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Comparaison du modèle explicatif de l'efficacité des traitements des cauchemars avec les

CHAPITRE IV : CONCLUSION GÉNÉRALE

4.2 Implications Théoriques

4.2.1 Comparaison du modèle explicatif de l'efficacité des traitements des cauchemars avec les

Le modèle explicatif du traitement des cauchemars a été créé dans un soucis d'être cohérent avec les théories explicatives des rêves et des cauchemars présentées dans l'introduction de la présente thèse, tout en tenant compte des critiques adressées à ces dernières. Sont résumées dans cette section les similarités et les différences entre ces théories et le modèle issu de l'analyse thématique effectuée dans l'étude 1.

4.2.1.1 Modèle cognitif de Spoormaker.

Dans le chapitre 1, le modèle de Spoormaker (2008) fût introduit en insistant sur ses qualités : il propose des facteurs de maintien des cauchemars récurrents et des recommandations cliniques qui leur sont directement associées. Selon les explications de l'auteur, il est possible de considérer que les stratégies thérapeutiques suggérées concordent avec les MAs de notre modèle : (1) les mécanismes de prévention de l'évitement et de processus émotionnel seraient impliqués dans la technique d'exposition, en permettant l'intégration et la consolidation d'une structure de peur plus adaptée; (2) la diminution de la vigilance serait ciblée par la technique de relaxation, diminuant les chances d'activer le déroulement du cauchemar en rêves; (3) afin de bien compléter leur journal des cauchemars, les patients auraient l'attente de faire des cauchemars, ce qui aurait pour impact de réduire leurs appréhensions négatives; et (4) la technique thérapeutique de révision du script d'un cauchemar permettrait un traitement émotionnel et la modification d'une croyance, soit le script du cauchemar en mémoire. Cependant, à l'inverse de notre modèle, la vision de Spoormaker (2008) ne semble pas considérer que l'augmentation du sentiment de contrôle et la restauration des fonctions du sommeil soient des MAs des traitements des cauchemars, puisqu'aucune stratégie thérapeutique les ciblant n'est proposée.

Qui plus est, à la différence de Spoormaker qui croit en l'existence d'un script du cauchemar, nous avons plutôt conceptualisé qu'il existe une structure de peur des cauchemars incluant plusieurs éléments autres que le contenu du cauchemar lui-même. Cette décision s'appuie sur les théories du domaine des rêves qui conçoivent que le contenu des rêves serait le résultat d'un processus de recombinaison (Levin & Nielsen, 2007) ou le résultat des émotions et préoccupations de la personne qui guident l'activation d'associations cognitives en mémoire (Hartmann, 2008). Toutefois, notre conception plus générale ne réfute pas l'idée de script de cauchemar de Spoormaker (2008) mais permet de l'inclure : l'existence d'un script pourrait constituer une forme de rigidité

importante de la structure de peur, expliquant le fait que certaines personnes présentent des cauchemars répétitifs

.

4.2.1.2 Modèle à trois facteurs du développement et maintien des cauchemars.

Notre modèle explicatif de l'efficacité des traitements des cauchemars, puisqu'il se veut une tentative d'explication des cauchemars récurrents tant idiopathiques que post-traumatiques, devrait aussi être cohérent avec le modèle des cauchemars post-traumatiques de Davis (2009) présenté au chapitre 1. Celui-ci avait l'avantage sur le modèle précédent de considérer la coexistence de plusieurs informations dans la structure de peur responsables des cauchemars, soit des informations sur le traumatisme et sur le phénomène de cauchemar devenu lui-même un stimulus de peur. Cette vision est cohérente avec notre modèle qui conçoit que les informations représentées dans la structure de peur puissent varier d'un individu à l'autre.

Les nombreux MAs avancés dans l'ouvrage de Davis (2009) pour rendre compte de l'efficacité du protocole de traitement d'exposition, relaxation et révision, sont rapportés comme pouvant être activés par plus d'une stratégie thérapeutique, ce qui rejoint la grande interrelation observée entre les catégories de MA dans l'étude 1. Tout comme dans notre modèle, Davis suggère que la prévention de l'évitement, la modification des croyances et la diminution de la vigilance permettraient de contrer les facteurs de maintien qui consolident la structure de peur, alors que le traitement émotionnel serait un MA qui ciblerait la transformation de la structure de peur associée au trauma et aux cauchemars responsable de leur création et récurrence. En revanche, bien que l'auteure nomme le sentiment de contrôle comme un possible MA, celui-ci ne découle pas de son modèle : il n'est ni associé à la structure de peur expliquant les cauchemars post-traumatiques, ni à un facteur de maintien. Finalement, la restauration des fonctions du sommeil est abordée par Davis sous l'angle de la restauration du sommeil (i.e., les mauvaises habitudes de sommeil comme facteur de maintien), sans qu'il soit mention des fonctions du sommeil (traitement émotionnel de la structure de peur opéré la nuit); ce MA ne semble donc ne pas rendre compte dans son entièreté de la vision proposée dans notre modèle.

4.2.1.3 Modèle neurocognitif de la production de rêves et de cauchemars.

Le modèle de Nielsen et Levin (Levin & Nielsen, 2007; Nielsen & Levin, 2007) issu du domaine d'étude des rêves présenté au chapitre 1 est intéressant du fait qu'il propose une compréhension de la fonction des rêves qui manque aux modèles précédents. Malheureusement, la théorie de ces auteurs ne mène à aucune recommandation de traitement. Toutefois, il est possible de déduire que les MAs suggérés dans l'étude 1 agissent sur les trois niveaux de création et de maintien

des cauchemars de leur modèle. (1) La diminution de la vigilance et la modification des croyances pourraient diminuer la charge affective et donc, les chances d'activer la structure de peur dans les rêves. (2) La restauration des fonctions du sommeil permettraient de contrer l'échec de la fonction du sommeil, que les auteurs appellent extinction de la peur. Notre modèle propose que cette restauration passerait par un traitement émotionnel opéré à l'éveil qui permettrait à la structure de peur de ne plus faire obstacle à cette fonction des rêves pendant le sommeil. (3) Finalement, la modification des croyances et la prévention de l'évitement diminueraient les facteurs de maintien des cauchemars récurrents.

Malgré ces similitudes, notre modèle ne détaille pas comment les MAs diminuent la détresse affective, un concept que ces auteurs ont associé au névrosisme et qui semble davantage associé à la personnalité des individus qu'un facteur de maintien. Parce que les traitements supportés empiriquement sont généralement brefs et ciblés, ceux-ci ne visent généralement pas un changement de la personnalité et visent plutôt la prévention de facteurs de maintien par des stratégies thérapeutiques. Ainsi, il n'est pas impossible qu'il existe un MA qui vise à diminuer la propension d'un patient à ressentir de la détresse lorsqu'il rencontre un stresseur, dont un cauchemar, ce qui aurait un impact sur la consolidation de la structure de peur. Qui plus est, le concept de sentiment de contrôle est absent du modèle de Nielsen et Levin (Levin & Nielsen, 2007; Nielsen & Levin, 2007) pour expliquer l'origine ou le maintien des cauchemars.