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PFÉQ 2006 Domaine général de formation ‘‘Santé et

2.5 Comparaison entre les programmes québécois et les programmes canadiens

francophones

Dans le cadre de notre réflexion sur l’orientation des programmes au Québec (QC), nous avons également effectué l’analyse des programmes canadiens à l’égard de la

85 formation personnelle et sociale (FPS) dans lesquels l’éducation à la sexualité est intégrée. Pour des raisons linguistiques, ceux répertoriés et analysés proviennent des quatre provinces canadiennes qui dispensent l’enseignement en français au primaire et au secondaire39, soit l’Île-du-Prince-Édouard (IPE), le Nouveau-Brunswick (NB), le Manitoba (MA) et l'Ontario (ON). Afin d’en savoir davantage sur les notions spécifiquement abordées dans chacune des provinces francophones canadiennes, le lecteur est invité à prendre connaissance de l’annexe D.

Le tableau 10 ci-après met en commun les notions abordées dans chacun des programmes des cinq provinces canadiennes suivantes qui dispensent l’enseignement en français: le QC, l’IPE, le NB, le MA et l'ON. La colonne de gauche mentionne les savoirs, savoir-faire et savoir-être visés, tandis que les autres colonnes indiquent les niveaux d’enseignement (primaire, secondaire et formation des adultes), les années de scolarité (1re à la 12e année). Pour sa part, la 7e et la 8e année sont particulières puisqu’elles n’existent pas au QC, mais constituent les curriculums québécois de secondaire 1 et 2, considérant que ce sont les dernières années du primaire pour le NB, le MA et l'ON. Quant à la 9e à la 12e année, celles-ci sont dispensées au secondaire dans les provinces précédentes. Enfin, pour l'IPE le primaire concerne la 1re à la 9e année et le secondaire, la 10e à la 12e année.

39 Tenant compte que certains programmes sont uniquement disponibles en langue anglaise, même si

l’enseignement est effectué en français, une ‘‘traduction libre’’ de notre part permet de faire état en français des compétences et composantes de compétences ciblées ainsi que des savoirs, savoir-faire et savoir-être visés dans les différents programmes analysés.

Tableau 10

Comparaison des programmes d’études des cinq provinces canadiennes dispensant l’école en français

1= Québec (QC) 2= Île-du-Prince-Édouard (IPE) 3= Nouveau-Brunswick (NB) 4= Manitoba (MA) 5= Ontario (ON) Primaire Secondaire Savoirs, savoir-faire et savoir-être visés 1 re 2e 3e 4e 5e 6e 7e 8e 9e 10e 11e 12e

Parties internes/externes du corps 1,3,4,5 1,3 1,3 1 1 1 3 2

Corps féminin/masculin 1,4 1,3 1,3,4 1,3,4

Puberté 3 1,3,5 1,4,5 1,2,3,4,5 1,2,3,4,5 1,3 1,2 1 1

Exploitation sexuelle 1,3 1 1,3 1 1,3 1,2,3,4 1,3,4 1,3 1,2 1,3 1

Rôles et stéréotypes sexuels 1 1 1,3 1,3,4 1,3,4 1,5 2 1 1 1 1,5

Identité sexuelle 1 1 1 1 1 1,3 1,3 1,3,5 1,3,5 1,3 1 Naissance/accouchement 1 1 1 1 Processus de reproduction 1 1,4 1,4 1,4 1,4 1,4 2,4 4 2 Reproduction féminin/masculin 1,4 1,4.5 1,3,4 1,2,4 1,4 2 Menstruation 1 1,4,5 1,4 2,4 1,2 1 1 Fécondation 3 3 3,4 3,4 1,2,3,4 1,3 2 Conception 3 3 4 2, 4 3, Grossesse 3,4 1,2,4 1,4 3,5 Fœtus 1 1 1 1 1,3 1,4 2,4 2 Naissance 3 3 3 1,3 1,3 1,3 Éjaculation 1 1 1 Érection 1 1 1 Masturbation 1 1 Éveil sexuel 1,3 1,3

Alcool et des drogues 5 3,5 3,4,5 2,3,4

,5 4,5 4,5 4,5 1,2,3,5 1,5 1,5

Méthodes contraceptives 4 1,3,4 1,4 1,2,3 1,3 1 1,2

Ressources disponibles 4 4,5 4 1,4 1,2 2,5 5

Plaisir 1 1 1 1

87

Abstinence 3,4 2,3,4,5 3,4 2,3

ITSS/ ITS/MTS 4 4 3,4 3,4,5 2,3,4 1,2,3,5 1,3 1

Orientations sexuelles 1 1,2 5 2

Bien-être 1 1 1 1,2 1 1,2 1 1 1,3 1 1

Compr. et expr. ses sentiments 1 1,4 14 1,2 1,2 1,2 1 1 1 1 1

Activités physiques 1 1,4 1,4 1,2 1 1,2,4 1,4 1 1 1,3 1 1 Alimentation 5 5 5 5 5 3,5 3,5 5 3,5 3,5 5 5 Interactions sociales 1 1 1 1,2 1,2 1,2,4,5 1,4 1 1 1 1 Stratégies 1 1 1 1,2 1,2 1,2 1 1 1 1 1 Hygiène 1,3,5 1,3,5 1,3,5 1,3,4,5 1,2,3,4 1 1 1 1 1 1 Stress 1 1,4 1,4 1 1,2 1 1 1,5 1,2 1 1

Image de soi /corporelle 2,4 4 3,4 2,3,4,5 5 3 3

Concept de soi 5 5 Estime 3 2,3 Valeurs personnelles 3 3 1 1 1,4 1,4 1,4 1 1,3 1 1 Influences sociales 2,4 2,4 4 1,2,4 1,4 2 Relations interpersonnelles 4,5 4,5 1 1 3 Responsabilités/sécurité 1,4,5 1,4,5 1,4,5 1,2,4,5 1,4,5 1,2,3,4,5 1,2,3,4,5 1,3,4,5 1,5 1,5 1,5 1,5 Sentiments/expression sexualité 1 1 1 1,2 1,3 1 1 1 1,2 1,3 1 Besoins 1,3,5 1,3 1,3 1,3 1,3 1,3 1,3 1,3 1,3 1,3 1 Mythes 3,4 3,4 3 2 3 Médias 2 4 1,2 1 1 Santé mentale/physique 1 1 1,3 1 1 1 1,5 1 1,5 1 1,5 Violence/harcèlement/intimidation 5 5 5 5 5

Les cinq provinces ont en commun les savoirs, savoir-faire et savoir-être ciblés: puberté (6-7e) et responsabilités et sécurité (6-7e). Outre le QC, quatre provinces canadiennes ont en commun les notions suivantes: alcool et drogues (5e); ITSS (7e); orientations sexuelles (8e); image de soi/corporelle (7e). De plus, le QC a en commun avec l’IPE, le NB et le MA des notions communes. Plus particulièrement, le QC et l’IPE partagent les notions qui suivent: puberté, exploitation sexuelle et menstruation (9e); bien- être (5e-6e); compréhension et expression de ses sentiments et stratégies (4-5-6e); activités physiques (4e); interactions sociales (4-5e); stress (5-9e); sentiments et expression sexualité (4-9e). Également, entre le QC et le NB, les notions suivantes sont similaires: parties internes et externes du corps (2-3e); corps féminin/masculin (1re); puberté (4-8e); exploitation sexuelle (1-3-5-8-10e); rôles et stéréotypes sexuels (3e); identité sexuelle (6-7- 8-9-10e); fécondation (8e); fœtus (5e); naissance (4-5-6e); éveil sexuel (7-8e); méthodes contraceptives et relations sexuelles adolescentes (10e); ITSS (10e); bien-être (9e); activités physiques (10e); hygiène (1-2-3e); valeurs personnelles (10e); sentiments et expression sexualité (5-10e); besoins (1-2-3-4-5-6-7-8-9-10e). En ce qui a trait au QC et au MA, les notions partagées sont les suivantes: corps féminin/masculin (1re); puberté (5e); processus de reproduction (2-3-4-5-6e); reproduction féminin/masculin (4-5-8e); menstruation (5-6e); grossesse (8e); fœtus (6e); méthodes contraceptives (7-8e); ressources disponibles (7e); relations sexuelles adolescentes (7-8e); compréhension et expression de ses sentiments (2- 3e); activités physiques (2-3-7e); interactions sociales (7e); stress (3-4e); valeurs personnelles (6-7-8e); influences sociales (8e); responsabilités/sécurité (1-2-3-5e). Finalement, les notions communes au QC et à l'ON sont les subséquentes: rôles et stéréotypes sexuels (6-12e), responsabilités et sécurité (9-10-11-12e) et santé mentale et physique (7, 9, 11e).

 Les notions communes aux cinq provinces

Les notions communes aux cinq provinces canadiennes proviennent des programmes de FPS du QC (Gouvernent du Québec 1984a; 1984b), de l'IPE (Gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard), du NB (Gouvernement du Nouveau- Brunswick), des programmes d'éducation à la sexualité du MA (Gouvernement du

89 Manitoba, 2005a, 2005b), du programme d’éducation physique et à la santé (Ibid., 2000) et des savoirs de la composante ‘‘vie saine” des programmes d'éducation physique et à la santé de l'ON (Gouvernement de l’Ontario, 2015a, 2015b). La première notion partagée est le savoir de la puberté en 6e et 7e année. Selon Tresch et Ohl (2015), ce dernier est d'autant plus essentiel lorsque la puberté est précoce et concerne les filles, car les changements corporels pourraient avoir un impact négatif sur l'estime de soi tout en favorisant les rapports sexuels. Dans le même ordre d'idées, les provinces canadiennes dispensant l’enseignement en français sont unanimes sur le développement sexuel, à savoir que les élèves devraient aborder les agressions sexuelles et les sévices de même nature, dont les attitudes, les comportements et les règles de sécurité favorisant la prévention de l'exploitation sexuelle (Bernier-Riopel et Ouellet, 2011). Un abus sexuel se produisant lorsqu'un individu contraint une personne moins âgée par une manipulation morale et peut avoir recours aux rapports sexuels sans consentement (Coinçon, 2003). Dans le cas de l'ON, les savoirs liés à la sécurité amènent l'élève à considérer celle-ci au regard des éléments ci-après: dans les gestes quotidiens; lors de l'utilisation de la technologie; par rapport aux allergies alimentaires, aux blessures physiques, à la santé mentale, au suicide et aux implications légales de la violence. En somme, les quatre savoirs communs concernent le domaine de la santé sexuelle des jeunes du primaire et des adolescents en secondaire 1.

 Les notions abordées dans quatre provinces canadiennes

Quatre provinces canadiennes partagent en 5e année les savoirs liés à l’alcool et aux drogues. Si l'abstinence est un savoir développé en secondaire 1, les ITS correspondent à un savoir enseigné en secondaire 2. Toutefois, certains programmes misent sur l'abstinence comme premier choix pour la santé sexuelle, les savoirs concernent « evidence of this is seen in the medicalized images of genitalia, purpose-fully labeled ‘‘reproduction organs’’ with wich students are presented » (Allen, 2004, p. 155). Ainsi, les savoirs enseignés relèvent essentiellement de ceux à l’égard des organes reproducteurs et de la génitalité. Pour Greslé-Favier (2010), le courant de pensée soutenant l'abstinence se définit comme étant « information on contraception and condoms was provided, abstinence was still

90 promoted as the best choice for teens for their physical -and also emotional-health » (p. 417).

 Les notions abordées dans trois provinces canadiennes

Enfin, l'image de soi et l'image corporelle sont un savoir partagé en secondaire 1 par trois provinces canadiennes. Si la puberté et les changements corporels affectent tant les filles que les garçons, chez ces premières l'image de soi devient davantage importante et négative, tandis que chez les garçons c'est le développement musculaire qui augmente l'estime de soi (Badaud, Rodiguez-Tomé, Cohen-Zardi, Delma et Jeanvoine, 1999).

 Les notions spécifiques au Québec

Au Québec, depuis la dernière réforme de l’éducation amorcée en 1999 (Langis, 2009b), le cours de FPS a été graduellement enlevé des contenus obligatoires à enseigner (Gouvernement du Québec, 2003). Depuis ce jour « nous savons que le programme Formation personnelle et sociale disparaît avec la mise en application du nouveau Programme de formation de l’école québécoise » (Ibid., p. 6). L’éducation à la sexualité repose sur les domaines généraux de formation et les compétences transversales présentes dans l’ensemble des disciplines enseignées au primaire et au secondaire (Langis, 2009b). C’est ainsi qu’en éducation physique et sportive « les activités physiques, que ce soit des jeux, des sports ou autres pratiques, deviennent des moyens de contextualiser les apprentissages, de développer l’agir corporel » (Genet, Volet et Desrosiers, 2002, p. 187). Pour sa part, la CS English Montréal40 poursuit la mise en application d'un programme pilote en éducation à la sexualité. La première notion vue exclusivement au Québec de la 4e à la 6e année primaire concerne les parties internes et externes du corps. Selon Bon (2007), il est d’intérêt que les savoirs correspondent à la réalité actuelle des enfants, qui sont beaucoup plus informés qu'auparavant car la sexualité est exposée par la nudité adulte, les scènes d'amour et notamment la pornographie. La puberté est abordée en 4e et 5e

40 Le site Internet de la CS English Montréal est téléaccessible à l'adresse suivante:

91 secondaire, tandis que l'exploitation sexuelle concerne le 2e, 4e et 5e secondaire. D’ailleurs, contrairement aux programmes de la réforme curriculaire des années 1980 (Gouvernement du Québec, 1984a, 1984b), les adolescents d'aujourd'hui amorcent la puberté « entre 12 et 14 ans » (Huerre, 2003) en s’échelonnant ainsi de la 6e année primaire à la 2e année secondaire. Ce sont par les stéréotypes et les rôles sexuels que sont développés les savoirs en 1re,2e et 6e année primaire et en 2e, 3e et 4e secondaire. Pour sa part, l'identité sexuelle est vue de la 1re à la 5e année primaire et en 5e secondaire. Quant à la construction identitaire, elle débute dès l'enfance (Ibid.) et ce sont les expériences personnelles vécues avec l’entourage qui la définissent (Braconnier, Bretonnière-Fraysse, Choquet, Coinçon, Giscard l'Estaing, Huerre et Revah-Levy, 2003). Parfois la relation entre les changements physiques et psychiques amène l'adolescent au marquage corporel, maîtrisant ainsi ses sentiments, son corps (Theriault, 2005).

Parallèlement, les savoirs par rapport aux notions liées à la naissance et à l'accouchement sont enseignés de la 1re à la 4e année primaire, tandis que les processus de reproduction sont évoqués en 1re année primaire. Quant aux savoirs en lien avec les menstruations, ils sont abordés en 4e année et leur enseignement se poursuit en 4e et 5e secondaire. Pour sa part, le développement du fœtus est vu de la 1re à la 4e année primaire. Portant sur l'une des dimensions de la puberté masculine, l'éjaculation est un savoir étendu de la 4e à la 6e année primaire alors que l'érection concerne la 3e à la 5e secondaire. Ainsi, la maturation pubertaire a trait à la compréhension du corps sexué, à l'affirmation de son identité sexuelle et à la gestion de ses pulsions sexuelles (Courtois, Bariaud et Turbat, 2000). En fait, selon Huerre (2003), si l’adolescent présente des difficultés langagières importantes, il serait davantage porté à amorcer sa vie sexuelle. Concernant la masturbation, cette notion est discutée en 1re et 2e secondaire, tandis que l’alcool et les drogues sont interrogés uniquement au 2e cycle du secondaire. Enfin, au Québec les méthodes contraceptives sont exclusivement vues en 5e secondaire, contrairement au plaisir qui est discouru de la 3e à la 5e secondaire dans le programme (Gouvernement du Québec, 1984b) et de celui de l'éducation aux adultes par l’entremise du développement personnel et social. D’après Allen (2004), la notion de plaisir est essentielle en éducation à la sexualité

92 puisqu'elle concerne l'entrée en sexualité, et ce, en sachant que pour les garçons la sexualité est souvent associée à la pornographie. C'est pour cette raison qu'il est incontournable de considérer l'intérêt des adolescents d'aujourd'hui.

À cet effet, Langis (2009b) souligne que chez ces derniers, les notions sur l’attirance physique, le plaisir et la satisfaction sexuelle sont d’intérêt. En ce sens, Cadéac d'Arbaud (2010) précise que le stress par rapport à l'entrée en sexualité amènerait ceux-ci à contacter des réseaux d'écoute afin de solliciter des renseignements sur le premier rapport sexuel ou baiser, l'interruption volontaire de grossesse et la contraception. Pour leur part, les relations sexuelles à l’adolescence sont des savoirs enseignés en 3e et 5e secondaire, tandis que les ITS sont vues en 5e secondaire et à l’éducation aux adultes. En ce qui concerne les orientations sexuelles, ce sont des savoirs discourus en 1er secondaire, contrairement au bien-être qui occupe une place importante de la 1re à la 3e et 5e année du primaire, mais aussi en secondaire 1, 2, 4 et 5.

Pour Bernier-Riopel et Ouellet (2011), les dimensions de la sexualité qui suivent permettent à l’individu de construire son identité: le biologique, le psychologique et les affects, la morale et l'éthique, le spirituel, le social, le culturel et la communication, le relationnel et juridique. Dans cette perspective, la compréhension et l'expression de ces sentiments est un savoir s'étalant de la 1re année primaire au 1er et 2e cycle du secondaire. Les activités physiques sont aussi au cœur des savoirs en sexualité allant de la 1re à la 6e année primaire, mais aussi vue en 2e, 3e et 5e secondaire. Quant aux interactions sociales, elles concernent le 1er cycle du primaire ainsi que les 2e à 5e secondaire. Pour sa part, l'hygiène est un savoir exclusif à l’enseignement au secondaire alors que le stress a trait à la 1re, 4e et 6e année primaire ainsi qu’au 1er et 2e cycle du secondaire. Si les valeurs personnelles sont exposées en 4e et 5e année primaire, puis en 3e et 5e secondaire, les relations interpersonnelles sont expliquées au premier cycle du secondaire et les responsabilités ainsi que la sécurité, au deuxième cycle du secondaire. Les sentiments et l'expression de sa sexualité sont discourues de la 1re à la 3e année primaire, mais aussi en 6e année primaire et en secondaire 1 et 5. Également, les besoins sont traités en 5e secondaire et les médias en 4e et 5e secondaire. Enfin, la santé mentale et physique est le savoir le plus

93 développé au cours du cursus scolaire québécois, car son enseignement est effectué en 1re, 2e, 4e à 6e année primaire ainsi que tout au long du secondaire.

De manière plus spécifique, le tableau 11 suivant présente les compétences et les composantes de compétences favorisées au Québec.

Tableau 11

Compétences et composantes de compétences favorisées au Québec

Compétences Composantes de compétence

Corps féminin et masculin Parties internes et externes Puberté (identité sexuelle)

Sécurité Exploitation sexuelle

Mythes

Processus de reproduction Reproduction féminine et masculine (grossesse: fécondation, fœtus, conception et naissance/accouchement)

Menstruation

Exploration sexuelle Éveil sexuel (érection, masturbation et éjaculation) Alcool et drogues

Contraception et ressources Infections transmises sexuellement et par le sang et ressources disponibles Plaisir

Relations sexuelles adolescentes Abstinence

Développement psychosexuel Orientations sexuelles, rôles et stéréotypes sexuels

Bien-être, image de soi et image corporelle, estime de soi et valeurs personnelles

Compréhension et expression de ses sentiments Activités physiques et alimentation

Interactions sociales Stratégies et responsabilités

Le tableau précédent présente les compétences et les composantes de compétences développées par l’entremise des programmes de FPS (Gouvernement du Québec, 1984a, 1984b), le PFÉQ (Ibid., 2006), mais aussi à l'enseignement secondaire issu de la dernière réforme curriculaire de 1999 et les programmes de formation de l'éducation des adultes. Les éléments soulignés font état des composantes de compétences présentement favorisées au Québec. Ainsi, la puberté, la sécurité, l'exploitation sexuelle, la fécondation et les responsabilités sont les notions mises de l’avant dans le cursus scolaire québécois.

94 En 2003, le gouvernement du Québec publiait le guide intitulé Éducation à la sexualité dans le contexte de la réforme de l’éducation (Gouvernement du Québec, 2003). Il s’adresse aux éducateurs et aux enseignants afin de guider ceux-ci dans l’éducation à la sexualité en milieu scolaire. Il mise notamment sur l’importance de l’éducation à la sexualité à l’école pour permettre aux jeunes de détenir les outils, ressources et informations nécessaires lors de situations délicates. Faisant suite, le gouvernement du Québec (2008b) met en place Le guide de soutien à la mise en œuvre d’une démarche d’éducation à la sexualité à l’éducation préscolaire, au primaire et au secondaire intitulé; L’éducation à la sexualité: oui, mais comment. En 2014, ce dernier publiait le document intitulé La sexualité saine et responsable en contexte scolaire: recommandations du groupe de travail national sexualité-jeunesse (Ibid., 2014a). Ce dernier présente la vision gouvernementale de l’éducation à la sexualité définie suite à une recherche menée par la Chaire de recherche du Canada en éducation à la santé sur l'intégration et la coordination des actions en éducation à la sexualité en milieu scolaire dans le contexte de la transformation des réseaux de l'éducation et de la santé, pour les gestionnaires et les professionnels dans le milieu de la santé41. L’orientation donnée par le gouvernement du Québec (Ibid.) met l’accent sur la collaboration entre l’ensemble des acteurs éducatif afin que l’éducation à la sexualité corresponde au contexte sociétaire actuel.

En définitive, les courants en éducation à la sexualité teintent les savoirs abordés dans les programmes à son égard. Les principaux courants portent d'une part sur la religion, la sexualité et ses dangers ainsi que la liberté des expériences sexuelles (Theriault, 2005). Les notions abordées dans les programmes d'éducation à la sexualité apportent globalement des informations sur la contraception, le corps et la puberté, en sachant que selon Verdure, Rouquette, Delori, Aspeele et Fanello (2010), les adolescents souhaiteraient, entre autres, être davantage informés au regard de la pornographie, la grossesse et l'accouchement. À ce

41 Chaire de recherche du Canada en éducation à la santé. 12 avril 2016. L’intégration et la coordination des

actions en éducation à la sexualité en milieu scolaire dans le contexte en transformation des réseaux de l’éducation et de la santé. Site téléaccessible à l'adresse suivante:

<http://www.espaceitss.ca/DATA/DOCUMENT/71~v~Lintegration_et_la_coordination_des_actions_en_ education_a_la_sexualite_en_milieu_scolaire.pdf>.

95 propos, Jeammet (2005) ajoute que c'est par l'apprentissage de l'entrée en sexualité versus la pornographie que l'adolescent minimisera son idéalisation de l'acte sexuel. De plus, Black, Francoeur, Roue, O'Grady, Pymar et Smith (2004) relèvent que les savoirs relatifs à la contraception doivent être attrayants, d'autant plus qu'ils « sont rarement, ou même jamais, enseignés ou discutés directement » (p. 163). Dans cette optique, « evidence-based comprehensive sexuality education is essential for all childrenand adolescents » (Goldman, 2013, p. 447). Selon Cameron-Lewis et Allen (2013), « it is impossible to separate out all sexual experiences as either positive or negative » (p. 126). Également, tant au primaire qu'au secondaire les contenus portent sur les dimensions de la sexualité humaine où les thèmes semblent parfois se résumer à des techniques, tels les mécanismes de reproduction.

En somme, si les réformes curriculaires se sont succédées donnant lieu à de nouveaux programmes, l’analyse de ceux-ci ne laisse pas transparaître d’innovations au regard des notions abordées. Cependant, la collaboration entre les acteurs œuvrant auprès des élèves semble être essentielle par la mobilisation de ces derniers au sein des écoles (Gouvernement du Québec, 2008a). Elle concerne l’élève en tant que principal acteur de son développement, les parents, les enseignants, les professionnels, le personnel de soutien, le conseil d’établissement, la direction de l’établissement d’enseignement, la CS et la communauté (Gouvernement du Québec, 2003). Selon le gouvernement du Québec (2008a), afin d’y arriver il est nécessaire d’effectuer le portrait des besoins des élèves selon les niveaux d’enseignement, d’identifier les barèmes en éducation à la sexualité et de partager les responsabilités. D’après Beaulieu (2010), il serait également d’intérêt de former les personnels scolaires à l’éducation à la sexualité. De là l’importance de cerner les représentations des acteurs qui entourent les jeunes présentant une DI de manière à favoriser leur santé sexuelle.

3. PROBLÉMATISATION

Le présent sous-chapitre a pour finalité de faire état des résultats issus de différentes recherches menées à l’international, au Canada et au Québec, qui traitent de la sexualité

96 humaine, des dimensions de la sexualité en DI et de l’éducation à la sexualité en milieu scolaire. Pour ce faire, nous avons réparti celles-ci dans les sections suivantes: les recherches en éducation à la sexualité auprès des adolescents et des jeunes adultes tout- venant: à l’international, au Canada et au Québec; les recherches à l’international en éducation à la sexualité auprès de jeunes en DI; les recherches au Québec en éducation à la sexualité auprès de jeunes en DI.