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problématique de recherche : SIM et institutions de marché

1.3. Analyse de l’évolution des SIM

Pour mieux comprendre l’évolution des SIM, nous proposons d’utiliser quelques notions issues de la théorie de l’information (Shannon et Weaver, 1949).

Partant de la définition d’un SIM, nous obtenons le schéma de communication de la Figure 1—1. Dans ce schéma, nous nous situons à l’échelle de la transaction. C’est ainsi que nous n’avons pas représenté les gouvernements et les différents décideurs au niveau des récepteurs puisqu’ils n’utilisent pas l’information pour la réalisation des transactions.

Figure 1—1. Schéma de communication d’un SIM de première génération

Source : l’auteur Les premiers SIM qui ont été mis en place avaient d’abord comme objectif de fournir l’information courante sur les prix (et parfois les quantités) afin de réduire l’asymétrie d’information entre les acteurs et de permettre l’arbitrage.

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Cependant, de nombreux travaux (Schubert, 1983 ; Bowbrick 1988 ; Egg, Galtier et Grégoire, 1996 ; Galtier et Egg, 2004) ont montré la limite de ces dispositifs à aider la plupart des acteurs dans leur prise de décision quotidienne. En effet, les évaluations s'accordent sur le faible impact des SIM sur le comportement des acteurs du marché.

La principale étude comparative menée sur ces premiers SIM fut effectuée par la FAO en 1996. Parmi les 120 SIM étudiés dans les PED, l’étude a montré que seuls 53 d’entre eux remplissaient les critères minima de fonctionnement6

Signalons que d’autres auteurs se sont interrogés sur le principe même de l’utilité des SIM en soulignant le peu d'impact qu'ils peuvent avoir. Bowbrick (1988), dans un article de synthèse sur les SIM publics horticoles, conclut qu'aucun de ces derniers ne peut être efficace vu que l'information qu'ils diffusent ne peut être utilisée par les groupes cibles car elle est biaisée (erreurs dans la collecte et/ou la présentation . Et selon les renseignements recueillis, l’efficacité de ces SIM est contestée (Shepherd, 1997).

Les critiques ont portés sur le message, l’émetteur, c'est-à-dire le SIM, et/ou les moyens de transmission. Schubert (1983), en appliquant comme critère de performance, la pertinence de l'information, sa fiabilité et sa disponibilité au moment opportun avait déjà trouvé que peu de SIM remplissait ces conditions. Il attribuait ces faiblesses à la conception même de ces SIM qui relèvent des services du Ministère de l'agriculture ou d’offices publics qui les considèrent plutôt comme des organes administratifs et de contrôle que comme une institution devant fournir des services de marché.

Pour Shepherd (1997), les causes de l’échec des SIM sont à chercher dans les faiblesses techniques des dispositifs qui aboutissent à produire une information peu fiable, trop tardive, insuffisamment diffusée ou ne correspondant pas aux besoins des acteurs. Mais en dépit de ce constat, ces auteurs restent favorables à la mise en place des SIM. La faible efficacité étant attribuée avant tout à des disfonctionnements dans leur mise en œuvre.

6 Un minimum de collecte des prix pratiqués une fois par semaine, diffusion hebdomadaire de ces prix pour les produits maraîchers et diffusion bimensuelle pour les produits de base.

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12 des données) et n'est pas disponible au moment opportun. La solution pour lui est la mise en place de SIM privés compatibles avec les systèmes mis en place par les producteurs, les distributeurs et les coopératives.

En 1997, le CTA a commandité une étude sur les SIM au Botswana, en Ethiopie, au Ghana et en Zimbabwe (Robbins, 1998). Il ressortait de cette étude les points suivants :

− peu d’agriculteurs disposaient d’une information sur les prix des produits ainsi que les conditions des marchés se trouvant dans leur environnement immédiat

− le prix varie énormément selon la localisation des marchés

− la plupart des acteurs n’ont pas accès aux systèmes modernes de communication, mais la radio est largement répandue

− les coûts de transaction sont élevés du fait principalement de la pauvreté de l’information sur le marché. Ce qui oblige notamment les commerçant à se réserver de grandes marges pour prévenir les risques de perte. De ce fait, les producteurs reçoivent des prix bas alors que les consommateurs achètent à un prix élevé.

− Les SIM dans chaque pays sont différents. Il est nécessaire de mettre en place des SIM adaptés aux conditions locales.

Ces conclusions ont poussées le CTA à adopter une nouvelle approche pour aborder les problèmes de SIM. Il va promouvoir la mise en place de SIM décentralisés, répondant d’abord aux besoins locaux des acteurs tout en faisant remonter l’information pour qu’elle soit disponible au niveau national, ceci en vue de mieux faire correspondre l’offre de service des SIM en tant qu’émetteur à la demande des récepteurs. La radio est le moyen de diffusion principalement utilisé, étant considéré comme le moyen le plus efficace pour atteindre un grand nombre de cibles.

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C’est le même processus de décentralisation des SIM que les dispositifs mis en place au Mali, Mozambique et en Zambie avec l’appui de la MSU ont connus (Dembélé et Staatz, 2002 ; Robbins et Ferris, 2000). Le modèle reste fondamentalement identique au schéma de communication de la Figure 1—1.

Par contre, avec le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), d’autres types de dispositifs basés sur des innovations dans la technologie de gestion de l’information ont vu le jour. Ces innovations ont permis un changement du milieu de diffusion. Ce changement permet aux SIM de passer d’un « réseau dirigé »7 à un « réseau libre »8

Figure 1—2

. De ce fait, ce n’est plus le SIM qui se charge de faire parvenir l’information aux utilisateurs potentiels ; ce sont ces derniers qui vont aller chercher l’information dont ils ont besoin (cf. ). D’où une meilleure adéquation entre la demande et l’offre de service.

La limite majeure est que ces « réseaux libres » nécessitent un certain niveau de développement technologique, notamment un réseau de couverture téléphonique assez large qui n’existe pas encore dans de nombreux PED. C’est ainsi qu’il existe des dispositifs mixtes, avec la mise en place d’un dispositif décentralisé et d’une diffusion par radio couplé avec un système permettant la disponibilité de l’information en utilisant les outils de la NTIC. C’est le cas en Uganda où une expérience pilote est menée par l’IITA9

7C'est-à-dire un réseau où les communications ne peuvent se faire qu'avec une station appelée station directrice (ici le SIM) chargée de collecter et de retransmettre l’information aux stations réceptrices (producteurs, commerçants, consommateurs)

8C'est-à-dire un réseau où toutes les stations peuvent communiquer avec une station centrale chargée de collecter l’information

9 International Institute of Tropical Agriculture

(Ferris et al., 2005).

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Figure 1—2. Schéma de communication d’un SIM de seconde génération avec innovation dans la technologie de gestion de l’information

Source :

Notons que le principe de base

l’auteur Ces différentes améliorations font qu’on s’attend à ce que les SIM de seconde génération soient plus efficaces que les dispositifs qui les ont précédés. Ils devraient alors permettre à court terme de réduire l’asymétrie d’information et de réaliser l’arbitrage.

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10 C'est-à-dire l’utilisation de l’information prix et/ou quantité en vue de permettre l’arbitrage et de réduire l’asymétrie d’information pour augmenter le pouvoir de négociation

demeure identique aussi bien pour les SIM de première génération que ceux de seconde génération. L’hypothèse fondamentale qui sous-tend ce principe est l’existence d’un marché concurrentiel où les transactions sont dépersonnalisées. Or, suite aux travaux de Polanyi (1957), il est largement connu que les transactions de marché, surtout dans les pays en développement, sont souvent de type personnalisé et de long terme (Geertz, 1978 ; Meillassoux, 1971 ; Granovetter, 1985 ; Plattner, 1989 ; Palaskas and Harriss-White, 1993).

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L’absence de standardisation permettant aux acteurs d’avoir la possibilité de vendre à distance tout en garantissant la qualité et la quantité des biens les oblige à être présents au moment de la réalisation de la transaction. En outre, la faible possibilité de recourir à des moyens légaux en cas de non respect des termes d’accord entre les acteurs les pousse à n’entrer en relation qu’avec les personnes qu’ils connaissent et en qui ils ont confiance. Ceci leur permet de limiter les coûts liés au non respect des termes du contrat. De ce fait, pour faire face aux différentes incertitudes les agents adoptent différentes formes de coordination. D’où la nécessité pour nous d’analyser l’efficacité des SIM en tenant compte des différentes institutions de marché.

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