• Aucun résultat trouvé

DEUXIÈME CHAPITRE – CADRE CONCEPTUEL

2. CONCEPT DE BESOINS

2.3 Nature humaine et ses besoins

2.3.2 Besoins de la nature humaine

Selon Cacioppo et William (2008), les gènes, en interaction avec l’environnement, influencent le développement cognitif de l’individu. Les auteurs font référence au phénomène de la sélection naturelle de laquelle certains comportements sont restés innés à l’humain, tandis que d’autres sont devenus moins privilégiés à l’individu (Ibid.). Foot (2001) indique que la vertu est nécessaire à la nature humaine car elle guide la personne dans ses actions. Celle-ci ajoute que « human beings are rational beings » (Ibid., p. 52). De manière générale, l’humain fait des choix sensés et émotionnels qui guident ses actions pour sa quête du bonheur. Il existe un biais important dans la quête du bonheur, notamment dans la superficialité imprégnée au cœur du modèle de pensée du bonheur. L’objectif n’est pas d’atteindre le bonheur parfait, mais de vivre sa vie de manière à ressentir le bonheur. N’aidant pas au phénomène de superficialité, la terminologie du bien-être a changé dans le temps pour devenir une quête de richesse personnelle plutôt qu’être bien avec soi-même (Haybron, 2008). Cependant, « one value basis that would justify human rights in term of human beings per se would be human needs » (Galtung, 1994, p. 54). Pour Andersen, Chen et Carter (2000), l’humain a un besoin fondamental d’autonomie et de liberté dans ses actions et ses décisions.

En fait, l’individu éprouverait le besoin d’être en connexion avec l’autre (Cacioppo et William, 2008). Il ressent le besoin d’avoir des relations interpersonnelles avec autrui parce que se comparer lui permet de se déterminer en tant qu’être humain (Ayer, 1952). Andersen, Chen et Carter (2000) appellent cela « relatedness » (p. 270). Deci et Ryan (2000) ajoutent que ce besoin est central à l’individu. Pour sa part, Waldron (2000) parle de besoin de communication dont l’expression des émotions aurait un impact sur la perception et la compréhension du besoin. Quant à Miller (1989), il détermine la perception d’un besoin comme étant la manière de l’interpréter selon les émotions de l’individu. Ce besoin

153 de collectivité nous amène à considérer les codes moraux en société. O’Neill (2005) rectifie en mentionnant que les relations instrumentales ou impersonnelles ont pour but d’atteindre un objectif par le biais d’un autre. Ce serait donc une relation de donneur-receveur car elle impliquerait un gain quelconque pour la personne. Readers (2005) énonce que les nécessités de la vie humaine contribuent au développement d’une société. Ce sont ces relations de nécessité qui permettent d’avoir une société en constant changement, car tout un chacun a des besoins fondamentaux différents à divers degrés d’importance.

L’humain a aussi un besoin d’égalité avec ses pairs. Les droits humains deviennent ainsi un pilier dans les prises décisionnelles de l’individu. D’après Galtung (1994), « a human right will be conceived of here as a norm, concerning indeed protecting, the rock of human existence » (p. 2). En ce sens, les droits humains sont considérés comme une norme car ils sont applicables partout et sont universels, tout comme les droits fondamentaux. Les normes et les règles en société représentent les désirs ou les aversions et ils peuvent altérer le jugement de l’humain (Benn et Peters, 1959). Toutefois, « obviously a perfect equality of suffering leaves much to be desired » (Flew, 1981, p. 25). Cela signifie que plus une personne a des difficultés, davantage elle a tendance à désirer ce qui lui manque. L’humain cherche l’égalité entre les individus, et c’est par son besoin et la valeur lui étant accordée qu’il lui sera possible de prendre des décisions éclairées (Ibid.). Si la notion de justice évoque que tout individu a les mêmes besoins qu’autrui, celle-ci devient caduque lorsque la notion de performance fait son apparition.

Cela nous amène à traiter de la notion de justice sociale. Selon ce dernier (Ibid.), la notion de justice sociale utilisée et valorisée en société tend à développer des besoins individuels et collectifs. L’individu considère l’acquisition de biens matériels importante, mais la quête de la richesse est néanmoins la plus importante en justice sociale (Hamilton, 2003). Cette recherche de biens privés prend davantage d’importance que celle de biens collectifs puisque, d’après Nozick (1974), l’individu tend à effectuer des gains afin de se sentir supérieur (Ibid.). Dans le cas d’injustice sociale, l’individu perçoit qu’un groupe de personnes tire avantage d’un groupe d’individus. Smith (2008) indique « we also have a

154 natural duty to oppose injustice » (p. 39). Ainsi, à partir de la perception d’une injustice sociale, l’individu souhaiterait tirer avantage de cette relation pour obtenir un gain. En ce sens, « principles of need presuppose shared understandings of what someone must have in order to lead a minimally adequate human life » (Miller, 1999, p. 19). Les individus tendent à ce que la pauvreté n’affecte pas autrui, mais considèrent que leurs efforts soient récompensés (Ibid.). Il est donc question du niveau de performance de l’individu et du degré ou de l’importance qu’il devrait mériter pour ses actions. Selon Braybrooke (1987), la normalisation des besoins crée chez l’individu cette recherche de supériorité par le biais de la performance pour se distancer des autres au niveau identitaire.

Référant au développement identitaire, l’humain a comme besoin fondamental la recherche de sens dans son environnement (Andersen, Chen et Carter, 2000). D’après Deci et Ryan (2000), le concept de besoins est lié spécifiquement à la motivation guidant l’individu dans son niveau d’énergie et dans ses actions. Ces auteurs précisent que le concept de besoins, dans ce cas, pourrait aussi s’appeler concept d’objectifs, car les comportements sont tributaires du développement psychologique et du bien-être de l’individu et influencent les besoins nécessaires à l’atteinte des objectifs prédéterminés (Ibid.). Si le besoin de connaissance est important pour l’humain, la perception de la réalité est propre à chaque individu (Ayer, 1952) formant les représentations à l’égard de cette dernière. La figure 5 qui suit fait état du concept de besoins.

155

Figure 5: Concept de besoins de la nature humaine.

Ainsi, certains comportements motivationnels ont une moins grande importance lorsqu’ils ne sont pas sollicités par l’individu. En ce sens, plus un comportement motivationnel est utilisé, davantage son niveau d’importance sera élevé (Andersen, Chen et Carter, 2000). Deci et Ryan (2000) énoncent qu’il existe deux types de motivations, soit l’une intrinsèque qui est propre à chaque individu, et l’autre extrinsèque qui dépend de l’environnement. Par exemple, l’individualisme comme comportement permet le développement de la liberté collective, l’expression de soi et de la sécurité par l’échange d’opinions (Smith, 2008). Que ce soit par intérêt personnel, l’individualisme apporte des bénéfices quant à la liberté et aux responsabilités personnelles, mais l’individu a besoin de faire approuver ou faire désapprouver son idée ou action afin d’évoluer en tant que personne à part entière (Benn et Peters, 1959).

Nos choix sont donc dictés selon les avantages et les opportunités qu’ils représentent. Singer (1981) appelle ce phénomène « repay benefits » (p. 39), car l’individu se demande ce qu’un tel comportement pourrait lui apporter individuellement et quels en sont les gains possibles. Finnis, Grisez et Boyle (1987) précisent que « it is in your power, allow nothing but the principles corresponding to the basic goods to shape your pratical thinking as you find, develop, and use your opportunities to pursue human fulfillment through your chosen actions » (p. 121). C’est une relation qualifiée de donneur-receveur, car dans les deux cas chaque individu reçoit un gain de cette relation. Pour Galtung (1994)

Besoin fondamental Besoin instrumental Processus cognitifs Environnement social Essentiel survie Universel Non justifiable Individualisé Droits Désirs

156 cette relation d’aliénation, de réciprocité que ressent l’individu d’avoir des droits et des redevances, est une conséquence de la compassion et du besoin pour soi.

La perception qu’un individu a d’un objet dépend de ses sentiments. Hume (1739) explique que « the only connection or relation of objects, which can lead us beyond the immediate impressions of our memory and senses, it that […] we can found a just interference from one object to another » (p. 92). Dans cette optique, avec l’acquisition de la notion de cause à effet, la mémoire enregistre les perceptions et nous guide dans nos actions en fonction des représentations que nous avons d’un objet, d’un contexte, etc. « Human needs, specify the necessary conditions for psychological health or well-being and their satisfaction. » (Deci et Ryan, 2000, p. 229) Murray (2008) indique que « if the body and its cravings are regarded as oppositions to the will, the overcoming of inertia, fatigue, fear, appetite or lust brings pleasure » (p. 91). Ainsi, si la perception d’un besoin est la réaction chimique interne et physiologique de l’individu suite à une expérience ayant mené à un état d’excitement, de cette première découleront les représentations face au phénomène expérimenté.

Dans un même ordre d’idées, la raison est un élément favorisant les choix de besoins fondamentaux, mais cela ne détermine pas toujours des choix éclairés car les émotions et les sentiments influencent nos actions (Finnis, Grisez et Boyle, 1987). Singer (1981) indique que les comportements ou les actions sont conséquents des jugements positifs ou négatifs de l’entourage, ce qui a pour conséquence l’altruisme réciproque. Plus l’altruisme est réciproque, davantage l’individu serait, d’après Cacioppro et William (2008), enclin à être en santé et heureux. Chaque groupe social détermine son code éthique selon sa culture, car non seulement l’aspect biologique de l’humain est considéré, mais aussi l’aspect culturel (Singer, 1981). Si les choix ne correspondent pas toujours aux besoins fondamentaux, les besoins non comblés amènent des conséquences sur la personne.

Les besoins non comblés affectent la santé et le bien-être de l’individu. Dans cette situation, la nature humaine amène l’individu à trouver des moyens pour pallier à la

157 problématique qu’il vit afin d’arriver à ses fins par des activités compensatoires (Deci et Ryan, 2000). Cette sensation de manque a pour conséquence la création d’inégalités sociales, car plus on tend vers le respect des droits intégrés en société, davantage la satisfaction des besoins est modérée (Galtung, 1994). Il y a donc une relation étroite entre les besoins individuels et collectifs et la limite entre les droits prescrits en société. Selon Benn et Peters (1959), cette relation serait naturelle car toute personne a des responsabilités diverses, et si l’idéal de la liberté en société n’est pas atteint, le rôle individuel sociétal permet de faire croître la collectivité.

En somme, si les besoins fondamentaux permettent le fonctionnement biologique de l’individu, les besoins instrumentaux ont un rôle compensatoire pour pallier un besoin non comblé. Quelle que soit la culture de l’individu, les droits fondamentaux en société privilégient une certaine autonomie et liberté de choix, et ce, universellement. La limite entre la liberté, les désirs et les besoins est souvent mal comprise, ce qui a comme impact la justification d’un besoin par un désir non fondé. De là l’importance de cerner les représentations qu’un individu se fait de la réalité qui l’entoure, afin d’identifier des besoins qui nécessitent d’être comblés et qui permettront à tout un chacun d’évoluer dans un certain bien-être.

3. CONSTRUITS DE REPRÉSENTATIONS COGNITIVES ET