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Chapitre 2. Rôle des représentations du système familial et de son fonctionnement lors de

2.3. Conditions de vie et transition d’habitation (i.e., « home leaving »)

(Lautié, 2018). Quitter le domicile familial correspond à une période de vie complexe caractérisée par une ambivalence de sentiment entre le besoin d’indépendance et le désir de rester lié à ses parents (Kins et al., 2014). Le départ du domicile familial constitue donc un tournant vers la vie adulte de l’individu (Tosi, 2017 ; van den Berg, Kalmijn, & Leopold,

2018).

Tous les adultes en émergence ne quittent pas le domicile familial ou du moins pas complètement. On retrouve des configurations très variées qui conduisent au phénomène de transition d’habitation (i.e., « home leaving » ; Goldscheider & DaVanzo, 1986). Cette

transition est progressive (Kins et al., 2014) et trois profils émergent : co-résident avec les parents, semi-autonome et indépendant ; le profil semi-autonome étant un statut intermédiaire dans la transition à l’âge adulte (Goldscheider & DaVanzo, 1986). Kins et al. (2009) proposent d’employer le terme plus précis de « semi-indépendant » au lieu de celui de « semi-

autonome » ; le terme « autonomie » étant un terme générique recouvrant aussi bien la notion d’indépendance que celle de volonté. Or, quitter le domicile parental est considéré comme une manifestation d’indépendance qui n’est pas nécessairement volontaire. En conséquence,

Kins et ses collaborateurs (2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014) proposent trois profils de transition d’habitation : co-résident avec les parents, semi-indépendant et indépendant. Le

profil co-résident renvoie aux adultes en émergence qui vivent toujours au domicile familial. Le profil semi-indépendant correspond aux adultes en émergence qui ont quitté le foyer familial mais, qui y retournent régulièrement et qui n’assument pas toutes les responsabilités. Enfin, le profil indépendant renvoie aux adultes en émergence qui ont quitté le domicile familial et qui sont responsables (e.g., payer les factures, faire les lessives).

Rôle des représentations du système familial et de son fonctionnement

Différents facteurs peuvent conduire les adultes en émergence à quitter le domicile parental. Ces facteurs peuvent être subis (e.g., facteurs matériels comme le lieu d’études) comme choisis. L’un de ces principaux facteurs non matériels est la relation entretenue avec les parents (e.g., Kins et al., 2014). Lorsqu’un adulte en émergence estime avoir de bonnes

relations avec ses parents, il peut être attiré par l’idée de continuer à vivre avec eux (Lanz & Tagliabue, 2007). De plus, vivre chez ses parents serait une forme stratégique de protection face à l’instabilité liée à la période de l’émergence de l’âge adulte (e.g., Cook & Furstenberg,

2001 ; Moreno, 2012).

Quand on s’intéresse à la relation parents-enfant, la littérature montre que quitter le domicile familial permet un changement dans l’équilibre des pouvoirs au sein de cette relation

ce qui amène à la redéfinir (Goldscheider & Goldscheider, 1999 ; Kins & Beyers, 2010). Quitter le foyer familial permet alors d’acquérir indépendance et autosuffisance (Kins &

Beyers, 2010) et facilite la transformation de la relation aux parents (Aquilino, 1997 ; Flanagan et al., 1993). Vivre loin du domicile parental est associé à une meilleure indépendance ainsi qu’à un soutien et un respect mutuel entre parents et enfant (Flanagan et

al., 1993). À l’inverse, continuer à cohabiter avec ses parents pourrait être associé à un processus de séparation-individuation plus problématique (Kins, Beyers et al., 2012) ; processus facilité par la décohabitation (Flanagan et al., 1993). Les adultes en émergence cohabitant avec leurs parents rapportent un sentiment de sous-estimation de leur maturité ainsi que plus de conflits et d’évitement dans leurs relations. Ils sont alors plus enclins à voir les

aspects négatifs de cette relation (Flanagan et al., 1993), se sentant toujours traités comme des enfants (Flanagan et al., 1993 ; Kins & Beyers, 2010). Lors d’un suivi longitudinal, Seiffge- Krenke (2006, 2009) met en évidence que les adultes en émergence qui quittent le domicile parental le plus tôt sont ceux qui ont un attachement plus sécure. Ils rapportent avoir expérimenté des conflits avec leurs parents au début de l’adolescence et non en fin

Rôle des représentations du système familial et de son fonctionnement

d’adolescence contrairement à ceux qui cohabitent toujours avec leurs parents, ceux qui ont

quitté le domicile plus tardivement ou encore ceux qui sont retournés vivre chez leurs parents après une période d’indépendance. De plus, les adultes en émergence qui quittent le domicile parental le plus tôt ressentent davantage de soutien à l’autonomie de la part de leurs parents.

Quitter le domicile familial fait partie des attentes de la transition vers l’âge adulte (Levinson, 1986). Par conséquent, vivre seul est associé à une accélération de la réalisation de certains critères d’âge adulte alors que vivre avec ses parents ralentirait les processus d’autosuffisance et d’indépendance (Kins & Beyers, 2010). Les adultes en émergence vivant

indépendamment se perçoivent davantage comme des adultes que ceux qui vivent chez leurs parents (Kins et al., 2009). En ce sens, les adultes en émergence vivant de manière indépendante atteignent plus rapidement les critères d’âge adulte (e.g., décider par soi-même ; Kins & Beyers, 2010).

La transition d’habitation semble être au cœur de la question du devenir adulte et être particulièrement prégnante lors de l’entrée à l’université. Au-delà des conditions de vie, la transition d’habitation renvoie également à la vision qu’ont les adultes en émergence de leur

Rôle des représentations du système familial et de son fonctionnement

Synthèse

– En somme, l’entrée à l’université représente une période de transition venant

interroger les représentations que les adultes en émergence ont de leur système familial et de son fonctionnement. Parmi les sous-systèmes qui composent l’environnement familial, la relation avec les parents et les relations familiales sont particulièrement pertinentes dans le cadre de cette étude. En effet, durant une période de transition telle que l’entrée à l’université, une relation avec les parents vécue comme soutenante et des relations familiales perçues comme positives participent à l’adaptation de l’individu. En complément de l’environnement familial, les représentations d’attachement, et plus précisément, les styles d’attachement permettent également à l’individu de s’adapter. La littérature montre que les styles d’attachement insécures sont moins adaptatifs que le style sécure. Pour autant, lors de

périodes de transition, ces styles d’attachement peuvent être amenés à varier au cours du temps permettant ainsi une meilleure adaptation. De plus, entrer à l’université signifie pour certains une décohabitation progressive appelée transition d’habitation (i.e., « home leaving »). Cette transition d’habitation contribue à la redéfinition de la relation parents- enfant et permet aux adultes en émergence de devenir progressivement indépendants et autonomes.

Rôle de l’autodétermination

Chapitre 3.

Rôle de l’autodétermination lors de l’entrée à