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c. Interprétation, critiques et faiblesses du développement durable

politique des débats

I.2. c. Interprétation, critiques et faiblesses du développement durable

Le développement durable, dans son approche première, est censé proposer une mutation. Arnaud Diemer (2015b) parle même de « changement structurel », qui modifierait la société en profondeur. Cependant, il semblerait que ce construit socio-politique et culturel fut assimilé par la situation économique de nos sociétés. Cette tendance traduit une volonté de rendre concret la possibilité d’un

développement durable, en évitant l’écueil d’en faire un modèle, un idéal loin de toute réalité. La question

posée est alors de savoir s’il reste une part d’utopie dans ce paradigme ? Il semblerait en effet que le

développement durable représente la figure plus acceptable de la situation politique et économique

actuelle qui laisse la prédominance au capitalisme financier, plutôt qu’un réel changement structurel. Plus qu’un mouvement révolutionnaire, ou réformiste, on peut se demander si ce paradigme ne s’appuie pas, plus simplement, sur une régulation par le marché. En cela, la volonté d’un changement, portée depuis la naissance de la prénotion, ne serait pas tout à fait accomplie. Mais alors, comme Diemer, on est en droit de s’interroger sur notre capacité à dépasser le fonctionnement actuel :

« Un nouveau modèle économique ? De nouvelles manières de penser notre consommation et nos

productions ? On pense ici à l’écoconception, l’éco-efficacité, la dématérialisation des besoins, etc. La question posée est la suivante : est-on capable de découpler la relation entre croissance économique et aspects négatifs ? » (Diemer, 2015b).

| Les faiblesses du développement durable |

L’appropriation rapide et le succès rhétorique du sustainable development dissimule une position très ambigüe : d’un côté cette prénotion fut reprise et affichée par tous, à la fois par les acteurs publics, privés, économiques, et ceux de la société civile ; et dans le même temps, la fragilité de ce paradigme va apparaître très tôt. Selon Vivien (2015b), cette ambigüité repose sur trois faiblesses principales transversales : le flou lexicographique de la prénotion, la difficulté de mise en action concrète de ces grands principes, et la récupération idéologique du sustainable development pour servir des logiques économiques et politiques préexistantes (protectionnisme, « greenwashing »). À cela nous pouvons ajouter quelques éléments de contexte qui ont pu, nous l’avons vu, émousser la popularité de la prénotion. Tout d’abord, la grande crise économique mondiale qui a eu lieu entre 2007 et 2012, et qui participera de la remise en cause de certains effets induits par la structure économique en présence, ainsi que de la théorie de croissance infinie20.

Le flou lexicographique de la prénotion marque une propension à la partialité dans les discours et les approches. La tendance à une durabilité faible qui semble très prononcée dans la majorité des approches du développement durable reflète une prénotion anthropocentrée qui peut manquer d’objectivité. Comme l’expriment Toubin et al. :

« Le concept (de développement durable) est donc hautement anthropocentriste et pour partie subjectif.

La recherche de la durabilité induit en effet un jugement de valeur, moral, quant aux objectifs désirables, aux territoires concernés, à l’échelle de temps choisie. » (Toubin, Lhomme, Diab, et

al., 2012, p. 2).

La notion de durabilité possède bien évidemment une part de subjectivité puisque basée sur un jugement de valeur, et il ressort souvent dans les critiques que les seuls trois piliers du développement durable ne suffisent pas à refléter la complexité des relations entre les sociétés humaines et la biosphère. Par ailleurs, si l’imprécision de la définition canonique du développement durable a permis à la prénotion d’être appropriée universellement, il reste tout de même que cette confusion lexicographique va noyer petit à petit l’influence du projet initial. Dès la médiatisation du rapport « Brundtland » au début des années 1990, l’évidence de la proposition d’un sustainable développement a pu être considérée comme désobligeante : qui peut souhaiter un développement insoutenable ? Cela peut être mis en regard des tensions entre pays dits « du Nord » et « du Sud » lors des premières conférences mondiales sur les questions de développement et d’environnement. La géographe Sylvie Brunel va plus loin, et considère que le développement durable sert le capitalisme (Brunel, 2008). Elle qualifie la prénotion d’outil des pays occidentaux industrialisés contre les pays en développement, un instrument assurant une forme de protectionnisme.

Un autre élément qui a pu affaiblir la prénotion, c’est l’émergence de nouvelles notions ou concepts qui vont avoir tendance à remplacer le sustainable development dans les discours. Parmi ces nouveaux impératifs en vogue : la croissance verte, la résilience, ou bien la transition écologique, énergétique ou climatique. On assiste donc depuis plusieurs années à un mélange des genres, accompagné d’une tendance manifeste au « greenwashing », mot-valise que l’on peut traduire par « écoblanchiment ». Cette forme de récupération détournée des valeurs vertueuse habituellement portées dans une approche environnementale, que l’on peut retrouver dans les discours, le marketing, etc., a pour but d’apparaître responsable d’un point de vue environnemental ou de justifier des actions non vertueuses.

Enfin, nous verrons plus en détail dans la suite du chapitre la lacune qui subsiste dans l’approche canonique du développement durable entre le temps long induit par la durabilité, et le temps court imposé par les crises sociopolitiques et écologiques de plus en plus extrêmes. Comme le disent Toubin et al. (2012) : « […] un développement peut-il être durable en période de crise ? ». Cette faiblesse engendre l’émergence d’une nouvelle dimension de réflexion due la temporalité d’action.

| L’oxymore « développement durable » : le développement au cœur des débats |

Outre les notions de développement et de durabilité, la prénotion définie par le rapport « Brundtland » interroge aussi celle des besoins. Herman Daly, fondateur de l’économie écologique connu pour ses positions critiques vis-à-vis du rapport de la CMED, revendique une distinction claire entre les « besoins réels », et ceux qui « permettent de nous différencier de nos semblables » (Vivien, 2010). Pour lui, les besoins primaires nécessaires à la survie humaine sont les seuls qui doivent être pris en considération. Cette notion de besoin est difficile à appréhender : jusqu’où considère-t-on la nécessité d’un besoin ? Sur quels critères passe-t-on d’un besoin primaire à un désir, une futilité ? La sociologie a bien montré que tous les besoins, quels qu’ils soient ont une dimension symbolique.

Nous avons vu précédemment que la prénotion de sustainable development a été intégrée aujourd’hui dans le modèle économique préexistant, illustré notamment par le concept d’économie verte. Même si cette assimilation n’était pas cachée dans les objectifs posés par le rapport « Brundtland » (World Commission on Environment and Development, 1987)21, elle reste source de très vives critiques et demeure aujourd’hui le principal argument appuyant que cette prénotion est dépassée et ne remplit pas son souhait de changement. À l’instar d’Elkington, un des principaux acteurs de la diffusion et de l’appropriation du sustainable development avec son concept de « triple bottom line (TBL) », qui émet un regard critique a posteriori sur l’appropriation de ses idées dans les systèmes économiques :

« D’un point de vue critique, […] l'objectif affiché dès le début par le TBL était le changement du

système - orienté vers une transformation du capitalisme. Ce n'était pas censé être une simple gestion comptable. Il s'agissait à l'origine d'un code génétique, d'une triple hélice de changement pour le capitalisme de demain. » (Elkington, 2018)22.

La représentation conceptuelle des trois piliers du sustainable development avait pour objectif, selon son auteur, de réformer la situation économique existante (orienté sur une dynamique capitaliste de moins en moins régulée par l’État), en proposant une évolution dans le système économique pour transformer le capitalisme « traditionnel ». Pourtant, de l’aveu d’Elkington, le concept de TBL a été récupéré idéologiquement, et s’est traduite par une stricte logique de comptabilité des impacts environnementaux qui ne permet pas d’évolution du fonctionnement capitaliste préexistant.Cette logique d’assimilation s’applique globalement, semble-t-il, au développement durable. Dans l’histoire de la diffusion et de l’appropriation de cette prénotion – que l’on considère ses racines issues de

21Comme nous l’avons vu précédemment, le rapport « Brundtland » de la CMED (ONU) va donner la priorité à la mise en œuvre d’une « nouvelle ère de croissance économique […] socialement et environnementalement durable » (World Commission on Environment and Development, 1987, p. 14).

22 Traduction de : « Critically, […] TBL’s stated goal from the outset was system change — pushing toward the transformation of capitalism. It was never supposed to be just an accounting system. It was originally intended as a genetic code, a triple helix of change for tomorrow’s capitalism » (Elkington, 2018).

l’écodéveloppement, ou ses nouvelles branches comme l’économie verte – le souhait d’un développement non compromis a toujours été au cœur des courants de pensée dominants :

« […] Il serait contestable d’occulter la composante substantielle du paradigme du développement

durable. […] La notion fédératrice est celle de développement, dont la pertinence est contestée par un courant de pensée intellectuel et politique significatif. […] En effet, le rapport Brundtland fait clairement l’hypothèse non seulement qu’il est possible de concilier les différents objectifs affichés, mais même que la réalisation de chacun d’entre eux épaule les autres. » (Lévy, 2010, p. 1).

Dans les critiques faites au sustainable development, on retrouve donc fréquemment cette opposition entre développement durable et préoccupation environnementale, entre croissance économique ou décroissance soutenable, entre durabilité faible ou durabilité forte. La notion ou le terme même de développement est la source d’intenses controverses depuis le début des années 1970. Sans parler de décroissance ou de croissance zéro, comme il a déjà été accusé d’en faire l’apologie23, le rapport « Meadows » (Meadows, Meadows, Randers, et al., 1972) proposait déjà au début des années 1970 une remise en cause du modèle de croissance démographique et de production économique infinie. L’étude commandée par le Club de Rome affirme qu’aucune politique nationale ou qu’aucune orientation de société ne peut avoir d’influence sur les problématiques écologiques, si la croissance de ces sociétés n’est pas limitée strictement, voire réduite. Cette réflexion, à rebours des objectifs affichés à l’époque par les nations occidentales et les premières grandes multinationales, a rapidement été balayée par l’approche institutionnelle des problématiques écologiques : la définition du sustainable

development dans le rapport « Brundtland » en 1987 en est l’un des exemples les plus frappants24. Ces réflexions critiques n’ont pas cessé depuis le début des années 1970, et sont aujourd’hui prédominantes. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’accordent sur le constat des limites de la croissance économique. S’il apparaît donc aberrant de parler de croissance durable, alors la posture défendue d’un sustainable development régulé par le marché en présence peut présenter des faiblesses. Cependant, la grande crise économique mondiale structurelle que nous avons connue entre 2007 et 2012 a profondément questionné la stabilité et la durabilité des institutions financières et du fonctionnement économique de nos sociétés. Cette crise est venue fragiliser la prénotion de sustainable

23 Lors de la réédition du rapport « The limits to growth » en 2004, à l’occasion des trente ans de l’ouvrage, l’équipe de Meadows rappelle les principes défendus par l’étude : « Une société durable rechercherait le développement qualitatif et non l’expansion physique. La croissance matérielle serait pour elle un outil maîtrisé et non un objectif de tous les instants. » (Meadows, Meadows, Randers, 2004, p. 359). L’ouvrage rappelle aussi qu’Aurelio Peccei, fondateur du Club de Rome, avait fait remarquer en 1977 que « […] certains accusent le rapport de prôner la CROISSANCE ZÉRO. Ces individus n’ont clairement rien compris, ni au Club de Rome ni à la croissance. La notion de croissance zéro est tellement primitive – à l’instar, d’ailleurs, de celle de croissance infinie – et tellement imprécise que c’est une absurdité conceptuelle d’y faire allusion ».

24 Comme le soutient Lévy (2010, p. 1) : « La définition du développement durable par le rapport Brundtland (I.3, §§ 27-30) constitue une réfutation sans équivoque des conclusions du rapport Meadows. ».

development, en rappelant l’urgence d’un changement de modèle économique, politique et social. On

ne parle pas ici d’un phénomène sur un temps long, mais bien d’une crise, d’un basculement catastrophique et soudain. En cela, on peut comprendre pourquoi cette « grande récession » a provoqué une vive réaction et une rapide prise de conscience des enjeux, contrairement aux signaux d’alerte sur le réchauffement climatique envoyés par le milieu scientifique depuis les années 1960 par exemple25. La nécessité impérieuse d’une action à court terme, dans un contexte d’urgence économique et climatique, vient alors s’opposer paradoxalement aux logiques sur le long terme défendues par le

sustainable development (Vivien, 2015b). Cette réflexion sur la temporalité d’urgence apporte, depuis une

dizaine d’années, une nouvelle dimension autour des problématiques écologiques, en questionnant à nouveau les modalités d’actions. Ces crises ont participé à l’émergence de nouvelles approches face aux problématiques écologiques, comme l’apparition de la notion de résilience pour répondre au besoin de stabilité des sociétés face aux évènements extraordinaires, ou encore comme l’utilisation outrancière de la notion de transition pour dépeindre un besoin de changement concret dans une situation d’urgence.

À l’aune des nombreux débats provoqués par la prénotion de sustainable development, et qui se fédèrent autour de la question du développement économique, on peut émettre l’hypothèse que l’approche économique du sujet est centrale dans la réflexion sur la durabilité des sociétés humaines et donc de la préoccupation environnementale. Cela peut expliquer pourquoi autant de concepts et d’analyses économiques ont vu le jour depuis le début des années 1970, et plus récemment depuis le début des années 2000, autour des enjeux environnementaux et sociaux. Dans les années 1970, l’économie

environnementale poursuit l’objectif d'intégrer les valeurs écologiques de l'environnement dans le cadre

particulier d’une économie néoclassique traditionnelle. Cette économie environnementale va faire émerger les réflexions et les outils sur la valeur monétaire des services écosystémiques et sur le principe de pollution optimale, ce qui reste vivement critiqué par les écologistes. Cette théorie économique est à la source de plusieurs principes bien connus : le pollueur-payeur, et le principe de précaution par exemple. Dans les années 1990, l’économie écologique, courant de pensée plus hétérodoxe vis-à-vis de l’économie traditionnelle, poursuite l’objectif de dépasser les clivages disciplinaires afin d'étudier les relations économie-environnement dans ses dimensions biophysiques, éthiques, et culturelles (dimensions négligées par les disciplines établies comme l'écologie et l'économie dans leurs paradigmes dominants) (Douai, 2015). L'économie écologique est en quelque sorte la science politique du développement durable. Enfin, depuis le début des années 2000 de nombreuses autres approches économiques ont émergé : l’économie de la fonctionnalité, l’économie circulaire, l’économie collaborative¸ l’économie

sociale et solidaire, etc. L’autorité de l’action politique peut être alors relativisée ou tout du moins remise

dans un contexte économique d’influence. En clin d’œil, on peut citer les propos attribués à J. M.

Keynes, économiste mondialement connu et père de la théorie économique keynésienne, qui aurait déclaré que : « Tous les hommes politiques appliquent sans le savoir les recommandations d’économistes souvent morts

depuis longtemps et dont ils ignorent le nom ».

| Quid de la durabilité ? |

Il est aisé d’observer que les principales critiques envers le développement durable sont focalisées sur la notion de développement, et sur son penchant économique. La prénotion de durabilité ou de soutenabilité, à l’inverse, souffre d’un manque de considération théorique flagrant, sans doute dû à son imprécision et à son apparente simplicité rhétorique. Si elles sont régulièrement mises en avant par les acteurs privés et publics portant des projets aux préoccupations environnementales ou énergétiques, considérées quelquefois comme l’étendard du « greenwashing », la durabilité et la soutenabilité sont cependant rarement réinterrogées sur leur sens profond. Seul le débat lexical subsiste entre l’utilisation du terme durable qui fait écho à la notion de temporalité, et le terme soutenable qui marque plutôt un principe d’équilibre. Par ailleurs, depuis l’émergence du développement durable dans les années 1980, la principale réflexion portée questionne le degré de durabilité, le niveau d’exigence environnementale instauré par cette notion (Diemer, 2015b) : donne-t-on la priorité à la durabilité de nos sociétés en regard de nos empreintes écologiques ? Où admet-on que cette durabilité est un élément secondaire au développement ?

Il est intéressant de revenir aux réflexions fondatrices qui ont amené à considérer le « sustainable » comme un objectif fédérateur. Lors de la publication du rapport « Meadows » en 1972, plusieurs travaux scientifiques parallèles26 ont abordé « la perspective d’un « état d’équilibre durable » » (Vivien, 2010). Parmi ces publications, on retrouve les écrits d’Herman E. Daly, économiste américain se positionnant souvent à contre-courant de la pensée économique néoclassique, et par ailleurs fervent défenseur de la théorie de la décroissance de Georgescu-Roegen. Depuis le début des années 1970, Daly a œuvré pour l’émergence de la théorie de l’état stationnaire. À l’origine pensé comme un concept physique, il correspond à une constance des capitaux naturels et de population à travers le temps. Cette stabilité est assurée par l’utilisation des flux entrants dans le système (« solde naturel et

investissements nets » (Ibid., 2010)), qui vont permettre de renouveler les capitaux. Pour réduire

l’empreinte écologique du système et pour le rendre socialement acceptable, ces flux entrants doivent être égaux aux flux sortants, et doivent être réduits le plus possible. La capacité de recyclage des capitaux est alors l’élément clé. La théorie de l’état stationnaire poursuit alors un objectif de redistribution des richesses plus que de production, en s’appuyant tout de même sur une certaine efficacité économique. Résumé de manière très caricaturale, on pourrait dire que cette théorie vise

une pérennité du système économique sans compromettre les ressources naturelles et le bien-être humain, en n’encourageant ni une croissance ni une décroissance. Cette stabilité recherchée par Daly a participé de l’évolution des réflexions sur de nouveaux modèles de sociétés, et se présente comme l’un des fondements théoriques des principes de durabilité et de soutenabilité.

Concernant les critiques apportés au développement durable, ce sont les économistes qui ont porté en premier les questions sur le niveau de durabilité à choisir dans les modèles de développement des sociétés. En effet, dès la publication du rapport « Meadows » en 1972, un débat s’est amorcé entre les économistes défenseurs de la croissance et ceux qui intègrent plus les questions environnementales (Vivien, 2015c). D’un côté les ressources naturelles ne semblent pas constituer une limite face au développement économique et technique, et d’un autre la finitude écologique de la planète et les pollutions irrémédiables causées par les activités humaines doivent être considérées en priorité. Cette opposition va se dessiner plus clairement à la suite de l’institutionnalisation du développement durable et du rapport « Brundltand » en 1987. Deux visions de la durabilité sont alors énoncées : la durabilité faible et la durabilité forte (Ibid., 2015c).

« Le modèle de durabilité faible défend la conception qu’il n’y a pas de contrainte forte si l'on veut

se mettre sur la trajectoire d’un développement durable. » (Vivien, 2015c).

L’approche de la durabilité faible, défendue par les économistes orthodoxes, repose sur l’objectif de maintien des « stocks de capitaux27 » pour les générations futures (Ibid., 2015c). Pour dépasser les contraintes de la nature et atteindre cet objectif, deux hypothèses sont énoncées : l’hypothèse de

substituabilité et l’hypothèse de commensurabilité forte. La première suppose que l’on va pouvoir remplacer

les capitaux naturels par de nouvelles formes de capitaux créés par les êtres humains. L’épuisement des ressources naturelles n’est alors plus un problème irrémédiable puisqu’un capital humain de substitution peut être créé en contrepartie. La seconde hypothèse relève d’une logique plus