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Analyse de paramètres relatifs aux comportements des agents "individu" 148

5.4 Analyse de sensibilité des principaux paramètres du modèle

5.4.1 Analyse de paramètres relatifs aux comportements des agents "individu" 148

5.4.1.1 La préférence pour le temps libre

Le paramètreα0représente la préférence de base pour le temps libre de l’agent "individu". Ce paramètre entre dans le calcul de la préférence effectiveα pour le temps libre de l’individu

(cf. équation 2.2). Plus ce paramètre prend une valeur élevée, plus les individus préfèrent le temps libre par rapport aux revenus du travail et aux caractéristiques non-monétaires des emplois (cf. l’équation 2.34 de la fonction d’utilité). Comme attendu, une augmentation deα0

conduit à une diminution substantielle du taux d’activité et du taux d’emploi (cf. figure 5.6. Pour le taux de chômage, l’analyse est moins évidente. Quandα0diminue à partir de la valeur calibrée, le taux d’activité augmente, il y a donc plus d’individus sur le marché du travail, mais ces individus ne trouvent pas tous un emploi, car on observe que le taux d’emploi n’augmente que très légèrement ce qui conduit à une augmentation du chômage. Sur la partie droite de la courbe, quandα0augmente à partir de la valeur calibrée, une partie des employés démissionne vers l’inactivité et le taux d’emploi diminue. L’effet sur le chômage apparaît comme stable car il y a à la fois moins de chômeurs mais aussi moins d’employés.

FIGURE5.6 – Sensibilité à la préférence de base pour le temps libreα0

5.4.1.2 Le coût psychologique face au changement

La mobilité, ou son inverse la stabilité dans un état, est un élément important pour caractériser le marché du travail. Plus le coût (psychologique ou économique) de changer d’état IC H ANG augmente, moins les agents "individus" sont mobiles et décident de changer d’état (cf. section 2.6.5).

Quand IC H ANG est égal à 1, il n’y a pas de coût de changement et le taux d’activité est le plus haut comme on peut le voir sur la figure 5.7. En effet, ce paramètre entre dans la décision d’un inactif pour commencer une nouvelle recherche et passer dans l’état de chômeur. Quand

IC H ANG décroît à partir de sa valeur calibrée de 1.26 jusqu’à devenir proche de 1, nous

voyons sur le figure 5.8 que le taux de démission augmente considérablement, parce que les individus ayant un emploi en recherchent un autre et quittent leur propre emploi. Cette

instabilité individuelle conduit à plus de rotations sur le marché du travail. Elle accroît le taux

de chômage jusqu’à la valeur de 24,1% et diminue le taux d’emploi jusqu’à la valeur de 55.0% (cf. figure 5.7).

Sur la droite du graphique, quand IC H ANG augmente à partir de sa valeur calibrée, le taux de chômage diminue jusqu’à la valeur de 5.73%, mais principalement à cause d’une décroissance du taux d’activité. Le taux d’emploi augmente très peu (il passe de 60.35% à 60.53%).

FIGURE5.7 – Sensibilité au coût face au changement IC H ANG

FIGURE5.8 – Sensibilité au coût face au changement IC H ANG

5.4.1.3 Décroissance de l’utilité de réservation avec l’ancienneté dans le chômage

Dans notre modèle de recherche, le paramètre Ru3qui intervient dans l’équation 2.62 a un rôle important, c’est le pourcentage de décroissance de l’utilité de réservation des individus chaque semaine passée dans le chômage. Plus ce facteur Ru3prend une valeur élevée, plus l’utilité de réservaton des chômeurs décroît vite dans le modèle.

Nous voyons sur la figure 5.10 que plus la valeur de ce paramètre augmente, plus le taux de chômage diminue, car les chômeurs révisent plus rapidement à la baisse leur utilité de

réservation dans leur processus de recherche d’emploi et acceptent donc un plus grand nombre d’offres d’emploi. Ce qui met en évidence l’existence de chômage de recherche dans le modèle.

Toutefois l’effet sur le chômage que l’on observe (partie droite de la courbe sur la figure 5.9) est principalement dû à un plus grand découragement des chômeurs, car on observe une baisse du taux d’activité. L’effet sur l’emploi reste relativement faible avec une augmentation au maximum de 0.3 point, ce qui correspond à 122 000 emplois en plus à l’échelle réelle. Ceci montre que le problème de l’emploi en France est dû à d’autres cause que le simple refus des chômeurs. Nous mettrons en évidence dans les sections 5.4.3.2 et 5.4.2.2 que des facteurs comme la demande globale et les facteurs psychologiques qui influencent le comportement des employeurs ont des impacts plus importants sur le chômage et l’emploi.

Quand Ru3= 0, c’est à dire quand les chômeurs ne baissent jamais leur exigences dans leur recherche d’emploi, le chômage est à 14.3%.

En parallèle, la réduction de l’utilité de réservation conduit à plus de découragement des chômeurs (cf. section 2.6.5.3) et le taux d’activité diminue un peu (cf. figure 5.9).

FIGURE5.10 – Sensibilité au paramètre Ru3

5.4.2 Analyse de paramètres relatifs aux comportements des agents "entreprise privée" Nous analysons maintenant des paramètres importants qui entrent en jeu dans les com-portements des firmes.

5.4.2.1 Incertitude sur la productivité des employés

Le paramètreσ0représente l’incertitude de base des firmes lorsqu’elles évaluent les pro-ductions de leurs salariés (cf. equation 2.42). Cette incertitude peut être due à la nature de la tâche associée à l’emploi ou bien à l’impact de l’organisation du travail dans l’entreprise. Nous observons qu’une augmentation de cette incertitude dans les évaluations des entreprises augmente le taux de fin de période d’essai et de taux de licenciement personnel (cf. figure 5.11), car l’entreprise fait plus d’erreurs dans son processus de recrutement. Il est intéressant de constater que l’augmentation de cette incertitude fait décroître la part des chômeurs au chômage depuis plus d’un an (cf. figure 5.13), car la chance d’obtenir un emploi même en étant peu employable est plus importante quand les entreprises font plus d’erreurs dans leur processus de recrutement. On assite à un remplacement d’un effet d’éviction des peu productifs par l’effet du hasard qui ne trie pas.

L’effet global sur le chômage d’une augmentation de cette incertitude est par contre très faible (cf. figure 5.12) car deux effets semblent se compenser. Il y a plus de licenciements et de fins de période d’essai, mais moins de chômage de long terme.

FIGURE5.11 – Sensibilité au facteur d’incertitude sur la productivité

FIGURE5.12 – Sensibilité au facteur d’incertitude sur la productivité

5.4.2.2 Sensibilité au poids du scénario pessimiste dans l’anticipation de la demande

Nous étudions ici l’impact des facteurs psychologiques qui influencent les comportements des employeurs. Ces facteurs psychologiques sont modélisés avec des poids que l’employeur accorde aux différents scénarios de la demande (cf. équation 24 de l’annexe C). Nous faisons varier le coefficientω−1du scénario pessimiste, les autres coefficients restent à leurs valeurs calibrées et donc les trois valeurs sont renormalisées de telle manière que leur somme fasse 1.

FIGURE5.13 – Sensibilité au facteur d’incertitude sur la productivité

Le scénario pessimiste a un impact très important sur le taux de chômage comme nous le voyons sur la figure 5.15. Quandω−1 augmente, les employeurs commencent à prendre plus en compte le risque d’un futur licenciement au moment de la création d’un nouveau contrat et réduisent leurs embauches en CDI au profit d’embauches en CDD (figure 5.16). Les employeurs recrutent de plus en plus aussi sur des CDD courts d’une semaine (cf. 5.17) car ceux-ci sont les contrats les moins risqués en cas de baisse anticipée de la demande. La valeur calibrée du paramètreω−1 est de 78.9%. Elle correspond à un taux de chômage élévé. Il apparaît qu’une réduction de ce paramètre aurait un impact très fort sur le chômage. si le paramètre ω−1 est à 0, c’est à dire si les employeurs ne prennent pas en compte le scénario pessimiste d’évolution de la demande, le taux de chômage tombe à 5.13%. Ceci

souligne l’importance de prendre en compte les facteurs psychologiques qui déterminent les comportements des employeurs dans un modèle économique. Ceux-ci ont un impact fort sur

le choix des contrats CDD et CDI et donc sur le fonctionnement du marché du travail. Une solution pour réduire le chômage et faciliter l’embauche en CDI peut être donc de réduire les incertitudes liées à un licenciement économique. Nous effectuerons des variantes sur les licenciements économiques dans le chapitre 6.

FIGURE5.14 – Sensibilité au poids du scénario pessimiste dans l’évaluation des firmes

FIGURE5.15 – Sensibilité au poids du scénario pessimiste dans l’évaluation des firmes

Nous avons fait varier le poids du scénario optimiste dans le processus d’évaluation de la firme et nous obtenons des résultats symétriques.

FIGURE5.16 – Sensibilité au poids du scénario pessimiste dans l’évaluation des firmes

FIGURE5.17 – Sensibilité au poids du scénario pessimiste dans l’évaluation des firmes

5.4.2.3 Sensibilité aux coûts de formation spécifique

Nous analysons ici la sensibilité au paramètre P Trspec qui intervient dans l’équation (cf. équation 14) et qui détermine le coût de la formation pour donner une unité de capital humain spécifique à un employé.

Ces coûts de formation spécifiques doivent obligatoirement être payés pour embaucher un individu sur un nouvel emploi, car les travailleurs n’ont jamais le capital humain spécifique

requis pour le poste. Ce coût ne dépend pas des caractéristiques de l’individu embauché et il n’y a donc pas d’effet de sélection induit par une variation de ce coût de formation spécifique. La figure 5.18 montre qu’une augmentation de coût moyen de formation spécifique décroît le taux d’entrée en CDD au profit de l’entrée en CDI, et cet effet est particulièrement fort pour les embauches en CDD d’une semaine (cf. figure 5.19). Il devient en effet moins rentable pour l’employeur d’embaucher avec des contrats courts, car il est plus difficile d’amortir les coûts de formation payés à l’embauche.

Les recrutements de CDD et particulièrement de contrats courts d’une semaine ne tombent pas à 0 pour deux raisons :

— tout d’abord parce qu’une partie des postes ont des capitaux humains spécifiques requis très proches de 0 (cf. section2.3.3.1), ce qui entraîne des coûts de formation spécifiques qui restent faibles pour une partie des embauches alors même que le coût moyen augmente.

— ensuite une partie des firmes a recours à des CDD d’usage pour lesquels il n’y a pas de formation requise (cf. section 2.4.1.1).

On constate que l’effet sur le chômage de ce changement de coût spécifique est proche de zéro (cf. figure 5.20). Ceci s’explique par deux effets qui vont dans des sens contraires : quand les coûts de formations spécifiques augmentent, il y a plus d’embauches en CDI et moins d’embauches en CDD, ce qui a une effet positif sur le chômage, mais parallèlement, l’augmentation des coûts des formation à l’embauche pénalise globalement les entrées en emploi.

FIGURE5.19 – Sensibilité au coûts de formation spécifique

FIGURE5.20 – Sensibilité au coûts de formation spécifique