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Cf M AGUHLON, Marianne au combat, M OZOUF, La fête révolutionnaire, et J STAROBINSKI,

3.I.2.3 Pouvoir symbolique

2 Cf M AGUHLON, Marianne au combat, M OZOUF, La fête révolutionnaire, et J STAROBINSKI,

premier. Cette image, identique à l'originale sur le fond autant que sur la forme, qui ne se contente pas de reproduire la morphologie, la texture ou la couleur de la chose, mais aussi ses "qualités de l'intérieur", apparaît chez HOMERE dans le rêve comme l'apparition d'un dieu ou d'un défunt1.

Avec l'eucharistie chrétienne, le code culturel donnera à l'image empirique, m atérielle, toute la force et tout le sens que

Yeidôlon,

que l'image idéelle psychique- onirique grecque portait en elle : «Ceci est mon corps, ceci est mon sang». Le phantasme de l'incarnation réelle du corps mystique du CHRIST irrigue le statut du symbolisme chrétien, lui donne un effet et un contenu opératoire sur le social. «Comment ce petit m orceau de pain ordinaire "sans différence à l'extérieur" peut-il contenir l’infinité et l'absolu de la différence du roi de charité en son corps livré par tous et mangé par les fidèles du banquet ecclésial ?»1 2 interroge L. M ARIN. Et, poursuivant l'interrogation sur la répercussion politique du portrait du roi : «Comment, dans sa dimension modeste, le portrait du roi peut-il être à la fois représentation infinie — telle serait la fonction des figures allégoriques — et non absolu, celui du seul monarque ?»3. Comment le palais royal, dans ses dimensions finies, même si elles sont considérables, et dans ses formes définies, peut-il présenter et rendre présent la souveraineté du souverain ? «Comment

FELIBŒ N a-t-il pu dire : «Le portrait de CESAR, c'est CESAR" ?»4

L 'efficacité de la représentation se cerne dans la transm utation, dans l'investissem ent par le présenté dans le présentant. Le signe est dépassé, l'opération symbolique transforme le signe en chose réelle, dotée de la plénitude de ses attributs, de la totalité de ses capacités.

E . KANTOROW ICZ dans

The King's Two Bodies

montre comment le principe

eucharistique contamine le politique, comment la transmutation permet au roi d'acquérir une valeur méta-réelle, une dimension d'incarnation de la Transcendance. Le roi possède alors deux corps, un empirique, mortel et faillible, un autre mystique et divin, immortel. Le roi est la représentation du monde divin au-delà de lui-même, la représentation du roi opère de même. Par le monument la présence des forces (armées et spirituelles) du pouvoir est réelle. Si la statue du prince - Marc AURELE, Pierre LE G R A N D , Louis LE

G RA N D ouLe n i n e - se déploie de toute sa morgue dans l'espace urbain, et si cette image

1 J.P. VERNANT, Religion, histoire, raisons, chap. 8, "Naissance d’images".

2 L. MARIN, Le portrait du roi, p. 257.

3 Ibid.

a la capacité de structurer le rapport du groupe à l'espace en proposant des points de repère, qui sont aussi des hauts lieux (des lieux de la croyance) et des points d'orgue de la culture, c'est que l'artefact monumental dispose dans le système de croyances de ce groupe d'un statut privilégié. Cette croyance se produit par un travail sur la symbolique, p ar le sym bole au travail. Parce que la structure m entale que représente la transsubstantiation eucharistique commande l'effectuation symbolique dans le code culturel chrétien, la présence incarnée dans le représenté est effectivement réalisée après consécration par

Yauctoritas

du représentant. C'est qu'il se produit un dédoublement de l'être dans la chose-symbole : à coté de la matière physique (par exemple la matière vivante du roi empirique) qui, elle, peut disparaître (sa mort) existe pleinement un signifié majeur, un principe qui est là, incamé (la royauté de droit divin en tant que principe qui se réalise temporairement en ce roi). Donc le roi tout à la fois substantialise et rend présent la royauté en tant que principe politique et sacré, et il n’en est que le symbole. De même, le m onum ent rend présent les principes qui fondent l'autorité des institutions, ce que l'édifice montre et manifeste par une incarnation quasi transsubstantiationnelle.

Mais souvent ses seules qualités architecturales et plastiques ne suffisent pas au monum ent pour le doter de toute la puissance d'un symbole. Il faut que la fête et la cérém onie d'inauguration le consacrent. Il est nécessaire que le pouvoir réel vienne officier au chevet de la bâtisse pour faire muter le signe en chose, la forme construite en représentant du Principe supérieur ; pendant que symétriquement, et par renversement de l'opération alchimique de la transmutation, la magnificence et la magnitude du monument investissent le corps politique ou religieux des attributs de la puissance. La présence manifeste, qui est manifestée par la présentation de la représentation, est le fait d'une in­ formation de la "conscience collective" ou des structures idéelles, par le système imaginai chrétien de l'incarnation.

Cette représentation rejoint "l'autre

mimêsis"

du

Cratyle,

celle que SOCRATE attribue aux noms, et qui opère par existentialisation de l'essence. En effet, l'architecture n'étant pas un art figuratif (même si elle peut instrumentaliser la statuaire, c'est toujours à titre subsidiaire), elle ne représente pas les propriétés sensibles des choses (du pouvoir) mais le contenu permettant leur intelligibilité principielle. Le symbole acquiert alors la vocation de

"Pharmacon

social"1 dont la formule chimique est le fait de l'imaginaire collectif qu'il convoque, dont l'élément principal de la composition est le

Credo

et ses

mystères. La fonction sociale de l'objet monumental nous apparaît alors clairement : il rend présent en permanence, dans l'infinité de la durée, le pouvoir et ses attributs. Le pouvoir représenté peut donc s'abstenir d'exercer sa puissance, car il est suffisamment présent dans les consciences par l'image de lui qu'il donne à voir au milieu de la cité.

Si la monumentalité correspond aux structures matérielles et idéelles propres aux sociétés sédentarisées, sans doute faut-il ajouter le critère explicatif de l’expansion géographique et démographique du groupe social à gouverner. Le royaume-communauté accessible rapidem ent et directem ent par le pouvoir n'im pose pas la délégation monumentale. La forteresse peut rester fonctionnelle et unique. Avec l'élargissement du territoire jusqu'à l'empire, le pouvoir est obligé de se centraliser et, simultanément, de se déléguer, de se construire une image forte et im pressionnante, et d'essaim er sur l'ensemble de l'aire des relais matériels et symboliques de la puissance du centre.

Mais, l'expansion démographique et géographique de l'espace à gouverner se poursuivant, il faut inventer des moyens de captation des ressources, de régulation des échanges, de transm ission des directives ; tout un territoire à adm inistrer, et plus seulem ent à dominer, à exploiter, et pas uniquement à soumettre. Les appareils d'Etat n aisse n t et se d év elo p p en t, ils se n o rm alisero n t, se ra tio n a lise ro n t1 et se démonumentaliseront.

S t a l - L n e ?

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JMDE ÇANÇET JQUE ET CHJME DU FLEUVE ÿAUNE: LES DESPOTISMES H y DPAU L J QUES

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