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sociotechnique et idéologique en co conception de quartiers innovants

CODE DEFINITION

E Numéro de l’équipe

N Tour de parole

L Locuteur (participant)

PAROLES Verbatims restranscrits

Qn Question posée aux participants (de Q1 à Q10)

Thème Int Thématique interrogée et discutée réellement par les participants (au sein de la question posée Q1 à Q10)

La distinction entre questions posées et thèmes réellement discutés s’est imposée de sorte à rendre compte des différents niveaux de profondeur avec lesquelles les questions étaient appréhendées. Les dix questions de départ étant très ouvertes, les groupes les ont parfois traitées de façon similaire (ils ont discuté des mêmes thèmes au sein des questions posées) ou de façon totalement différente (ils ont abordés des thèmes différents au sein des questions posées). D’autre part, certaines thématiques ont été discutées par un même groupe, mais au sein de questions différentes. La distinction vise donc à rendre l’analyse qualitative plus fine et plus précise.

Catégories de la dimension dialogique

La deuxième partie du codage vise à rendre compte de la dimension dialogique. On y distingue des activités dialogiques et des relations dialogiques. Les catégories des activités dialogiques sont présentées dans le tableau 8. Elles se composent de :

 I : un participant lance une nouvelle thématique (souvent suite à une interrogation au sein d’une des 10 questions préalablement posées).

 On / Tn : un participant propose une solution : une option (On) ou une thèse (Tn). Ces dernières sont numérotées suivant leur ordre d’apparition dans la discussion. Notons qu’une option peut devenir une thèse plus loin dans la discussion (elle sera alors numérotée comme l’option de départ). Options et thèses se distinguent par le type d’activité argumentative auquel elles renvoient :

o Les options font référence à de l’argumentation constructive (co-construction du sens d’une solution). On retrouve des options sans critères (sans co-construction du sens), c’est le cas lorsque l’option est directement acceptée ou rejetée par les participants ; et des options avec critères (avec co-construction du sens), c’est le cas lorsque l’option est précisée, opérationnalisée, retravaillée, etc., à l’aide de critères.

o Les thèses font référence à de l’argumentation dialectique (conflit / débat autour de la solution). Elles sont toujours accompagnées de critères.

144  Arg+ : un participant énonce un critère (argument) en faveur d’une solution. Cette

« argumentation positive » peut concerner aussi bien les options que les thèses.

 Arg- : un participant énonce un critère (argument) contre une solution. Cette « argumentation négative » permet de distinguer les thèses des options, parce qu’elle matérialise un désaccord.

 [+] : un participant accepte une thématique, une solution ou un critère (argument).  [-] : un participant rejette une thématique, une solution ou un critère (argument).

 ? : tout énoncé interrogatif (demande de précision, question, requête, etc.). Un participant s’interroge vis-à-vis d’une question, d’une thématique, d’une solution ou d’un critère.

Tableau 8 : Etude 2 : catégories de la dimension dialogique.

Dimension dialogique CODE DEFINITION

A.D. = Activités Dialogiques

I Interrogation d’un participant = lance une nouvelle thématique

On Option proposée pour la thématique (numérotée chronologiquement de 1 à x)

Tn (Option devenant une) Thèse débattue (numérotée comme l’Option de départ ou à la suite de 1 à x)

Préc Précision d’une question, d’une thématique, d’une solution ou d’un critère Arg+ Critère (argument) en faveur d’une solution (option ou thèse)

Arg- Critère (argument) contre une solution (thèse)

[+] Acceptation d’une thématique, d’une solution ou d’un critère (argument) [-] Rejet d’une thématique, d’une solution ou d’un critère (argument) ? Tout énoncé interrogatif (demande de précision, question, requête, etc.) Rel. = Relations dialogiques (solution, tour de parole)

La figure 16 illustre les différentes catégories relatives aux activités dialogiques. Lorsque les solutions de conception sont évoquées, elles peuvent faire l’objet ou non d’une activité argumentative. Si elles ne sont pas argumentées, elles deviennent des options sans critères. Dans ce cas, elles peuvent être précisées (Préc) lorsque par exemple un participant n’a pas bien compris la solution d’un autre (mais ce n’est pas de l’argumentation), puis acceptées ([+]) ou rejetées ([-]). Les solutions argumentées le sont sur la base de critères argumentatifs :

 L’argumentation est constructive lorsque les solutions sont argumentées positivement et/ou précisées à l’aide de critères. Ces solutions deviennent des options avec critères. Elles seront par la suite acceptées ([+]) ou rejetées ([-]).

145  L’argumentation est dialectique lorsque les solutions sont argumentées négativement, signifiant qu’au moins un participant s’oppose à la solution (conflit / débat). Lors de l’argumentation dialectique, il y a aussi une argumentation positive et/ou une activité de précision de la part des autres participants qui défendent la solution. Ces solutions sont les thèses. Elles seront par la suite acceptées ([+]) ou rejetées ([-]). Notons qu’une option avec critères peut devenir une thèse si la co-construction de sens tourne au débat.

L’ensemble des options et des thèses sont évoquées au sein d’une thématique initiée par les participants. La thématique fait quant à elle partie d’une des 10 questions posées aux participants. Il existe des activités dialogiques ([+] ; [-] ; ? ; Préc) qui renvoient à ces thématiques / questions.

Figure 16 : Etude 2 : schématisation des catégories relatives aux activités dialogiques.

Pour plusieurs catégories, il peut exister une relation dialogique. Elle fait le lien entre différents énoncés parfois espacés dans l’interaction. Cette relation indique quelle solution ou quel tour de parole est en lien avec telle précision, tel argument, telle interrogation, etc.

Précisons enfin que ce sont les catégories de la dimension dialogique qui découpent les tours de parole en segments Na, Nb, Nc, etc. Par exemple, sur un même tour de parole N, un participant peut accepter une option ([+] pour le segment de parole Na), énoncer ensuite une thèse (Tn pour le segment Nb) et finir par donner un argument en faveur de cette thèse (Arg+ pour le segment de parole Nc et relation dialogique à Tn).

Catégories de la dimension épistémique

La troisième partie du codage vise à rendre compte de la dimension épistémique. On distingue les descripteurs et les critères. Le tableau 9 présente les catégories de la dimension épistémique avec des exemples de verbatims pour les critères.

146 Tableau 9 : Etude 2 : catégories de la dimension épistémique.

Dimension épistémique CODE DEFINITION

D. = Descripteurs

VA Valeur Qui renvoie à la dimension idéologique

ST

Sociotechnique Qui renvoie à la dimension sociotechnique

TE Technique Qui renvoie à la dimension sociotechnique et plus précisément aux domaines techniqye, technologique, architectural ou matériel RE Règle Qui renvoie à la dimension sociotechnique et plus précisément

au domaine organisationnel

MO Mise en œuvre Qui renvoie à la dimension sociotechnique et plus précisément au domaine organisationnel et à la mise en œuvre concrète de règles Cri. = Critères

CONF Confiance « bah si c’est basé sur la confiance t’en as même pas besoin »

ECOL Ecologique « ça créera du gâchis en plus »

UNIV

Universalité (concerne tout le monde)

« un système qui convient aussi bien à l’individu en lui-même et à des groupes de gens qui veulent se rencontrer »

PERSO

Personnel / Individuel (concerne certains individus)

« espaces collaboratifs respectueux de l’individualité de chacun »

ECON Economique « ce qui évite d’avoir à payer en plus du chauffage » TECH Technologique /

Technique « c’est des trucs que tu peux capter aujourd’hui avec les capteurs » UTIL Utilité / Utile « s’il est posé et qu’il n’y a pas de soleil il va servir à rien »

EQUI Equilibre

(répartition équilibrée) « oui ça s’équilibre c’est-à-dire ça ne coûte rien à la communauté » TEMP Temporel « ça va demander beaucoup de temps »

ACTI Variabilité des activités

humaines « c’est difficile parce que les gens ont un travail tellement différent » AGRE Agréable / Agréabilité « après c’est pas forcément agréable »

SOCI Sociabilité /

Relations sociales « la jalousie ça crée des conflits des choses comme ça » NUIS Nuisance / Nuisible « ils vont peut-être se plaindre à cause du bruit »

ORGA Organisation / Organisationnel

« pour que les gens puissent s’organiseren tous petits groupes finalement »

147 EQIT

Equité

(répartition juste et impartiale)

« justement tout le monde est sur un plan d’égalité »

MARR Marrant / Drôle « une hélice énorme qui tourne comme ça ce serait marrant »

PERS Persuasif / Persuasion « par exemple ta priorité elle diminue au fur et à mesure que tu réserves ou si tu réserves tout seul »

CHOI Choix / Liberté de

décision « c’est des propositions et justement tu choisis si t’y vas t’y vas pas » CLIM Climatique / Climat « ça dépend du lieu s’il y a du vent ou pas »

DIME Dimension / Taille « en plus ça demande de la place »

FAIS Faisabilité Technique « on peut imaginer qu’on est dans un futur où on peut faire des panneaux solaires en plastique »

ETHI Ethique

(principe moral) « en fait c’est un peu de la monétisation des échanges sociaux » PART Partage « et même voilà ton lieu privatif tu peux le mettre à disposition de la

communauté »

USAG Usage « ou alors t’as déjà prévu à l’avance tu sais que sur le quartier y’a tant de gens qui prennent du lait chaque semaine »

ENGA Engagement « ça demande un réel investissement »

CONS Consommation « tout ce qui est consommation d’énergie ça ne marche pas »

ESTH Esthétique « s’ils sont moches c’est quand même glauque quoi aussi »

ACCE Acceptabilité / Acceptation

« enfin c’est un peu ça et t’acceptes les choses du coup tu les mets en œuvre »

EXCL Exclusion « ça va vraiment faire le quartier et le reste du monde » COLL Collaboratif « c’est vraiment abattre l’individualisme »

APPR Apprentissage « on peut trouver un moyen de sensibiliser la personne sa consommation d’énergie » EFFI Efficacité « j’ai entendu dire ça marche vachement bien »

LEAD Leadership « oui exactement faut toujours qu’il y ait un plus ou moins un leader » CONO Confort « comme ça tu as plus de chaleur dans la chambre »

JUGE Jugement « il impose sur quand même le fait que t’es jugé par les autres »

ASSE Accessibilité « c’est des flux qui touchent différentes personnes les vieux seront peut-être plus sur l’application »

Les descripteurs font la distinction entre les deux sous-ensembles de la dimension épistémique, à savoir la sous-dimension « sociotechnique » et la sous-dimension « idéologique ». Les descripteurs sont au nombre de cinq : VA (valeur), ST (sociotechnique), TE (technique), RE (règle) et MO (mise

148 en œuvre). TE, RE et MO sont des sous-ensembles de ST. Les descripteurs concernent toutes les activités dialogiques (les propositions de thématiques, les propositions de solutions, les énoncés de précision, les énoncés d’arguments, etc.). La distinction entre les différents descripteurs s’est faite de la manière suivante :

 Les descripteurs VA et ST (comprenant TE, RE et MO) permettent de catégoriser les deux sous-dimensions qui nous intéressent : la dimension « idéologique » pour VA et la dimension « sociotechnique » pour ST.

 Les descripteurs TE, RE et MO permettent de catégoriser plus finement les propositions renvoyant à la dimension « sociotechnique ». On distingue ainsi les propositions faisant référence aux domaines technique, technologique, architectural ou encore matériel (TE), des propositions faisant référence au domaine organisationnel (règles RE et mise en œuvre de ces règles MO). Cette distinction permet de rendre l’analyse qualitative plus fine et plus précise.

Notons que le choix d’un descripteur (VA, ST, TE, RE ou MO) dépend du contexte de l’interaction ; c’est-à-dire des questions posées aux participants et des thématiques qu’eux-mêmes interrogent. Prenons quelques exemples :

 La question 2 (comment le quartier serait-il alimenté en eau et en électricité ?) appelle majoritairement à l’énonciation de solutions techniques et matérielles (TE). Mais, à certains moments de l’interaction, les participants peuvent discuter de notions plutôt d’ordre idéologique (VA), telles que le partage de ressources ou encore le gaspillage, pour préciser et/ou défendre des solutions de production et distribution de l’énergie.

 La question 7 (quels systèmes « monétaires » pourraient être mis en place ?) peut appeler à l’énonciation de solutions ou d’arguments se référant aux cinq descripteurs. Un système économique peut s’appréhender sous l’angle des valeurs (place de l’argent dans le quartier, la société ?), mais aussi sous l’angle des règles (quelles règles pour les échanges ?) ou encore sous l’angle technologique (quels moyens techniques pour échanger ? Exemple : un badge électronique pour tracer les échanges entre pairs, etc.).

 La question 8 (quelles seraient les règles du consensus de votre quartier ?) appelle majoritairement à l’énonciation de règles (RE) et de mises en œuvre de ces règles (MO). Mais, à certains moments de l’interaction, les participants peuvent évoquer une solution ou un argument d’ordre technologique (TE) pour préciser et/ou défendre la mise en œuvre d’une règle (exemple : un agenda numérique).

Les critères (arguments) sont au nombre de 36. Ils concernent uniquement les activités argumentatives : constructives (options avec critères) et dialectiques (thèses). La grille des critères a été construite de manière inductive et itérative de sorte à conserver une homogénéité entre les quatre groupes. Nous sommes partis des données empiriques et du sens des mots verbalisés par les participants pour construire un ensemble de critères reflétant chacun des significations différentes. Un exemple est proposé pour chaque critère dans le tableau 9.

149 Exemple de codage du corpus

La figure 17 est un extrait du corpus. On retrouve dans les six premières colonnes, les catégories nécessaires à l’identification du contexte de l’interaction. Nous avons ici la retranscription de l’équipe 1, depuis le tour de parole N = 0055e au tour de parole N = 0067. Les locuteurs concernés sont P1 (= designer), P3 (= écologiste) et P4 (= ingénieur). Les participants discutent la question 7 (Q7) et plus spécifiquement la thématique « quel système monétaire ».

Figure 17 : Etude 2 : extrait issu du codage du corpus de l’atelier de co-conception.

Les septième et huitième colonnes servent à coder la dimension dialogique. On retrouve les activités dialogiques (septième colonne) et les relations dialogiques (huitième colonne). Au tour de parole N = 0055e, le participant P1 lance la thématique (= I). Au tour de parole N = 0055f, il propose une solution (= O5). Au tour de parole N = 0055g, il argumente en faveur de cette solution (= Arg+ et relation dialogique envers O5). Les trois participants passent ensuite par une phase de clarification de O5, du tour de parole N = 0056 au tour de parole N = 0062. Ensuite, au tour de parole N = 0063a, le participant P3 propose une autre solution (= O6). Au tour de parole N = 0063b, P3 propose encore une autre solution (= T7). Cette solution est une thèse parce qu’elle sera argumentée négativement par le participant P4 au tour de parole N = 0064 puis au tour de parole N = 0067. Notons que ce sont bien les activités dialogiques qui découpent les tours de parole N en segments Na, Nb, etc.

Les neuvième et dixième colonnes servent à coder la dimension épistémique. On retrouve les descripteurs (neuvième colonne) et les critères (dixième colonne). Aux tours de parole N = 0055e et N = 0055f, le participant P1 inscrit la thématique puis la solution O5 dans la dimension « sociotechnique » (ST). A ce moment-là, il n’y a pas de critères évoqués. Au tour de parole N = 0055g, le participant 1 argumente en faveur de O5 en faisant référence au critère de la confiance (CONF), entendu ici comme une valeur (VA). Les trois participants passent ensuite par une phase de clarification de O5, du tour de parole N = 0056 au tour de parole N = 0062. Cette clarification concerne d’ailleurs le passage de la dimension « sociotechnique » à la dimension « idéologique » (question du participant P4 au tour de parole N = 0056). Ensuite, au tour de parole N = 0063b, le participant P3 propose une autre solution (= T7). Cette solution est un moyen de mettre en œuvre (MO) la règle des échanges, et elle fait référence à du technologique (TE). Au tour de parole N = 0063c, le

150 participant P3 défend la thèse T7 en exprimant que c’est une mise en œuvre utile (MO – UTIL) qui peut justement régler le problème de confiance (VA – CONF). Aux tours de parole N = 0064 puis N = 0067, le participant P4 rejette la thèse T7 parce qu’il trouve justement qu’elle est inutile (MO – UTIL) si on se fait confiance (VA – CONF). Notons que c’est bien la dynamique de l’interaction (et donc le contexte) qui guide le choix des descripteurs et des critères.

2.3.2. Analyse quantitative des produits de la conception

Les produits issus de l’activité collaborative de conception, à savoir les solutions (options et thèses) et les critères évoqués, ont fait l’objet d’un traitement statistique permettant de décrire leurs répartitions et leurs fréquences d’apparition ; pour les 4 équipes au total et pour chaque équipe. D’autre part, le comptage de ces produits engendre des tableaux de contingence à partir desquels il est possible d’évaluer la dépendance entre différentes variables (le nombre de solutions évoquées, le nombre de thèses évoquées, le nombre de critères de nature « idéologique » évoqués, le nombre de critères de nature « sociotechniques » évoqués, etc.).

Les relations de dépendance / indépendance entre différentes pairs de variables ont été analysées à l’aide des deux tests statistiques suivants :

 Le test du Khi-deux d’indépendance (2

) avec comme hypothèse nulle (H0) : les deux variables sont indépendantes.

 La statistique du Phi-deux (Φ2

) qui permet de calculer la liaison entre des variables nominales. L’avantage du Φ2

est qu’il est indépendant de l’effectif total. Nous avons donc utilisé cette statistique lorsque la principale condition du Khi-deux (tous les effectifs théoriques doivent être supérieurs à 5) n’était pas respectée. Un Φ2 égal à 0 indique une absence de liaison. Un Φ2 proche de Φ2max indique une liaison forte. Nous avons également utilisé cette statistique pour comparer certaines distributions à une distribution plate (c’est une distribution uniforme sur l’ensemble des modalités de la variable).

Etant donné le nombre important de critères (36 critères au total) et dans le but de rendre l’analyse statistique de ces derniers plus facile, nous les avons regroupés pour en réduire le nombre. Le tableau 10 présente le regroupement des critères pour l’analyse quantitative.

Tableau 10 : Etude 2 : regroupement des critères pour l’analyse quantitative.

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