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Gestion des risques, utilisation de l’information et commercialisation

7.2. Organisation des filières maraichères au Sénégal

7.2.1. Acteurs et circuits de collecte et de distribution 1. Analyse fonctionnelle des filières

7.2.1.2. Analyse structurelle des filières

Les intervenants dans les filières étant caractérisés, la question qui se pose est de savoir quelles sont les relations entre eux. Pour cela nous commençons par établir la matrice des flux, les catégories en ligne vendant aux catégories en colonne (cf.

Tableau 7-1).

Tableau 7-1: Matrice des flux pour les filières maraîchères Type d'acteurs

De l’analyse de cette matrice deux enseignements peuvent être tirés. En premier lieu, les producteurs sont les seuls acteurs à avoir plusieurs interlocuteurs. En second lieu, il y a une concentration des ventes de produits auprès des demi-grossistes. Ces résultats surestiment l’importance de ces derniers car ils ne tiennent pas compte de l’intervention des coxers de marchés qui participent activement dans les transactions entre les producteurs et/ou les bana-banas avec les demi-grossistes (Seck, 1989 ; Pelletier, 1997 ; Wade, 2003). Les résultats ne font pas apparaître les lieux de l’échange caractérisant les différentes situations d’échange dans lesquelles le producteur peut se trouver. Leur prise en compte est importante dans la mesure où selon les lieux de l’échange, le producteur ne fait pas face aux mêmes acteurs.

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148 En tenant compte des flux, de l’intervention des coxers de marchés et des situations d’échanges, nous pouvons distinguer six circuits de collecte et de distribution de produits maraîchers (cf. Figure 7—1). En utilisant la grille de lecture de Jaffee (cf. chapitre 5), nous caractérisons également les relations entre les producteurs et leurs interlocuteurs selon ces circuits.

Figure 7—1: Circuits de commercialisation des produits maraîchers

Source : Nos enquêtes

Le circuit 1 se singularise par le fait que ce sont les bana-banas qui se déplacent au niveau des exploitations pour acheter la production et l’acheminer directement vers les marchés de grande consommation. Là-bas, les produits sont confiés aux coxers urbains qui les commercialisent. Ce circuit concerne surtout les zones périurbaines. Les bana-banas négocient directement avec les maraîchers. Le paiement se fait de suite, si les deux parties trouvent un accord. De ce fait, les transactions entre le maraîcher et le bana-bana 1 sont de type spot.

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Pour le circuit 2, les maraîchers vendent leur récolte aux producteurs banas auprès desquels ils avaient contractés des crédits. Ces types de bana-banas installés sur place profitent de la défaillance du marché du crédit pour accorder des prêts de campagne aux producteurs, qui sont par la suite obligés de leur réserver la production de peur, dans le cas contraire, de ne pas bénéficier de crédit pour les campagnes futures. Ces prêts étant sous forme d’intrants, ils s’assurent ainsi du type de produit qu’ils sont susceptibles d’obtenir. Les producteurs-intermédiaires acheminent les produits vers les marchés de gros où ils sont remis aux coxers urbains pour la commercialisation. Les transactions entre les maraîchers et les producteurs bana-banas sont ici de type contrat lié entre facteur de production et commercialisation du produit (Interlinked Factor and Market Contract) ; elles se font aux prix du jour du marché rural. Le producteur bana-bana récupère du produit de la vente, les sommes dues avant de remettre le reste au maraîcher.

Le circuit 3 diffère du circuit 1 par le lieu où se déroule la transaction, le marché rural. Il diffère du circuit 2 par l’absence de transactions liées entre producteurs et bana-banas. Le circuit 3 se caractérise par le fait que ce sont les producteurs eux-mêmes qui se chargent de la commercialisation au niveau du marché rural en contactant les bana-banas et en négociant les prix. Si un accord est trouvé entre les deux parties, le paiement se fait immédiatement. Les transactions entre les maraîchers et les bana-banas 2 sont donc de type spot.

Le circuit 4 est le circuit le plus long. Il voit l’implication de plusieurs acteurs dans l’écoulement des produits maraîchers. Au niveau du marché rural, le producteur sollicite les services du coxer pour la commercialisation de sa récolte moyennant une commission fixe par sac. Le coxer toujours présent sur le marché maîtrise mieux les paramètres de l'offre et de la demande qu'un producteur qui ne vient sur le marché que pour écouler sa production. Il contacte les bana-banas et négocie les prix. Le paiement se fait immédiatement si un accord est trouvé. Le bana-bana achemine la production au niveau des marchés de gros, le coxer urbain se changeant de sa commercialisation. Par rapport au circuit 3, la différence réside dans la délégation de la fonction « commercialisation du produit » par le maraîcher au coxer rural.

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150 Les transactions entre les maraîchers et les bana-banas 2 sont de type spot mais avec l’intervention du coxer rural.

Concernant le circuit 5, ce sont les maraîchers eux-mêmes qui amènent leurs productions au niveau des marchés de gros en espérant ainsi obtenir des prix meilleurs que sur le marché rural. Ils contractent les services du coxer urbain pour la vente des produits. Ce circuit concerne surtout les maraîchers qui ont eu des récoltes importantes et qui ne peuvent prendre le risque de venir avec sur le marché rural local de peur de faire baisser les prix, l’offre local étant supérieur à la demande. Cependant, en venant sur le marché ils font face à un autre type d’incertitude lié au délai d’écoulement qui est plus long au niveau des marchés de gros urbains par rapport aux marchés de groupage ruraux. Ne pouvant être sur place pour attendre que sa production trouve acquéreur, le maraîcher contacte un coxer urbain qui se chargera de sa commercialisation. Les coxers peuvent également jouer le rôle de fournisseurs de liquidité en lui accordant une avance qu’il récupèrera après la vente des produits. Le coxer reçoit une commission fixe par sac. Les transactions entre les maraîchers et les demi-grossistes sont de type spot mais avec l’intervention du coxer urbain.

Le circuit 6 est presque identique au précédent à la différence près que les maraîchers vendent directement aux demi-grossistes. Ce circuit concerne principalement les exploitations périurbaines. Les transactions entre les maraîchers et les demi-grossistes sont de type spot.

Ces différents circuits n’ont pas la même importance. Une étude réalisée par le CDH/ISRA estime que 90% des productions maraîchers passent par le circuit 4 (Seck, 1996). Cependant, cette importance diffère selon les zones (cf. Tableau 7-2). En effet, nos enquêtes montrent qu’à Mboro où la production est assez diversifiée, 92% des producteurs passent par les coxers (ruraux ou urbains). A Potou où l’oignon domine, seulement 57% des producteurs passent par eux (circuits 4 et 5).

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Tableau 7-2: Importance relative des circuits empruntés par les producteurs en pourcentage par zone

Zone

Tableau 7-3, récapitulant les différentes formes de coordination entre le producteur et ses interlocuteurs selon le circuit considéré, fait ressortir le rôle des coxers. En effet, mis à part le circuit 2 où nous avons des transactions liées, les transactions dans les circuits entre le maraîcher et ces interlocuteurs sont de type spot. Cependant, pour les circuits 4 et 5, les maraîchers ont recours aux services des coxers pour commercialiser. Ceci pose la question de l’intermédiation et plus généralement du choix des circuits.

Tableau 7-3:Formes de coordination rencontrées entre producteur et bana-bana selon les circuits

Circuit

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7.2.2. L’intermédiation dans les filières maraîchères

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