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Codage des opérations d’écriture : ajout, suppression, remplacement, déplacement et ratures déplacement et ratures

SYNTHESE des notions centrales du chapitre 5

6.3. Méthodologie de travail pour la transcription des textes du corpus

6.3.1. Transcription diplomatique

6.3.1.1. Codage des opérations d’écriture : ajout, suppression, remplacement, déplacement et ratures déplacement et ratures

Les textes d’élèves, de même que les brouillons d’écrivain, sont caractérisés par la présence de ratures, d’ajouts, de suppressions et de remplacements de caractères, de mots ou de phrases. Ces éléments sont d’ailleurs souvent combinés ou accumulés. Un texte peut donc présenter des suppressions ou des ajouts à la fois de la part de l’élève et de celle de l’enseignant (lorsqu’il s’agit par exemple d’un corpus comprenant les annotations de l’enseignant). Ces opérations peuvent être effectuées au moment de l’écriture ou bien ultérieurement, comme le signalerait une couleur d’encre différente par exemple. Le protocole de transcription doit donc permettre un codage clair et accessible de chaque processus (Doquet & al., 2017a et b).

Dans la mesure où notre consigne ne prévoit pas de réécriture du texte produit par les élèves, nous ne sommes pas confrontés aux problèmes soulevés par les différentes « voix » du texte (élève/enseignant) et les différents moments de l’écriture à plusieurs jours d’intervalles, se traduisant par plusieurs versions d’un même texte. Pour autant, la question des différents

191 temps d’écriture se pose tout de même puisqu’un simple ajout ou une rature peuvent être considérés comme un retour en arrière dans le processus rédactionnel, relevant de la révision (ou reviewing, Hayes & Flower, 1981 ; cf. chapitre 3, section 3.1.). Les ratures, ajouts, suppressions, remplacement et déplacement d’éléments du texte sont des marques qui permettent au lecteur de reconstituer les opérations scripturales (Grésillon 1994, cité par Doquet & al., 2017). Pour coder ces opérations lors de la transcription des textes, nous utilisons :

- les chevrons pour marquer l’ajout d’un segment de texte : <segment ajouté> - les crochets pour marquer la suppression : [segment supprimé]

- une combinaison du signe dièse et de x pour marquer un segment illisible, quelle que soit sa taille : #xxx# lorsque le segment est isolé, #x# lorsque le segment est compris dans un mot lisible

- une combinaison des codes décrits ci-dessus lorsqu’il s’agit de la suppression d’un segment non lisible (trace de gomme, d’effaceur, de blanc ou rature) : [#xxx#]

- Le codage des opérations de remplacement et de déplacement est la combinaison des opérations d’ajout et de suppression, avec un signe distinctif (@1) identifiant le segment déplacé

Nous illustrons ces codages par la reproduction ci-dessous d’un extrait de texte d’élève (6) suivi de sa transcription.

abitait dans un manoir entée ils avai#x#ntune voisine.

Elle habitait dans cette maison depuis longtemps. Un jour [Tom] en hiver <pendant la nuit> Tom se réveilla en surso acause d’un grand bruit #xxx# il entandit Chou ! #xxx# de la fumé sortit de la sale à manger.Le lendemain

Il se retourna en entendant ce grand bruit. [Cette] Ce manoir était bien et

192 A la troisième ligne du texte, un segment non lisible est présent entre les mots bruit et il. Il est donc codé par trois caractères x entre dièses : bruit #xxx# il. A la première ligne reproduite du texte de l’élève, il y a un segment non lisible au milieu du verbe avoir, codé par un seul caractère x entre dièses : avai#x#ntune. L’étude très détaillée de la copie (zoom plusieurs fois) montre qu’il s’agit probablement de la lettre e sur laquelle l’élève a inscrit la lettre t puis l’a biffée, signe d’une hésitation entre forme verbale au pluriel et forme verbale au singulier. Cet élément pose une question difficile et caractéristique de la transcription : jusqu’à quel degré de détail doit-on aller dans la transcription ? À partir de quel moment y a-t-il basculement de la transcription vers une analyse interprétative ? Nous avons fait le choix de ne transcrire que les éléments visibles à l’œil nu (sans zoom sur la copie) et ne nécessitant pas d’étude approfondie. Le codage utilisé suffit à marquer la présence d’un élément remarquable, que chacun sera libre d’étudier plus en détail en revenant au scan du texte. Par exemple, la trace graphique sur la troisième ligne, entre Chou ! et de est codée comme un segment illisible car il peut potentiellement intéresser les généticiens du texte : il pourrait s’agir d’une hésitation de la part de l’élève concernant une trace de guillemets, comme on apprend à l’école qu’une onomatopée s’écrit entre guillemets.

Le souci de reproduire le plus fidèlement possible les éléments visibles sur le texte de l’élève peut nous amener à combiner les codages, comme par exemple dans (7) :

réèlement hanté. Depuis cette aventure, les enfants ne sortent plus la nuit.

[<Duco>#x#Les petit] Ducou les petits aventurier ont déménager le plus loint possible

Figure 7 : Texte de Nina, CE2 L

Au début de la deuxième ligne, l’élève a ajouté un segment dans la marge, codé ainsi entre chevrons. Ce segment se termine par un élément non lisible, codé par #x#. Mais cet ajout est constitutif d’un segment plus long, lui-même finalement supprimé, donc codé entre crochets.

La transcription relativement simple de ces combinaisons d’opérations scripturales trouve ses limites dans les textes fortement remaniés, comme dans (8) ci-dessous. Comme il s’agit de plusieurs opérations de remplacement d’éléments par d’autres, il faudrait coder ces

193 opérations par des suppressions entre crochets puis des ajouts entre chevrons. Mais dans cet extrait, il est impossible de savoir dans quel ordre se sont succédées les biffures (d’abord celle au-dessus de la ligne ou celles en-dessous ?). Dans ces cas-là, nous avons choisi une transcription qui respecte l’utilisation de l’espace de la page par l’élève et qui se contente de marquer les suppressions, sans risquer une interprétation concernant les moments auxquels interviennent les différents ajouts.

vieille

[vieux] dame

Il était une fois, un[e] [vieille] [dame] qui s’appeler Jeneviève [vieux] [MR]

Elle habitait dans cette maison depuis longtemps. Cette maison était

Figure 8 : Texte de Samuel, CM2 B

Ces très nombreuses ratures témoignent d’une hésitation sur le genre du personnage. Il semble que l’élève a d’abord introduit un personnage féminin mais qu’il a ensuite rectifié en masculin, sans doute en essayant d’intégrer la deuxième phrase.

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