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Le tableau 2.6 a montré que le passage d’une saison à l’autre n’a pas lieu à un moment précis. De ce fait, le llujay, le t’iray et les Pâques se trouvent toujours dans une espèce de phase transitoire entre le Hatun Poqoy et le Chiraw. Leur assignation à l’une ou l’autre de ces saisons sera donc nécessairement arbitraire.

Les Pâques

Suite à la rupture et au bouleversement de l’ordre que signifient habituellement les fêtes de carnaval (voir vers la fin de ce chapitre), les Pâques sont l’occasion d’un calme relatif qui implique l’arrêt des activités dans les champs. On pourrait s’attarder sur l’ensemble de considérations qui sont à l’œuvre pendant ces fêtes d’obligation chrétienne (voir par exemple Barcelos Neto 2012 pour la région Ancash), mais le plus important pour notre étude, c’est que les Chillimoccokuna affirment que la terre est morte pendant ces jours. Bien que l’observance chrétienne de ces jours corresponde bien avec le respect pour une terre tenue comme morte, on n’établit pas nécessairement de lien explicite entre cette dernière et le Christ mourant. Dans le

132 Si l’on a moins de temps. 133 Si l’on a moins de temps.

Terrain plus incliné Terrain moins incliné

- Chiendent + Chiendent - Chiendent + Chiendent

- Espace T’iray Lluja complète T’iray Lluja complète

dialogue suivant avec Marcial Condemayta, de Sayapata, c’est nous qui suggérons le lien, pour connaître son avis134 :

—MA. Dans le mois des Pâques… avril plus ou moins… on dit qu’elle est morte. Elle ne mange pas d’offrande. Même si tu lui donnes elle ne reçoit pas… elle est comme endormie.

—Ant. Jusqu’à quand? Jusqu’en avril, jusqu’en mai…?

—MA. Seulement dans les Pâques. (...) En jeudi de Pâques, en vendredi de Pâques, seulement dans ces jours elle est morte, on dit…

—Ant. Ok, je comprends…

—MA. Elle ne reçoit rien (…) Après les Pâques c’est comme d’habitude [elle reçoit]. —Ant. Est-ce comme Jesús qui est mort pendant les Pâques ou non?

—MA. Oui, oui, oui, c’est ainsi… Le samedi de Pâques, le dimanche de Pâques, le Domingo Pascua, et c’est tout…

Indirectement, il y aurait donc une espèce de parallèle, mais non une identité, entre la terre et le Christ. Les conséquences pratiques sont toutefois assez claires : la terre ne recevra ni des offrandes, ni du travail, ni d’intrant quelconque dans ces jours; elle n’établit tout simplement pas de lien. Ceci suggère que la terre à Chillimocco est considérée un être vivant (et ce, de manière explicite comme nous le verrons dans le chapitre 4) qui a une vie concrète avec des variations au long de l’année135.

Oqa-lisa hasp’iy: La récolte de tubercules andins

Après les Pâques, les Chillimoccokuna se rendent aux champs où l’on a récolté la pomme de terre dans les itinéraires chawpimaway et puna en mai de l’année d’avant et qui ont été plantées par la suite avec de l’oqa au mois d’août. On est maintenant autour du mois d’avril pour la récolte de l’oqa, que nous allons appeler oqa-lisa pour celle qui a lieu là où l’on a cultivé la pomme de terre puna et chawpimaway l’année d’avant. Plus tard dans l’année, entre les mois

134 —MA. En el mes de Pascua… abril, así… dice que está muerto… no come recado… Aunque das,

aunque das… no te recibe… está duermido está. —Ant. Ahá… hasta cuándo? Abril mayo será…? —

MA. Hasta Pascua. (...) En jueves santo, viernes santo… en esos días nomás está muerto dicen… —Ant. Ya ya ya… —MA. No recibe nada (…) Después de Pascua normal. —Ant. Será pues como Jesús que está muerto en Semana Santa no? —MA. Sí, sí, así es… De Sabado Gloria, Domingo Pascua, de ahí ya…

135 Plusieurs cultures autochtones et plusieurs religions de l’antiquité —qu’Éliade (1949) a apellé de

religions agraires— ont pris en compte cette considération d’une terre vivante. C’est le cas, entre autres, chez les Inuits du Nord canadien (Frédéric Laugrand, communication personnelle, janvier 2014).

de décembre et janvier, aura lieu la récolte de l’oqa plantée la 2e année sur les parcelles qui ont été cultivées préalablement avec de la pomme de terre en itinéraire maway.

Photos 3.4 – Julia Fuentes et ses filles récoltent de l’oqa, de la lisa et de l’añu

La dénomination d’oqa est une simplification, car sa culture inclut aussi deux autres tubercules assez semblables et cultivés à peu près dans les mêmes proportions: l’añu (ou isañu) et la lisa

(ou ulluku). Tous les trois sont plus doux que la pomme de terre. Ils sont généralement aussi plus petits, plus allongés et moins consistants. L’activité est appelée généralement hasp’iy ou allay, des noms qui font référence au verbe « gratter », du fait que l’on utilise beaucoup les mains (ou quelques instruments) pour gratter la terre afin de rechercher les tubercules.

Cette activité demande habituellement moins de force appliquée par mouvement et peut être exécutée en l’absence du chef de famille (l’homme le plus fréquemment). En 2008, Julia Fuentes la fit presque toute seule dans ses champs, car son conjoint était parti travailler à Marcapata. Elle et sa fille de 9 ans ont consacré deux journées complètes pour finir la récolte de leur parcelle située à Huayraqkunqa (voir photos 3.4). Ensuite, quelqu’un de passage sur les lieux a aidé Julia à charger le cheval pour apporter les tubercules à la maison. Une rawk’ana*, un willwi uma*, deux grands sacs, deux q’ipirina*, et un cheval ont été suffisants pour mener à bien cette activité. Comme dans la plupart d’activités dans la communauté, dans la récolte l’outil principal est le corps. Non seulement parce que la position que cette tâche exige est difficile pendant toute la journée (90º, ou plus, inclinée vers l’avant136), mais aussi parce que l’utilisation des instruments n’allège aucunement l’exercice physique en soi, au contraire il exige davantage.

Le travail que Julia réalisa consistait à défaire délicatement les billons*137 (dans lesquels grandissent les tubercules) à l’aide de la rawk’ana, pour ensuite défaire les plus petites mottes avec les mains en recherchant les tubercules. On avançait du bas vers le haut, un sillon après l’autre de droite à gauche (parce que l’on s’était placé du coté droit de la parcelle probablement), en jetant les tubercules sur une toile de plastique placée quelques mètres plus en haut. À chaque fois que l’on avançait sur un même sillon, on déplaçait la toile vers une place accessible pour continuer à jeter les tubercules.

136 Ou accroupie par moments, presque assise sur les billons qu’elle défaisait ou sur ceux à côté.

137 Les « sillons » sont la partie concave des lignes qui se forment dans un champ labouré. Les

Qachipay

Le mois d’avril est aussi le moment de réaliser le qachipay, dans les champs de maïs; une activité préalable à la récolte et qui la prépare en quelque sorte. Le qachipay est l’activité qui vise à couper les plantes de maïs avec une faucille et à les rassembler en plusieurs groupes sur le champ lui-même afin de laisser les épis mûrir sur la plante jusqu’au moment du tipiy —ou récolte du maïs. Ainsi, le nom peut être une dérivation de qachiykuy, « réunir » (AMLQ 2005:153); de qachay, « sécher au soleil »; ou même de qachiy, « sécher les épis de maïs » (Beyersdorf & Blanco 1984:38).

On fait le qachipay entre les mois d’avril et mai, d’abord pour les variétés llaqta et on continue immédiatement avec les variétés wari. Sa période est de 30 à 40 jours approximativement avant la récolte et comprend à la plupart des épis de la parcelle (quelques autres épis sont récoltés avant, comme nous verrons dans le sara tipiy).

La récolte de la pomme de terre dans les itinéraires puna et ruk’i

À peu près en même temps que le qachipay, ou juste après cette activité dans les zones les plus basses de la communauté, on commence à se déplacer vers les parties les plus hautes, autour des 4 200 m d’altitude pour la récolte de papa puna et papa ruk’i. Plusieurs familles possèdent des cabanes dans ces parties hautes, si leur étendue de terrain y est importante. Sinon, elles devront se déplacer quotidiennement entre leur lieu de résidence (Chillimocco) et leurs champs, tout au long de la période de la récolte. Elles en profiteront pour transporter la pomme de terre récoltée chaque jour.

Ce hasp’iy se déroule de façon semblable à celui de l’oqa. On cherche les pommes de terre en « grattant » consécutivement la terre de chaque billon avec les mains et la rawk’ana, ou avec le willwi uma (voir photos 3Q et 3R). Aussi, un autre élément est remarquable dans cette pratique: le papa hasp’iy sera pratiquement le seul moment de l’année dans lequel on va manger la huat’ia, qui est une préparation spéciale de la pomme de terre, rôtie dans un four que l’on improvise dans les champs avec des mottes de terre sèche.

Photo 3.5 – Bernabé avec sa rawk’ana

Photo 3.7 – La rawk’ana

Source : http://4.bp.blogspot.com/_Ls9yfIZVRS0/RrYJJZKOslI/AAAAAAAAAC4/d5C0xrevuq4/s400/033054.jpg

La place notable de cette activité dans l’ensemble du cycle agricole dérive du fait qu’elle produit les principales denrées alimentaires de l’année: les variétés natives de pomme de terre138 et, parmi elles, les pommes de terre « amères » (papa ruk’i) qui seront déshydratées (ch’uñu) et conservées pendant toute l’année. En même temps, il faut se souvenir que cette partie de la communauté est la plus haute et la plus éloignée. Le travail y est donc plus dur pour différentes raisons : les longs déplacements qu’il exige, le transport de la récolte, les gelées nocturnes plus fréquentes139, les pluies et les dégâts importants dus aux cerfs, qui résultent souvent en une recherche stérile de tubercules pendant la récolte. Plusieurs plants d’une parcelle ne produiront que deux ou trois petites pommes de terre, voire aucune.

La période que couvre ce hasp’iy va approximativement d’avril à juin. Cependant, certains comuneros affirment finir parfois en août (Cancio). C’est au milieu de cette période de deux ou trois mois que la récolte de la papa ruk’i a lieu, entre mai et juin notamment. Lors de sa récolte, María Fuentes laisse étendues dans un coin de la parcelle les pommes de terre qu’elle trouve progressivement. La terre étant très humide à Chillimocco (même pendant la saison dite

138 Les variétés de pommes de terre de l’itinéraire puna sont listées dans le tableau GB (chapitre 7). 139 Sont plus exposées à subir les effets du gel les parcelles semées plus tard dans la saison.

« sèche »), laisser les tubercules ainsi au sol, aussi longtemps que possible, aidera à leur enlever l’humidité pour les stocker avec moins de risque de développer des vers.

Vers la fin de la journée, elle coupera de l’ichhu aux alentours, en utilisant une faucille (voir photo 3.8). Cette graminée pousse comme de la paille partout dans la puna et est utilisée à cette époque de l’année pour couvrir la pomme de terre stockée140. La nuit précédant notre observation María avait laissé les premières pommes de terre récoltées cachées dans la parcelle simplement sous quelques mottes de terre. Simultanément à cette récolte a lieu le stockage des pommes de terre, pour les semences et pour l’alimentation dans le garde-manger familial qui est dans la maison. Grosso modo, les plus petites resteront dans la parcelle et seront d’abord transformées en ch’uñu, les moyennes iront au garde-manger comme des semences et les plus grandes, pour la consommation familiale.

Photo 3.8 - María coupe de l’ichhu pour couvrir les pommes de terre récoltées

Pour stocker la pomme de terre et pouvoir la conserver en bon état, on ne fait pas que choisir une bonne chambre de la maison, ventilée et sombre, et placer les tubercules sur des couches d’ichhu pour les séparer du sol (qui pourrait, lui, loger des vers qui abîmeraient le produit). On

fait aussi ce que l’on appelle le q’apachina, qui consiste —nous dit Florentino— à enfumer les produits stockés; on demande ainsi que la récolte ne s’épuise pas trop vite et que les semences ne perdent pas leur animo (nous dirons leur « âme » ou leur « essence », pour l’instant141). Pour ce faire, une préparation de feuilles de coca, avec des excréments de vigogne et de l’encens, est brûlée et sa fumée soufflée vers les tubercules.

Le paiement de Sainte Trinité

Juste à la suite ou en même temps (selon le calendrier catholique) que cette récolte, qui est probablement l’activité la plus importante du cycle agricole des Chillimocco, les habitants de Ccollasuyo réalisent un geste rituel assez complexe envers Juanikillu, le démon: le paiement (ou alcanzo*) de Trinidad. Des espèces de démons comme Juanikillu ou les anchanchu sont censés « habiter » (ou, plus exactement, « être en rapport avec ») des lieux comme les chutes d’eau, les sources, les lagunes et des recoins rocheux —cachés, d’altitude, lointains, humides ou sombres— qui sont proches de ces endroits. À Chillimocco, le fait d’établir un lien avec les anchanchu, les ancêtres, ou toute autre entité liée à ces espaces, est aussi établir un lien avec les espaces eux-mêmes. Ces aspects seront développés dans les chapitres 4 et 7. En plus, ce sont des actants qui influencent le sort du bétail, d’où leur importance pour l’agroélevage des Chillimocco.

Bien qu’il est supposé avoir lieu à minuit, en 2008 Aurelio mena cet acte vers 18h avant le dimanche catholique de la Sainte Trinité, qui marque la fin des Pâques. Il s’agit du premier alcanzo142 du cycle agricole. En plus, cet alcanzo est important pour les comuneros possédant des bovins, à cause de la ressemblance entre la physionomie de l’animal et l’image à cornes du Diable de la tradition chrétienne. « Les churu143 sont du Diable... ils ont des cornes quoi...! » diront quelques Chillimocco, un peu comme excuse pour le fait de ne posséder que des moutons.

141 Dans le chapitre 4 nous discuterons davantage cette notion. 142 Les alcanzo sont développés davantage dans le chapitre 7.

On présente des offrandes à ces entités avec davantage de ferveur si, par exemple, un des animaux du bétail est mort dans l’année. Ce fut le cas pour Aurelio en 2008, car un de ses animaux avait sauté une clôture et était tombé à l’abîme. « Ils sautent par dessus les clôtures simplement. C’est pour ça qu’il faut aller les chasser de là et les conduire plus haut, sinon ils entrent et endommagent les cultures144 ». L’effet du mauvais sort sur les animaux peut se manifester par des évènements dramatiques comme l’attaque d’un puma (ce qui peut arriver trois ou quatre fois par année) ou par des accidents plus fréquents comme une chute sur les versants escarpés.

L’offrande145 (despacho*) de cet alcanzo de Trinidad doit être « livrée » au lieu même où séjournent les bovins du propriétaire, habituellement assez haut. Les actants en question seront une chute d’eau, une lagune ou un autre lugar146 près de cet endroit où paissent et dorment les bovins régulièrement. Schlegelberger et Hansen (1993:193) trouvent la même chose à Quico (dans la province voisine de Paucartambo), mais les offrandes sont adressées seulement à la Pachamama147. De façon apparemment contradictoire, à Chillimocco, certains expliqueront qu’ils paient le diable, mais qu’ils ne croient pas vraiment en lui148.

—Damián. Pour Pachamama c’est sur papier blanc, pour Juanikillu c’est sur rouge. Je ne crois pas au Diable. Je lui paie, mais je crois seulement en Dieu et Pachamama... On paie à Juanikillu seulement ceux qui ont des churu (vaches et taureaux), eux y croient. Monsieur Aurelio... lui il en a!

—Ant. Mais Aurelio a payé sur papier blanc lors du paiement de Trinidad.

144 Texte original : Siempre se saltan las pirqas nomás, por eso hay que ir siempre para arrearlos más

arriba [del cerco, si no]… se meten y hacen daños.

145 En rigueur, on ne devrait pas parler d’« offrande », dû au sens spécifique que garde le terme dans la

culture religieuse catholique occidentale. Au premier abord nous l’utilisons pour passer une idée générale. Plus loin dans ce texte deviendra plus évident le sens non catholique que détient le despacho.

146 L’emploi du terme quechua lugar* —au lieu du sens espagnol du même mot, ou de l’équivalent

français de ce dernier, « lieu »— sera plus évident dans le chapitre 4.

147 Il faudrait voir si l’identité confessionnelle des auteurs (prêtres jésuites), n’a pas influencé cette

réalité ou, au moins, l’information donnée par les Quico, ce qui explique qu’ils évitent la mention des démons ou du diable.

148 Texte original : —DF. Para Pachamama es en papel blanco, para Juanikillu en rojo. Yo no creo en

diablo. Le pago pero creo sólo en Dios y Pachamama... Le pagan al Juanikillu los que tienen churu nomás, ellos creen. Don Aurelio... ése tiene pe! —Ant. Pero Aurelio en papel blanco nomás pagó en Trinidad. —DF. En Carnaval seguro ya pagará en rojo. Si yo tuviera churus le pagaría siempre pe... pero no tengo. En Yanacocha [está] Juanikillu pe... Laguna [es] pe.

—Damián. Sûrement en Carnaval il va payer sur rouge. Si j’avais des churu je payerais toujours au Diable, mais je n’en ai pas. À Yanacocha [y est] Juanikillu, donc. C’est une lagune...

L’offrande est « livrée » tel un acte de « paiement » dans lequel interviennent aussi les apu, ou entités-montagnes. Comme les lugar (qui sont les anchanchu ou démons), les apu sont censés décider du sort du bétail paissant dans les montagnes. L’offrande peut être préparée en famille, dans la maison, avant de partir vers le lieu où habite le bétail, mais seulement les hommes pourront y aller pour le livrer aux apu et aux démons.

Le paiement adressé à ces actants est ce qu’on appelle à Chillimocco un paiement de type lluq’i ou lluq’i alcanzo. « lluq’i » (gauche) est donc le caractère des éléments en rapport avec ce type de domaines désignés habituellement comme le « malin », l’« inconnu », ou le « dangereux », mais que nous considérerons pour l’instant simplement comme une des forces ou vecteurs constituant le réel à Chillimocco, et qui est représenté en l’occurrence par les anchanchu et le Diable. Ainsi, par une identification intime et biunivoque avec l’entité, le lieu lui-même est lluq’i. On verra dans le chapitre 7 que les pôles lluq’i (gauche) et paña (droit) vont organiser plusieurs éléments des savoirs et de l’espace communal des Chillimocco; pour l’instant il est plus important de saisir la différence que David Surco remarque quant aux deux façons de construire les offrandes, selon les deux types de paiement associés à lluq’i et paña149:

—DSU. Pour droit [paña] c’est sur un petit papier blanc, pour gauche [lluq’i] c’est sur un petit papier rouge... Paña c’est pour Santa Tierra... C’est différent pour lluq’i, c’est pour l’Anchanchu on dit... celui que vit dans les chutes, dans les lagunes. On paie aussi les lagunes... On fait comme ça à Sayapata et à Chillimocco aussi. Tous les Chillimoccokuna savent faire ça. Quelques-uns ne savent pas, d’autres un peu seulement, et encore d’autres savent plus.

—Ant. Et les anchanchu reçoivent [l’offrande] sur [papier] rouge...?

—DSU. Oui, tout ce qui est sucré. Et pour Pachamama, l’offrande est sur papier blanc et ne porte presque pas des sucreries. Il y a toujours des composants des offrandes qui sont pour pour lluq’i et d’autres qui sont pour paña. Quand tu achètes l’offrande cela