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Chapitre 4. L’ajustement psychosocial lors de l’entrée à l’université

4.2. Ajustement psychosocial et environnement familial

4.2.1. Ajustement et relation avec les parents

La relation parents-enfant prend part au développement de l’individu et permet son adaptation face à des événements de vie majeurs tels que peut l’être l’entrée à l’université (e.g., Lowe & Dotterer, 2018). La littérature montre qu’à travers les dimensions de responsivité, de soutien à l’autonomie et de contrôle psychologique, elle influence les différents indicateurs d’ajustement psychosocial que nous avons retenus. Cette littérature porte principalement sur l’adolescence mais, commence à s’étendre à l’émergence de l’âge

adulte.

Ainsi, le bien-être psychologique a été mis en lien avec le soutien à l’autonomie et le contrôle psychologique. En effet, durant l’émergence de l’âge adulte, le soutien à l’autonomie facilite le sentiment de bien-être (Kins et al., 2009). Plus particulièrement, pour les adultes en émergence de sexe féminin vivant une période de transition, il favorise un sentiment de bien- être vis-à-vis de leur nouvelle vie (Pedersen, 2017). À l’inverse, le contrôle psychologique est lié à un mal-être de l’individu (Ahmad, Vansteenkiste, & Soenens, 2013 ; Costa, Soenens, Gugliandolo, Cuzzocrea, & Larcan, 2015 ; Soenens & Vansteenkiste, 2010).

La relation des jeunes individus avec leurs parents influence également leur estime d’eux-mêmes. La responsivité fait partie des prédicteurs de l’estime de soi à l’adolescence

(Hochgraf, McHale, & Fosco, 2018 ; Wouters, Doumen, Germeijs, Colpin, & Verschueren, 2013) mais, également durant l’émergence de l’âge adulte (Filus, Schwarz, Mylonas, Sam, & Boski, 2019). Plus les adolescents témoignent d’un haut niveau de responsivité de la part de leurs parents, plus ils ont un haut niveau d’estime de soi (Wouters et al., 2018). Par ailleurs, durant l’émergence de l’âge adulte, le soutien à l’autonomie prédit une meilleure estime de

L’ajustement psychosocial

l’estime de soi à l’adolescence (Barber & Harmon, 2002 ; Soenens & Vansteenkiste, 2010 ;

Wouters et al., 2018).

La dépressivité est également liée à la relation avec leurs parents à travers les dimensions de responsivité, de soutien à l’autonomie et de contrôle psychologique. Plus les adolescents perçoivent un haut niveau de responsivité de la part de leurs parents, moins ils présentent de symptômes dépressifs (Wouters et al., 2018). Le soutien à l’autonomie aurait un effet sur la symptomatologie dépressive durant l’émergence de l’âge adulte par le biais des dimensions d’autonomie et de relations positives avec autrui du bien-être psychologique

(Inguglia et al., 2016). Enfin, le contrôle psychologique a été mis en lien avec la symptomatologie dépressive (Barber & Harmon, 2002). Il conduit à davantage de symptômes en milieu d’adolescence (Soenens & Vansteenkiste, 2010 ; Wouters et al., 2018), en fin

d’adolescence (Gargurevich & Soenens, 2016) et durant l’émergence de l’âge adulte (Inguglia et al., 2016).

Enfin, la littérature met en évidence que la relation avec les parents joue un rôle important dans la réussite académique des enfants (Yuan, Weiser, & Fischer, 2016). Dans une méta-analyse, Pinquart (2016) montre que chez les enfants et les adolescents la responsivité est liée à la réussite académique : plus les enfants et adolescents rapportent un haut niveau de responsivité, mieux ils réussissent académiquement. De plus, à l’adolescence, le soutien à l’autonomie joue également un rôle en permettant un meilleur engagement dans le cursus

académique (Roth, Assor, Niemiec, Ryan, & Deci, 2009). En ce qui concerne le contrôle psychologique, il conduit à une réussite académique plus faible (Pinquart, 2016 ; Soenens & Beyers, 2012) et est associé à un faible niveau de diplôme (Barber & Harmon, 2002) durant la période adolescente.

L’ajustement psychosocial

La relation parents-enfant, par ses caractéristiques de responsivité, de soutien à l’autonomie et de contrôle psychologique, joue donc un rôle sur les différents indicateurs d’ajustement psychosocial choisis. Bien que la littérature se soit principalement centrée sur l’adolescence, les quelques recherches menées sur l’émergence de l’âge adulte mettent en

avant que la responsivité et le soutien à l’autonomie amènent un ajustement psychosocial plus positif (i.e., bien-être psychologique et estime de soi globale élevée, dépressivité faible et résultats académiques élevés) que le contrôle psychologique qui est lié à un ajustement psychosocial plus négatif (i.e., bien-être psychologique et estime de soi globale faible, dépressivité élevée et résultats académiques faibles).

4.2.2. Ajustement et relations familiales

Les relations entretenues au sein de la famille jouent un rôle déterminant dans le développement des adultes en émergence (e.g., O’Connor et al., 2011). Johnson et al. (2010) mettent en évidence que lors de l’entrée à l’université, la manière dont les adultes en émergence perçoivent le fonctionnement de leur environnement familial est liée à leur propre ajustement. Plus spécifiquement, lors de la première année universitaire, entretenir de bonnes relations avec les membres de sa famille conduit à un ajustement psychosocial positif (Holmbeck & Wandrei, 1993). Dans la littérature, les chercheurs ont mis en lien différentes caractéristiques familiales telles que celles que nous étudions (i.e., adaptabilité, cohésion, verbalisation des sentiments et conflit) avec le bien-être psychologique, l’estime de soi globale, la dépressivité ainsi que les résultats académiques durant l’adolescence et l’émergence de l’âge adulte.

Le bien-être psychologique au sein des relations familiales a été peu étudié. Toutefois, la littérature montre que ressentir un soutien social en provenance de sa famille au cours du temps permet aux adultes en émergence d’éprouver un bien-être psychologique (Galambos,

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Barker, & Krahn, 2006). De plus, la cohésion est un prédicteur positif du bien-être (Boyraz & Sayger, 2011 ; Crespo, Kielpikowski, Pryor, & Jose, 2011 ; Y. Li & Warner, 2015 ; Uruk, Sayger, & Cogdal, 2007) comme l’adaptabilité (Uruk et al., 2007). À l’inverse, les adultes en émergence présentant le plus faible niveau de bien-être psychologique rapportent moins de cohésion et davantage de conflits (Rutledge, Davies, & Davies, 1994).

Durant l’adolescence, l’estime de soi globale est associée à la perception de

l’adaptabilité, la cohésion et le conflit au sein de la famille (Bijttebier, Goethals, & Ansoms, 2006 ; Bredehoft & Hey, 1985 ; Cashwell, 1995). L’adaptabilité et la cohésion sont positivement liées à l’estime de soi (Bámaca‐Colbert et al., 2018 ; Y. Li & Warner, 2015) contrairement au conflit (Gunnlaugsson, Kristjánsson, Einarsdóttir, & Sigfúsdóttir, 2011 ; Siyez, 2008 ; Slater & Haber, 1984). Plus un adolescent rapporte un haut niveau d’adaptabilité et de cohésion ainsi qu’un faible niveau de conflit, plus son estime de lui-même est significativement élevée. Pendant la période d’émergence de l’âge adulte, la verbalisation des sentiments, en plus de la cohésion et du conflit, prédit positivement l’estime de soi

globale (Kao, Nagata, & Peterson, 1997 ; Restifo, Akse, Guzman, Benjamins, & Dick, 2009). Concernant la symptomatologie dépressive, durant l’adolescence, davantage de

symptômes sont observés chez les adolescents rapportant le moins de cohésion et d’adaptabilité familiales (Cumsille & Epstein, 1994). Les adolescents présentant des

symptômes dépressifs décrivent leur famille comme moins soutenante et plus conflictuelle que les adolescents sans symptômes dépressifs (Sheeber & Sorensen, 1998). De même, la cohésion familiale est négativement corrélée à l’apparition d’une symptomatologie dépressive (Bámaca‐Colbert et al., 2018 ; Siyez, 2008). Durant l’émergence de l’âge adulte, les relations familiales continuent de jouer un rôle (e.g., Restifo et al., 2009). En effet, la cohésion, la verbalisation des sentiments ainsi que le conflit prédisent la symptomatologie dépressive (Restifo et al., 2009). Schwarz et Zuroff (1979) mettent en évidence que les adultes en

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émergence de sexe féminin relatant des relations familiales conflictuelles ont davantage de symptômes. En effet, le conflit, à l’inverse de la cohésion, est positivement lié à la symptomatologie dépressive (Yu et al., 2015).

Les résultats académiques n’ont pas fait l’objet de nombreuses recherches en lien avec les relations familiales telles que nous l’étudions. Pour autant, la littérature montre qu’à l’adolescence, l’adaptabilité et la cohésion sont en lien avec la réussite académique (Oljača, Erdeš-Kavečan, & Kostović, 2012). Les familles vécues comme conflictuelles et offrant peu

de cohésion et de verbalisation des sentiments constituent un environnement délétère pour la réussite académique (King, 1998). En effet, le conflit est négativement corrélé au sentiment de compétence scolaire (Campbell, Pungello, & Miller-Johnson, 2002). En première année universitaire, les résultats académiques sont plus faibles dans les familles conflictuelles (Bahrassa, Syed, Su, & Lee, 2011).

Les relations au sein de la famille, à travers leurs caractéristiques d’adaptabilité, de cohésion, de verbalisation des sentiments et de conflit, contribuent ainsi à l’ajustement psychosocial des adolescents et des adultes en émergence. Des relations familiales vécues comme plus positives et peu conflictuelles conduisent à un meilleur ajustement psychosocial (i.e., bien-être psychologique et estime de soi globale élevée, dépressivité faible et résultats académiques élevés) aussi bien chez les adolescents que chez les adultes en émergence.

La relation avec les parents ainsi que les relations familiales constituent ainsi un environnement plus ou moins positif et soutenant sur lequel l’individu peut prendre appui lors

d’une période de transition comme l’entrée à l’université. De ce fait, un environnement familial présentant davantage de responsivité et de soutien à l’autonomie de la part des parents ainsi que davantage d’adaptabilité, de cohésion et de verbalisation des sentiments au

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sein des relations familiales conduirait à un meilleur ajustement psychosocial chez les adultes en émergence. L’environnement familial semble donc être au centre des problématiques adaptatives de l’individu.