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Pour s’assurer de respecter diverses considérations éthiques, le présent projet a été soumis pour approbation éthique au CÉRAS de l’Université de Montréal. Nous nous sommes donc engagée à respecter les exigences de ce comité et de l’Énoncé de politique en éthique de la recherche avec des êtres humains (Trois Conseils canadiens de recherche, 1998). Dans ce sens, un consentement oral libre et éclairé a été obtenu avant de procéder à chacune des entrevues. À cela s’ajoute un consentement écrit de chacune des participantes avant d’inclure les données de leur entrevue à l’analyse des données, ce qui a parfois été reçu avant l’entrevue, parfois après. Même une fois ces consentements obtenus, les participantes ont gardé le droit de se retirer à tout moment, sans avoir à donner de raison justifiant ce retrait.

De plus, lors des entrevues, nous avons pris le temps de présenter le projet et de répondre à l’ensemble des questions soulevées par les participantes, au mieux de nos connaissances, avant l’engagement écrit des participantes, afin que leur consentement se fasse de manière éclairée. Dans le même sens, les bénéfices et les préjudices pouvant découler de la participation à ce projet leur ont été exposés avant leur engagement écrit à participer au projet. Les bénéfices attendus sont de l’ordre de la contribution à l’avancement des connaissances scientifiques au sujet de l’identité professionnelle des travailleuses sociales, mais aussi à l’approfondissement de leur connaissance personnelle quant à leur propre identité professionnelle. En ce qui concerne le risque de préjudices, il est surtout en lien avec la possibilité de mettre à jour certaines insécurités identitaires ou encore l’utilisation de stratégies identitaires plus ou moins bien vues

113 par elles ou par autrui. Afin de limiter les préjudices pouvant découler de cela, le respect de la confidentialité devient ici central. Aussi, s’il était arrivé que des participantes ressentent un malaise face aux sujets soulevés, il aurait été possible de les diriger vers leur Programme d’aide

aux employés ou d’autres ressources de soutien dans la communauté.

La confidentialité étant si importante pour éviter les préjudices pouvant découler de ce projet, diverses précautions ont été prises pour la respecter. Tout d’abord, chaque participante à la recherche s’est vu attribuer un pseudonyme et seule la chercheure principale a accès à la liste des correspondances entre les informations personnelles des participantes et le pseudonyme qui leur est attribué. De plus, aucune information permettant d’identifier les participantes d’une façon ou d’une autre ne sera publiée ou utilisée publiquement. Certaines données personnelles seront même parfois modifiées lors de la diffusion des connaissances afin d’assurer le meilleur respect possible de la confidentialité. C’est par exemple pour cela que les propos du seul participant masculin à notre projet ont été féminisés.

Toujours dans l’objectif de respecter la confidentialité, les transcriptrices se sont engagées à l’écrit à ne pas diffuser d’informations confidentielles. En fait, bien qu’elles aient eu accès à des informations confidentielles, seules les informations nécessaires à la transcription des entrevues leur ont été transmises, ce qui excluait plusieurs informations nominatives. Cela visait à assurer une plus grande confidentialité pour les participantes, malgré l’implication de tierces parties dans cette étape du projet. Plusieurs moyens ont donc été mis en place pour assurer la plus grande confidentialité possible et une pratique éthique de la recherche.

9 Présentation des résultats

L’analyse des données recueillies auprès des participantes7 lors des deux phases de collecte de données a permis de faire ressortir plusieurs points communs et divergences au sujet de la perception qu’ont les travailleuses sociales de leur propre identité professionnelle, dans les établissements québécois de réadaptation en déficience physique. Tel que cela sera détaillé dans ce qui suit, la théorisation émergeante suggère que ces travailleuses sociales perçoivent leur identité professionnelle comme étant caractérisée par ce que nous appelons la réadaptation

sociale, catégorie centrale de la théorie ayant émergée de l’analyse des données empiriques.

Cette expression vise à souligner les deux pôles identitaires apparaissant comme centraux pour les participantes, soit leur discipline d’attache – le travail social – et leur milieu de travail – les établissements de réadaptation. C’est ce qui nous fait proposer l’idée que la catégorie centrale retenue est traversée de cinq tensions principales situées d’abord à chacun des deux pôles qui la forme, ensuite à la rencontre de ces pôles, et finalement dans la position à prendre face à ces deux pôles.

Les pages qui suivent visent à détailler ces points. Cela se fera en cinq parties, en soulignant ce qui est commun dans le discours des différentes participantes, pour ensuite relever les tensions ressortant de ces discours. Dans la première partie, il sera question de la conception qu’ont les participantes du travail social. Nous verrons en quoi, pour elles, cette discipline est centrée sur le social, s’appuie peu sur des données probantes ou des protocoles et est mal vue et méconnue.

7 Les données analysées et présentées ici incluent celles provenant de l’entrevue à laquelle nous nous sommes

116 Cela nous amènera à décrire comment elles sont tiraillées entre une vision des travailleuses sociales comme généralistes ou plutôt comme spécialistes.

La deuxième partie permettra pour sa part de s’attarder à la conception qu’ont les participantes de leur cadre organisationnel, principalement de comment elles conçoivent la réadaptation. De ce fait, nous commencerons par décrire ce qu’elles entendent par les concepts de réadaptation et de réadaptation physique. Cela nous permettra ensuite de s’attarder à leur façon de comprendre leur mandat de réadaptation. Nous continuerons en détaillant une tension ressortant de ces définitions, où la réadaptation peut être comprise soit dans un sens global ou dans un sens plutôt physique, laissant une place différente au social – le propre de la discipline des participantes – selon le sens accordé à ce concept.

La troisième partie s’attardera au travail social en réadaptation, soit la rencontre entre la discipline d’attache des participantes et leur contexte organisationnel. Cela permettra de présenter la clientèle8 avec qui elles travaillent et les rôles et tâches qu’elles sont appelées à jouer et faire dans ce contexte. Pour compléter cette partie, nous décrirons les deux tensions ressortant de l’analyse des données concernant le travail social en réadaptation. La première concerne ce qui est perçu comme cible d’intervention légitime pour les travailleuses sociales en réadaptation, tant en termes de rôles et tâches qu’en termes de clientèle. La deuxième tension est pour sa part centrée sur la place laissée aux proches en réadaptation – qui sont souvent vus

8 Ici, les termes « client » et « clientèle » sont utilisés pour parler des personnes auprès de qui les intervenants

travaillent, ce qui regroupe les usagers et leurs proches. Lorsqu’il sera question uniquement d’une de ces entités, les termes « usagers » ou « proches » seront alors utilisés.

117 comme la clientèle spécifique des participantes – positionnés parfois comme clients à part entière ou plutôt comme clients par ricochet.

La quatrième partie se recentrera sur la posture individuelle à prendre comme travailleuse sociale en réadaptation. Il s’agira en fait de voir en quoi les participantes ont parfois tendance à se définir surtout à travers leur discipline d’attache – le travail social – et parfois plutôt à travers leur contexte organisationnel – la réadaptation.

Cela nous amènera, dans la cinquième et dernière partie de la présentation des résultats, à présenter la catégorie ayant émergée comme centrale lorsque les données ont été analysées pour mieux comprendre la perception qu’ont les travailleuses sociales de leur propre identité professionnelle en réadaptation en déficience physique. Nous appelons cette catégorie la

réadaptation sociale, et prendrons le temps de la détailler avant de passer au chapitre suivant,

10 Conception du travail social

À travers les propos tenus lors des entrevues, les participantes présentent leur conception du travail social. Dans ce sens, tant des convergences que des divergences sont observées dans les éléments mis de l’avant dans les définitions données au travail social par les différentes participantes. La première convergence est que le travail social se définit par son intérêt pour les aspects sociaux de la clientèle. Ensuite, un consensus se forme autour de l’idée que le travail social est peu basé sur des protocoles, mais plutôt sur des valeurs et des approches. Aussi, c’est l’idée que cette profession est mal vue et méconnue, entre autres en raison des changements qui la traversent avec le temps. Finalement, cela découle sur une tension entre une conception du travail social comme discipline généraliste ou comme discipline spécialisée.