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Les trois étapes du développement humain

CHAPITRE 2 : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

2.2. Le fondement du curriculum Waldorf : la nature humaine

2.2.1. Les trois étapes du développement humain

Les quatre corps (physique, éthérique, astral et le Moi) en tant que champ de

forces en interrelation, sont à l’origine de trois organisations :

● Le système neuro-sensoriel (cerveau, sens, le système nerveux)

● Le système rythmique (système circulatoire et système respiratoire)

● Le système métabolique (membres supérieurs et inférieurs)

Le premier et le dernier forment une polarité dont les centres sont la tête (dans

le neuro-sensoriel) et la partie inférieure du corps (dans le métabolique).

Dans toute cette organisation les forces de l’âme vont se déployer : l’activité de

la pensée est en relation avec le système neuro-sensoriel ; la volonté est liée

directement au métabolisme et à la locomotion (digestion, membres supérieurs

et inférieurs) ; le sentiment est relié au système rythmique.

Nous sommes en face de la complexité de l’homme car les éléments

constitutifs de l’être humain n’ont pas une évolution simultanée. De ce fait il faut

l’étudier dans le processus évolutif de son développement. Le fait de

reconnaître les différents corps par leurs manifestations aide le maître dans son

travail d’enseignant, prenant conscience de toutes ces dimensions.

- Evolution de l’organisme humain

Dans chacun des trois cycles septennaux de l’évolution humaine on peut

remarquer la naissance d’un corps bien que potentiellement tous les corps

forment l’entité organique de l’être humain.

Au moment de la conception ce qui naît en vérité c’est le corps physique. Grâce

à l’activité des forces spirituelles qui travaillent dans le Moi, le processus de

formation continue jusqu’au moment où vers les 7 ans le corps éthérique se

corps astral se dégage. Tous les corps se forment de façon continue mais il

arrive un moment où l’un d’eux devient autonome.

- Etape de 0 à 7 ans

Dans le ventre maternel, les organes se sont formés à un tel point que l’être

humain est apte à entrer en contact avec le monde physique. L’enfant dans son

ensemble est un organe sensoriel, il répond comme un tout aux stimuli de son

entourage. Tout son corps est sensible et toutes les impressions sensorielles

exercent une action formatrice en lui. Sa propre réponse intérieure continue à

modeler ses organes et son corps. Cette réponse naît des forces formatrices

même si elles ne sont pas encore libérées. Toute l’activité des forces

psychiques et spirituelles présentes dans cette étape est au service du

développement physique, à commencer par l’activité du système

neuro-sensoriel (étape clé pour le développement cérébral).

L’enfant a entièrement confiance dans le monde qui l’entoure car pendant la vie

prénatale l’esprit était sous l’influence d’entités spirituelles supérieures. Ce

monde spirituel est un monde où règne le bien et la beauté. Cette confiance

perdure face au monde terrestre, ainsi l’enfant imite ce qu’il ressent du monde

extérieur.

Cette réalité implique que l’enfant a surtout besoin de personnes en tant que

modèles, non du point de vue physique mais du point de vue spirituel. Tout ce

qui advient dans son environnement, l’enfant l’absorbe comme une éponge.

- Etape de 7 à 14 ans

Cette période commence avec la formation de la dentition permanente chez

l’enfant et c’est le moment où les forces formatrices, qui auparavant étaient au

service de la formation organique intérieure, continuent leur travail de façon

plus autonome.

L’attitude d’imitation que l’enfant avait devient une attitude de création. Les

sentiments s’éveillent et l’enfant se tourne de façon plus accentuée vers

l’extérieur. Ce n’est plus un être récepteur des influences de l’entourage mais il

commence à échanger avec le monde ce qu’il est capable de créer. La vie

affective est reliée avec le système rythmique. Ainsi survient le déploiement des

forces éthériques, qui sont des forces qui modèlent, celles-ci vont se répandre

dans les organes de la respiration et de la circulation.

Pendant cette étape, l’enfant n’est pas encore apte à recevoir un enseignement

« intellectuel » au travers de concepts abstraits, formels. Sa formation doit

s’orienter vers le sentiment et la volonté. Pour R. Steiner, l’enfant comprend

parce qu’il sent. Ces deux domaines, tout en étant en interaction avec l’activité

de représentation, (l’être humain est un tout où interagissent des forces) ont

surtout à voir avec l’image et la créativité. L’enfant apprend par des images le

fait qu’il vive intérieurement.

L’enfant a aussi grand besoin d’une « autorité » à ses côtés. Le maître parvient

à lui donner cette autorité dans la mesure où il devient un intermédiaire entre le

monde et l’enfant. De là découle le fait que le maître se doit de cultiver en

lui-même son propre et toujours singulier développement spirituel.

L’enfant ne met pas en doute le fait que le maître soit là pour lui apprendre ce

qui est bon et que son enseignement ne va pas déformer sa relation avec le

monde mais qu’au contraire il l’aidera à mieux comprendre le monde ambiant.

Au cours de ce cycle l’enfant adopte les jugements de valeur qui sont émis

devant lui.

L’enseignement doit s’imprégner d’images, de forces artistiques, de tout ce qui

fait appel au mouvement, au rythme, pour être en consonance avec la nature

de l’enfant.

- Etape de 14 à 21 ans

Vers quatorze ans une autre transformation survient dans l’être humain. Le

corps astral se libère et les forces psycho-spirituelles se déploient en force

dans les processus métaboliques.

Le jeune adolescent commence à sentir davantage les différences entre lui et le

monde extérieur. Il ne tolère plus l’autorité et voudrait établir lui-même sa

relation avec le monde extérieur.

Alors, l’enseignement doit lui montrer le monde avec ses lois. Le maître n’est

plus un intermédiaire et le jeune adolescent réclame une relation directe avec

les choses, il voudrait comprendre les phénomènes de la nature. Il est

important de préparer l’adolescent à cette étape car le fait de ne pas réveiller

son intérêt pour le monde dans un sens large, peut causer par la suite un repli

sur soi, une concentration exclusive sur ses propres préoccupations. Ce

qu’auparavant l’enfant admirait au moyen d’images, deviendra chez le jeune

adolescent, un intérêt pour approfondir les « pourquoi ».

L’enseignement doit s’adresser essentiellement à l’exercice de la raison, aux

activités d’abstraction et à la conceptualisation exigée par le jeune être qui

commence à former ses propres jugements. Le maître doit affronter les jeunes

adolescents à l’aide d’arguments raisonnables, sans qu’à aucun moment il

oublie que l’enseignement a besoin de l’imagination. Pendant la puberté, les

forces qui auparavant s’étaient déployées dans le système rythmique,

continuent leur expansion jusqu’aux os et le jeune adolescent pénètre encore

davantage le monde extérieur.

À partir de cette exposition des fondements de la nature humaine d’après

l’Anthroposophie, nous nous rendons compte que le curriculum élaboré par R.

Steiner surgit donc comme un imaginaire non-conformiste qui cherche à

remettre la spiritualité de l’être humain à une place importante.

Dans l’évolution de cette nature spirituelle, on trouve un point assez sensible

pendant la période de 7 à 14 ans, dans laquelle l’enfant est représenté comme

quelqu’un qui a les dispositions pour créer, imaginer, être actif, enfin comme

quelqu’un qui a des potentialités artistiques y compris jusqu’à son expression

maximale. Cet imaginaire représentait à son époque et représente encore

aujourd’hui, une alternative face à l’école intellectualiste. À ce sujet, Steiner

affirmait :

L’intellectualisme, je l’ai dit, n’est pas un instrument qui ait prise sur la réalité. Pour éduquer, il faut avoir prise sur la réalité de l’être humain. Si l’intellectualisme n’est pas un instrument qui ait prise sur la réalité, alors se pose la grande question : Pouvons- nous faire de l’éducation avec une méthode intellectualiste ? (…) Nous devons recourir à d’autres moyens que ceux que l’intellectualisme nous met dans ses mains (Steiner, 1988 c, p. 59).