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CONTEXTE LEGAL

3. PARTIE THÉORIQUE

4.1 APPROCHES METHODOLOGIQUES

4.2.3 ACCES AU TERRAIN

Pour parvenir à obtenir les entretiens, nous avons entrepris plusieurs démarches, en plusieurs étapes. Nous avons tout d’abord contacté quatre services sociaux afin d’effectuer des entretiens exploratoires portés sur le fonctionnement général de l’aide sociale. Trois chef·fe·s de service

nous les avons recontactés et avons demandé de transférer, avec l’accord des chef·fe·s de service, un mail à destination des assistant·e·s sociaux·ales pour effectuer les entretiens thématiques. A cette étape, nous avons présenté plus précisément notre sujet de recherche qui a été formulé suite aux entretiens exploratoires. Nous avons contacté ensuite trois autres services sociaux en ciblant directement les assistant·e·s. Au final, nous avons pu rencontrer six assistant·e·s sociaux·ales provenant de quatre services sociaux, dont un·e avec qui nous avions déjà effectué un entretien exploratoire. Nous avons envoyé à chaque interlocuteur·rice une attestation garantissant la confidentialité des participant·e·s.

Après avoir effectué plusieurs entretiens avec des assistant·e·s sociaux·ales, nous avons également contacté les institutions cantonales de l’aide sociale qui nous ont rapidement répondu positivement. Enfin, nous avions dans notre cercle de connaissances une autre personne ayant travaillé par le passé au sein de l’institution cantonale de l’aide sociale qui a également accepté de nous répondre. En outre, en parallèle à ces démarches, nous avions contacté plusieurs organismes travaillant dans le domaine social afin de trouver un autre moyen pour accéder à des assistant·e·s sociaux·ales. Cela n’a finalement abouti à aucun entretien puisque nous avons pu obtenir des contacts d’assistant·e·s sociaux·ales par l’intermédiaire des chef·fe·s de services. Nous avons observé que la précision de l’objet de recherche auprès des interlocteur·rice·s, à savoir le traitement des personnes étrangères à l’aide sociale, a réduit quelque peu l’accès au terrain. Même si nous avons finalement eu un nombre d’entretiens suffisant, nous avons, à une certaine étape, eu la crainte de ne pas pouvoir obtenir des entretiens en dehors des chef·fe·s ou cadres. En effet, durant une certaine période, nous n’avions pas de retour positif, c’est pourquoi nous avions contacté dans second temps trois autres services sociaux. Outre le fait que les services sociaux sont en général très chargés et que le personnel dispose de peu de temps, deux facteurs ont pu engendrer cette difficulté. D’une part, la thématique abordée a pu créer une certaine réticence étant donné que le sujet est très politisé. Un·e de nos interviewé·e·s nous a d’ailleurs confié sa crainte que nos résultats soient instrumentalisés. D’autre part, nous avons eu l’impression qu’il y avait une crainte de la part des assistant·e·s sociaux·ales que nous affichions leurs pratiques, et en particulier leurs marges de manœuvre. En effet, un·e autre de nos interviewé·e·s nous l’a implicitement expliqué. Les deux craintes étaient par ailleurs liées, ce qu’explique la première personne que nous avons citée :

« Y a une chose à laquelle j’ai pensé toute à l’heure, je me disais mais finalement, dans ma manière de répondre, y a le questionnement des implications que ça peut avoir. Dans le sens où, je souhaite pour vous que votre travail soit lu (rires) et pis je me disais bah finalement… suivant comment on répond, ça donne une image de ce qu’on fait et le souci qui me vient à l’esprit c’est de se dire, si par exemple le… l’image qui était donnée, c’était finalement bah les assistants… essaient de faire ça le plus humainement possible… si des gens de l’UDC ou de mouvements de ce type-là mais il faut… être plus restrictif. […] Alors je suis complètement contre ça parce que la première des choses c’est qu’il faut qu’on explique notre travail, qu’on explique pourquoi on est comme ça. Mais il faut que ça ça apparaisse aussi et que quand les gens connaissent toute l’histoire, toute la chose qu’on peut souvent pas expliquer parce que c’est trop long et pis y a trop de spécificités etc. bah au final, y a plein de gens qui… qui sont ouverts, enfin qui trouvent que bah ouais finalement, c’est c’est juste comme on fait, que c’est dégueulasse que cette personne soit traitée comme ça ou… Et c’est vrai que toute cette implication et les raccourcis qui sont faits par plein de gens, à partir d’un texte qui au départ est peut-être très complet mais… voilà. C’était un peu mon souci… Enfin souci, en même temps, enfin ça va m’empêcher de

vous répondre, pis de vous répondre sereinement à tout ça mais, mais voilà j’avais ça en tête. En me disant bah quelles implications ça peut avoir et… et comment on gère ça après quoi. »

Ce discours explique en effet la crainte que notre travail affiche une image trop laxiste du traitement des dossiers par les assistant·e·s, ce qui pourrait ensuite être utilisé par des acteurs orientés vers une politique plus restrictive de l’aide sociale et vers une plus grande régulation du travail des assistant·e·s sociaux·ales.

Un autre élément qui nous a orienté vers cette réflexion est le fait qu’à une certaine étape de notre recherche, nous avons eu de la peine à obtenir des contacts directs avec des assistant·e· sociaux·ales dans différents services. Une de nos demandes est restée sans réponse, alors que nous avions pu effectuer un entretien exploratoire avec un·e cheffe de service. Une demande n’a finalement pas été transférée aux assistant·es sociaux·ales dans un autre service social. Enfin, dans un autre service social, nous avons dû effectuer deux entretiens avec la même personne avant de pouvoir accéder à d’autres assistant·e·s sociaux·ales. Une autre possibilité d’explication à cette difficulté peut être liée à l'ambiguïté du rôle des assistant·e·s sociaux·ales dans le processus de décision relatif au statut des usager·ère·s étranger·ère·s. En effet, nous avons pu relever que si certain·e·s pensaient, dans une certaine mesure, pouvoir influencer le processus, d’autres avaient au contraire l’impression de n’avoir aucune marge de manoœuvre. C’est un élément intéressant car cela montre une certaine ambiguïté non seulement des rouages du processus de décision en tant que tel mais également du rôle des assistant·e·s sociaux·ales au sein de ce processus.