarches. Nous avons également utilisé les réseaux de contacts du personnel, en l’occurrence la direction du CNIDIFE, notre structure d’accueil, ainsi que les réseaux de certains proches, pour faciliter les contacts avec certaines structures. Quant aux autres structures auxquelles nous ne pouvions pas rentrer en contact via nos réseaux ou ceux de nos connaissances, nous les appelions sur leurs téléphones, ou à défaut, partions à leurs sièges pour leurs présenter une demande d’interview sur notre sujet de recherche, à savoir la controverse autour du code des personnes et de la famille au Mali. Pour chacun des structures ou acteurs contactés, nous leur expliquions clairement le but de notre recherche et nos attentes par rapport à l’interview. C’est au cours de ces premiers contacts que nous établissions en commun accord avec les interviewés, la date, le lieu et l’heure de la rencontre. Il faut ajouter que très souvent, c’est la personne qui représentait la structure aux travaux d’élaboration du code qui était désignée par la structure pour faire l’interview, ou à défaut, un des responsables.

Nous présentons ci-dessous le tableau récapitulatif des personnes interviewées ainsi que leurs profils :

Catégories Détails (Structures d’attache) Effectifs

Représentantes d’organisations féminines

Groupe Pivot - Droit et citoyenneté des femmes : 1

Association pour le progrès et la défense des droits des femmes : 1

Coordination des associations et ONG féminines du Mali/WILDAF-Mali : 2 Association des juristes maliennes : 1 Chercheuse féministe : 1

6

Représentants d’organisations islamiques

Haut conseil Islamique du Mali: 2 Association malienne pour l’unité et le progrès de l’Islam : 1

Union nationale des associations des femmes musulmanes du Mali: 2 Association Tabiya Niuma: 1

6

Représentants d’organisations chrétiennes Église catholique : 1 Église protestante : 1

2 Représentant d’organisations de défense des

droits de l’homme

Association malienne pour la défense des droits de l’homme : 1 1 Journalistes/éditorialistes Infos-Matin : 1 Les Échos : 1 L’Indépendant : 1 3

Autres acteurs de la société civile 2

Membres de la commission d’élaboration du code

Commission d’élaboration du code : 2 2 Membres de la commission de relecture du

code (2008)

Commission de relecture du code : 1 1

rattachés) en charge du code des personnes et de la famille

femme, de l’enfant et de la famille : 3 - Ministère de la Justice et garde des Sceaux : 2 (1 était membre de la commission d’élaboration du code et l’autre, de la commission de relecture)

Partenaires techniques et financiers Délégation de la commission européenne au Mali : 1

Coopération canadienne au Mali

2

Députés (parlementaires) Membres de la commission Loi de

l’Assemblée nationale : 2 Autre député : 1

3

Langues utilisées pour les interviews Français : 28 Bambara : 3

31 Enregistrement des interviews - Interviews enregistrées : 17

- Interviews non enregistrées : 14

31

Total des interviews réalisées 31