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DEUXIEME SECTION : PRESENTATION DES DONNÉES RELATIVES AUX ACTEURS DE

Encadré 10. Remarques sur les producteurs "purs" de pleine terre

I.4 Conclusion sur les situations de l’agriculture à Dakar 1 Sur la diversité des systèmes de production et d’activité

La diversité des types de systèmes de production : 7 (maraîchage, arboriculture, floriculture, microjardin, riziculture, élevage et pêche) explique le nombre assez élevé de types notamment tiré vers le haut par les systèmes de production de pleine terre "mixtes" (12 sur 29). Cela signifie qu’en ville, soit la lutte contre la pauvreté via l’autoconsommation et la vente, soit la disponibilité des marchés via l’approvisionnement urbain motivent les stratégies des agriculteurs qui diversifient leurs productions pour se ravitailler au maximum en produits agricoles (autoconsommation) ou pour se créer des occasions de rentrée d’argent à des périodes différentes de l’année (vente aux citadins). - Dans les ménages agricoles, les liens sont forts avec la ville, soit à travers l’emploi (types C, B), soit à travers la vente plus ou moins directe de produits agricoles (tous types).

- La prédominance des systèmes de production de pleine terre "purs" et "mixtes" et l’importance de la vente dans ces types (cf. destination des productions dans les tableaux récapitulatifs des caractéristiques des types) renseignent sur la nécessité, pour l’agriculture de Dakar, de disposer d’un espace sécurisé pour se développer et contribuer à l’alimentation de la ville.

- Le fait que les producteurs qui ne vivent que de l’agriculture et ceux qui sont double- actifs soient plus représentés (respectivement 101 et 63) montre que l’agriculture fait directement vivre beaucoup de personnes même si, parfois, les producteurs complètent leur

revenu en prenant un emploi dans la ville. Par contre, la faiblesse des producteurs dont le conjoint travaille hors de l’agriculture peut s’expliquer par le fait que, dans notre échantillon, nous avons 80% d’agriculteurs et 20% d’agricultrices et, parallèlement, 74 % de chefs de ménage. Or les femmes sont moins présentes sur le marché de l’emploi non agricole que les hommes. En effet, selon l’enquête emploi de la DPS (2004), « sur une population potentiellement active (individus de 10 ans et plus) estimée à 1 479 900 personnes, l’agglomération urbaine de Dakar compte 756 300 actifs, soit un taux d’activité de 51,1%. A l’image de ce que l’on observe dans les pays développés et dans la plupart des pays en développement, le taux d’activité des femmes est inférieur à celui des hommes (41,1% contre 62,1%). Ces disparités sont plus marquées à 30-49 ans, âges auxquels les femmes subissent le plus de contraintes liées à la maternité et à l’éducation des enfants, ce qui les poussent à restreindre leur présence sur le marché du travail au profit des tâches domestiques » (p. 2). Or, dans notre échantillon, nous avons 80% d’hommes et 20% de femmes âgés de 19 à 70 ans et plus.

- Parmi les « pleine terre » qui ne vivent que de l’agriculture, les "mixtes" emploient moins de main-d’œuvre salariale permanente que les "purs" : 34 contre 48.

- Par contre, les pleine terre "mixtes" qui comptent sur un revenu complémentaire gagné hors de l’agriculture utilisent plus de salariés permanents que les "purs" : respectivement 51 contre 7 pour les double-actifs et 10 contre 4 pour ceux dont le conjoint travaille hors de l’agriculture.

- Beaucoup de types de systèmes de production "mixtes" (type de production végétales et animales) : pour la satisfaction des besoins familiaux et la vente.

- L’autoconsommation seule est réalisée par quelques petits hors sols "purs". Les autres petits font de la vente aussi, même des petits microjardiniers.

- La vente se fait surtout sur l’exploitation, le marché local ou le marché aux fruits et légumes de Thiaroye.

- Les maraîchers "purs" comprennent les plus gros maraîchers. - La plupart des floriculteurs sont petits et migrants.

- On a une grande majorité de producteurs ne vivant que de l’agriculture et il existe des double-actifs qui sont de tailles très différentes et de systèmes différents.

I.4.2 Focalisation sur certains éléments

* Pour les productions légumières, il y a des différences entre ceux qui font du maraîchage et ceux qui font du microjardinage.

Ainsi, les producteurs qui font du microjardinage ont une plus grande diversité de production de légumes feuilles que les producteurs qui font du maraîchage. En effet, parmi les 11 légumes feuilles cultivés, ils sont les seuls à en produire 4 : la ciboulette, le persil, le céleri et la bette. En outre, ils sont plus nombreux à faire de la laitue (30 contre 23), de la menthe (28 contre 11) et du basilic (4 contre 2). Par contre, le chou est beaucoup plus cultivé par les maraîchers (21 contre 16).

Pour les légumes fruits aussi, cinq sur les neuf recensés sont davantage cultivés par des producteurs qui font du microjardinage que ceux qui font du maraîchage : le piment (17 contre 11), la tomate (28 contre 25), le concombre (21 contre 4), l’aubergine (14 contre 9) et le gombo (8 contre 6). Par contre, le diaxatu reste plus cultivé par les maraîchers (21 contre 12).

Pour les légumes bulbes, les producteurs qui font du maraîchage sont dominants : 18 contre 10 qui font du microjardinage. Ils sont juste devancés pour la culture de la ciboule (1 contre 5).

Les légumes racines sont plus cultivés par les producteurs qui font du microjardinage : 21 contre 10 qui font du maraîchage. En outre, ils sont les seuls à faire du radis.

Les légumes tubercules sont plus produits par les producteurs qui font du maraîchage : 7 contre 3 qui font du microjardinage. Un seul microjardiner a déclaré faire de la pomme de terre (contre aucun maraîcher).

Le haricot vert est davantage produit par les maraîchers (4) contre 1 microjardinier.

Donc, globalement, le microjardinage a permis d’introduire une plus grande diversité dans la production de légumes à Dakar, et notamment d’introduire des légumes innovants (radis, bette et basilic, par exemple.

* Pour les productions animales hors sol, reliques d’un phénomène culturel, symbolique ou prolongeant l’attachement au monde rural, en ville, à la base, un seul mouton appelé « mouton totem » (Fall, 2002) suffit mais, la recherche d’utilité économique peut conduire l’éleveur à agrandir son troupeau pour la consommation occasionnelle ou la création de revenu par le biais de la vente.

* Pour la main-d’œuvre, elle est généralement plus importante chez les producteurs de pleine terre que chez les hors sol. Elle est aussi globalement plus importante chez les producteurs "mixtes" que chez les purs. Généralement, on note une très forte implication des autres membres de la famille du producteur agricole à travers l’aide à la production. * Pour l’accès au marché, on peut dire que, globalement, la vente, au moins sur l’exploitation et le marché local, est assurée. Cela montre que l’agriculture est une source de revenus qui, hormis les coûts de production, ne nécessite pas, dans la majeure partie des cas, de coûts de transport. Cela implique aussi que des intermédiaires (bana-banas et commerçants) soient nécessaires pour assurer l’acheminement des produits et leur écoulement auprès des citadins. Seules les productions hors sols échappent à ce constat. * Pour le matériel agricole, seulement 5 producteurs à dominante maraîchage, 4 à dominante arboriculture et 1 floriculteur utilisant du gros matériel agricole. Pour les producteurs hors sol, le matériel est souvent de récupération et permet de faire du recyclage. Il prouve l’ingéniosité de ces éleveurs pour installer et nourrir leurs animaux : caisses en bois fabriquées par un menuisier pour les volailles et grillage dans un coin de la cour, restes alimentaires domestiques pour les ovins/caprins

* Par ailleurs, nos résultats ont montré le rôle important joué par l’encadrement technique agricole, les producteurs et les fournisseurs sur la diffusion de l’information concernant le mode d’emploi des intrants. On se demande si les fournisseurs ont reçu une formation adéquate pour cela.

* Les femmes retrouvent une plus grande présence dans la production agricole, grâce aux microjardins.

Après cette typologie et l’analyse des producteurs et de la destination de leurs productions, nous allons passer à leur localisation dans l’espace de l’enquête.