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II. Les sources primaires

3. Conclusion

Les sources de la connaissance de l’armement se présentent donc sous des formes diverses, chacune ayant ses richesses et ses limites. L’iconographie, les sources textuelles fournissent une matière dense à l’étude de la question de l’arme au cours de la période médiévale, qui peut être complétée par les apports de l’archéologie ou de l’ethnologie.

Les objets eux-mêmes ne demeurent pas moins la principale source leur propre étude,

370 CHAUSSIN, Métallurgie 1, Alliages métalliques, Technologie et université, Bibliothèque de l'enseignement

technique, Paris : Dunod, 1972, 380 pages, p. 122.

371 KLEIN Martin A., « Traité sur l'acier d'Alsace ou l'art de convertir le fer en acier (1737) de Gilles-Augustin

Bazin (1681-1754) », in Revue d'histoire des sciences et de leurs applications, tome 20, n°1, 1967, pp. 63-66.

car ils sont porteurs directs de données liées à leur fabrication et à leur usage. L’archéologie expérimentale semble être une approche pertinente pour accéder à ces informations, d’autant que les outils existent pour fournir au chercheur l’expertise nécessaire, certes toute relative, à cette approche.

En plaçant ainsi le chercheur au cœur de la démarche, c’est une perception nouvelle qu’on gagne des sources secondaires, iconographiques comme textuelles : toujours importants, leurs apports sont plus finement analysés, leurs limites également plus aisément appréhendées. En faisant de l’objet un témoin et un acteur de sa propre connaissance et de sa propre étude, on lui permet d’exprimer et de livrer des informations de première main quant à ses aspects techniques et pragmatiques. En accordant à l’observateur les capacités de comprendre ce qu’il observe tant dans le matériel que dans la documentation, on l’autorise à une réflexion continue, herméneutique dont les résultats dans l’analyse du matériel, dans la mise en relation entre l’armement et les domaines qui l’entourent permettent un approfondissement de la question de l’arme dans tous ses aspects : objet physique, vecteur symbolique, élément culturel.

Troisième partie : Les armes.

Les armes étudiées dans le présent travail sont conservées dans les musées de la région Bourgogne, où elles ont été examinées; un fer de pertuisane, cependant, a été étudié dans les locaux du Groupement Archéologique du Mâconnais. La présence d’armement dans ces collections nous était connue par les prospections et démarches effectuées dans le cadre de nos précédentes études universitaires373.

L’examen des objets a nécessité plusieurs voyages dans ces institutions. D’une part parce que les disponibilités en temps des personnels certes compétents et coopératifs mais souvent peu nombreux des musées et les nôtres propres devaient se combiner avec les impératifs des déplacements majoritairement ferroviaires. Également, de nombreux travaux de réfection des musées ont pris place pendant cet intervalle, retardant parfois l’accès aux objets. L’ensemble de la documentation matérielle a ainsi été analysée entre 2004 et 2008, même si une partie du matériel de Châlon-sur-Saône avait déjà été approchée lors des nombreuses visites effectuées lors de nos études antérieures, et même si c’est encore à ce musée que nous sommes retournés tout récemment.

Les conditions d’étude ou d’accès aux objets eux-mêmes ont représenté parfois un obstacle, surmonté avec plus ou moins de fortune grâce à la la bonne volonté des conservateurs et des personnels qui invariablement nous ont apporté une assistance admirable. Les réserves de ces institutions furent ainsi notre lieu principal d’analyse du mobilier, que nous avons tâché d’observer au mieux. Mais en raison de ces disparités de lieux et de temps, les objets n’ont pu bénéficier des mêmes conditions de lumière, principalement, bien que nous ayons tâché de leur accorder regard et une attention égale. Les salles d’exposition furent également parfois le cadre de ces examens, quand les circonstances rendaient impossible d’en retirer le matériel374. La principale conséquence apparaît dans l’inégalité de qualité des photographies qui illustreront les descriptions des objets, et pour laquelle nous présentons nos excuses : la bonne luminosité et les bons angles ont été parfois difficiles à trouver375.

373 COGNOT Fabrice, op. cit..

374 Ainsi les armes attachées à la vitrine de la salle consacrée à l’archéologie de la Saône au Musée Denon, ou

l’épée d’Avallon, dans son carcan de fer.

375 Ces images reflètent égal ement les progrès, en dix années, des appareils photographiques numériques dont au

moins cinq modèles di fférents ont servi au cours de nos déplacements. Mais nous avons tâché, au prix de quelques réglages informatiques, d’en compenser l es dissemblances et de mettre en valeur les él éments à y

Cette étendue temporelle et ces visites multiples à chaque institution s’intercalaient entre des phases où notre travail se consacrait à la compréhension et au développement des savoirs et des savoir-faire propres aux approches choisies, dont nous avons à l’instant esquissé les étapes et les contraintes. Mais cet espacement entre les visites, et la multiplication de l’analyse des pièces selon autant de conditions de lumière ou de réflexion que possible s’est révélé être à la fois un impératif de cette étude, et un bénéfice également : le réexamen des pièces à l’aune de nos propres progrès, tant dans l’acquisition des savoir-faire que dans la connaissance du matériel des autres collections bourguignonnes ou internationales a plus d’une fois permis d’ôter le verrou invisible posé sur certains détails pourtant bien là mais auparavant ignorés ou incompris.

Dans nos périples, nous nous sommes intéressés à toute forme d’armement du Moyen Âge ou de la Renaissance présent dans ces collections, voulant ainsi profiter et amorcer une exploration plus complète du matériel présent en Bourgogne. Toutefois, nous avons choisi de concentrer cette étude sur trois catégories d’armes pour lesquelles la documentation, et nos propres réflexions, fournissaient matière à ce travail. Nous espérons pouvoir néanmoins prochainement traiter des autres objets dans la suite de nos travaux.

Ce sont donc l’épée, la lance et la hache qui seront abordées ; le mobilier étudié dans le présent travail se répartissant ainsi (excluant donc le matériel laissé de côté) :

Autun Auxerre Avallon Beaune Châlon Châtillon Dijon Mâcon (G.A.M) Mâcon (Musée) Sens

Epée 1 1 21 1 1

Lance 1 1 15 1

Hache 2

Les musées et collections visitées sont les suivants : Autun : Musée Rolin, 5 rue des Bancs.

Auxerre : Musée-abbaye Saint-Germain, place Saint-Germain. Avallon : Musée de l'Avallonnais, 5 rue du Collège.

Beaune : Musée des Beaux-Arts, 19 Rue Poterne.

Châlon-sur-Saône : Musée Vivant Denon, Place de l'hôtel de Ville.

Châtillon-sur-Seine : Musée du Pays Châtillonnais - Trésor de Vix, 14 rue de la

Libération.

Dijon : Musée des Beaux-Arts, Palais des Etats de Bourgogne. Mâcon : Musée des Ursulines, 5, rue des Ursulines.

Mâcon : Groupement Archéologique du Mâconnais, Maison de l'Archéologie (Ancienne Chapelle des Recollets) Rue Sennecé.

Sens : Musées de Sens, 135 rue des Déportés et de la Résistance.

Le musée de Châtillon-sur-Seine abrite deux épées, des découvertes fortuites anciennes dont l’état de conservation rendait impossible toute analyse significative. Une épée de Châlon-sur-Saône a également été laissée de côté, ses éléments séparés n’ayant été soumis ensemble à notre examen que trop récemment. Nous n’avons gardé dans notre échantillon qu’un seul fer de lance du musée d’Autun, l’autre étant dans un état n’en permettant pas l’étude satisfaisante.

Les lances ont cependant posé un problème tout particulier dans notre recherche qui nous a amené à un traitement plus approfondi des évolutions morphologiques et dynamiques de celles-ci. En effet, autant la lance dans ses avatars du premier millénaire après Jésus Christ a été relativement bien étudiée, autant la lance médiévale semble, tout spécialement comparée à l’épée, bénéficier d’une littérature moins dense. Nous nous sommes ainsi trouvés piégés par notre mobilier, qui avait bien des choses à révéler ; mais plutôt que de laisser de côté cette arme nous avons pris le parti de combler cette zone particulière de l’étude de l’armement du Moyen Âge. La lance fera l’objet d’un approfondissement plus développé faisant davantage appel aux sources secondaires aptes à fournir des informations tant sur les évolutions morphologiques que techniques de l’arme. Dans une moindre mesure, les haches ont également reçu un tel traitement malgré la quantité très réduite d’armes de cette catégorie dans notre échantillon.

Nous allons nous attacher pour chaque catégorie d’arme à proposer un rappel de l’histoire de chaque classe d’objet, dans leurs évolutions respectives tant matérielles qu’historiques, qui sera suivi de l’étude du matériel à proprement parler, présenté sous forme de fiches descriptives sommaires. Les apports et réflexions issues de l’analyse des objets sur les éléments liés à leur fabrication, puis les aspects d’utilisation de l’arme seront ensuite abordés.

altéré : oxydé, restauré, il ne présentait pas souvent les dimensions originales. La corrosion a pu faire se dilater les objets, tout comme elle a pu leur faire perdre une bonne partie de leur matière. Les armes nettoyées, débarrassées des produits de corrosion, ont quant à elles des dimensions inférieures à ce qu’elles étaient à l’origine. Elles peuvent en outre présenter des surfaces lacunaires, des bords dentelés en raison de ces mêmes phénomènes. Dans nos prises de mesures, en particulier pour les lames des épées et dagues et les flammes des lances, nous avons donc cherché à mesurer au plus proche de ces dimensions d’origine, même s’il est certain que nos mesures sont toujours à considérer, du moins sur le matériel débarrassé de produits d’oxydation, comme en deçà de celles-ci.

En ce qui concerne nos propositions relatives aux méthodes et aux étapes de fabrication et de mise en forme, elles reposent et se concentrent sur le matériel étudié : il existe probablement d’autres procédés, d’autres manières, mais nous avons choisi de ne parler que de ce que nous avons vu dans notre échantillon ou pu déduire de celui-ci.