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’analyse des relations entre sciences, communication et société est un poste d’observation intéressant et original au sein des études de sciences pour lesquel-les la communication ne constitue pas un objet de recherche privilégié. Les principaux auteurs de ce domaine se limitent en général à pointer l’existence de pratiques de vulgarisation ou d’un débat public à propos de sciences1. Et quand des dimensions communi-cationnelles sont pointées, c’est rarement à partir d’observations systématisées et de concepts adaptés à l’état contemporain des recherches sur la communication. Le champ des études des relations entre sciences, communication et société est donc encore largement ouvert. Encore faut-il savoir quoi y chercher.

À la suite des chercheurs qui ont ouvert la voie, défriché le terrain et proposé des élabo-rations théoriques (en particulier Beaudouin Jurdant, Daniel Jacobi, Bernard Schiele, Eliséo Véron ou Yves Jeanneret, pour ne citer que les plus connus2), notre discipline ou les auteurs qui en sont proches ont décrit des stratégies ou des dispositifs de communication scientifique (Pierre Fayard), des discours publics ou médiatiques à propos de science (Suzanne de Chevei-gné), des modes d’appropriation ou de contestation de ces discours dans le débat public et les opinions qui structurent ce dernier (Daniel Boy), ou encore les types de relations qui s’établissent entre les publics et les institutions de culture scientifique et technique (Joëlle Le Marec). Les sciences de l’information et de la communication ont trouvé dans l’étude des rela-tions entre sciences et communication certains de leurs développements théoriques et de leurs terrains empiriques les plus originaux.

J’ai fait partie, à la suite de tous ces « fondateurs », de ceux qui ont contribué à auto-nomiser l’étude de ce secteur de la production culturelle et médiatique. Dans le travail que nous avons mené au laboratoire « Communication, culture et société » de l’École Normale Supérieure Lettres et Sciences humaines, l’enjeu d’une autonomisation de ce thème relevait à la fois d’une perspective scientifique et d’une démarche institutionnelle. Constatant l’autonomisation croissante de la communication scientifique dans la foulée de sa progressive professionnalisation, et les enjeux de la circulation des savoirs dans une société se définissant – ou se fantasmant – comme une « société de la connaissance », il semblait logique de renforcer l’étude des communications sociales accompagnant la production scientifique. Il semblait éga-lement assez naturel, après le relatif échec du champ « STS » (Sciences, Technologies et

1 À titre d’illustration de ce constat, présenté ici de manière sommaire, je signale que dans les différentes éditions du manuel de sociologie des sciences de Dominique Vinck (Vinck 1995 ; 2007), aucune entrée n’est consacrée ni à la communication scientifique, ni à la vulgarisation. En ce qui concerne la philosophie et l’histoire des sciences, je note que la communication ne figure pas dans le Dictionnaire d’histoire et philosophie des scien-ces de Dominique Lecourt (Lecourt, 1999). En revanche, on trouve trois pages rédigées par Yves Jeanneret sur la vulgarisation.

2 Pour une lecture du champ des recherches en communication sur la vulgarisation, la communication scientifique publique ou les discours à propos de sciences, je renvoie à ma thèse de doctorat, à Jeanneret (1994) ou encore à Jacobi et Schiele (1988). Voir également la thèse fondatrice de Baudouin Jurdant, récemment éditée après n’avoir été disponible durant plus de trente ans que sous forme de photocopie : Jurdant (2009).

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té), de vouloir que l’objet que nous construisions scientifiquement soit également reconnu institutionnellement, en particulier au sein des études de sciences et dans le champ des sciences de l’information et de la communication. C’est pourquoi nous avons mis en place, en parallèle aux diverses opérations de recherche menées, une série d’actions visant à renforcer la présence du thème « sciences, communication et société » dans l’espace institutionnel : création d’un laboratoire3, organisation de séminaires et de colloques4, mise en place de formations diplô-mantes5, constitution d’un corpus critique6, etc. L’enjeu était cependant moins la visibilité que l’organisation d’un espace de réflexivité dans un domaine où celle-ci est essentielle.

Cependant, l’autonomisation scientifique et institutionnelle d’une thématique de re-cherche peut se révéler problématique. La focalisation de l’attention qu’elle organise autour de certains thèmes de réflexion contribue en effet à construire, à légitimer et à faire circuler des catégories ou des concepts dont les acteurs sociaux se saisissent parfois. On pourrait se réjouir de telles appropriations si elles étaient le fait de cette fameuse « société civile » dont la « société de la connaissance » a construit le fantasme – ou le fantôme – en y voyant une manière pour le citoyen de peser sur les décisions de politiques publiques en matière de choix technologique et scientifique. Il existerait aujourd’hui, dit-on, un espace public où se discuteraient démocrati-quement les choix de société. Ce qui n’a pas empêché la condamnation en 2004 de José Bové et de plusieurs autres faucheurs de maïs transgénique à des peines de prison quand ces derniers ont voulu faire respecter une directive européenne que l’État français n’appliquait pas en ma-tière d’organismes génétiquement modifiés7. On se rappellera aussi du beau texte rédigé par Isabelle Stengers8 et prononcé devant le tribunal lors de son inculpation pour la destruction d’un champ de maïs transgénique, texte qui conforte l’idée, tant dans son contenu que dans sa circulation sociale et médiatique, d’une étroite intrication des savoirs et des actions qui

3 Le laboratoire « Communication, Culture et Société » (JE 2419) a été fondé par Joëlle Le Marec et moi-même en 2002 sous la forme d’une Jeune Équipe reconnue par le Ministère (http://c2so.ens-lsh.fr). Ce labo-ratoire a été créé à la suite d’une réponse à un appel d’offre de recherche que nous avions proposé lors d’une Ac-tion Concertée Incitative « jeunes chercheurs » du Ministère, et qui portait sur les relaAc-tions entre sciences, médias et société. La politique ministérielle d’alors consistait à soutenir la création de laboratoires sur la base de projets considérés comme innovants.

4 Le Marec et Babou (2005). Nous avons également co-organisé le colloque international « Les sciences citoyennes », avec le CRESAL, à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, le 14 janvier 2005.

5 En particulier un cursus complet de master, orienté recherche : je me suis occupé du montage du Mas-ter Recherche 1 « Sciences et connaissance : dispositifs, représentations et communication » ainsi que de celui du parcours « Sciences de la communication » du Master Recherche 2 « Histoire, philosophie, didactique des scien-ces, sciences de la communication » (http://infocom.ens-lsh.fr)

6 Dans le cadre d’un contrat avec la Direction des technologies du Ministère, notre laboratoire s’est asso-cié avec celui de Baudouin Jurdant (Crics de Paris VII) pour organiser une série de séminaires et réaliser la numé-risation et la mise en ligne d’un corpus critique de textes fondateurs ou difficiles d’accès dans le domaine « STS » : http://sciences-medias.ens-lsh.fr/scs/

7 Il s’agissait du fauchage d’un champ à Menville le 24 juillet 2004. Une condamnation à la prison ferme a été décidée en 2007 pour J. Bové, tandis que huit autres faucheurs ont été condamnés à des peines de prison avec sursis. Le juge de l’application des peines a ensuite transformé cette peine de prison en amende (voir par exemple http://www.liberation.fr/societe/010121645-la-prison-confirmee-pour-jose-bove ou le communiqué de presse de la Confédération paysanne :

http://www.confederationpaysanne.fr/suites_judiciair_actions_ogm_moratoire_justic_23.php&actualite _id=1201)

pagnent l’industrialisation de l’agriculture et la privatisation du vivant au profit de l’industrie des biotechnologies en l’absence de réel contrôle démocratique. Des « arènes » ou des « collec-tifs hybrides » permettraient au citoyen d’émettre un avis éclairé. Mais personne n’a tenu compte des avis citoyens exprimés à Grenoble, par exemple – et avec quelle vigueur ! – quand ceux-ci dénonçaient l’installation d’un pôle industriel et technologique autour des nanotech-nologies et de la convergence entre biotechnanotech-nologies et industrie sécuritaire. Doit-on également rappeler, avec J-M. Lévy-Leblond9, l’épisode de la levée de bouclier médiatique, en juin 1992, de vingt-cinq des plus éminents biologistes français qui, par voie de presse, ont critiqué un projet de loi portant sur le contrôle de l’utilisation et de la dissémination des organismes géné-tiquement modifiés. Alors que la loi prévoyait une enquête publique préalable à la création de nouveaux centres de recherche, le lobby scientifique en question a fait pression en dénonçant les lourdeurs de la procédure, ce qui a entraîné le Sénat à limiter les obligations de transpa-rence aux informations scientifiques « non couvertes par le secret industriel et commercial ». Comme le remarque ironiquement Lévy-Leblond, le fait que l’Assemblée ait accepté cette mo-dification du texte de la loi « […] donne la pleine mesure de notre démocratie quant au champ techno-scientifique »10. Nous serions entrés dans une ère de techno-démocratie… mais quand quatre-vingts universités font grève ou mènent des actions de contestation durant plus de trois mois pour lutter contre une réforme calamiteuse de l’enseignement supérieur et de la recher-che, quand de nombreuses sociétés savantes, des sections du CNU ou des académies des scien-ces s’expriment et manifestent fermement leur désaccord en revendiquant une connaissance rationnelle et dialectique de leur métier et des valeurs qui s’y attachent, nos tutelles se conten-tent d’envoyer les CRS interpeler violemment des syndicalistes et des étudiants.

Ce qui apparaît alors à ceux qui ont l’expérience de ce secteur, et qui ne le pratiquent pas seulement comme un champ théorique mais pour ce qu’il est en définitive, à savoir un champ hétérogène où les catégories conceptuelles issues des sciences humaines et sociales sont l’objet de luttes de la part d’acteurs sociaux engagés dans l’action, c’est qu’en fait de « société civile », se sont les industriels, les grands laboratoires et les tutelles politiques qui se sont saisi de la catégorie de la « communication » dans une visée d’instrumentalisation : la rhétorique, omniprésente aujourd’hui, de « l’acceptabilité » des choix technologiques et scientifiques, ou encore la transformation dans les titres de divers colloques et appels d’offre européens du syn-tagme « sciences et société »11 en « science dans la société »12, dans le sillage d’une apologie de la démocratie participative en matière de choix technologiques et scientifiques, sont les symptô-mes de cette appropriation des catégories dans une visée d’action. Les activistes en lutte contre le modèle productiviste qui sous-tend l’innovation scientifique et technologique ne se privent pas non plus de mobiliser la communication dans leurs actions et plus généralement les scien-ces humaines et sociales dans leurs réflexions : on trouve ainsi des référenscien-ces à Habermas dans

9 Lévy-Leblond (1996).

10 Ibid., p. 54.

11 C’était le titre d’un appel à propositions du 6e PCRD (programme cadre de recherche et développe-ment de la communauté européenne). Le 6ème PCRD a été le premier programme communautaire à prévoir un ensemble distinct d'activités pour le financement dans le domaine de la science et de la société (http://cordis.europa.eu/science-society/).

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le site des activistes de Pièces et Main d’Œuvre13, ou encore de virulentes dénonciations du thème de l’acceptabilité et de la manière dont le CCSTI de Grenoble intervient dans le débat public autour des nanotechnologies14. Mais la situation se complique encore quand on sait que la raison d’être du Cluster de recherche régional Rhône-Alpes « Enjeux et représentations des sciences, des techniques et de leurs usages »15 a pu être justifiée publiquement, au plus haut niveau politique régional, entre autre et bien entendu pas exclusivement, par une envie de comprendre… les raisons qui font agir Pièces et Main d’Œuvre16. On pourrait bien entendu multiplier les exemples de ce type, du niveau local au contexte global où interviennent les grandes ONG environnementalistes. D’où l’extrême complexité de ce domaine dans lequel nulle position d’extériorité n’est permise au chercheur : il n’existe pas de point de vue axiologi-quement neutre d’où étudier la communication autour des sciences et des techniques dans une société qui se pense comme – et en fin de compte croit réellement être – une « société de la connaissance ». D’autant que cette expression est avant tout comprise et mobilisée dans le sens du développement économique et industriel, de l’innovation technologique et d’une pratique de l’expertise détachée de tout contrôle démocratique.

Ce qui me parait essentiel au stade où j’en suis de ma réflexion, dans ce foisonnement d’acteurs engagés à divers titres dans le débat et dans l’action autour des sciences « dans » la société – expertise, consultance, recherche, militance ou gestion politique, syndicalisme, mili-tance altermondialiste ou écologiste, industriels, professionnels de la communication et journa-listes scientifiques, tutelles universitaires et de la recherche, éducation populaire, patrimoine, etc. – c’est que la communication s’insère dans une reconfiguration assez nouvelle, et plus gé-nérale, de la place des sciences dans la société. Dominique Pestre17 met ainsi l’accent sur « les nouveaux régimes de production, d’appropriation et de régulation des savoirs et des produits techno-scientifiques » qui ont émergé à partir des années 1960 et qui se caractérisent, entre autres, par le transfert au domaine de la recherche et de l’université des modes de gouvernance et de production apparus dans l’industrie : à mesure que le pouvoir passait, dans la vie écono-mique, des managers aux actionnaires et aux acteurs financiers18, la recherche et les universités voyaient leurs modes de gouvernance et de production des savoirs modifiés dans le même sens. Elles sont au cœur de nouvelles pratiques industrielles et commerciales et de nouveaux modes d’exercice de la propriété avec la transformation du droit des brevets dans les années 1980. Toujours selon Pestre, les « techno-sciences ont conduit à des formes de biopolitique

13 Pièces et Main d’Œuvre est un site grenoblois de critique et de lutte contre les nano-bio-technologies. Son action a démarré avec l’implantation du pôle de recherche et de développement nano-bio-technologique Minatec. http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article32

14 http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?article93

15 Ce cluster financé par la région Rhône-Alpes, lancé au départ par Sylvain Auroux, est aujourd’hui di-rigé par Joëlle Le Marec. J’y participe régulièrement en tant que chercheur.

16 Discours de Roger Fougère, directeur régional de la recherche et des technologies : Fougère (2010).

17 Pestre (2010). Cet article est à paraître à la date de rédaction de cette HDR, mais j’ai eu accès à son contenu par le directeur de collection chargé de la publication. Les citations qui suivent ne seront donc pas réfé-rées à des numéros de page. Voir également Dahan et Pestre (2004).

18 C’est ce qu’on a appelé « toyotisme » en sociologie du travail, en référence aux usines Toyota qui ont été les premières à passer du modèle tayloriste à la production en flux-tendu et à court terme indexée sur les commandes des clients, et non sur les prérogatives anciennes des ingénieurs de la production. Voir Lallemand (2007, p. 195-201).

quement neuves puisque leur maîtrise est plus dans la main des individus que dans celle des États »19. Dans le domaine du travail,

La seconde figure devenue centrale à côté de l’actionnaire est le consommateur, le client. En ce sens, c’est moins l’offre que la demande qui règle dorénavant le jeu productif, c’est moins la production – le couple manager qui planifie/produit offert par l’entreprise – qui règle le jeu, que le couple : actionnaire qui pense une rentabilité financière/client volatile dont les besoins et désirs sont à anticiper et à cons-truire20.

Dans ce contexte, l’équilibre qui s’était créé entre la fin du XIXe siècle et les années 1960 entre savoirs publics et connaissances privées s’est transformé, via un changement des droits d’appropriation, et au profit d’une privatisation de la connaissance21. Or, ce qui apparaît quand on s’intéresse aux nouveaux modes privatisés de régulation de la connaissance, c’est que c’est aussi de débat que l’on est privé quand des brevets sont pris par des industriels et échap-pent ainsi à toute discussion publique, y compris à la discussion universitaire. Et quand cette privatisation de la connaissance concerne le vivant et le génome animal, végétal et bientôt hu-main, les enjeux ne sont plus seulement économiques et politiques, mais relèvent alors d’une rupture anthropologique et historique : c’est toute une conception du rapport entre culture, nature et connaissance qui est en train de se transformer.

Il me semble que c’est dans ce contexte que l’on peut le mieux comprendre l’importance de la communication et des appels à la « participation citoyenne » au débat public en matière de choix technoscientifiques. Si, dans nos réflexions et dans nos recherches empiri-ques, on autonomise la communication – par exemple la communication médiatique et les discours à propos de sciences - sans tenir compte de cette évolution des régimes de savoir, on court le risque de passer à côté de l’essentiel. C'est-à-dire à de ne pas voir l’importance des transformations induites par le processus d’indexation des savoirs issus de la recherche et de l’université sur une « demande sociale » supposée, ou construite, et pour laquelle la communi-cation est fortement mobilisée : une série d’analogies entre économie et connaissance s’est pro-gressivement instaurée, remplaçant le vieux couple « savoir et pouvoir ». Je n’avais pas perçu, dans toute son ampleur, l’importance conceptuelle et pratique de ces transformations avant d’avoir contribué à une recherche collective sur l’autonomisation de la communication dans les institutions scientifiques. Mais il me semble que je n’aurais pas non plus pris pleinement cons-cience des enjeux soulevés par ces questions si je n’avais pas vécu ces transformations de l’intérieur, en tant que fonctionnaire salarié de l’Éducation nationale confronté à l’absurdité atterrante de réformes profondément idéologiques : au-delà des lectures théoriques, à côté des démarches empiriques, c’est l’implication active qui constitue souvent le facteur déclenchant de nos compréhensions et de nos plus importantes élaborations conceptuelles. Si nulle position d’extériorité ne s’offre à nous, il faut reconnaître que la position d’implication active – y com-pris dans l’action ou la contestation politique – est une manière, peut-être paradoxale mais qu’importe, de construire des savoirs non pas « objectifs », ni « positifs », mais au moins inté-ressants et permettant d’avancer et de comprendre.

Quand une société se pense comme une « société de la connaissance » et qu’elle fait en sorte que le savoir ne relève plus d’un pouvoir de type étatique, mais devienne un potentiel

19 Pestre (2010).

20 Ibid.

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d’innovation destiné à alimenter une économie indexée sur la demande sociale, alors on peut prétendre que l’équivalence entre « connaissance » et « produits de consommation »22 est légi-time, et on peut réformer la recherche et l’université de manière à ce que les processus de déci-sion échappent aux chercheurs et se détachent de toutes les valeurs et normes transmises au cours des siècles précédents. Le statut des chercheurs et des universitaires se rapproche au-jourd’hui de celui d’ouvriers spécialisés ou de techniciens du savoirs dépossédés de leur aura et de leur autonomie d’intellectuels : recul des libertés académiques, fabrication dans l’urgence permanente de produits de formation combinables à volonté dans le contexte de finalités opa-ques, non débattues et extérieures à leurs enjeux, marchandisation et privatisation de la recher-che, évolution depuis l’ancien couplage entre recherche et développement vers la seule innova-tion, concentration autour de pôles territoriaux définis arbitrairement ou par des indicateurs

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