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3.3 Les différentes relations, sources de Guanxi : la même identité

3.3.7 Parenté nominale(Ganqin 干亲)

Les gens de même génération se font frères jurés pour rattraper une relation du type familiale. Le Ganqin est une option pour des personnes de générations différentes.

Shang (1997), Huang/Ji (1999) et d’autres chercheurs ont identifié les déterminants de Ganqin, d’après leur analyse, l’objectif de conclure la relation Ganqin se trouve à trois niveaux :

Premier cas, le Ganqin est admis pour que l’enfant puisse grandir en bonne santé auprès d’un adulte. Si l’enfant est souvent en mauvaise santé, d’après l’explication de Wu Xing (cinq éléments voirannexe0) et d’autres croyances sur le pouvoir superstitieux, soit il est né avec une vie en opposition avec celles de ses parents, (incompatibilité entre deux éléments), soit il lui manque un des cinq éléments et ses parents ne possèdent pas non plus. Dans les deux cas, il lui faut une relation familiale qui joue le rôle complémentaire : on peut trouver des éléments complémentaires chez les futurs parents nominaux qui favoriseront la vie de cet enfant. Dans ce cas, la demande est proposée par les parents de l’enfant.

Deuxième cas, c’est aussi le cas le plus fréquent. En écriture chinoise, le caractère « Bien 好 » est composé de deux parties : fille 女 et garçon 子. C’est à dire on ne peut dire bien que quand on a à la fois la fille et le garçon. C’est aussi le souhait (儿女双全) de toutes

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les familles. Si une famille n’a que des garçons, en passant par Ganqin elle peut réaliser le souhait d’avoir aussi une fille. Idem pour la famille qui n’a que des filles. Normalement dans ce cas, la proposition est venue de la part de parents nominaux.

Il se peut, pour le troisième cas, que le Ganqin est admis en vue d’intérêt. Les parents de deux familles s’entendent bien, et ils souhaitent mutuellement nouer cette relation par Ganqin. Donc deux familles qui sont disjointes de relation du sang se croisent en formant une partie d’intersection occupée par les enfants. Souvent le Ganqin est proposé pour agrandir le réseau de Guanxi, et pour combiner une relation plus intime que l’amitié.

Une fois que la relation Ganqin est établie après une cérémonie, l’enfant doit appeler l’homme Gandie(en français père nominal), et appeler la femme Ganniang (en français mère nominale). La cérémonie est différente selon les régions, mais il doit y avoir le moment où l’enfant change d’appellation et son Gandie Ganniang lui donne un cadeau pour montrer qu’ils acceptent cet enfant nominal. Par exemple, dans un village de la province de Hubei, le cadeau des parents nominaux pour enfant peut être de l’argent ou des vêtements. Et dans la région de Henan, les parents nominaux doivent donner une serrure à l’enfant pour exprimer l’admission et l’envie de garder l’enfant auprès d’eux.

Figure 8 : la cérémonie de reconnaitre les parents nominaux et le cadeau symbolique : la serrure

Le Ganqin est un phénomène plus fréquent dans les campagnes que dans la ville. Ce statut n’est pas reconnu par la loi. L’héritage ne s’applique pas aux gens en relation Ganqin. Les Ganqin peuvent recevoir une partie du bien s’ils se sont aidés mutuellement ou s’ils ont accompli mutuellement leur devoir et responsabilité comme une famille du sang, mais la partie reçue n’est pas reconnue en tant qu’héritage. Elle prend la forme de donation (Tang et al 1985, Chu/Xing 1995).

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En occident, les parrains et marraines jouent un rôle de responsable spirituel d’une personne nouvellement baptisée. Un enfant ne peut avoir qu’un seul parrain et marraine, tandis qu’un enfant chinois peut avoir plusieurs parents nominaux. Le parrain et la marraine sont engagés à soutenir leur filleul dans leur vie religieuse. Les parents nominaux n’ont pas d’engagement particulier vis-à-vis à leur Gan-enfant, seul leur admission est considérée pouvoir protéger l’enfant (Huang/Yang 2007).

Étant une ancienne coutume, le Ganqin est enregistré dans les ouvrages historiques des départements. À notre époque, elle n’est pas oubliée pour autant par les chinois modernes et devient même plus fréquente. Il existe toutes sortes de raisons à cela : le politique, la culture, l’économie, la position géographique etc. Depuis fin des années 70 et le début des années 80, le gouvernement chinois a promu la politique de l’enfant unique pendant presque 40 ans. Dans la campagne où la main d’œuvre est plus importante, ils peuvent avoir un deuxième enfant si la première est une fille. Mais si le premier est un garçon, la famille n’a plus le droit d’avoir un deuxième enfant (Yao 1996). À cause de la règle de l’enfant unique, l’équilibre du ratio de nombre de filles et garçons est détruit. La famille qui a eu le fils en premier enfant réalise le vœu d’avoir fille et garçon en faisant Ganqin. Dans l’étude de Shang (1997) dans la campagne de Henan province, 45 cas de Ganqin sur 59 s'expliquent pour cette raison. Puisque le nombre d’enfants est limité dans la famille, la santé de l’enfant est plus importante. Selon une étude scientifique, les parents croient sincèrement que le Ganqin est la meilleure façon de protéger leur enfant (Huang/Yang 2007).

Grâce au Ganqin, le réseau de Guanxi s’est agrandi. Les jours fériés ils se rendent visite, ils s’offrent un cadeau au moment de l’anniversaire. Toutes les études montrent que le Ganqin ne dure pas longtemps. Souvent la fréquentation entre Ganqin s’arrête quand l’enfant devient adulte : la mission de protection est accomplie (Shang 1997). Ganqin brouille la définition de relation amicale et familiale. Il y a des gens qui profitent de ce type de Guanxi pour officialiser l’échange de pouvoir et d’argent. Le Ganqin est donc utilisé par des gens pour rationaliser et justifier cet échange (Jiao 2002).