1- Les enjeux
La programmation de l’ANR dans le domaine des Sciences humaines et sociales s’inscrit dans une politique d’ensemble de soutien à la recherche fondamentale. En ce sens, elle est indissociable des Appels à projets non thématiques dont elle est le complément, le correcteur, voire l’accélérateur. Elle contribue avec une action internationale dynamique qui repose essentiellement sur des accords bilatéraux et qui devrait, en 2010, représenter 20 à 25 % des activités du Département, à élargir la palette des propositions offertes à une communauté chaque année davantage concernée par les Appels à projets de l’ANR.
Les programmes thématiques fournissent un cadre qui permet l’articulation de la recherche fonda-mentale et des grandes préoccupations sociétales du moment. D’une manière générale, ils cherchent à favoriser :
- La production de connaissances de base sur des questions essentielles en SHS ; en ce sens, la programmation permet de mettre en évidence ou de faire émerger de nouveaux axes scientifiques ou de nouvelles pistes de recherche nés des appels à projets Blanc ou Jeunes chercheurs. Par ce biais, elle doit aussi concourir au développement d’approches innovantes en termes de méthodes, d’objets de recherche, de terrains d’investigation.
- La constitution de communautés scientifiques sur des thèmes nouveaux et pertinents eu égard à l’avancée ou au renouvellement des connaissances, mais aussi aux interro-gations de la société. Les programmes thématiques doivent être, plus que nul autre, une invitation à la rencontre des champs disciplinaires et une incitation à construire la pluridis-ciplinarité.
- De nouvelles collaborations tout en renforçant les dynamiques scientifiques et la qualité de la production scientifique dans des domaines mieux ciblés. En ce sens, les programmes thématiques aident, sinon à structurer la recherche sur des questions nouvelles, à faire émerger des groupements de scientifiques qui mettent en commun des outils différents pour tenter de répondre aux mêmes questions.
2 - Bilan 2008
Depuis 2006, le Département des Sciences humaines et sociales a lancé 10 AAP sur des thèmes extrêmement divers. Les thématiques retenues tendaient à un triple objectif :
- Répondre aux sollicitations de la communauté scientifique qui souhaitait dans certains do-maines que l’on renouvelle les approches ou que l’on repose les questions épisté-mologiques : corpus (2006-2007), gouvernance (2008).
- Stimuler la recherche dans certains domaines qui nous paraissaient déficitaires, accélérer la réflexion dans d’autres, aider à la structuration de communautés nouvelles : Entre-prises (2007), Communication, Création (2008).
- Permettre de répondre aux grandes questions du monde contemporain et traiter des grands problèmes des sociétés d’aujourd’hui : Guerre, conflits, violence (2006), Appren-tissage (2006), Les Suds aujourd’hui (2007).
Sur les 917 projets déposés, 213 ont été financés (soit 23,22%) pour un montant total de 40,8 M¤
(soit une moyenne de 191,5 k¤par projet). Il faut ajouter à cet ensemble les deux Appels à projets lancés en collaboration avec la DFG ; en 2007 et en 2008, 163 dossiers ont été déposés dans ce cadre, 46 ont été financés (28,2 %) pour un montant de 7,3 M¤pour la seule partie française.
Mais au-delà des chiffres qui montrent que la part des thématiques et de l’international réunis représente environ 45% de l’ensemble des financements de l’ANR en SHS depuis 2005, ce sont les résultats scientifiques qu’il conviendra de mettre en évidence. Dans cette perspective, pour chacun des programmes, le département a mis en place des comités de suivi qui ont pour mission d’aider les porteurs de projets dans la réalisation de leurs objectifs par des conseils en matière de fonctionnement mais aussi de dresser un bilan scientifique du programme, véritable synthèse des résultats obtenus et des découvertes marquantes.
3 - Prospective
Dans la définition de ses objectifs, le Département SHS doit prendre en compte l’ensemble des facteurs qui mobilisent actuellement la communauté scientifique, tout particulièrement dans son domaine, mais aussi des remarques et suggestions, de caractère général ou ponctuel qui lui ont été adressées aussi bien par les différents comités de consultation, nationaux ou internationaux, qu’il a réunis, que par la communauté des chercheurs.
Le lien et les interactions entre les différents types d’AAP, thématiques, non thématiques et interna-tionaux sont particulièrement évidents en Sciences humaines et sociales et il n’est pas rare qu’un même projet de recherche évolue dans des types d’appel d’offre différents ; il est important d’en tenir compte dans la définition des thématiques qui doivent répondre aux attentes des scientifiques, mais aussi encourager, voire accélérer, les initiatives pluridisciplinaires, ou encore soutenir des domaines de recherche en déshérence ou menacés. Dans ce contexte, le renforcement de la collaboration avec le CNRS, et surtout avec les universités qui rassemblent près de 80 % des chercheurs est une nécessité si l’on veut poursuivre une politique qui reçoive l’adhésion du plus grand nombre.
La mise en place d’un comité scientifique sectoriel composé de scientifiques de renom s’inscrit dans cette perspective et doit permettre de proposer une programmation adaptée à une double exigence :
- Répondre aux préoccupations affichées dans la politique générale de l’Agence, c’est-à-dire proposer à la communauté scientifique des sujets de réflexion larges, invitant à la collaboration des disciplines, renouveler les approches sur un sujet important tout en permettant à une communauté de s’organiser et de se structurer ou encore traiter des grandes questions de société avec un regard sur l’avenir.
Programmes Nombre de Nombre de Nombre de Nombre de Nombre Taux de Budget projets soumis projets financés projets pôles partenaires d’entreprises sélection % (M¤) Franco-allemand 70 19 0 25 0 27,1 3,2 Gouverner, Administrer 73 17 0 41 0 23,3 3,7 La création 85 21 0 41 3 24,7 4,4 Formes et mutations 50 13 0 32 0 26 2,7 de la communication
Vulnérabilités 51 13 1 25 0 25,5 2,6
- Traduire et satisfaire les attentes d’une communauté qui attend beaucoup de l’ANR, en prenant soin de ne point oublier des secteurs de recherche qui pourraient être marginal-isés dans un système d’appels à projets, le domaine des Humanités par exemple.
L’international doit occuper toute sa place dans ce dispositif parce qu’il est indispensable de renforcer la présence française dans la constitution des consortiums de recherche internationaux ; l’action du département doit s’intensifier dans le cadre d’accords bi- ou multilatéraux conclus avec nos partenaires des agences étrangères, et aux collaborations déjà engagées avec le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon, doivent s’ajouter celles qui sont en cours d’élaboration avec les Etats-Unis, le Canada ou les pays d’Amérique Latine, dans l’attente d’un grand programme de coopération avec les pays riverains de la Méditerranée. Le partenariat avec l’Europe se heurte encore à des obstacles techniques qui devraient être rapidement surmontés et la participation de l’ANR aux Era-Net Sciences humaines et sociales est en cours de discussion. Au total, l’action internationale représente un domaine essentiel qui devrait à terme représenter le quart de l’activité du département.
1 - Le champ thématique de l’appel à projets
Ce programme concernait l’étude de la création et des différentes fonctions qui lui sont attachées : symbolique, sociale, rituelle, magique, religieuse, économique, idéologique, politique, productrice de mémoire individuelle et collective, de connaissances, de savoirs et de concepts, révélatrice d’expérience, etc. Il s’intéressait aussi aux dimensions économiques de l’art, à l’émergence de nouveaux médias, ou de nouvelles industries. Il proposait enfin de s’interroger sur les leçons que l’on peut tirer des industries créatives pour l’ensemble des activités qui reposent sur l’innovation.
Il s’agit notamment :
- d’interroger et de définir les outils conceptuels propres à appréhender les oeuvres d’art et la création aujourd’hui, mais aussi dans une perspective diachronique et/ou com-paratiste ;
- de mieux comprendre l’exercice de la cognition humaine dans la création, l’appréhension et l’interprétation des œuvres (image, littérature, musique, danse, théâtre, photos, architecture…) ;
- d’analyser les fondements problématiques de l’universalité artistique et des variations culturelles à travers des objets d’étude empiriquement fondés et dans une perspective