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III. ANALYSE DE LA TRADUCTION RÉVISÉE

3.3. Le versant littéraire

3.3.2. Analyse du premier passage

Selon la méthodologie décrite au point 3.2., nous allons maintenant nous intéresser au corps du texte en soi, c’est-à-dire au récit lui-même, en analysant la traduction révisée selon les critères énoncés plus haut (cf. 3.2.3.). Nous avons choisi d’analyser ici un passage sans dialogue, afin de pouvoir apprécier le style narratif de l’original et celui de la traduction révisée. Ce passage est retranscrit dans l’annexe 6.

Comme nous l’avons déjà précisé (cf. 2.6.), le roman commence au chapitre 6 ; il s’agit d’une prolepse. Cet extrait est issu du tout début du chapitre 1, qui suit directement le chapitre 6. Le lecteur découvre les circonstances qui ont amené Frederick Hallam, l’opposant de l’intrigue narrative, à se rendre compte de l’échange de matière entre les univers.

Cohérence textuelle

Nous commencerons par analyser la différence de cohérence textuelle entre l’œuvre originale et la traduction révisée. Le texte source présente une cohérence caractérisée par plusieurs éléments que nous expliciterons ci-dessous. Dans la traduction révisée, cette cohérence est partiellement reproduite. Pour nous en rendre compte, nous avons analysé les constructions syntaxiques, le recours aux répétitions et l’utilisation des connecteurs.

Constructions syntaxiques

La syntaxe du texte original est, de manière générale, relativement simple. L’auteur utilise souvent des phrases courtes, mais les alterne également avec des phrases plus complexes.

Dans celles-ci, il utilise souvent la conjonction « and » (en gras dans le tableau ci-dessous) pour lier deux propositions, qu’il s’agisse de deux propositions principales coordonnées ou de deux propositions subordonnées. En français, cette construction n’est pas toujours respectée, ce qui modifie légèrement la structure logique des phrases :

1 Frederick Hallam was a radiochemist, with the print on his doctoral dissertation still wet and with no sign whatever of being a world-shaker.

L’encre était encore fraîche sur la thèse de Frederick Hallam, un radiochimiste dont rien ne laissait présager qu’il allait changer la face du monde.

2 That, at least, was the account of Denison, who overheard the remark and who told it to Lamont a generation later.

C’est en tout cas ce que Denison, qui avait entendu cette remarque, raconta à Lamont une génération plus tard.

3 Hallam had no use for the tungsten; it was of no earthly value to him and any tampering with it could be of no possible importance to him.

Hallam se moquait bien du tungstène, qui n’avait pour lui aucune valeur. Qu’on l’ait manipulé aurait pu le laisser indifférent.

4 He was, as it happened and as he later recalled, rather pleased to have someone on whom to vent his spleen, and Hallam made the perfect candidate.

Il fut, comme il devait se le rappeler plus tard, ravi de passer sa mauvaise humeur sur quelqu’un.

Personne ne pouvait faire l’affaire mieux que Hallam.

Dans la traduction révisée, l’information n’est donc pas présentée tout à fait de la même manière que dans l’original. En soi, ce changement de construction n’est pas dommageable, mais il contribue à la modification de la voix narrative. L’abondance de phrases structurées ainsi, qu’on retrouve fréquemment dans tout le roman, établit un schéma récurrent, qui n’a pas été reproduit dans la traduction. En outre, les traductrices ne mettent parfois pas l’accent sur les mêmes éléments que l’auteur, comme nous le constatons dans la première phrase du tableau ci-dessus. Le sujet (souligné dans l’exemple) n’est pas le même dans les deux textes ; dans la traduction, le point central du message de la phrase est donc différent de celui du texte original. Cet effet se remarque également ici (nous avons également souligné le sujet) :

Benjamin Allan Denison, who overheard the initial remark, had an office immediately across the corridor and both doors were open. He looked up […]

Le laboratoire de Benjamin Allan Denison, celui-là même qui avait entendu la remarque initiale, était situé juste de l’autre côté du couloir. Il leva les yeux […]

En outre, dans le même segment, la logique du texte traduit se trouve également entravée par une progression thématique désordonnée. L’antécédent du pronom ne correspond pas dans la traduction : le pronom ne reprend pas le sujet de la phrase précédente (en gras). Le même phénomène est plus flagrant dans l’extrait suivant :

It wasn’t his; he had never used it. It was a legacy Ce flacon ne lui appartenait pas ; il ne s’en était jamais servi. Il avait dû être laissé là

Ce problème de progression provient essentiellement du fait que l’anglais possède trois pronoms personnels pour la troisième personne du singulier, contrairement au français, qui n’en possède que deux. L’utilisation de « it » est relativement fréquente dans le texte original et la pronominalisation est donc d’autant plus difficile à respecter en français.

Dans la traduction révisée, ces éléments, considérés séparément, n’ont selon nous pas de réelle incidence sur le lecteur. Toutefois, en observant la totalité des changements de construction syntaxique, nous nous apercevons que la traduction est relativement différente de l’original. Le lecteur francophone n’a pas accès à la logique structurelle originale, qui contribue au style narratif de l’œuvre, et est confronté à une traduction dont l’agencement syntaxique pourrait être qualifié d’hétéroclite.

Répétitions

Le texte original est ponctué de répétitions lexicales, probablement volontaires pour la plupart, ce qui renforce sa cohérence. Voici les répétitions que nous avons répertoriées dans le passage :

1 world-shaker – the shaking of the world changer la face du monde – ce changement

2 dusty (3x) poussiéreux, poussiéreuses (3x)

3 some dim day – some past inhabitant – some long-forgotten reason

Ø – quelque ancien occupant – une raison depuis longtemps oubliée

4 tampering (2x) mettre le nez là-dedans – qu’on l’ait manipulé

5 particularly (2x) particulièrement – comme la plupart de ses

collègues d’ailleurs

6 interference (2x) qu’on touche à quoi que ce soit – d’avoir agi ainsi

Nous remarquons que, sur six répétitions dans le texte original, dont quatre sont probablement intentionnelles (dans les exemples 1, 4, 5 et 6) et une anaphore (répétition de « some » dans l’exemple 3), seules deux ont été maintenues dans la traduction, celles de « changement », qui est une répétition partielle, et celle de « poussiéreux ».

Selon nous, Asimov a souvent recours à des répétitions afin d’asseoir son style narratif. Il insiste ainsi sur des choix lexicaux particuliers, comme « interference » dans la phrase

« However, he hated any interference with his desk (as so many do) and he suspected others of possessing keen desires to engage in such interference out of sheer malice. », ou sur des tournures de phrase qui créent un effet, par exemple humoristique avec « particularly », dans la phrase « He didn’t particularly like Hallam (no one particularly did) ». En français, l’absence de plusieurs de ces répétitions ne compromet pas la compréhension du récit, mais amoindrit leur effet stylistique.

Connecteurs

Dans la traduction, certains connecteurs n’ont pas la même valeur que dans le texte original.

Le tableau de connecteurs (trois d’oppositions et un d’addition) suivant permet de constater une emphase (n° 1), deux ajouts (n° 2 et 4) et un allègement (n° 3) :

1 It was as dusty as ever, the label as faded, but he called out: […]

Il était plus poussiéreux que jamais, l’encre de l’étiquette à moitié effacée, mais Hallam ne s’en écria pas moins : […]

2 The official tale of the discovery, as reported in the books, leaves out the phraseology. One gets the impression of a keen-eyed chemist, aware of change and instantly drawing deep-seated deductions.

Le récit officiel de cette découverte, tel qu’il est rapporté dans les manuels, ne donne pas le phrasé exact, mais laisse au contraire flotter l’impression qu’un chimiste à l’œil exercé, conscient du changement qui s’était opéré, en tira sur-le-champ de profondes déductions

3 However, he hated any interference with his desk (as so many do)

Mais il détestait par-dessus tout qu’on touche à quoi que ce soit sur son bureau (comme tout un chacun)

4 He didn’t particularly like Hallam (no one particularly did) and he had slept badly the night before

Denison ne le portait pas particulièrement dans son cœur (comme la plupart de ses collègues,

d’ailleurs) et il avait de plus passé une nuit exécrable

En français, ces connecteurs modifient de peu l’articulation logique du texte. Par exemple, le rôle de « but » dans l’exemple n° 1 est négligeable ; il n’y a pas d’opposition nette. En français, les traductrices ont accentué cette opposition avec « pas moins ». Les autres exemples montrent également une variation de la valeur des connecteurs logiques, qu’ils soient présents ou implicites. L’exemple n° 2 présente une logique relativement différente entre le texte source et la traduction ; et pour cause, l’opposition présente dans le texte traduit n’apparaît pas dans la version originale.

Rythme

En analysant les constructions syntaxiques et les répétitions, nous avons également constaté que le rythme des phrases n’est pas identique dans le texte original et dans la traduction révisée. Ici aussi, si les variations de rythme n’ont pas à elles seules un effet direct sur l’expérience de lecture, elles contribuent à la transformation progressive du style narratif original.

Constructions syntaxiques

Le texte original alterne entre des phrases complexes et des phrases simples, relativement courtes. En français, la proportion de phrases courtes et simples a diminué. Nous observons d’une part que, sur le passage analysé, les traductrices ont fusionné deux fois des phrases (une fois deux phrases et une fois trois phrases) pour n’en garder qu’une. D’autre part, nous constatons la présence de plusieurs phrases courtes commençant par « it » dans la première moitié du passage. En français, plusieurs occurrences de « it » ont été traduites par un nom, par une tournure de phrase différente ou par un pronom relatif lors la fusion de deux phrases.

En outre, le texte original comporte deux phrases nominales. En français, la première a été dotée d’un verbe et intégrée à la phrase précédente à la suite d’une virgule, tandis que la seconde a été réécrite pour produire une phrase complète, ce qui l’a considérablement rallongée.

1 No use to anyone. qui ne pouvait servir à personne.

2 Not so. Cela ne se passa pas ainsi.

Les phrases complexes, quant à elles, ont également subi des métamorphoses. Sylvie Denis a parfois changé la syntaxe à l’intérieur des phrases, soit en ajoutant des propositions, soit en en modifiant la place :

1 No one at the time admitted to knowing anything about the matter.

Quand il leur posa la question, aucun d’entre eux n’admit être au courant.

2 […] both doors were open. He looked up and met Hallam’s accusatory eye.

[…]. Il leva les yeux et rencontra le regard accusateur de Hallam à travers les portes entrouvertes.

L’utilisation de la conjonction « and » et la présentation de l’information, que nous avons déjà relevées en analysant la cohérence textuelle, ont également une influence sur le rythme des phrases complexes : alors que les phrases de l’original présentent une structure ordonnée et récurrente, celles de la traduction ont généralement une structure différente d’une phrase à l’autre, rendant le texte plus hétéroclite.

Répétitions

Les répétitions jouent également un rôle dans le rythme, et plus précisément dans la fluidité, de certaines phrases. Par exemple, Asimov répète trois fois le qualificatif « dusty » : « a dusty reagent bottle », « gray and dusty [pellets] » et « It was as dusty as ever ». En anglais, ce mot est court et relativement fréquent26, ce qui permet de l’utiliser plusieurs fois dans un même texte sans que celui-ci ne perde de sa fluidité. En français, la triple répétition de l’adjectif

« poussiéreux », plus long, peut alourdir le texte. Nous estimons que la traductrice aurait pu varier avec d’autres formulations, comme « couvert de poussière ».

L’auteur utilise en outre deux fois « to him » dans une même phrase, ce qui donne une impression de redondance et de maladresse. Les traductrices ont changé la formulation et le texte traduit s’en trouve plus fluide qu’en anglais :

Hallam had no use for the tungsten; it was of no earthly value to him and any tampering with it could be of no possible importance to him.

Hallam se moquait bien du tungstène, qui n’avait pour lui aucune valeur. Qu’on l’ait manipulé aurait pu le laisser indifférent.

Choix sémantiques

Dans son article « La traduction littéraire : qualité et formation » (2011), Françoise Wuilmart préconise d’analyser les champs lexicaux et sémantiques. Nous estimons que ces critères sont trop restreints et ne s’appliquent pas bien à notre analyse de l’œuvre d’Asimov, de moins pour la partie littéraire. Nous avons préféré analyser de manière plus générale les choix sémantiques, en étudiant notamment le registre, la richesse lexicale et l’emploi de figures de style. Pour structurer notre approche, nous nous sommes appuyée sur la méthodologie de Lance Hewson (2011) en analysant d’abord les effets de voix, puis ceux d’interprétation.

26 http://www.oed.com/view/Entry/58707?redirectedFrom=dusty#eid, consulté le 27 mai 2017.

Effets de voix

Tout d’abord, nous remarquons que les traits de vulgarité présents dans ce passage ont été masqués : les traductrices ont adopté un registre plus neutre pour atténuer les propos vulgaires de Hallam : Sylvie Denis traduit « god damn it » et « who the hell » respectivement par

« grands dieux » et « qui diable ». Toutefois, cette opération confère à Hallam une personnalité qui n’est pas la sienne : il semble être un homme pieux, totalement choqué par cette découverte, alors qu’il est en fait un personnage machiavélique, comme on le voit dans la suite du roman, et qui peut parfois être grossier. Dans le texte original, nous noterons également qu’il est davantage énervé que choqué, comme le laisse transparaître le français.

Par ailleurs, Asimov utilise fréquemment des termes spécialisés. Nous approfondirons le sujet dans l’analyse du versant scientifique, mais il convient tout de même de nous pencher sur ceux qui sont présents dans ce passage. Nous en avons relevé trois :

1 reagent bottle flacon

2 pellets paillettes

3 doctoral dissertation thèse

En français, les trois traductions sont tout à fait appropriées, quoique deux des trois termes soient moins précis qu’en anglais : « reagent bottle » et « doctoral dissertation » auraient pu être traduits respectivement par « flacon de réactif », ou « flacon à réactif », et par « thèse de doctorat ». Dans la mesure où la composante scientifique est de première importance dans ce roman, il aurait pu être intéressant de conserver le degré de spécialité des termes. La multitude d’autres références scientifiques compense toutefois largement cette légère édulcoration.

Nous soulignons en outre que le terme « paillette » convient parfaitement dans ce contexte.

D’ailleurs, en anglais, le terme « flake », l’équivalent de « paillette », aurait été plus adéquat que « pellet », davantage utilisé dans l’industrie plastique qu’en métallurgie.

Nous avons également analysé l’enrichissement comme l’appauvrissement du vocabulaire employé dans la traduction. En effet, la richesse du vocabulaire, caractérisée notamment par la variété, le registre, la fréquence d’utilisation, le degré de « raffinement » et l’originalité des mots utilisés dans le texte, joue selon nous un rôle prédominant dans ce que Wuilmart appelle l’âme du texte. Dans The Gods themselves, Asimov emploie de manière générale un lexique relativement élémentaire, formé de mots courts et fréquents, qu’il alterne avec des formulations plus recherchées, qui contribuent à l’« étrangéité » du texte, pour reprendre le terme d’Yves Gambier (2012 : 54 ; cf. 1.2.). Irène Langlet évoque un concept semblable, propre à la science-fiction : l’« étrangeté », qui correspond à la fois à l’étrangéité dont parle

Gambier et à l’effet sur le lecteur des éléments relevant de l’imaginaire présents dans le récit (Langlet, 2010 : 20 ; cf. 3.1.).

Dans l’œuvre originale, il résulte de cette alternance entre le vocabulaire simple et les tournures recherchées une lecture fluide, sans pour autant que le texte paraisse mal écrit ; bien au contraire. Les segments qui témoignent d’une certaine richesse (parfois inhabituelle au point de désarçonner le lecteur) sortent du lot, pour ainsi dire, ce qui attire l’attention sur eux.

Dans la traduction, le vocabulaire utilisé est globalement plus riche. Toutefois, l’effet du texte original est amoindri, car les tournures et les mots qui étaient recherchés en anglais se perdent parmi ceux du texte français.

Les mots et expressions anglais ci-dessous, relevant d’un vocabulaire simple, ont été enrichis dans la traduction : les mots utilisés en français, sans forcément appartenir à un registre supérieur, sont plus variés et plus recherchés. Il en résulte un effet d’accroissement (Hewson, 2017e : 13), c’est-à-dire que le texte paraît plus travaillé en français :

1 with no sign whatever rien ne laissait présager

2 marked portant l’inscription

3 wasn’t his ne lui appartenait pas

4 had never used ne s’en était jamais servi

5 lifted it le porta à ses yeux

6 as so many do comme tout un chacun

7 knowing être au courant

8 slept badly passé une nuit exécrable

9 was faire l’affaire

Ces syntagmes ont subi un enrichissement. Notons que l’expression « porter à ses yeux » peut paraître un peu bancale : il peut s’agir d’une confusion avec l’expression « porter à la bouche », qui, elle, est usuelle, ou simplement d’une utilisation peu commune du verbe

« porter à » destinée à élever le registre. Parallèlement, nous constatons l’apparition de trois métaphores dans la traduction, qui enrichissent elles aussi le texte traduit :

1 tampering mettre le nez là-dedans

2 one gets the impression laisse […] flotter l’impression

3 didn’t particularly like ne le portait pas particulièrement dans son cœur

Il convient de noter que l’expression exacte est « mettre son nez dans quelque chose » et non

« le nez », comme dans le syntagme « mettre le nez dehors ».27 Cette tournure n’est toutefois pas dramatique, dans la mesure où elle ne se détecte pas facilement. En outre, nous avons repéré six étoffements sans ajout de sens :

27 http://gr.bvdep.com/robert.asp, consulté le 29 mai 2017.

1 gray and dusty grises et poussiéreuses elles aussi

2 but he called out mais Hallam ne s’en écria pas moins

3 the phraseology le phrasé exact

4 change du changement qui s’était opéré

5 who celui-là même qui

6 immediately accross situé juste de l’autre côté

L’ajout de « elles aussi » (n° 1) est très certainement dû à la volonté de faire le lien logique entre le flacon, qui est lui-même poussiéreux, et les paillettes qu’il contient, qui le sont également. Toutefois, l’entreprise est légèrement maladroite et peut perturber le lecteur au lieu de faciliter sa compréhension. L’ajout de « pas moins » (n° 2) élève le registre et marque une emphase sur la conjonction « mais », qui n’est pas nécessaire, étant donné que l’usage de

« but » en anglais n’est pas réellement justifié dans le texte anglais : « It was as dusty as ever, the label as faded, but he called out: […] ». L’ajout de « exact » (n° 3) et de « situé » (n° 6), en revanche, démontre un bon usage du français et rend la lecture plus agréable. Le « phrasé exact » (n° 3), en particulier, est une formulation presque plus adéquate que « phraseology » en anglais.

De manière générale, ces trois types d’enrichissement ou d’ajout ont un effet d’accroissement sur le texte : le registre est rehaussé et le texte paraît plus travaillé.

Nous avons également relevé plusieurs cas de réductions (Hewson, 2017e : 14). Nous notons par exemple un appauvrissement lexical ou syntaxique de certains segments.

1 of what was now heavily layered with oxide oxydées

2 deep-seated deductions de profondes déductions

3 no earthly value aucune valeur

La formulation plus sobre en français a pour effet de gommer l’emphase qui était mise sur ces syntagmes. Nous convenons toutefois qu’une traduction équivalente relevait d’une grande difficulté. De la même manière, l’effet des quatre métaphores suivantes a disparu dans la traduction :

1 What began the shaking of the world was […] Ce changement commença avec […]

1 What began the shaking of the world was […] Ce changement commença avec […]