Dix-neuvième Année. — N° 11 P r i x d u n u m é r o : 10 centimes

Dix-neuvième Année. — N° 11 P r i x d u n u m é r o : 10 centimes

P A

Jeudi 11 Février 1904.

Bureaux: R u e de l a S e r r e , 58

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MAR4TOH0EMÈBE

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saisies 20 ct., étrangères 25 et. la ligne Offres et demandes de place

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Les annonces se paient d'avance.

Organe de la Chambre suisse de l'Horlogerie, des Chambres de commerce, des Bureaux de contrôle et des Syndicats professionnels.

Les Consulats suisses à l'étranger reçoivent le j o u r n a l .

Bureau des Annonces: HAASENSTEIN & VOGLER, 32, rue Leopold Robert, CHAUX-DE-FONDS et succursales en Suisse et à l'étranger.

Les affaires

Les journaux de la région horlogère pu- blient des appréciations variées et quelque peu contradictoires sur l'état des affaires.

Quoique le moment ne soit pas encore venu de se rendre un compte exact du mouvement de notre exportation durant l'année qui vient de s'écouler, les tableaux des boites contrôlées nous donnent pour- Ian t de précieuses indications.

Voici le tableau des boites contrôlées dans les cinq dernières années :

Année Bottes or Boites argent Total

1899 (555,840 3,028,712 3,034,557 1900 08^2,200 3,353,315 4,035,521 1901 053,228 3,730,000 4,383,828 1902 544,559 2,738,013 3,283,172 1903 550,017 2,450,971 3,012,988

Si l'on met en présence de ces chilires, ceux des montres exportées, on trouve:

Années Montres Années Montres

1899 0,718,428 1901 8,044,301 1900 7,314,270 1902 7,334,802 Les chiures des boites contrôlées, de même que ceux des montres exportées, nous montrent une progression constante pour les années 1899, 1900 et 1901. L'an- née 1902 commence la période descendante avec une légère amélioration pour les boites contrôlées en 1903; il en sera sans-doute de môme pour les montres exportées.

Que nous réserve l'année qui vient de commencer ? Telle est la question qui se pose.

A ne considérer que les boites contrô- lées dans le mois de janvier des cinq der- nières années, on trouve :

Années Boites or Bottes argent Total

1899 45,121 217,207 202,388 1900 48,402 241,454 289,850 1901 50,189 304,401 300,050 1902 39,132 229,104 208,290 1903 41,500 183,501 225,007 1904 47,581 191,541 239,122

Notre horlogerie est donc en plein dans une période de dépression et la légère amélioration constatée sur janvier 1903, ne permet pas de chanter victoire. Nous sommes loin des chiffres de l'année 1901,

qui marqua le point culminant de nos ex- portations et rien ne fait prévoir le retour prochain à une pareille situation. Notre horlogerie subit donc, dans la même me- sure que d'autres industries, les consé- quences de .l'état général des affaires et de l'insécurité qui résulte des complications de la situation politique générale.

Une Association commerciale contre l'Angleterre

On s'occupe beaucoup, à Londres, dit le Monde Economique, d'un projet alle- mand du D

l

Julius Wolf, professeur d'éco- nomie nationale à Breslau, qui aurait pour b u t de créer en face du Zollverein de l'Angleterre et de ses colonies, rêvé par M. Chamberlain, une association de défense continentale.

M. Wolf veut mettre sur pied une orga- nisation qui s'appellerait «1'Associalion économique de l'Europe centrale» el aurait pour but de combattre l'union douanière britannique, si jamais elle se faisait.

On demanderait à la France, à l'Allema- gne, à l'Autrichc-Hongrie, à l'Italie, à la Suisse, à la Hollande el à la Belgique d'en- trer dans cette association.

Dans chaque pays, on étudierait les nou- veaux droits dont l'Angleterre frapperait les produits européens, au cas où M. Cham- berlain renoncerait à faire adopter le pro- tectionnisme, el on y répondrait par des droits nouveaux sut les marchandises de provenance anglaise, ou par telles autres mesures de nature à empêcher l'importa- tion de produits anglais dans les Etals de l'Europe centrale.

•Un comité préparatoire a déjà été formé par le D

^r

Wolf. Il comprend 42 Allemands, 33 Autrichiens el 17 Hongrois.

Parmi les membres qui le composent, citons le prince d'Arenberg, M. Ballin, directeur général de la Compagnie Ham- bourg-America, le duc Ernst Guenther de Schleswig-Holstein, le prince Schœnisch Carolalh, le comte Tièle W i n k e r , le comte Limburg-Stirum, etc.

Comme ou le voit, si M. Chamberlain réussissait à entraîner l'Angleterre dans l'énorme aventure économique qu'il orga- nise, il trouvera sur le continent des grou- pements destinés à le défendre.

Les fabriques à la Chaux-de-Fonds La Chaux-de-Fonds marche à grands pas dans la voie de la transformation de sa fabrication horlogère. Nous le constatons avec d'autant plus de satisfaction, que la

Fédération horlogère a jeté, il y a bien

des années déjà le cri d'alarme et (pie nous n'avons manqué aucune occasion de prêcher la nécessité et l'urgence de la création de fabriques bien outillées.

Le National suisse donne sur ce sujet, les intéressants renseignements suivants, qu'il convient de compléter, en disant que la Chaux-de-Fonds possède depuis plusieurs années les fabriques de montres Courvoisier frères, V

^ve

Clr Léon Schmidt, Wille & C°, et Maurice Blum.

« Notre ville, comme on sait, sera dans un avenir prochain dotée de plusieurs fabriques d'horlogerie par procédés méca- niques, qui marqueront dans l'histoire de notre industrie locale. Il y aura d'abord l'usine «Election», construite par les fils de M. L. Braunschweig. Elle sera établie non loin des Moulins Boulangers, occupée à ce qu'on espère au début de 1905, et pourra contenir environ 250 ouvriers.

« Puis une autre enlreprise importante sera celle due à l'initiative de la «Société anonyme Cirard-Perregaux & O » , suc- cesseurs de l'ancienne maison «Cirard- Perregaux » dont les excellents produits oui une renommée étendue et méritée. La fabrique de MM. Cirard-Perregaux sera, croit-on, mise en activité à partir de l'au- tomne et comptera une centaine d'ou- vriers.

«Enfin la «Société d'horlogerie Electa», anciennement «Société d'horlogerie de G e n è v e » se propose d'agrandir ses instal- lations de la rue du Ravin.

«Ces fabriques établies, d'autres sui-

vront, qui accroîtront encore l'importance

76 L A F E D E R A T I O N H O R L O G E R E S U I S S E d e n o t r e m a r c h é h o r l o g e r , fortifieront le

s o l i d e c r é d i t d o n t il j o u i t et p o r t e r o n t t o u j o u r s p l u s l o i n l ' e x c e l l e n t e r e n o m m é e d e la C h a u x - d e - F o n d s . »

Les syndicats professionnels en France

La commission du travail vienl de remettre à la Chambre son rapport rédigé par M. Barlhou, sur diverses propositions de la loi relatives aux Syndicats professionnels.

Ce document, dit le Moniteur de la Bijouterie et de VHorlogerie, se divise on deux parties:

l'une, consacrée à l'élude des résultats donnés par la loi du 21 mars 1884 sur les syndicats pro- fessionnels ; l'autre, aux modifications que la commission du travail propose d'apporter à celte loi.

On n'a pas oublié dans quelles conditions dé- favorables se trouvaient les travailleurs avant la loi du 21 mars 1884. Ils n'avaient le droit de se concerter et de s'unir pour la défense de leurs intérêts. Soucieuse avant tout d'affirmer les Droits de l'homme et la Liberté du travail, lu Révolution avail brisé les corporations et pris d'énergiques mesures pour en prévenir la re- constitution. Mais la question s'était posée de savoir si la société ne pourrait pas, tout en de- meurant fidèle à l'esprit de la Révolution distin- guer entre la corporation de l'ancien régime — association fermée et tyrannique — et des syn- dicats professionnels, non obligatoires, ouverts à tous, dans lesquels les travailleurs seraient maîtres d'entrer, desquels ils pourraient libre- ment sortir, auxquels, enfin, ils resteraient li- bres de ne prendre aucune part.

La pensée qui a présidé à la loi du 21 murs 1884 a été mise en pleine lumière dans un juge- ment du tribunal de la Seine, que rapporte M. Barlhou. Ce jugement, rendu en 1895, constate que la loi d u 2 1 mars 1884, en donnant la liberté aux associations professionnelles, n'a voulu porter aucune atteinte à la liberté du travail in- dividuel, celte première propriété de l'homme, la plus sacrée et la plus imprescriptible. Loin d'ins- tituer et de permettre l'affiliation forcée au syn- dicat, elle a expressément consacré et protégé la liberté contraire.

«On ne saurait, sans violer celte régie essen- tielle de la loi et celte condition même des pro- grès de l'industrie, ni permettre aux syndicats de se transformer en corporations obliga- toires, ni les ériger en souverains despotic/lies de l'usine et en dispensateurs unir/lies du tra- vail au profit de leurs adhérents et à l'exclusion des ouvriers qu'ils frappenl, arbitrairement et sans droit, de consigne et d'interdit, et condam- nent ainsi au chômage et à la misère... La pré- tention du syndicat, si elle était admise, n'irait à rien moins qu'à supprimer la conquête essentielle de la Révolution, l'affranchisse- ment de l'individu, et à restaurer, en entrant en lutte ouverte avec les principes sur lesquels repose notre société civile moderne, l'oppression des chambres syndicales, aussi intolérable et aussi contraire à la justice t/ue la tyrannie des anciennes corporations et jurandes, dé- truites à si juste titre par la Constituante et par la Convention. »

Or, la question est, à l'heure présente, de sa- voir si l'on ira à rencontre de ce mouvement ômancipaleur, ou bien si l'on voudra s'en inspi- rer; • Des modifications sont proposées à la loi sur les syndicats professionnels: onl-elles pour but l'application de plus en plus large des prin- cipes de la Révolution, cherchent-elles à faire respecter de plus en plus la liberté des individus, ou bien, au contraire, tendent-elles à reconstituer ces corporations que la loi de 1884 a si nette- ment répudiées et condumnées de nouveau, comme étant des instruments d'oppression ? Voilà" tout le débat. Pour juger les propositions de lu commission du travail, on a ainsi un cri- térium certain.

On doit d'autant plus strictement s'y lenir, que M. Barlhou a signalé, avec une force parti- culière, les périls d'une tyrannie renaissante. Il n'a pas hésité à en donner des exemples saisis- sants. Un ouvrier, nommé Husson, avait eu des démêlés avec son syndical, dans les Ardennes.

« L'ouvrier quitte les Ardennes, pour venir cher- cher du travail à Paris. Il en trouve dans une usine, dont aucun ouvrier n'esl syndiqué. Pour- tant le secrétaire permanent du syndicat arden- nais l'y découvre et exige son renvoi. Le patron demande une sommation écrite, pour se mettre

à couvert contre les réclamations de l'ouvrier, et aussi, dit-il, parce que, conseiller municipal socialiste, il ne veut pas qu'on lui reproche d'a- voir mis sur le pavé un père de famille quand il avait du travail à lui donner. Il renvoie donc

«cet ouvrier d'élite»: c'est ainsi que le tribunal de la Seine le qualifie selon sa propre apprécia- tion. Suivi par les exigences du syndical et sur- veillé par ses délégués, ce malheureux, qui ga- gnait entre 7 fr. 50 et 10 francs par jour, passe dix-scpl mois sans trouver du travail !»

Le rapporteur poursuit en ces termes : « Les recueils de jurisprudence abondent également en exemples de mises à l'index el d'inscriptions à des piloris pour contraindre les patrons à ren- voyer des ouvriers non syndiqués ou pour obli- ger les ouvriers à faire partie du syndicat. L'énu- mération ne sérail pas ici à sa place». On sent quelles garanties exige, dans de telles conditions, la liberté fondamentale élablie par la Révolution, celle du travail. Qu'on médite encore ces décla- rations du savant rapporteur : « L e s syndicats, dit-il, s'efforcent de s'attribuer, d'une autre façon, le caractère obligatoire pa.r la prétention qu'ils émettent de constituer le seul intermédiaire dans les négociations entre le patron et l'ouvrier. Si celle prétention finissait par prévaloir, elle aurait, en effel pour résultai, de priver les ouvriers non syndiques de toute représentation et de les con- traindre, pour éviter les conséquences fâcheuses de cette situation, à adhérer à un syndicat dont ils répugnent à faire partie. »

Nous en avons dit assez pour montrer quels ont été les caractères de la loi de 1884, quel pro- grès elle a entendu au juste réaliser, quelles pré- cautions elle implique pour qu'on ne la détourne pas de son but. Toutes les modifications propo- sées répondent-elles aux conditions de la loi de

1884 ou, plus exactement, à celles de l'essor d'une démocratie libre? On en va juger.

Divers changements, parmi ceux dont la Chambre est saisie, semblenl bien constituer des réformes. Ainsi, la composition des syndicats professionnels serait élargie. La commission du travail propose de modifier le texte de l'article 2 de la loi de 1884 en y ajoutant un paragraphe ainsi conçu : « P o u r r o n t continuer à faire partie du syndicat professionnel les personnes qui au- ronl abandonné l'exercice de la profession, et pourront y entrer celles qui, ayant, exercé la pro- fession pendant cinq ans au moins, ne l'auront pas quittée depuis plus de dix ans. » Celte inno- vation, très libérale, se conçoit parfaitement. La loi serait étendue à toutes les professions libé- rales. Les ouvriers el employés de l'Etal, des départements, des communes, des établissements publics, eu pourraient invoquer également les dispositions, à l'exclusion des fonctionnaires proprement dits.

Autre réforme : les unions des Syndicats qui actuellement ne peuvent posséder aucun im- meuble, ni ester en justice seront investis de ce double droit. La commission confère formelle- ment aux syndicats la personnalité civile et leur donne par une formule également très large, le droit d'acquérir sans autorisation, à litre gratuit ou onéreux, des biens meubles et immeubles.

D'autre part, elle confère aux syndicats dans des conditions exceptionnellement avantageuses par rapport au droit commun, le droit de faire des acles de commerce.

Elle n'exige môme pas que «les syndicats de plus de sept membres qui, dans le bul d'exploiter une entreprise commerciale, formeront une so- ciété à responsabilité limitée régie par les lois du 24 juillet 1807 et du 1e r août 1893» voient au moins les litres créés par eux répartis entre les membres du syndical. Nullement: « L e syndi- cal, personne civile, pourra être propriétaire de la totalité des actions.» 11 n'est pas besoin d'in- sister sur la gravité de cette clause. De la pro- priété individuelle, qu'attestaient el que sauve- gardaient les titres répartis, on s'achemine vers une propriété collective, anonyme, instrument d'expropriation graduelle des individus.

La commission devra entourer les dispositions légales favorables aux syndicats de sanctions.

La loi sur les syndicats étant essentiellement une loi de liberie, tous ceux qui prétendent l'en- freindre, qu'ils soient patrons ou bien ouvriers sont passibles de répressions civiles el pénales.

La commission a tout d'abord accepté un article ainsi conçu :

L'entrave volontairement apportée à l'exercice des droits reconnus par la présente loi par voie de refus d'embauchage ou de renvoi, la mise en interdit prononcée par le syndicat dans un but autre que d'assurer les conditions du travail fi-

xées par lui et lu jouissance des droits reconnus aux citoyens par la loi, constituent un délit civil et donnent lieu, à une action en réparation du préjudice causé.

Cette action peul être exercée soit par la partie lésée, soit dans le cas prévu au paragraphe 1 " , par le syndicat.

Elle a acceplé aussi ce texte proposé par M. Millerand :

La mise en interdit prononcée par le syndical dans un bul autre que d'assurer les conditions du travail fixées par lui et lu jouissance des droits reconnus aux citoyens par la loi constitue un délit civil el donne lieu à une action en répa- ration du préjudice causé.

Elle a repoussé celui-ci :

Sera puni des peines prévues par l'article 414 du Code pénal, quiconque, par l'un des moyens énumérés audit article : violences, voies de faits, menaces, mananivres frauduleuses, aura obligé ou lente d'obliger une ou plusieurs personnes, soit de sortir d'un syndical, soit d'en faire partie.

La commission a admis le premier. Mais elle a rejeté le second. Non seulement elle l'a re- poussé, mais elle a justifié sa résolution en ces t e r m e s : «Ce texte aggrave les dispositions de l'article 414. Or, la commission du travail s'est prononcée à l'unanimité en faveur de l'abroga- tion de cet article. »

Comme on le sait, l'article 414 du Code pénal punit d'un emprisonnement de six jours à trois ans el d'une amende de 16 francs à 3000 francs, ou de l'une de ces deux peines seulement, qui- conque, à l'aide de violences, voies de fait, me- naces ou m a n œ u v r e s frauduleuses, aura amené ou maintenu, tenté d'amener ou de maintenir une cessation concertée de travail, dans le but de-forcer la hausse ou la baisse des salaires, ou de porter atteinte au libre exercice de l'industrie ou du travail. L'article 415 aggrave les peines par la surveillance de la haute police lorsque ces faits auront été commis par suite d'un plan concerté.

Tout le monde vend des montres

(De la France horlogère) J'ai bien souvent trouvé, dans les colonnes de ce journal, des réclamations justifiées par la mauvaise humeur bien légitime de leurs auteurs, au sujet de la vente de l'horlogerie par des intermédiaires non qualifiés pour faire ce com- merce. Hélas! ces arguments ne sont pas nou- veaux, et nous retrouvons, à un siècle et demi en arriére, les mêmes lamentations.

Ferdinand Berthoud écrivait en 1759 :

« S'il est nécessaire, comme on ne peut en dis- convenir, de s'adresser à un habile artiste pour avoir de bonnes montres, il est assez naturel de s'adresser à des horlogers ordinaires pour en avoir de médiocres ; car, si peu qu'on leur sup- pose de talent, ils seront toujours plus en étal de choisir et de vendre une montre que des mar- chands de loule espèce, qui se môlenl de l'horlo- gerie et qui, non contents de livrer de l'ouvrage médiocre, le font payer plus cher que ne le ferait un horloger, puisque la plupart des ouvrages d'horlogerie que vendent ces marchands sont fournis par des horlogers (sur qui ils gagnent) et ces ouvriers, n'étant pas responsables des ouvrages qu'ils vendent à vil prix aux mar- chands, s'inquiètent fort peu de leur perfection ; d'ailleurs, ces m a r c h a n d s savent fort bien em- ployer des mauvais mouvements», etc., etc.

(L'Art de conduire et de régler les pendules et les montres. Paris, 1759).

Béliard, de son coté, écrivait en 1778:

« H é ' de quel (fil, en effet, les artistes qui pro- fessent un art aussi sublime et recommandable peuvent-ils voir que presque tout le monde, même les gens de haute condition, dont l'éduca- tion recherchée ne devrait pas leur permettre d'ignorer le mérite d'un art qui a tant fait d'hon- neur et de profit à la Nation, abandonnent leurs cabinets pour aller se pourvoir des ouvrages de cet art dans les magasins des marchands bijou- tiers el merciers ; de ces hommes qui, par les obligations de leur état, qu'ils remplissent scru- puleusement, peuvent commercer de tout, mais ne doivent pas travailler, par conséquent se connaître à rien et surtout à un art aussi difficile et qui exige autant de connaissances que l'hor- logerie. Quel dégoût une pareille conduite ne doit-elle pas donner à ces artistes ! ».

Page 22, Béliard se plaint surtout « de ces m a r - chands merciers, bijoutiers, brocanteurs, qui

LA FÉDÉRATION HORLOGERE SUISSE / /

se sont emparés des trois quarts du commerce

des ouvrages d'horlogerie».

Que diraient aujourd'hui ces artistes aussi consciencieux que naïfs, s'ils voyaient l'horloge- rie vendue par les instituteurs, par les employés de chemins de fer, par les garçons de café, par les coiffeurs, devenus les intermédiaires précieux de nombreux fabricants ? Que penseraient-ils de l'envoi direct à domicile, cette carte forcée pra- tiquée en grand par certains commerçants?

Les temps ont changé. Mais l'horloger propre- ment dit est resté à la merci des intermédiaires, qui réussissent à vendre ses marchandises beau- coup plus facilement que lui. Ils dépassent môme le but, c'est certain, mais qu'y faire ?

L. LEROY.

Les bijoutiers japonais

Le Japon est à l'ordre du jour. Des Ilots d'en- cre ont coulé pour nour décrire la vie et nous

familiariser avec les m œ u r s et coutumes de ce pays qui a avancé à pas de géant dans la civili- sation.

Le goût du luxe s'y est développé parallèle- ment.

La conséquence en est certainement intéres- sante pour le commerce des pierres fines et de la belle bijouterie, qui ont pris une importance plus grande, ainsi que nous l'avons signalé bien sou- vent.

Le Japon est un sérieux débouché pour nos affaires. Les diamants y sont très prisés, mais d'autres pierres précieuses, telles que l'opale, topaze, améthyste, n'y sont pas goûtées du tout.

Les bijoux montés avec pierres commencent à être bien en faveur. Mais la fabrication indigène conserve malgré tout une sérieuse suprématie auprès des Japonais.

11 faut dire que les fabricants-bijoutiers savent généralement s'entourer d'un atelier très bien compose.

Leurs ouvriers joignent à la finesse de l'exé- cution la grande expérience du travail. L'habi- tude est, en effet, pour un ouvrier bijoutier, de

faire un apprentissage de sept années. Pendant cette période, il n'est pas payé.

Le fabricant-bijoutier a toujours plusieurs apprentis qui vivent en commun à sa table où à la pension payée par lui.

C'est lui également qui leur fournil le logement et l'habillement. En un mol, les apprentis ne sont plus aucunement à la charge de leur famille, mais sans rien leur rapporter.

Au bout de sept ans, ils reçoivent un médiocre salaire de 00 francs par mois. Ce salaire n'est augmenté que progressivement et avec lenteur.

Les ouvriers touchent couramment de 80 à 100 francs par mois. 11 faut être réputé comme très habile pour arriver à 150 francs.

Les dessinateurs en bijouterie, les graveurs, sont mieux payés et reçoivent de 300 à 700 francs par mois.

L'outillage est encore.peu perfectionné et il esl des articles que les Japonais achètent avec beau- coup d'avantages aux étrangers.

Les montres et boites de montres se fabriquent relnlivement peu dans le pays.

{Le Diamant).

Liste des derniers brevets délivrés en Allemagne, aux Etats-Unis d'Amérique

et en Angleterre

Communication de l'office de brevets d'invention pour l'obtention des brevets suisses et étran- gers, Mathey-Doret, Ingénieur-Conseil. La Chaux-de-Fonds, rue Leopold Robert n" 50.

Allemagne.

N° 148870. — Echappement à ancre pour mon- tres. — Heinrich Reddöhl, Hanovre.

Etals-Unis d'Amérique.

N" 748590. — Boite de montre. — William-W.

Dudley, 'LVenlon (N. J . ) .

N" 748079. — Cabinet d'horloge. — George-B.

Woodruff & Thomas-W.-R. McCabe, Yin- sled (Conn.).

N° 748840! — Chatelaine. — Robert-R. Débâ- cher, New-York.

N° 749099. — Anneau de montre. — Jämes-H.

Rogers. Gridley, I I I . Angleterre.

N° 18746. — 1903. — Barillet de montre. — R.

lladdan, Londres.

ND 18700. — 1902. — Pièce d'horlogerie-mémo- randum. — Charles Didisheim, La Chnux- de-Fonds.

Nouvelles diverses

Le t u n n e l s o u s l a M a n c h e . — Les jour- naux anglais, à propos du voyage en France des parlementaires anglais, reviennent sur la ques- tion du tunnel sous la Manche.

Ils signalent q u ' à Bordeaux, un des députés anglais, le capitaine Pirie, a déclaré qu'une excellente occasion se présentait pour s'occuper de ce projet. Le baron Erlanger, président de la Channel Tunnel Company, dans la réunion annuelle des actionnaires, a déclaré pouvoir an- noncer que le projet serait activement avancé d'ici peu, et que lu Société pourrait demander nu Parlement britannique de renouveler son traité.

Il a ajouté que l'entente cordiale était une chose excellente pour le tunnel.

T é l é g r a m m e s . — L'administration japonaise communique qu'en vertu de l'article 8 de la con- vention de St-Pétersbourg, les télégrammes pri- vés en langage secret ne sont pas acceptés.

Cote d e l ' a r g e n t

tin io Février IQO^

Argent fin en grenailles . fr. 100.— l e k i l c . A r g e n t fin l a m i n é , devant servir de base pour le calcul des titres de l'argent nVs boites de montres fr. 102.— le kilo.

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