• Aucun résultat trouvé

Chapitre VII : Les ressources mobilisées

1. Les ressources mobilisées dans la phase exploratoire

1.4 Le « GV Community List » (Google Group)

Le groupe de discussion par e-mail sur Google Groups, connu comme la « GV Community List » est une liste de diffusion électronique à laquelle tous les membres de Global Voices sont censés appartenir. Il s’agit d’un service de Google qui est utilisé aussi lors des événements, ou de la création d'autres groupes de travail. Il existent d’autres groupes (« GV Americas », « MENA », « Advox », ou « Lingua », par exemple). Pourtant, le « GV Community List » semble le groupe le plus nombreux et de plus grande diversité. Il reprend des discussions ayant lieu dans d’autres groupes et il s’agit probablement du Google Groupe le plus suivi et consulté de Global Voices, étant donné son caractère général. Tous les membres peuvent laisser des messages avec des questions ou des informations d’intérêt, comme des offres d’emploi, des appels aux contributions dans des colloques ou d’autres activités. Certains membres envoient des messages pour trouver des informations sur un sujet, ou pour demander l’avis de la « communauté » sur un projet à proposer, par exemple. 

Beaucoup de ces messages sont consacrés aussi à la discussion de sujets liés au travail de Global Voices : la création de pages spéciales, l’écriture en collaboration d’articles par des auteurs de plusieurs régions ou l’exploration d’un phénomène dans plusieurs régions. Le groupe peut passer par des moments très silencieux et parfois très actifs, notamment au moment des controverses ou d’annonces importantes, comme des changements forts dans les dynamiques de travail, de groupes de travail ou les rencontres bisannuelles, ou « summits ».

Le « GV Community List » réunit 1664 personnes (ce chiffre ne rend pas compte nécessairement toutes des collaborateurs actifs. Certains membres quittent Global Voices, ou arrêtent de contribuer mais restent dans le groupe). Pour être considéré comme tel, un membre actif doit posséder un compte WordPress sur l’un des sites de Global Voices et avoir contribué au site dans les derniers trois mois.

6700 sujets (dernière consultation en septembre 2016) ont été discutés depuis la création du groupe en 2006 (ce point sera plus développé dans la partie suivante, parmi les résultats). Les messages sont écrits en anglais (même si quelques fois, certains membres utilisent leur langue pour diriger leur message directement à une partie de la « communauté »). La figure 13 montre une capture d’écran du Google Group dont on peut voir les sujets, les messages et les dates dans lesquelles ils ont été envoyés.

83

Les controverses, en particulier, ont pu être étudiées plus facilement à travers cette liste. Les messages donnent lieu à une sorte de dialogue qui reste dans les archives et sont d’accès facile. Certains sujets peuvent susciter une centaine de messages, ou encore être revisités des années après. Certaines controverses sont discutées et, parfois, résolues à travers les dialogues qui ont lieu dans ce groupe. Un exemple peut être la controverse autour de l’utilisation du mot « terroriste » dans le contenu de Global Voices.15

Figure 13 : Le Google Group : « GV Community List »

J’ai suivi les discussions grâce à une synthèse thématique fait automatiquement tous les jours et qui rend compte de toutes les participations des dernières 12 heures pour chaque thème (au lieu de, par exemple, recevoir un e-mail à chaque intervention). La Figure 14 montre une capture d’écran de cette synthèse thématique et comment elle arrive dans ma boîte Gmail.

15

84

Figure 14 : Synthèse des discussions de la journée sur le Google Groupe ( « GV Community List »)

Une autre façon d’explorer ce groupe a été la lecture de discussions à l’aide de recherches par mot-clés que permet le système de Google. Le moteur de recherche propose des résultats en cherchant parmi les titres des discussions (appelées « threads ») et à l’intérieur de chaque message. J’ai réalisé des recherches sur les sujets qui émergeaient dans d’autres témoignages, par exemple au moyen des termes « histoires », « récits » ou « témoignages » (en anglais stories, testimonies et narratives). Ces mots-clés ont été repérés lors des lectures du site, notamment dans la catégorie « blogueur de la semaine », ou lors des

85

échanges pendant les « summits », dans lesquels les discussions d’une thématique se concentraient assez longtemps sur le vécu d’un individu. J’ai réalisé d’autres recherches par mots-clés pour explorer l’utilisation des mots « famille » et « communauté », très présents dans d’autres échanges. Grâce à cette recherche par mots-clés j’ai pu observer certaines thématiques liées à l’hypothèse : j’ai repéré l’intérêt des membres de Global Voices pour l'intérêt de connaître des aspects de la vie quotidienne dans d’autres pays, et aussi l’intérêt pour les témoignages personnels.

La plupart du travail avec la « GV Community List » s’est fait au long des années d’observation. J’ai participé moi-même à certaines discussions et j’ai lancé aussi des discussions, ou j’ai proposé des travaux en équipe. Par exemple, j’ai essayé de proposer quelques idées pour écrire « posts » sur des rencontres interculturelles. Je n’ai eu que très peu de réponses. La « GV Community List » est une source très importante d’information sur les différents fonctionnements de Global Voices. Elle mesure d’une certaine façon l’enthousiasme des membres pour un sujet. Les messages partagés dans ce groupe, notamment autour des évolutions du travail de GV, se sont révélés d’une aide considérable pour décrire la communauté et les valeurs qui retiennent les membres actifs. De la même manière, la « GV Community List » a favorisé l’émergence certains débats soulevés par des membres moins actifs ou peu satisfaits du travail effectué par les éditeurs ou les organisateurs, des évolutions, voir des dynamiques de la « communauté ».

Ces échanges m’ont aussi guidée vers les personnes susceptibles de vouloir participer à des entretiens, dans la formulation des questions et l’organisation des discussions. Les discussions en lien avec cette recherche pouvaient être décryptées même si les échanges en question avaient eu lieu au cours des années précédentes. Je me suis servie, en particulier, des sujets abordant l’évolution de Global Voices, des désaccords et aussi des sujets marqués par des interactions de plus de 15 messages (la plupart des interactions s’arrêtent après 4 ou 6 messages).

Le groupe de discussion a aussi donné lieu à des discussions en physique pendant des rencontres plus informelles. L’observation de ces dernières a pu éclairer sur les désaccords et les ressentis de certains membres de certains membres qui ne participaient pas aux échanges quotidiens de Global Voices. Par exemple, une discussion sur l’utilisation du mot « massacre » dans un titre, qui a suscité une controverse, a été largement commenté lors de divers échanges pendant le « summit ».

86