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Catégorie DAMPI et gestes de manipulation

▪ I NTRODUCTION THEORIQUE

3 L ES COMMUNICATIONS MEDIATISEES OU

4.3 A PPORTS DE LA LITTERATURE A LA PROBLEMATIQUE

4.4.1 Catégorie DAMPI et gestes de manipulation

Plusieurs catégories d'indicateurs non verbaux ont été constituées. Celle de McNeill (1992) a été élaborée pour étudier une personne qui raconte une histoire. Celles d'Ekman et Friesen (1969) et Argentin (1984) permettaient d'étudier les interactions sociales. Aucune n'a eu pour objectif d'étudier les collaborations, c'est- à-dire l'association d'interaction et de manipulation. Aussi, nous proposons une catégorie qui intègre des indicateurs pertinents pour étudier la collaboration. En effet, cette catégorie doit aussi tenir compte de l'activité de manipulation des objets de l'environnement.

La catégorie utilisée dans cette thèse est DAMPI, associée aux gestes de manipulation. Elle s'inspire des catégories décrites précédemment et plus spécifiquement de celle d'Argentin (1984) à laquelle ont été ajoutés les déictiques présents dans les catégories de McNeill (1992) et d'Ekman et Friesen (1969). De plus, l'orientation du regard étant un aspect important des interactions sociales, il a été pris en compte dans la catégorie DAMPI et correspond aux interacteurs. Le tableau suivant synthétise les correspondances entre les catégories issues des différents auteurs :

McNeill (1992) Ekman et Friesen

(1969) Argentin (1984) Catégorie DAMPI Gestes iconiques Emblèmes

Illustrateurs kinetographes et pictographes Métaphoriques Illustrateurs ideographes et spatials Métaphoriques Métaphoriques

Déictiques Déictiques Déictiques

Ponctuateurs Illustrateurs bâtons Ponctuateurs Ponctuateurs Adaptateurs Adaptateurs Adaptateurs

Interacteurs Affect display

Tableau 7 : Tableau de correspondance entre les catégories

Les cinq comportements issus de la catégorie DAMPI ainsi que les gestes de manipulation sont définis et illustrés ci-dessous :

4.4.1.1 Les comportements DAMPI et leurs fonctions dans les communications

 Déictiques :

o Définition : ce sont des gestes de pointage vers un objet ou une personne de l'environnement. Le mouvement prototypique de cette classe est le pointage d'un objet avec le doigt, mais les déictiques peuvent être exécutés avec toutes les parties du corps (McNeill, 1992).

o Fonction : ils servent à désigner un objet, une personne, une scène… Ils permettent à la fois le pointage et l'orientation de l'attention. Les déictiques servent à orienter l'attention des auditeurs (Goldin-Meadow, 1999).

 Adaptateurs :

o Définition : ce sont des mouvements d'auto-contact, de grattages …Ils correspondent aux auto-adaptateurs d'Ekman et Friesen (1969).

o Contexte d'utilisation : Cosnier (1977) note au sujet des adaptateurs : « bien que de nature extra communicative, ces activités motrices […] jouent un certain rôle dans la régulation du niveau de vigilance et à ce titre sont liées assez directement à l'effort et aux tensions émotionnelles requises par la situation d'interaction. Elles augmentent par ailleurs dans certaines proxémies ». Les adaptateurs sont indépendants du canal verbal (Argentin, 1984). Les auto-adaptateurs n'ont pas de relation intrinsèque avec la parole, mais ils peuvent être déclenchés en lien avec ce qui est dit. Ils sont très présents

lorsque les interlocuteurs expriment un état, ils sont représentés dans des contextes conversationnels de valence plutôt négative comme l'ennui, la peur, la gêne ou l'embarras (Masse, 2000). Une nette augmentation d'adaptateurs a été observée dans une situation sociale anxiogène (Argentin, 1989). Les adaptateurs faciliteraient également l’isolement et l’élimination partielle des stimulations externes en permettant, par exemple, une élaboration cognitive (Masse, 2000). Ils sont utilisés avec un niveau élevé d'émotion ou quand il y a une désorganisation personnelle. Ils sont souvent utilisés avec peu de conscience et sans intention de communiquer (Ekman & Friesen, 1969).

o Fonction : Ils sont un indicateur d'inconfort, l'interprétation ou le décodage de ces comportements est difficile, souvent spéculatif et incertain. De plus, la signification d'un adaptateur dépend aussi de la situation dans laquelle il est montré dans la conversation (Ekman & Friesen, 1969).

 Métaphoriques :

o Définition : Ils illustrent un contenu discursif et représentent par analogie une action, un objet, un lieu, un mouvement… Il peut s'agir à la fois de dépeindre des relations spatiales, des actions physiques ou bien une image et son référent, c'est pourquoi les métaphoriques correspondent aux illustrateurs spatial, kinetographes et pictographes d'Ekman et Friesen (1969). Par exemple, lorsque l'on dit : "grand comme ça" et que l'on écarte les mains pour indiquer la dimension de l'objet dont on parle.

o Contexte d'utilisation : Les métaphoriques sont utilisés lorsque les individus parlent d'une attitude ou d'intention ou lors de dénotation du réel (Masse, 2000).

o Fonction : les métaphoriques servent à donner du sens et à illustrer le contenu verbal (Goldin-Meadow, 1999). Ce sont souvent des gestes interactifs puisque leur usage tend à attirer l'attention des utilisateurs (Ekman & Friesen, 1969). Les métaphoriques entretiennent des rapports de substitution avec la parole

(Argentin, 1984), mais ils peuvent également servir à compléter l'énoncé oral en décrivant gestuellement les propriétés physiques ou spatiales d'un objet (lourd, grand, sa forme, etc.), ou à illustrer par un geste un objet dont on parle… Ils sont produits consciemment et intentionnellement (Ekman & Friesen, 1969).

 Ponctuateurs :

o Définition : Ce sont des gestes de scansion, de ponctuation qui rythment le discours. Ils sont présents en même temps que le discours.

o Contexte d'utilisation : ils entretiennent des rapports de contigüité avec la parole, les ponctuateurs sont dépendants du canal verbal (Argentin, 1984). Ils sont largement utilisés lorsqu'il est question d'une intention ou d'une attitude (Masse, 2000). Les ponctuateurs sont beaucoup produits lors de l'expression d'une logique (Masse, 2000).

o Fonction : les ponctuateurs servent à accentuer, à attirer et à soutenir l'attention des autres (Goldin-Meadow, 1999).

 Interacteurs :

o Définition : Ce sont les gestes de la main et/ou d'orientation de la tête et/ou du tronc à l'adresse d'autres interlocuteurs. Ces comportements correspondent principalement à l'orientation de la tête vers l'autre. Ce n'est pas la vision fovéale qui est prise en compte mais l'orientation de la tête vers l'autre. Les

régulateurs tels qu'Ekman et Friesen (1969) les définissent sont très peu représentés parmi ces comportements.

o Contexte d'utilisation : les travaux de Kendon (1967) ont démontré les différents contextes dans lesquels une orientation du regard accompagné de l'orientation de la tête et du buste se produisait : lorsque l'auditeur écoute son partenaire, ou lorsque le locuteur s'apprête à laisser la parole à l'autre ou bien lorsque les partenaires montrent leurs accords et des signes de compréhension mutuelle.

o Fonction : les interacteurs ont principalement une fonction d'adressage. Ils permettent de réguler les tours de parole, de montrer à l'autre son attention et son accord (Kendon, 1967).

 Gestes de manipulation :

o Définition : Ce sont les gestes qui permettent de manipuler les objets de l'environnement, qu'ils soient physiquement présentés dans l'environnement ou bien qu'il s'agisse d'un objet d'une interface personne-système.

o Fonction : ils ont pour fonction de réaliser la tâche.

En conclusion, la littérature permet de différencier les gestes à visée communicative et les gestes extra-communicatifs. Aux derniers, on peut ajouter les gestes de manipulation, qui n'ont pas pour objectif de communiquer d'informations, mais qui servent à réaliser la tâche.