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CHAPITRE II : PERSPECTIVE ÉPISTÉMOLOGIQUE ET CHOIX

4. Analyse des données

L’analyse des entretiens s’est faite en deux phases. La première – l’analyse intra-entretien – consistait à examiner le contenu de chaque récit un à un sous trois axes. Ce premier travail a permis ensuite de passer à la deuxième phase – l’analyse transversale – au cours de laquelle les données de tous les entretiens ont été mises en commun pour arriver aux constats présentés dans le chapitre III. Dans cette partie, je vais donc plutôt décrire les trois axes de l’analyse du contenu de chaque entretien puisque ce sont de toute façon les mêmes que ceux de l’analyse transversale.

L’analyse de contenu regroupe plusieurs techniques permettant de faire ressortir et d’interpréter les éléments significatifs d’un message (oral ou écrit) en rapport avec l’objet étudié. Laurence Bardin (2003) la définit comme :

Un ensemble de techniques d’analyse des communications visant, par des procédures systématiques et objectives de description du contenu des messages, à obtenir des indicateurs (quantitatifs ou non) permettant l’inférence de connaissances relatives aux conditions de production/réception (variables inférées) de ces messages. (p. 47)

Les indicateurs pertinents dans le discours des interviewés ont été relevés dans un tableau à double entrée (tableau 2) avec d’une part les observations et commentaires, et d’autre part les

citations correspondantes, en fonction de l’axe d’analyse inscrit en tête de ligne. Les deux premiers axes – les conditions de production du discours (4.1) et le contexte socio-historique (4.2) – étaient des éléments externes à l’entretien, alors que le reste – dénommé « analyse catégorielle » (4.3 et suivants) – portait essentiellement sur son contenu.

Tableau 2: Tableau d'analyse intra-entretien

4.1 Conditions de production du discours

Les conditions dans lesquelles se déroule un entretien doivent être prises en compte lors de l’analyse car différents facteurs interviennent dans l’ambiance de l’entretien (R. Mucchielli, 2007) et donc dans la production du discours. Selon Alain Blanchet (1985), « le contexte discursif représente le sens psychologique et social de l’énonciation – les pensées du locuteur, le cadre institutionnel et les identifications sociales qui président au discours » (p. 15). Pour analyser ces différents éléments du contexte discursif, j’ai utilisé les trois types de variables décrites par Roger Mucchielli dans son ouvrage L’entretien de face à face dans la relation d’aide (2007) :

- Les variables d’espace-temps

Le temps entre en jeu à deux niveaux : le moment choisi pour faire l’entretien et la durée prévue pour le réaliser.

Il y a également deux aspects à tenir en compte dans les conditions spatiales : le lieu où se déroule l’entretien et la position spatiale des interlocuteurs vis-à-vis de l’un et de l’autre.

Dans le tableau à double entrée, ces variables ont été analysées sous les intitulés :

« heure et lieu », « durée » et « conditions spatiales ».

- Les variables d’appartenance aux groupes respectifs

Les groupes d’appartenance des interlocuteurs, tels que les statuts et rôles sociaux et l’âge et le sexe, influencent les perceptions que chacun se fait de l’un et l’autre.

L’appartenance à des groupes sociaux engendre des opinions stéréotypées, conscientes ou non, qui peuvent provoquer certaines attentes ou attitudes chez les interlocuteurs.

En outre, dans ce groupe de variables, j’ai tenu compte des rôles joués par les interlocuteurs en me posant notamment les questions suivantes : dans quelle mesure l’interviewer joue-t-il son rôle de cadreur dans l’entretien ? Comment aide-t-il l’interviewé à développer son information ? Est-ce que celui-ci prend parfois le contrôle de l’entretien ? Etc. Ceci à fin de mettre en évidence de quelle façon le rôle de chacun contribue à la production des données.

Dans le tableau à double entrée, ces variables correspondent aux intitulés : « Statut et classe sociaux », « rôle dans l'entretien », « Stéréotypes » et « Âge et sexe ».

- Les variables historiques

Ces variables – dénommées « variables historiques » dans le tableau à double entrée – correspondent aux représentations que les interlocuteurs se font de l’interviewer et de l’entretien avant qu’il n’ait lieu, ainsi qu’aux réactions affectives immédiates qui apparaissent au moment de se rencontrer. La forme de prise de contact (« contact ») fait partie de ces variables historiques car la personne intermédiaire et/ou le mode de communication (e-mail, téléphone, etc.) peuvent jouer sur les attentes des interlocuteurs.

Sous l’intitulé « ambiance générale » des remarques ont également été formulées par rapport à l’ambiance dans laquelle se déroulait l’entretien (décontracté, gêné, etc.). Lorsque l’entretien présentait d’autres particularités elles étaient énoncées sous « particularité ».

4.2 Contexte socio-historique

Le cadre théorique général de ce travail soutient que le poids de l’Histoire est à prendre en compte dans la construction sociale de la réalité. Ainsi, cette partie de l’analyse s’intéresse au contexte socio-histoirque dans lequel ont été adoptés et ont grandi les interviewés, pour voir dans quelle mesure ce contexte entre en jeu dans la construction identitaire. Ce contexte correspond à la fois à la situation du pays d’origine et à celle du pays d’accueil. En effet la plupart des pays d’origine sont en voie de développement, en guerre ou en transition (politique, économique), ce qui est souvent à l’origine de la mise en adoption des enfants, comme l’explique le Service social International dans un bulletin mensuel :

Une analyse détaillée des statistiques relatives à l’adoption internationale durant ces 30 dernières années montre un lien fort entre la situation qui prévalait dans un pays donné et le nombre d’adoptions internationales ayant eu lieu au même moment. […] D’autres contextes mouvants ont également eu des conséquences sur les possibilités d’adoption. Ainsi les guerres de Corée et du Vietnam ont joué un rôle important dans la sensibilisation de l’opinion occidentale à l’adoption internationale et sont à l’origine des premiers déplacements d’enfants significatifs. (mars 2007)

Il importe donc de relever la situation du pays de naissance pour voir comment la personne adoptée, et ici les interviewés, se représentent les faits et les intègrent à leur construction identitaire.

En ce qui concerne l’analyse de la situation du pays d’accueil (la Suisse pour ce qui concerne ce travail) elle peut se faire notamment par l’observation des lois en vigueur et le nombre d’adoptions par rapport à la population générale (%), indicateurs du degré d’acceptation de l’adoption dans les mœurs. Là aussi les attitudes de la population du milieu d’accueil face à l’adoption jouent un rôle dans la construction identitaire de la personne adoptée et c’est pourquoi il est nécessaire de les mettre en évidence.

Pour faire cette analyse, je me suis donc servie d’informations historiques sur les pays d’origine des interviewés et sur l’adoption en Suisse, de textes de lois, de données statistiques et autres renseignements sur Internet.

4.3 Analyse catégorielle

L’analyse catégorielle « fonctionne par opérations de découpage du texte en unités puis classification de ces unités en catégories selon des regroupements analogiques » (Bardin, 2003, p. 207). Les récits de vie ont donc été découpés en fonction de catégories d’analyses prédéfinies (points 4.3.1 à 4.3.6) en rapport avec la construction identitaire. La définition de ces catégories s’est inspirée de l’ouvrage de Bardin (2003) sur l’analyse de contenu, de celui de Jean-Claude Kaufmann (2006) sur l’entretien compréhensif, ainsi que du cours « Processus de socialisation et dynamiques identitaires » dispensé par Jean-Paul Payet à l’Université de Genève (année académique 2006-2007).

4.3.1 Énonciation

Cette partie de l’analyse s’est intéressée à la formulation du discours de l’interviewé – soit à l’évolution du style, l’alternance de l’usage des pronoms personnels, les perturbations de langages, etc. – qui peut elle aussi être porteuse de sens, comme le souligne Bardin (2003) :

Un entretien, parce qu’il s’agit d’une parole spontanée d’investigation, est tissé de mots, de formules, de bouts de phrases apparemment superfétatoires, non pris en compte par le repérage sémantique de la recherche par thèmes, mais souvent, en fait, porteurs de sens. Par ailleurs, le style lui-même, dans ses variations, est chargé de significations. Une lecture, de la « manière de dire », décalée de la lecture thématique, peut compléter et approfondir l’analyse. (p. 107)

Les contradictions, répétitions et énonciations de généralités dans le discours sont également pris en compte dans cette catégorie d’analyse.

Contradictions

Au cours de leur discours, les individus se contredisent parfois en évoquant différents contextes. Ces contradictions donnent de précieuses informations sur les logiques des individus, comme l’explique Kaufmann (2006) :

Pour le chercheur, l’instrument privilégié pour ne pas se laisser prendre à la trop belle histoire qu’il entend, est le repérage de contradictions dans le discours. Elles lui indiquent l’existence de logiques différentes qui, une fois mises en évidence, lui donneront une marge de manœuvre considérable, une clé d’interprétation : il pourra, grâce à elles, déconstruire le récit et donner un sens précis à ses diverses composantes. (p. 98)

Répétitions

Selon Kaufmann (2006), « sur un thème donné en effet, ce sont toujours les mêmes expressions qui reviennent de façon obsédante. Et surtout : qui sont répétées de façon précise, dans les moindres détails, avec les mêmes mots » (p. 96). Il ajoute également que « les expressions récurrentes ont toujours un intérêt dans le cadre d’un travail descriptif : elles indiquent un marquage social, même s’il se limite au niveau de l’opinion » (2006, p. 97). Il importe donc de montrer comment les répétitions peuvent être le reflet de logiques conscientes ou non chez les individus dans leur façon d’aborder le monde.

Généralités

Sous le terme « généralités », j’englobe les phrases communes toutes faites, les « on dit… », les références à des sources scientifiques, littéraires ou autres dont se servent parfois les individus pour illustrer leur discours. L’énonciation de ces généralités ou la référence au sens commun permettent à l’individu de détourner l’attention de sa propre personne sur une réalité plus générale. Ils laissent également transparaître « l’incorporation du social », tel que le décrit Kaufmann (2006) :

L’homme est un être intimement pétri par la société de son époque, non seulement sous l’effet de déterminations extérieures, mais aussi profondément en lui-même (Elias, 1991c). Il lui arrive d’ailleurs d’incorporer des fragments de social (des idées, des images, des modèles, des expressions) sans les digérer, et de les exprimer ensuite à l’état brut, tels qu’il les a assimilés. […] Ils occupent une position cruciale dans le processus de construction de la réalité. Car plus une idée est banalisée, incorporée profondément dans l’implicite (et parallèlement largement socialisée) plus est grand son pouvoir de structuration sociale. (pp.

95-96)

4.3.2 Evénements/Périodes marquants

Des événements ou des périodes marquants plus ou moins longs peuvent changer le cours d’une vie et ainsi amener l’individu à se réévaluer et à se redéfinir.

4.3.3 Personnages importants

Il s’agissait dans cette analyse d’identifier les personnages qui sont intervenus ou interviennent de façon déterminante dans le cours de l’histoire de l’interviewé(e).

4.3.4 Stéréotypes et préjugés

Dans l’introduction, nous avons vu que l’adoption suscite beaucoup d’interrogations, de préjugés et de stéréotypes auprès de l’opinion publique. Je voulais donc voir quel rapport ont les interviewés face à ces idées reçues et comment ils tentent de s’en démarquer. Or, en cours d’analyse, je me suis rendu compte que le fait d’être adopté peut aussi engendrer des préjugés liés à d’autres facettes de ce statut : celle d’avoir l’air étranger (couleur de peau, yeux bridés, etc.) et celle d’être handicapé, pour le cas particulier d’un des interviewés. J’ai donc observé les réponses des interviewés face à ces stéréotypes et préjugés aussi bien envers leur statut d’adopté, qu’envers leur apparence étrangère ou leur statut d’adopté.

4.3.5 Thèmes

Certains thèmes qui ont servi pour le guide d’entretien ont parfois été repris pour l’analyse lorsqu’ils étaient pertinents, mais pour la plupart ils ont été dégagés dans un va et vient entre les entretiens et la littérature, en veillant à ce qu’ils aient un lien avec la construction identitaire des interviewés.

4.3.6 Identité

Comme la construction identitaire est la problématique centrale de ce travail, tout ce qui s’y rapportait de façon explicite ou implicite a été retenu dans cette partie de l’analyse.

Principalement, il s’agissait de voir comment l’interviewé(e) se présente, quelle image il/elle a de soi. Des éléments spécifiques tels que le sentiment d’appartenance nationale (intitulé

« nationalité » dans le tableau d’analyse) ou le prénom (de naissance ou d’adoption) ont été intégrés ici.

4.3.7 Remarques

La dernière ligne du tableau d’analyse était réservée aux remarques éventuelles sur le déroulement de l’entretien, mes impressions personnelles ou autres observations qui n’entraient pas dans les autres parties de l’analyse.

CHAPITRE III :

CONSTATS ET OBSERVATIONS

Ce chapitre est divisé en deux parties. La première est constituée des résumés des huit entretiens. La deuxième partie rapporte les constats et observations auxquels a abouti l’analyse transversale des entretiens.

1. RÉSUMÉ DES ENTRETIENS

Le fait que cette recherche porte sur un petit nombre de récits permet d’accorder plus d’attention à chacun d’eux que dans une étude plus large. C’est pourquoi je propose au lecteur des résumés assez précis de ce qui a été dit lors des entretiens, l’invitant ainsi à faire connaissance avec les interviewés et à se familiariser avec leurs histoires avant d’entrer dans l’analyse des entretiens.

Josefina20

Josefina est née au Chili en 1982. Dès sa naissance elle a été confiée à une nourrice qui s’est occupée d’elle jusqu’à ses deux mois, âge auquel elle a été amenée à ses parents adoptifs belgo-français résidant en Suisse. Ce couple ne pouvait pas avoir d’enfants et avait déjà été engagé auparavant dans une procédure d’adoption qui n’avait finalement pas abouti.

C’est la nourrice qui a fait le voyage jusqu’à Genève avec Josefina. Pendant quelques années (4-5 ans), cette nourrice est revenue les voir en Suisse, elle et ses parents, puis ils ont perdu contact. D’après Josefina, c’est la seule personne qu’elle ait connue du Chili, sinon elle ne sait pas grand-chose de son histoire avant d’être arrivée en Suisse.

Josefina a toujours su qu’elle avait été adoptée, avant même d’entrer à l’école et cela n’a jamais été un problème pour elle étant enfant. Par ailleurs, il y avait d’autres enfants adoptés du même âge dans son école, ce qui ne faisait pas d’elle un « cas spécial » parmi les autres écoliers. Elle pense que le fait d’être très blanche de peau et de ressembler par hasard à sa mère adoptive a aidé à ce qu’elle ne se sente pas perturbée par l’adoption.

20 Les prénoms fictifs ont été attribués en fonction de l’origine du prénom réel.

A l’âge de 8-9 ans, le décès de son père adoptif représente un « gros choc psychologique » pour elle et ravive le sentiment d’abandon. D’autant plus que c’était surtout avec son père qu’elle faisait des activités. Malgré deux ou trois années difficiles, elle a réussi à surmonter ce deuil, notamment grâce au soutien des voisins qui l’ont emmenée faire les mêmes activités qu’elle avait avec son père.

Vers l’âge de 14 ans, alors qu’elle était au cycle d’orientation, des conflits ont commencé avec sa mère et cela a duré jusqu’à ce qu’elle entre à l’Ecole des Arts décoratifs. Là, elle a souvent manqué les cours en raison de ses disputes avec sa mère, ce qui a fini par inquiéter ses professeurs et la doyenne. La mère a été convoquée et suite à cela Josefina a été incitée à consulter le psychologue de l’école. Elle a confié à celui-ci qu’elle ne pouvait plus dialoguer avec sa mère, alors il lui a suggéré d’aller vivre quelques temps dans un foyer. Malgré que ce fût une décision très dure à prendre, Josefina a accepté la proposition, dans l’espoir que la situation s’améliore avec sa mère. Elle est restée en foyer pendant une année et demie. En effet, à l’approche de ses 18 ans la situation avec sa mère s’était améliorée et c’est elle-même qui a décidé de retourner chez elle.

A ce moment-là, elle était en train de finir la phase préparatoire des Arts décoratifs. Elle a réussi ses examens mais avec une moyenne tout juste insuffisante pour pouvoir entrer dans la voie qu’elle avait choisie. On lui a suggéré de faire de la céramique, mais elle a refusé et décidé de quitter l’école, estimant qu’il n’y avait que peu de débouchés dans ce domaine.

Suite à cela, elle a refait une neuvième année en école privée pour remonter les moyennes trop faibles qu’elle avait obtenues au cycle d’orientation. Les bonnes notes qu’elle y a reçues lui ont permis de tenter une entrée au collège en option « artistique ». Mais la première année du collège ne lui a pas convenu, car la proportion de cours liés aux arts était trop faible comparée aux autres matières. Elle a donc abandonné au bout du premier semestre.

Pendant le deuxième semestre, elle est beaucoup sortie en soirées. Au cours de ses sorties, elle a fait la connaissance d’un homme qui s’occupait justement de faire des décorations pour des soirées. Il lui a proposé de faire des stages dans son entreprise, ce qu’elle a accepté. C’est finalement dans cette entreprise qu’elle a fait un premier apprentissage comme décoratrice-étalagiste, puis un deuxième comme peintre en publicité et qu’elle est maintenant employée.

Pour ses 18 ans, sa mère lui a proposé de passer un mois de vacances au Chili pour visiter le pays, sans pour autant chercher à retrouver une trace de sa famille d’origine.

Malheureusement à ce moment-là elle commençait son premier apprentissage et cela n’a pas été possible. A ses 20 ans, sa mère lui a fait la même proposition, mais cette fois-là c’était le deuxième apprentissage qui commençait. Josefina espère néanmoins toujours pouvoir se rendre un jour dans son pays d’origine, avec ou sans sa mère. Ce serait d’abord pour découvrir le pays et éventuellement pour voir si elle a des frères et sœurs biologiques, mais par contre elle ne veut pour l’instant pas avoir affaire à ses parents biologiques, car elle leur en veut de l’avoir abandonnée.

Au moment de l’entretien, elle vivait avec son ami, mais avait le projet de reprendre avec lui la maison de sa mère qui comptait partir habiter en France à la fin de l’année 2007. Avec son ami, ils projettent d’avoir un enfant et si possible d’en adopter également un du Chili.

Karine

Karine est née en juillet 1984 à Ratnapura au Sri Lanka. Ses parents adoptifs, qui ne pouvaient eux-mêmes pas avoir d’enfants pour des raisons biologiques, sont venus la chercher directement là-bas et l’ont ramenée en Suisse, plus précisément à Yverdon, lorsqu’elle avait trois semaines. Ils lui ont donné Karine comme prénom mais ont également gardé son prénom de naissance en deuxième position. Ils ont également adopté une autre fille au Sri Lanka deux ans plus tard.

Karine et sa sœur ont toujours su qu’elles avaient été adoptées et de toute façon cela n’aurait pas pu leur être caché à cause de leur différence de couleur de peau. Elles connaissent très bien leur histoire et le déroulement de leur adoption. Leurs parents adoptifs leur ont expliqué que si elles ont été mises en adoption c’est parce que leurs mères respectives vivaient dans des conditions trop pauvres pour pouvoir les garder. Karine précise tout de même qu’elle n’a jamais vraiment posé de questions à ce sujet, qu’elle n’en a pas vraiment éprouvé le besoin.

Excepté vers l’âge de 10 ans où elle avait un peu l’impression d’avoir été achetée à travers toute la procédure que demande l’adoption. Mais ce sentiment a vite été dissipé par ses parents qui lui ont expliqué ce qu’impliquait la réalisation des papiers administratifs.

Contrairement à sa sœur, Karine dit ne pas avoir rencontré de difficultés par rapport à l’adoption. Par contre, elle admet avoir vécu certaines formes de racisme. En effet, au cours de sa scolarité ou lors d’autres activités, il lui est parfois arrivé de devoir faire face aussi bien

Contrairement à sa sœur, Karine dit ne pas avoir rencontré de difficultés par rapport à l’adoption. Par contre, elle admet avoir vécu certaines formes de racisme. En effet, au cours de sa scolarité ou lors d’autres activités, il lui est parfois arrivé de devoir faire face aussi bien