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analyse de la variété des réponses au test de

5.2 Analyse du test

Il convient à présent de décrire plus précisément les compétences testées par chaque exercice, et de poser les premières hypothèses d’analyse349.

5.2.1 Exercice 1 : Le subjonctif et les morphologies irrégulières

I. Conjuguez les verbes entre parenthèses à l’indicatif ou au subjonctif selon les cas ; la concordance des temps devra respecter un niveau de langue soutenu.

1. Il faut qu’il les ……… (convaincre)

2. Je crois que, demain, les enfants ………. les trouver. (savoir) 3. Personne ne comprend qu’il ………. à de tels arguments. (recourir) 4. Tout le monde attend qu’il ……… cette difficulté. (résoudre)

5. Pour qu’elle n’…….. pas peur, ils prendront toutes leurs précautions. (avoir) 6. Nous savons qu’il ……..… toujours à la même place. (s’asseoir)

7. Je suis surpris qu’il ………… avoir réussi. (croire)

8. Je suis persuadée que, demain, ils ……… le colis attendu. (envoyer)

9. Bien qu’habituellement il ………… argumenter, il n’a pas su se défendre (savoir) 10. Je suis sûr que ce métier ne ……… pas de telles compétences. (requérir)

Cet exercice concerne l’emploi des modes subjonctif et indicatif. Cela suppose trois types de compétences :

a) savoir quel mode employer dans la tournure proposée ;

b) connaître la morphologie et l’orthographe du verbe à ce temps et à ce mode, surtout pour le subjonctif de formes peu usitées.

Dans l’évaluation, quelle que soit la compétence qui a fait défaut, la note est la même : 0 quand la forme attendue n’est pas donnée, sauf pour quelques fautes d’orthographe – cinq étudiants ont par exemple obtenu 0,5 point pour resolve (phrase 4).

a) savoir quel mode employer

Il faut distinguer ces énoncés selon la règle d’application qui les concerne. Cet exercice présente deux cas de figure :

− le choix du mode dépend de la conjonction de subordination qui introduit la proposition (phrases 5 et 9 : « bien que » et « pour que » sont suivis du subjonctif)350 ;

− le choix du mode dépend du verbe qui introduit la proposition complétive : « falloir que », « comprendre que », « attendre que », « être surpris que » sont suivis du subjonctif mais « croire que », « savoir que », « être persuadé que », « être sûr que » de l’indicatif.

349 Cette analyse peut sembler arriver un peu tard, et nous avons vu en particulier dans le chapitre précédent que

nous manquions parfois d’éléments sur ce point pour analyser certains résultats. Toutefois, il nous a semblé utile de commencer l’analyse de nos copies par l’analyse de leur évaluation scolaire, pour y opposer ensuite notre propre analyse.

350 Il faut remarquer qu’il manque ici la tournure après que + indicatif, « piège » par excellence de l’accord

On peut supposer que le premier cas de figure est celui qui pose le moins de problème : il s’agit d’un emploi fréquent du subjonctif, à l’écrit comme à l’oral. L’emploi d’un indicatif dans ces tournures nous semble relever de locuteurs non francophones de naissance (population immigrée arrivée tardivement, étudiants étrangers). En réalité la difficulté des phrases 5 et 9 relève davantage pour nous de questions de morphologie et d’orthographe (voir infra b et c).

Le second cas de figure, celui des subordonnées complétives, peut générer selon nous davantage d’erreurs dans le choix du mode à utiliser. Si l’on en croit Arrivé, Gadet et Galmiche351, pour savoir quel mode employer, il faut savoir que si l’emploi d’un que complétif « suspend la valeur de vérité du procès », celle-ci peut être rétablie par le sens du syntagme dont dépend la complétive. Il faut donc selon ces auteurs distinguer trois cas :

« - l’indicatif est seul possible quand le syntagme (le plus souvent verbal) dont dépend la subordonnée confère une valeur de vérité au procès signifié par son verbe : c’est le cas après dire (quand il est déclaratif), affirmer, prévoir, penser, croire, espérer, être certain, être probable, etc. utilisés de façon affirmative.(…)

- le subjonctif est le seul possible quand le syntagme verbal confirme la suspension de la valeur de vérité du procès subordonné : c’est ce que l’on observe après vouloir, ordonner, défendre, douter, préférer, souhaiter, regretter, être satisfait, être possible,

etc. (…)

- l’indicatif et le subjonctif apparaissent en alternance quand le syntagme introducteur est susceptible d’être interprété de l’une ou l’autre façon dans ses effets sur le procès subordonné. »

Ainsi les phrases 2 (croire que en tournure affirmative), 6 (savoir que), 8 (être

persuadé que en tournure affirmative) et 10 (être sûr que en tournure affirmative) entrent clairement dans le premier cas : tous ces verbes rétablissent une valeur de vérité. La phrase 1 (falloir que), 3 (comprendre que), 4 (attendre que), 7 (être surpris

que) entrent à l’inverse dans le second. Aucun cas n’entre donc dans la catégorie la plus délicate, celle qui accepte l’indicatif ou le subjonctif.

b) connaître la morphologie du verbe à ce mode, à ce temps, à cette personne Il nous semble que la difficulté de certaines formes de ce point de vue tient à la fois à l’irrégularité morphologique des verbes, à la faible fréquence d’utilisation de certains d’entre eux, surtout au subjonctif et à l’oral (convaincre, recourir, résoudre, requérir) et enfin à leur interférence avec d’autres verbes proches en apparence, mais qui n’ont pas la même morphologie (croire / boire, résoudre / coudre).

ne pas le proposer cette année-là. La présence de cette tournure dans le test de 2001 indique en effet qu’il ne s’agit pas d’une volonté de réduire la pression normative sur cet aspect.

351 Arrivé Michel, Gadet Françoise, Galmiche Michel, 1986, La grammaire d’aujourd’hui, Flammarion, Paris,

Du point de vue des attitudes, il nous semble que nous pourrons retrouver dans les réponses à cet exercice l’influence du rapport à l’écrit scolaire. La valeur accordée au subjonctif, mode associé aux usages les plus littéraires et aux locuteurs les plus prestigieux du français peut révéler chez les étudiants des stratégies hiérarchiques telles par exemple des formes d’insécurité linguistique, qui peuvent se traduire par des comportements d’hypercorrection. Notons que cette possibilité traverse l’ensemble du test, étant donné la situation d’évaluation, et le fait que les étudiants se trouvent face à un monde qui fait figure de référence en matière de savoir. Il n’en reste pas moins que l’évaluation des emplois du subjonctif, et de la construction morphologique des verbes irréguliers est une des occasions privilégiées de voir ces attitudes se manifester.

5.2.2 Exercice 2 : Structures hypothétiques et interrogatives directes

II. A. Conjuguez les verbes entre parenthèses et complétez les deux dernières phrases

1. S’il est plus dynamique, il (conquérir) ……… d’autres marchés. 2. S’il était plus actif, il (conquérir) ……… d’autres marchés.

3. Aujourd’hui nous (être) ……… plus heureux si, en décembre dernier, nous ……….

4. Si, il y a quelques années, il (acquérir) ……….. une plus grande confiance en lui-même, maintenant il ……….……

II. (Suite) B. Construisez des phrases interrogatives directes en introduisant chacun des

verbes en italique donné : le verbe devra être conjugué au présent de l’indicatif.

Se dénouer : Comment cette histoire ………..

Peindre : Avec qui Pierre ………….………..

Se résoudre : Comment ce problème ………..

Perdre : Pourquoi cette chaîne ……….. des téléspectateurs ?

Les quatre premières phrases testent l’utilisation des modes et des temps dans les propositions circonstancielles de condition. Selon Arrivé, Gadet et Galmiche352, les trois systèmes hypothétiques les plus fréquents sont les suivants : si + présent … futur (si tu viens, je partirai) ; si + imparfait … conditionnel (si tu venais, je partirais) ; si + plus-que-parfait … conditionnel (si tu étais venu, je serais parti). Il faut remarquer que ce sont exactement ces trois cas qui sont demandés ici. La phrase 4 reprend le cas de la phrase 3, mais en inversant l’ordre des propositions. Comme pour l’exercice précédent, cette question, et ces trois cas de figure, sont typiques des tests d’entrée proposés. En 1995, une question concernait déjà les propositions hypothétiques, mais mettait davantage l’accent sur les classifications héritées du latin (potentiel, irréel du présent, irréel du passé)353.

Les compétences requises pour former correctement ces constructions hypothétiques sont la maîtrise des concordances de temps et de mode et la bonne formation des

352 op. cit. p.112.

353 Pour une analyse de cette question dans le test de 1995, voir Mortamet Clara, 2003, « La production de la

différence », dans Caitucoli Claude, Situations d’hétérogénéité linguistique en milieu scolaire, Presses universitaires de Rouen, Rouen, pp.83-118 (à paraître).