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CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE

3. Commentaire

Les apports théoriques sur la construction identitaire des personnes adoptées présentés ci-dessus sont principalement d’orientation psychologique. Ce travail étant lui orienté dans une perspective sociologique, la partie analytique abordera la problématique surtout de ce point de vue, en tenant compte toutefois de ces références psychologiques.

CHAPITRE II :

PERSPECTIVE ÉPISTÉMOLOGIQUE ET CHOIX MÉTHODOLOGIQUES

Comme le soulignent Maryvonne Charmillot et Caroline Dayer (2007), il est nécessaire de définir sa posture épistémologique15 dans toute démarche de recherche. La position épistémologique dans laquelle s’inscrit ce travail est celle de la compréhension. S’appuyant sur le cadre théorique de l’interactionnisme historico-social, cette posture soutient que chaque individu produit du sens sur ce qu’il fait et ce que font les autres, tout en tenant compte du poids de l’Histoire qui agit sur eux ; l’individu est donc à la fois agent (déterminé par des forces extérieures à lui) et acteur (il construit des significations et de ce fait contribue à la reproduction des déterminismes) (Charmillot & Seferdjeli, 2002). Dans cette perspective, l’objet de ce travail est de voir comment les personnes adoptées se construisent et donnent du sens à leur parcours en interaction avec leur milieu. La construction de l’objet d’étude se fait progressivement sur la base des savoirs des acteurs et non sous forme d’un raisonnement hypothético-déductif dans lequel il s’agirait de vérifier des hypothèses préalablement élaborées. La méthode privilégiée pour étudier ces savoirs est celle de l’entretien de recherche, et dans ce travail plus particulièrement celle du récit de vie, comme cela sera expliqué plus bas.

Le chapitre est divisé en quatre parties développant les différentes moyens utilisées pour la production et l’analyse des données : les personnes interviewées ; l’utilisation du récit de vie comme technique de production des données ; les trois étapes du traitement des données ; la description des différents axes de l’analyse des données.

1. PERSONNES INTERVIEWÉES

J’ai décidé d’interviewer uniquement des personnes adoptées puisqu’elles sont au centre de la problématique de ce travail. Dans un premier temps, je vais expliquer comment les participants ont été choisis et contactés et dans un deuxième temps quelles sont leurs caractéristiques.

15 En recherche, une posture ou position épistémologique est un modèle de penser, de voir le monde qui englobe ses propres choix théoriques et méthodologiques.

1.1 Choix des personnes interviewées et prise de contact

Au niveau de la sélection, seulement deux critères ont été retenus, de façon à obtenir une diversité de profils pour une première approche de ce terrain. Il est important de préciser que dans ce domaine il n’est pas évident de trouver beaucoup de personnes prêtes à témoigner sur leur adoption, d’autant plus que la technique de l’entretien implique des contraintes (temps, lieu, enregistrement, etc.) qui peuvent dissuader les gens de participer. Les deux caractéristiques prises en compte sont : l’âge au moment de l’interview et le pays d’accueil.

Pour l’âge au moment de l’entretien, les répondants devaient avoir entre 20 et 40 ans pour plusieurs motifs. Premièrement, ils seraient tous adultes et donc suffisamment responsables dans leur consentement à parler d'un thème aussi délicat et personnel que celui de leur adoption. Deuxièmement, cette tranche d'âge regroupe des périodes clés de remises en question et (re-)définition de l'identité. En effet, l'adolescence étant parfois traversée par une crise identitaire, il me semblait intéressant d'entendre le témoignage de personnes sortant tout juste de cette période. En outre, à partir de la vingtaine, les individus commencent à trouver leur propre logement, à envisager le mariage ou la conception d'enfants, entrent dans un nouveau milieu professionnel, etc., événements qui suscitent également souvent des questionnements identitaires. D'autres moments de crises apparaissant à un âge plus avancé que 40 ans auraient également pu être pris en compte mais la délimitation de cette tranche d'âge avait pour but d'éviter trop de disparités dans les réponses à cause d’une trop grande différence d’âge entre les participants. Par rapport au pays d’accueil, les personnes devaient avoir été adoptées par des familles en Suisse romande. Ce lieu a été ciblé le plus possible – tout en couvrant un espace géographique suffisamment large pour trouver des volontaires – afin de voir s'il se dégage éventuellement des caractéristiques dans la construction identitaire liées à cette partie de la Suisse. Toutefois, il faut garder à l’esprit que chaque canton a son Autorité compétente en matière d’adoption et que cela peut donc avoir une influence sur la façon dont l’adoption se déroule et donc sur l’évolution de la personne adoptée. Il m’a tout de même semblé qu’il y aurait moins de disparités en restant dans la même région linguistique et que cela garantirait que les entretiens se fassent dans la même langue.

La prise de contact avec les participants s’est faite à travers mon entourage à l’exception de deux hommes rencontrés grâce à deux des interviewées. Un courrier électronique a été envoyé à mon entourage avec le message suivant :

Comme la plupart d'entre vous le savent déjà, je prépare un mémoire sur l'adoption internationale et plus particulièrement sur la construction identitaire des personnes adoptées. J'ai besoin de recueillir, sous forme de récits de vie, les parcours de personnes adoptées à l'étranger (peu importe le pays d'origine) par des parents suisses-romands. Il faudrait que ces personnes aient entre 20 et 40 ans. L'âge au moment de l'adoption n'est pas important.

Si vous connaissez des personnes susceptibles de bien vouloir participer à ma recherche, pourriez-vous leur en parler s'il vous plaît?

Il s'agirait de faire un entretien enregistré d'une durée de maximum 90 minutes, pendant lequel, comme je l'ai dit plus haut, elles me raconteront leur histoire, leur ressenti par rapport aux différentes étapes de leur vie et comment elles définissent leur identité.

Si vous avez besoin de plus d'informations, n'hésitez pas à m'en demander!

Il est important que vous demandiez vous-mêmes aux personnes si elles sont d'accord de participer, avant de me donner leur nom, et pas l'inverse (il faudrait qu'elles sachent, au moment où je les appelle, pourquoi je les contacte).

Merci d'avance si vous pouvez m'aider!

Selon les retours, les participants étaient ensuite contactés soit par courrier électronique, soit par téléphone. L’objectif du travail et les modalités de l’entretien leur étaient rappelés puis un lieu et une date pour l’entretien étaient fixés. Lorsque cela était possible, l’entretien se déroulait chez le répondant, sinon dans un lieu suffisamment calme pour enregistrer.

1.2 Caractéristiques des répondants

Cinq femmes et trois hommes ont accepté de participer à la recherche. Le tableau 1 présente brièvement leurs profils en fonction des caractéristiques suivantes : âge au moment de l’entretien, lieu d’accueil, pays d’origine, âge au moment de l’adoption, composition de la famille d’adoption. Quelques commentaires relatifs aux caractéristiques suivent le tableau afin d’en approfondir la lecture.

TABLEAU 1 : PROFIL DES REPONDANTS

Karine F 23 VD Sri Lanka 3 semaines une sœur adoptée

Jasmine F 25 GE Indonésie 3 mois

Alexandre H 24 GE Sri Lanka 4 mois un frère adopté

Abhishek H 23 GE Inde 7 ans connaissances avaient de grandes chances d’appartenir à la même génération. Finalement, le fait que les interviewés avaient presque le même âge a rendu leur parcours plus comparables.

Lieu d’accueil

Six participants ont toujours vécu à Genève depuis leur arrivée en Suisse, et deux femmes ont grandi et vivent dans le canton de Vaud (Nyon et Yverdon au moment de l’entretien).

Pays d’origine

En ce qui concerne le pays d’origine, l’une des interviewés est née au Chili, deux en Indonésie, un homme et une femme au Sri Lanka, deux hommes et une femme en Inde. Il faut

préciser que l’un des deux hommes né en Inde est d’origine tibétaine mais qu’au moment de son adoption il vivait au Népal.

Âge au moment de l’adoption

L’âge au moment de l’adoption peut affecter l’adaptation et le développement de l’enfant,

« ceci non seulement parce que le choc de l’adoption n’a pas le même impact à tous les âges, mais aussi parce que plus la période qui le précède est longue, plus elle a de chance d’avoir été marquante » (Ouellette et Belleau, 1999, p. 63). C’est pourquoi quelques précisions sont apportées ici sur les conditions de vie de l’enfant avant son adoption.

L’interviewé d’origine tibétaine a été adopté à l’âge de 10 ans et a connu et vécu avec sa famille biologique jusqu’à cet âge-là. Il continue même à garder contact avec elle, contrairement aux autres répondants ; il s’agit donc d’un cas d’adoption dite « ouverte ».

L’autre répondant né en Inde a quant à lui été adopté à l’âge de sept ans et souffre d’un handicap physique et d’un retard mental dus à la poliomyélite et au manque de stimulation reçue à l’orphelinat dans lequel il a vécu jusqu’à son adoption.

Tous les autres participants ont été adoptés alors qu’ils avaient entre trois semaines et quatre mois. Ce sont donc des adoptions « précoces » comparées aux deux précédentes qui sont

« tardives ». En ce qui concerne leur vie avant l’adoption, les conditions dans lesquelles ils ont été gardés varient : l’interviewée provenant du Chili dit avoir été confiée à une nourrice dès sa naissance ; les deux interviewées d’Indonésie ont été placées en orphelinat ; les deux interviewés du Sri Lanka ont vécu avec leur famille biologique jusqu’à leur adoption ; l’interviewée née en Inde n’avait pas de précision sur ses conditions de vie avant l’adoption.

Deux des interviewées (l’une provenant d’Indonésie et l’autre d’Inde) sont arrivées en Suisse avec des maladies les obligeant à séjourner à l’hôpital avant de pouvoir intégrer leur famille adoptive.

Composition de la famille adoptive

Pour sept répondants l’adoption s’est faite par des couples. Pour un répondant la mère adoptive était veuve et a donc élevé ses deux enfants seule. En ce qui concerne la présence de fratrie, aucun des répondants n’avaient de frère ou sœur biologique dans la famille adoptive.

Par contre, deux femmes avaient aussi bien des frères et sœurs adoptifs issus d’autres adoptions que des « faits maisons16 » par leurs parents adoptifs ; deux hommes et une femme avaient un frère ou une sœur également adoptés ; un homme avait une sœur « faite maison » ; deux femmes étaient « filles uniques » dans leur famille adoptive.

2. TECHNIQUE DE PRODUCTION DES DONNÉES

La production des données s’est faite sous une forme particulière de l’entretien de recherche, celle du récit de vie. Le choix de cette technique correspond à la position épistémologique dans laquelle se situe ce travail, car à travers le récit de vie il est possible d’étudier et de théoriser la construction identitaire des personnes adoptées en tant qu’objet social. En outre, l’intérêt du récit de vie est qu’il constitue une méthode qui permet d’étudier les actions dans la durée (Bertaux 2006).

Daniel Bertaux (2006) attire l’attention sur le fait qu’il y a deux conceptions du récit de vie : une « maximaliste » où le sujet devrait livrer la totalité de son histoire à l’image d’une autobiographie, et une « minimaliste » où l’on considère que le simple fait de narrer un épisode de son existence est déjà un récit de vie puisqu’il implique la description de personnages, de relations, de contextes, etc. propres à toute histoire. Dans le cadre de ce travail cependant, le récit se trouve entre ces deux conceptions puisqu’il est demandé aux répondants de raconter leur vécu depuis leur naissance jusqu’à leur situation actuelle (donc en recouvrant toute leur vie), mais en se concentrant sur leur expérience de l’adoption.

Comme le souligne également Bertaux (2006), il faut distinguer dans les récits de vie l’histoire réelle d’une vie (l’expérience directe), du récit qui en est fait (l’expérience vécue) : d’une part il est possible de bénéficier des connaissances que des personnes semblables ont acquises dans leur expérience directe d’une situation sociale similaire, sans tenir compte des singularités ; d’autre part, à travers les différents témoignages sur l’expérience vécue de cette même situation sociale, il est possible de « dépasser leurs singularités pour atteindre, par construction progressive, une représentation sociologique des composantes sociales (collectives) de la situation. » (Bertaux, 2006, p. 37)

16 Expression fréquemment utilisée aussi bien dans la littérature que par les personnes interviewées pour parler des enfants biologiques des parents adoptifs.

Bien que l’idée de départ fut que l’entretien soit le plus possible de type non directif, il était prévu d’intervenir au cours du récit soit pour éclaircir certains points, soit pour relancer l’interviewé. La consigne lue aux participants en début d’entretien annonçait ainsi implicitement que celui-ci serait de type semi-directif17 :

Je m’intéresse au parcours de vie des personnes adoptées, et plus précisément à la façon dont elles construisent/définissent leur identité. Il s’agit donc pour vous de me raconter votre histoire en lien avec l’adoption, de votre naissance à ce jour, et votre ressenti par rapport aux différentes étapes de votre vie.

Dans la mesure du possible, je n’interviendrai pas dans votre récit et vous laisserai parler comme vous le souhaitez. Il se pourrait toutefois que je vous pose des questions à certains moments afin de vous demander des précisions ou pour vous aider à continuer votre récit.

Je vous précise que l’enregistrement de cet entretien sera retranscrit, mais qu’il restera anonyme (votre identité ne sera jamais dévoilée) et qu’il ne servira qu’à l’analyse pour mon mémoire.

Un guide d’entretien (annexe 1) a été élaboré sur la base de la littérature consultée, de témoignages écoutés dans le cadre des soirées organisées par Espace adoption, ainsi que de questions que je me posais personnellement. Cette liste de questions prédéfinies présentait l’avantage de couvrir les mêmes sujets pour tous les entretiens et de rendre ceux-ci plus comparables lors de l’analyse. Le guide était composé de cinq blocs de questions sous les intitulés suivants :

- L’adoption

Ce groupe de questions concernait les circonstances de l’abandon et les conditions dans lesquelles l’adoption s’est déroulée (questions administratives, encadrement institutionnel, etc.) et également le positionnement de l’interviewé face à l’abandon et à l’adoption.

- La famille adoptive

Dans la littérature, il est mentionné que l’intégration dans la famille adoptive et le soutien donnés par celle-ci sont essentiels à une « adoption réussie » et à l’épanouissement de la personne adoptée. C’est pourquoi il s’agissait ici d’en savoir plus sur la famille adoptive proche et élargie, son comportement vis-à-vis de l’interviewé et le type de relations qu’ils entretiennent.

17 La forme de politesse a été initialement employée dans la rédaction de la consigne mais lors des entretiens le tutoiement a été utilisé d’office.

- Liens avec le pays d’origine

Les questions portaient ici sur les différents liens que l’interviewé aurait pu garder avec son pays d’origine que ce soit simplement au niveau de son prénom, de la langue, des contacts avec des gens de là-bas ou des immigrés en Suisse.

- Le parcours de vie

Ces questions portaient sur les différentes étapes de la vie (la scolarité, la situation professionnelle, l’état civil, etc.) ainsi qu’aux milieux que peuvent avoir fréquenté les répondants (activités sportives, artistiques, politiques, etc.) et à travers lesquels ils évoluent, se construisent et s’affirment. Ces dimensions ont également été prises en compte pour ne pas restreindre l’identité des répondants au seul fait de leur adoption.

- L’identité socioculturelle

Il s’agissait là précisément de pouvoir relever comment se définissent les répondants, comment ils se perçoivent à travers les différentes facettes qui composent leur identité.

Une partie de ces questions devaient mettre l’interviewé face à l’éventualité d’adopter lui-même (Que pense-t-elle de l’adoption internationale ? Adopterait-elle à son tour un enfant ?). A travers cette projection et pour pouvoir répondre, le participant était ainsi incité à se positionner par rapport à sa propre adoption.

Bien que souvent formulées de façon fermée, la majorité des questions visaient un développement de la part de la personne interviewée. La plupart du temps, elles n’étaient donc pas posées telles quelles mais émises au gré de l’évolution de l’entretien. Quelques questions fermées avaient par contre pour but de pouvoir comparer les réponses des répondants selon certaines variables (par exemple : âge au moment de l’adoption, présence ou non de fratrie dans la famille adoptive, etc.). Il faut aussi ajouter que les questions du guide servaient surtout d’aide-mémoire mais ne devaient pas forcément être prises dans l’ordre par bloc, ni à l’intérieur de chacun de ceux-ci. Parfois même, certaines questions n’étaient pas pertinentes par rapport à la personne interviewée et étaient donc abandonnées. D’autres fois au contraire, des questions non prévues au départ mais qui ont émergé lors d’un entretien spécifique ont été rajoutées pour les entretiens suivants.

L’enregistrement des entretiens s’est fait à l’aide d’un magnétophone numérique faisant partie d’un kit permettant une retranscription facilitée (logiciel, pédale, écouteurs, câble de téléchargement, etc.). Lors des entretiens, quelques notes ont été prises, mais principalement comme pense-bête pour revenir sur certains points par la suite. En effet, il était difficile de

prendre des notes tout en continuant à regarder l’interviewé pour qu’il puisse se sentir à l’aise et soutenu dans son discours. C’est plutôt après les entretiens que les impressions sur leur déroulement ont été notées dans un carnet de terrain.

3. TRAITEMENT DES DONNÉES

Chacun des enregistrements a été traité en trois étapes pour une meilleure analyse.

3.1 Retranscription des enregistrements

En premier lieu, les entretiens ont été retranscrits intégralement18, mais en remplaçant les prénoms et noms de familles afin de garantir l’anonymat. La personne interviewée a été désignée par « Ié » en début de paragraphe et l’interviewer par « Ir ». Les éléments non verbaux et paraverbaux du discours ont été reproduits à l’aide des signes typographiques suivants :

- les mots accentués ont été soulignés ;

- les haussements de voix mis en MAJUSCULE ;

- les pauses, rires, silences, soupir, etc. entre parenthèses ( ) ;

- les commentaires relatifs à l’entretien également entre parenthèses (inaudible, changement de piles, le chien aboie, etc.)

- les hésitations, les phrases interrompues ou inachevées désignées par des points de suspension …

L’analyse des entretiens s’est donc faite à partir de ces retranscriptions intégrales, de manière à rester le plus fidèle possible au déroulement réel de l’entretien (en tenant donc compte des hésitations, des soupirs, etc. lors de l’analyse), tout en ayant conscience que « la retranscription intégrale change la nature du matériau de base » (Kauffman, 2006, p. 79). En effet, comme le souligne Bourdieu (1993), « la mise en écrit la plus littérale (la simple

18 Les retranscriptions intégrales peuvent être mises à disposition des personnes qui souhaitent les lire ou les utiliser pur d’autres recherches en me les demandant directement à l’adresse suivante : laure.vergari@gmail.com.

ponctuation, la place d’une virgule par exemple, pouvant commander tout le sens d’une phrase) est déjà une véritable traduction ou même une interprétation »19 (p. 920).

Par contre, au moment d’utiliser des passages de l’entretien pour illustrer mon analyse, les citations ont été remodelées afin de les rendre plus accessibles au lecteur. En effet, pour répondre aux « contraintes de lisibilité qui se définissent en relation avec des destinataires potentiels aux attentes et aux compétences très diverses », il a été nécessaire de supprimer les tics verbaux (« euh », « bein », « pis », etc.), les passages confus, les hésitations ou autres

« parasites » qui rendent le texte illisible « pour qui n’a pas entendu le discours original » (Bourdieu, 1993, pp. 921-922).

3.2 Reconstitution de la structure diachronique

Une fois les entretiens retranscrits, ils ont été repris un à un afin de reconstituer leur structure diachronique. En effet, bien qu’il était demandé aux répondants de raconter leur parcours « de

Une fois les entretiens retranscrits, ils ont été repris un à un afin de reconstituer leur structure diachronique. En effet, bien qu’il était demandé aux répondants de raconter leur parcours « de